Auteur (s) : Comité International de Croix Rouge
Organisation affiliée : Comité International de la Croix Rouge (CICR)
Type de publication : Communiqué de presse
Date de publication : 2019
Lien vers le document original
Les effets du changement climatique exacerbent les conflits intercommunautaires au Mali comme au Niger, ce qui se traduit par une aggravation de la pauvreté, un affaiblissement des services publics et un bouleversement des moyens de survie traditionnels.
Les violences et difficultés que connaît la région ne sont pas liées uniquement aux conflits, mais aussi à la diminution des terres exploitables et à l’évolution imprévisible des ressources en eau.
Les tensions qui opposent depuis toujours les communautés d’éleveurs aux agriculteurs s’intensifient à cause du changement climatique, alors que les terres exploitables disponibles se réduisent et que les sources d’eau sont de moins en moins fiables.
Le changement climatique complique encore la situation dans cette région où le sous-développement, la pauvreté endémique, la criminalité généralisée et la violence exposent déjà la population à d’immenses risques. Ce cocktail explosif impose de changer radicalement d’approche au Sahel.
D’après des estimations de fin 2018, 33 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire au Sahel. Les communautés pauvres peinent à obtenir des soins de santé en toute sécurité, à trouver des écoles pour leurs enfants ou à gagner le minimum vital. Pour subvenir aux besoins de leur famille, les gens se retrouvent confrontés à des choix difficiles, comme emprunter les routes périlleuses de la migration ou rejoindre des groupes armés.
L’augmentation de la violence est une autre source de préoccupation. Elle a notamment fait 1 686 morts au Mali en 2018 contre 949 en 2017 et 320 en 2016, selon les données du groupe de recherche Armed Conflict Location & Event Data Project. Les zones de tension s’étendent également, du nord du Mali vers le centre du pays et le long des frontières avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso.
Quelle que soit l’influence du changement climatique sur les violences, il apparaît clairement que les communautés sont beaucoup plus menacées lorsqu’elles sont touchées par les deux phénomènes.
Le changement climatique ne libère en rien toutes les parties armées forces, milices et groupes armés de la responsabilité qui leur incombe de respecter le droit humanitaire et d’en faire beaucoup plus pour prévenir les violations. Mais il est urgent que des mesures politiques substantielles soient prises pour atténuer le changement climatique, faute de quoi les conséquences seront catastrophiques pour le Sahel.
Les tensions qui opposent depuis toujours les communautés d’éleveurs aux agriculteurs s’intensifient à cause du changement climatique
Outre les efforts déployés au niveau mondial dans ce domaine, les actions spécifiques suivantes sont recommandées :
- Bâtir des partenariats, planifier sur le long terme et investir dans de nouveaux modèles financiers : les donateurs, les humanitaires, les institutions locales et les scientifiques doivent collaborer avec les communautés pour mettre en œuvre des solutions plus durables. Les organisations humanitaires devraient s’efforcer de prévenir les crises plutôt que d’y répondre ;
- Améliorer la gestion de l’eau et de l’énergie sur le terrain : au niveau local, on pourra par exemple utiliser davantage de stations de pompage à énergie solaire et construire des petits barrages qui retiendront l’eau de pluie, permettant ainsi sa pénétration dans le sol et la reconstitution des nappes phréatiques. La dégradation de l’environnement doit être limitée autant que possible ;
- Assurer aux Maliens et aux Nigériens des perspectives d’avenir viables : étant donné la situation actuelle, cela implique d’améliorer l’accès à l’éducation, à la formation et à l’emploi, notamment via des programmes micro-économiques, et de renforcer la capacité des populations à trouver des solutions par elles-mêmes et à les mettre en application. Des mécanismes financiers innovants seront dès lors nécessaires pour élargir l’assistance humanitaire traditionnelle et faciliter la création de moyens de subsistance dans les environnements fragiles.
Les Wathinotes sont soit des résumés de publications sélectionnées par WATHI, conformes aux résumés originaux, soit des versions modifiées des résumés originaux, soit des extraits choisis par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au thème du Débat. Lorsque les publications et leurs résumés ne sont disponibles qu’en français ou en anglais, WATHI se charge de la traduction des extraits choisis dans l’autre langue. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
The Wathinotes are either original abstracts of publications selected by WATHI, modified original summaries or publication quotes selected for their relevance for the theme of the Debate. When publications and abstracts are only available either in French or in English, the translation is done by WATHI. All the Wathinotes link to the original and integral publications that are not hosted on the WATHI website. WATHI participates to the promotion of these documents that have been written by university professors and experts.