La place des femmes dans notre société « Je pense qu’elles ont une place prépondérante, qu’on le veuille ou non, qu’on le voit ou non. Elles ont une place centrale et très importante, même si souvent, ce n’est pas ce qui est mis de l’avant. Elles ont pour habitude de jouer leur rôle un peu en arrière, mais cela reste un rôle vraiment très important parce quoi qu’on puisse dire ici au Sénégal, c’est la femme qui fait la société. C’est la femme qui est le socle d’un peu tout chez nous, qu’elle soit en avant ou en arrière. » La présence des femmes dans les médias « C’est une question très particulière et très complexe, à savoir celle de la place de la femme dans les médias. La condition de femme ne devrait pas nous empêcher de gravir certains échelons. La condition de femme ne devrait pas nous empêcher de pratiquer cette passion de manière totale. On ne devrait pas se bloquer soi-même et c’est ce qu’on fait souvent D’une part, les femmes sont actives dans les médias ici au Sénégal. Elles sont présentes et celles qui le veulent font ce métier d’une manière assez égalitaire que celle des hommes, en tout cas dans la forme. Maintenant, quand on va dans le fond, est ce qu’il y a certaines barrières? Oui, il y en a, mais on a quand même fait des progrès et je pense qu’on peut en faire encore. Par exemple, la condition de femme ne devrait pas nous empêcher de gravir certains échelons. La condition de femme ne devrait pas nous empêcher de pratiquer cette passion de manière totale. On ne devrait pas se bloquer soi-même et c’est ce qu’on fait souvent. Des fois, on se bloque à cause de certaines pesanteurs sociales et culturelles qui font qu’on ne va pas au fond de certaines choses. Mais moi, je suis contente, en tout cas de voir de plus en plus de femmes animer des émissions politiques, des émissions économiques, etc. Parce que la femme, ce n’est pas seulement le social. Il y en a qui ont des expertises assez poussées, des expertises scientifiques. » Les contenus et programmes confiés aux femmes « Je me bats tous les jours pour cela personnellement, parce que je pense que les femmes ont aussi leur mot à dire sur plus que le divertissement. C’est tout aussi important de voir un autre style de femme. Les femmes africaines viennent sous différents angles, sous différentes facettes. Donc, autant il y a des femmes qui sont expertes dans tous les sujets socio culturels, dans le divertissement, autant il y en a d’autres qui s’y connaissent en économie, comme je l’ai dit tout à l’heure, qui s’y connaissent en politique, qui s’y connaissent en sciences, qui s’y connaissent en agriculture, etc. Donc, bien entendu, elles doivent être mises de l’avant et ne pas avoir peur de ne pas être suivies. Souvent, on pense que si on ne fait pas du divertissement, on sera pas suivi. Non, il faut tout simplement avoir sa cible et tout simplement savoir à qui on s’adresse et partager son expertise. » Le traitement de l’information relative aux femmes « On connaît une certaine évolution, mais on peut toujours encore évoluer. Même sans le vouloir, la manière dont on traite les sujets féminins dans notre société, dans les médias, est accentuée par ses croyances et ses pesanteurs sociales qui sont toujours présentes. Et on a tendance à être partisan dans notre manière de traiter l’information relative aux femmes. Mais de plus en plus, il y a des femmes qui sont présentes pour recadrer cela dans les rédactions et qui osent dire : « écoutez la femme, ce n’est pas seulement cet angle, c’est plusieurs choses. C’est plus complexe qu’on ne le pense. » Même sans le vouloir, la manière dont on traite les sujets féminins dans notre société, dans les médias, est accentuée par ses croyances et ses pesanteurs sociales qui sont toujours présentes Donc, je pense que oui, il y a du chemin à faire et je pense qu’on est en train de faire le travail. » La réticence des femmes face aux médias « C’est une peur, une peur d’être stigmatisée. On sait qu’ici au Sénégal, par exemple, le mot féminisme fait beaucoup peur. Dès qu’on dit féminisme, c’est comme si on avait dit le pire mot du monde. C’est comme si c’était une insulte. Donc les femmes ne veulent pas se faire taxer de féministes. La phrase que j’ai souvent entendue : « je ne suis pas féministe », comme s’il fallait se justifier d’abord avant de défendre la cause des femmes. Donc, c’est souvent cela qui nous fait nous mettre en retrait par rapport à certains sujets et qui fait qu’on n’ose pas forcément développer certains sujets et dire, écouter ou défendre, même ouvertement, certaines causes féminines. En effet, on a l’impression qu’ici, dans notre société, dès qu’on nous taxe de féministes, on aura du mal à évoluer, évoluer de manière personnelle, de manière sociale, parce que cela va être un peu le dénigrement. Alors que je pense que les gens ne savent même plus ce que cela veut dire. Ils ne savent pas parce qu’ils ont été introduits à une définition erronée de ce qui est le féminisme, comme si c’était une lutte contre les hommes alors que cela ne l’est pas. C’est tout simplement une lutte pour justement la condition féminine qui n’est pas forcément contre les hommes. Croyez, il y a des hommes aussi qui sont féministes. » Le rôle des médias dans la perception sociale de la place des femmes « C’est un rôle plus qu’important, plus que primordial parce que les médias doivent être le reflet de notre société. Théoriquement, ce qu’on dit dans les médias doit vraiment refléter exactement les réalités de ce qu’on vit, même si des fois, c’est assez biaisé. Mais on s’efforce. En tout cas, on doit s’efforcer au maximum de refléter ce qui se passe, de nous mettre face à nos réalités, même quand la réalité n’est pas très jolie. Donc, je pense que chaque personne qui est active dans les médias, que ce soit chroniqueurs, journalistes, animateurs, même des fois des invités, des personnages publics qui sont invités dans certaines émissions doivent prendre la responsabilité, selon moi, de refléter cette image et de mettre la population face à sa réalité. Même si ce n’est pas tous les jours facile. Il y en a qui l’ont fait et qui ont été taxés de tous les noms parce que c’est dur, des fois, d’être face à sa réalité. Mais cela ne doit pas nous empêcher de le faire en y mettant les formes et de le faire de manière crue quand il le faut, tout simplement. » Les réseaux sociaux : incontournables pour véhiculer nos messages « On n’a pas d’autre choix que d’utiliser les médias sociaux à cette époque, en 2022, Cela nous permet d’avoir une marge plus large et de toucher plus de monde, parce que les gens ne sont pas tout le temps devant leur écran de télé. Les gens ont de moins en moins cette culture ou cette manière de se dire on se met autour de la table, on se met dans le salon en famille pour regarder la télé. Par contre, les gens sont toujours devant leur écran de téléphone, devant leur ordinateur, constamment, toute la journée. Pour plusieurs, c’est même la première chose qu’ils font lorsqu’ils se lèvent le matin, aller chercher son téléphone. Donc oui, c’est pour être en contact un peu plus constant et permanent avec les gens. Il faut qu’on utilise les réseaux sociaux. Et pour moi, c’est une force. Il faut bien les utiliser. Il faut les utiliser pour véhiculer un message important et un message pour moi qui est primordial, qui en arrive à être assez imposant pour qu’après, les gens se disent qu’il faut qu’ils aillent en savoir plus. Par exemple, si vous faites une émission télé, mettre sa bande annonce sur Facebook ou Instagram, c’est primordial parce que cela met la puce à l’oreille et cela fait que des gens vont peut-être aller regarder ou vous demander c’est quoi le lien YouTube de l’émission. Et après, il faut faire le suivi. C’est comme cela qu’on est suivi aujourd’hui, Par contre, il y a une autre face cachée des réseaux sociaux, c’est que il y a beaucoup de faux. Il y a beaucoup de semblants, il y a beaucoup d’attaques. Il y a le cyber harcèlement qui existe énormément. Il ne faut surtout ne pas se laisser envahir par cela. Parce qu’il ne faut pas oublier que les réseaux sociaux sont accessibles à presque tout le monde. Donc tout le monde peut dire tout et n’importe quoi. » Message aux femmes « Osez tout simplement, soyez-vous même et osez justement aller au bout de vos idées, osez aller au bout de vos ambitions et de vos opinions. N’ayez pas peur d’être cataloguées, d’être mises dans une case, refusez d’être mises dans une case parce qu’on est plus complexes que cela. On peut avoir une opinion aujourd’hui et avoir les arguments pour la défendre. Peu importe comment on va l’avoir, tant que c’est notre opinion et tant que c’est une position qu’on défend de manière très objective. Parce que pour nous journalistes, on se doit d’être objectives. Il faut oser aller au bout de cela et être véridiques avec nous-mêmes, tout simplement. »
Sofia Ba est une jeune journaliste, femme de médias et entrepreneure sénégalaise.
Diplômée d’une Licence en Science politique de l’université de Montréal, et d’une formation professionnelle en journalisme de l’école canadienne « Ateliers Médias Formations », elle rentre au Sénégal en 2018 après dix ans d’études supérieures au Canada.
Elle intègre l’équipe d’ITV quelques mois après, en Juin 2019. Elle est également chroniqueuse sur canal plus Afrique, dans l’émission « le chœur des femmes ». Sofia BA s’identifie aussi comme entrepreneure, avec plusieurs projets dans le domaine des communications, qu’elle compte réaliser très bientôt.