Organisation affiliée : Planète-Energies
Type de publication : Décryptage
Date de publication : Février 2017
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Pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 175 millions d’habitants, le Nigeria dispute régulièrement à l’Afrique du Sud la place de première économie du continent. Mais après avoir connu des taux de croissance de 6 % jusqu’en 2013, son économie s’est rétractée et est entrée en récession en 2016. Une des causes en est la diminution de sa production pétrolière, couplée à la chute du prix mondial du baril. Le Nigeria reste cependant un pôle attractif pour les investissements internationaux.
Pays immense, avec une mosaïque d’ethnies, de langues et de religions, avec un Nord musulman dont la situation sécuritaire est instable, le Nigeria connaît de grandes disparités de développement, accentués par le caractère fédéral de son organisation. La biomasse constitue la part essentielle du mix énergétique (plus de 86 % de la consommation d’énergie finale) en assurant la quasi-totalité de la demande énergétique des populations rurales. Conséquence immédiate, le taux de déforestation du Nigeria est le plus fort du monde.
Sa population est en croissance très forte et le pays pourrait compter 440 millions d’habitants d’ici 2050. Cette poussée fait que le Nigeria est considéré comme un futur géant de l’automobile, pouvant servir de hub pour les constructeurs en Afrique. Le continent, qui n’a connu depuis 2005 qu’une croissance de 31 % de son parc automobile, loin derrière l’Asie, l’Europe de l’Est ou l’Amérique latine, pourrait connaître un essor plus spectaculaire dans les prochaines années compte tenu de ses taux de croissance démographique et économique.
Un très grand producteur de pétrole
Dans l’immédiat, la puissance économique du Nigeria réside dans les hydrocarbures , qui constituent 95 % des exportations du pays et donc une véritable rente. Le pays, qui a fait largement appel aux sociétés pétrolières mondiales, reste le premier producteur d’Afrique (et le 12ème mondial), même si l’Angola le talonne désormais. Sa production était de 2,35 millions de barils de brut par jour en 2015, soit à peu près autant que le Mexique ou le Venezuela. Si 2016 a marqué une nette contraction conjoncturelle, les perspectives sont considérées comme positives. Le Nigeria est au dixième rang des réserves mondiales.
Poussée depuis plusieurs années par le développement des exploitations offshore , la production est en revanche souvent freinée par les problèmes récurrents de sécurité au large des côtes nigérianes, en raison de la piraterie, ou dans le delta du Niger, la grande zone productrice où des groupes armés s’opposent au gouvernement d’Abuja depuis des années. Cette situation, aggravée par de nombreux actes de vandalisme dans le delta, rend très complexe le transport des hydrocarbures dans la zone.
Sa population est en croissance très forte et le pays pourrait compter 440 millions d’habitants d’ici 2050. Cette poussée fait que le Nigeria est considéré comme un futur géant de l’automobile, pouvant servir de hub pour les constructeurs en Afrique
Les difficultés de l’exploitation gazière
Le pays a également d’importantes réserves de gaz naturel, les 8ème du monde, plus importantes que celles de l’Algérie, mais il est loin de les exploiter au maximum. L’une des raisons en est le recours, très fréquent en Afrique, au torchage pratiqué sur les sites pétroliers, qui consiste à brûler le gaz à sa sortie du puits . Cette situation est généralement provoquée par la faiblesse des infrastructures de traitement du gaz et de son transport vers les lieux de consommation, ce qui rend sa récupération non rentable. Selon la Banque mondiale, l’équivalent de la moitié de la consommation énergétique de toute l’Afrique disparait dans le torchage. Mais une action internationale, l’initiative «zero routine flaring by 2030» soutenue par les grandes compagnies pétrolières mondiales, a été engagée. Le Nigeria y a adhéré en avril 2015 et s’est même fixé 2020 comme date butoir pour la fin du torchage.
Une électrification défaillante
Cette richesse avérée ou potentielle en hydrocarbures ne se traduit pas par une bonne alimentation énergétique du pays. Elle est très variable selon les zones. Lagos, la plus grande métropole africaine, compte plus de 20 millions d’habitants et sa croissance reste très forte ; la zone du delta du Niger, avec la ville de Port Harcourt, est la grande zone pétrolière bien différente des immensités rurales du Nord et de l’Est.
En matière d’électricité, la capacité installée théorique est de 8 000 MW, correspondant à des besoins minimaux. En raison du mauvais état du parc de centrales à gaz et de la précarité des transports, la moitié environ de cette capacité est réellement utilisable. Et encore, selon les périodes, celle-ci peut tomber en dessous de 2 500 MW, un chiffre dérisoire pour un pays de plus de 175 millions d’habitants. À titre de comparaison, l’Afrique du Sud, trois fois moins peuplé, a une capacité installée de 45 000 MW. 55 % seulement de la population nigériane a accès à l’électricité, selon la Banque mondiale.
Du coup, le Nigeria est le paradis des générateurs privés (qui alimentent les maisons et des ensembles résidentiels entiers, les commerces, les artisans, les entreprises petites et grandes) c’est devenu une part non négligeable de l’économie, défendue par un lobby «dieseliste» qui défend cette filière des générateurs.
En 2014, la production électrique était assurée à plus de 80 % par le gaz, le reste étant assuré par l’hydraulique. Mais la production d’hydroélectricité a beaucoup décliné au cours des années, pratiquement divisée par deux en dix ans, notamment pour des problèmes de maintenance et de gestion. C’est le solaire que le gouvernement compte promouvoir, en priorité pour l’électrification des villages.
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