Le Centre pour la gouvernance démocratique du Burkina Faso est un organisme non gouvernemental de droit burkinabé, sans but lucratif, apolitique, qui n’assume aucune activité syndicale, politique ou religieuse. Mission Sa mission fondamentale est de promouvoir la gouvernance démocratique, c’est-à-dire les principes et les processus de la démocratie ainsi que les institutions de la bonne gouvernance. Le CGD a pour valeurs cardinales l’objectivité, l’impartialité, la liberté d’opinion de ses membres, l’indépendance et la démarche inclusive et participative basée sur le dialogue sans exclusion. L’objectif global poursuivi par le centre est de concevoir et de mettre en œuvre des stratégies de promotion de la gouvernance démocratique au Burkina Faso, tout en constituant un «centre de savoir» exerçant un leadership technique et intellectuel dans ce domaine. Défis et perspectives Selon le chargé de programmes Monsieur Asseghna Somda, les défis du CGD sont de trois ordres. D’abord, le volet institutionnel qui pose la problématique de comment formuler des stratégies de communication qui prennent en compte les besoins de cohérence de message et la consolidation de l’image du CGD. Ceci est une réalité qui nécessite un travail de stratégie interne. Le principal défi pour le CGD demeure la question de l’autonomisation financière. Le centre offre ses services d’études à des partenaires et diverses prestations mais n’arrive pas à assurer une bonne partie de ses besoins financiers. Le centre doit bâtir son siège pour mieux assurer son autonomie. Ensuite, le second volet est organisationnel. Le CGD doit travailler à renforcer son capital humain. Il doit travailler au renforcement des capacités. Le dernier volet des défis du CGD est socio-politique. Il faut travailler à pacifier les rapports entre les acteurs de la gouvernance. Les politiques considèrent “maladroitement” certains acteurs de la recherche comme des “opposants politiques”. Il faut aussi une assistance des pouvoirs publiques à réussir les transferts de compétences, pouvoir local comme pouvoir central.
Le Centre pour la gouvernance démocratique est une structure de recherche qui souhaite apporter sa contribution à la qualité de la gouvernance au Burkina-Faso, en Afrique et partout dans le monde. Nous sommes organisés en axes qui permettent d’adresser toutes les questions de gouvernance. Nous travaillons avec le gouvernement pour le renforcer, en suivant les politiques publiques. Nous essayons de faire un suivi des politiques publiques à ce niveau. Il y a des institutions assez autonomes républicaines, comme la justice que nous essayons de suivre et nous suivons également les collectivités territoriales, qui sont des institutions qui nous permettent de donner suffisamment d’informations pour pouvoir impacter le système de gouvernance dans notre pays. Notre credo, c’est une institution impartiale au service de la démocratie. Donc à ce titre, il faut dire qu’on a un système de planification qui nous permet d’anticiper sur des problématiques structurantes. On a un mandat très autonome. Le fonctionnement du Centre pour la gouvernance démocratique Nous essayons de mobiliser les ressources auprès des chancelleries, des organisations internationales. Cela pourrait être auprès de l’État, mais malheureusement jusque-là, l’État fait très peu de choses en la matière. Mais dans bien des cas, on peut dire que sur des sujets assez précis, au regard de l’envergure du CGD, nous sommes sollicités pour intervenir. Je pense par exemple au forum national sur la sécurité. L’État nous a sollicités pour réaliser l’enquête de perception. Je pense également à un certain nombre de travaux, par exemple les groupes thématiques que l’État a dans les secteurs ministériels et donc dans les cadres sectoriels des rencontres, le CGD est consulté et sollicité pour apporter sa contribution. Nous avons conçu le principe du dialogue démocratique pour attaquer des sujets qui interviennent et qui ne sont pas forcément renfermés dans notre paquet de plans, parce que nous ne souhaitons pas être confinés dans un domaine. Un démocrate est par nature ouvert, par nature libre. Le financement local Je pense que les acteurs privés ne sont pas encore suffisamment sensibilisés à la question. Ailleurs, il y a un intérêt manifeste. Les gens savent que : “si j’ai un bon business, c’est parce que le pays se porte bien”. Mais aujourd’hui, il faut dire que nos opérateurs économiques sont beaucoup plus focalisés sur la rentabilité ou sur des appuis directs, surtout par les acteurs politiques.
Une meilleure décision s’appuie sur une bonne recherche, donc les pouvoirs publics doivent accompagner davantage le monde de la recherche
C’est rarement que l’on constate un appui institutionnel, par exemple à une entité de l’État. À ce niveau, il faut également saluer quand même une mesure de l’administration, qui a reconnu certaines organisations, dont le CGD d’utilité publique. Symboliquement, cela suppose un travail quand même qui est reconnu et que, malgré les contingences, ce sont des structures qui ne sont pas conçues pour accompagner des individus, mais ce sont des structures qui se mettent au service de l’État et qui s’ouvrent à la dynamique de cette amélioration de l’action publique. Les difficultés Les difficulté s’articulent sur deux points. Le premier, ce sont les difficultés financières et techniques. Le second c’est la difficulté liée aux ressources humaines. Ce sont des difficultés assez liées parce que si vous avez des moyens suffisants, vous pouvez employer plus de personnes. Vous pouvez avoir des succursales, des antennes, des relais beaucoup plus stables. Mais cette difficulté, elle est quand même importante à souligner, parce qu’il n’y a pas dans nos pays une culture de bénévolat. Il est vrai que jusque-là, nous avons réussi ce que les partis politiques n’ont pas réussi : c’est de pouvoir susciter “l’audimat”, une grande audience sans de grandes ressources.
On a fait une étude sur la vulnérabilité des citoyens dans le Sahel où, immédiatement, nous sommes partis avec la présomption de retrouver la religion comme une variable importante dans ces changements
Il faut également dire qu’une des difficultés que nous rencontrons, c’est la faible pénétration dans un contexte d’insécurité. Je pense qu’il y a une méthodologie qu’il faut définir, de collecte d’information, dans des situations à risque. Mais globalement, ce que je peux dire c’est que l’intérêt du travail que nous abattons amenuise la grandeur des difficultés, qui sont immédiatement vues comme des défis à relever, et ce sont des défis qu’on peut relever en renforçant un peu la conscience citoyenne. Les résultats de la recherche On a fait une étude sur la vulnérabilité des citoyens dans le Sahel où, immédiatement, nous sommes partis avec la présomption de retrouver la religion comme une variable importante dans ces changements. Étant donné que ce sont des zones qui ont une uniformité du point de vue religieux et du point de vue ethnique. Donc, lorsqu’on a fouillé les espaces, interrogé les gens sur au moins six mois, nous avons pu parvenir à un résultat inversement attendu. Sur cinq points, la religion venait quatrième. Le grand problème de vulnérabilité, ce qui les exposait à l’extrémisme violent, c’étaient les questions économiques donc les questions de pauvreté, ensuite les questions de gouvernance, etc. L’acuité avec laquelle les citoyens décrivaient leur mal être dans un État qui ne les couvrait pas avait le mérite quand même de nous interpeller.
Il faut également dire qu’une des difficultés que nous rencontrons, c’est la faible pénétration dans un contexte d’insécurité
Message aux chercheurs À l’endroit des chercheurs, le message c’est de savoir que la recherche est un sacerdoce et un choix. Ils doivent être fiers de ce choix et travailler justement à protéger ce choix. Parce qu’effectivement la recherche peut être menacée par les tendances de consultation qui diluent un peu la qualité, la force et le fondement de la recherche. Ainsi l’idée c’est de réoccuper les universités, de réoccuper les centres de recherche, pour aider notre pays à sortir du gouffre, parce qu’il y a tellement de chantiers, mais rien n’est défriché pour le moment. Il n’y a pas encore un corps critique qui permet justement de fouiller suffisamment et de pouvoir engager cette perspective, donc il faut une solidarité autour justement de la recherche pour pouvoir déboucher sur des résultats concluants. Message aux décideurs et à la population Une meilleure décision s’appuie sur une bonne recherche, donc les pouvoirs publics doivent accompagner davantage le monde de la recherche. Quand je dis accompagner, ce n’est pas toujours financièrement, parce que nous avons un État qui est limité du fait de notre histoire récente. On ne va pas rajouter aux sollicitations, mais il y a des facilitations qui peuvent être faites, notamment en ouvrant une piste, les portes, pour qu’on ait une recherche assez fructueuse. Les résultats de la recherche doivent être utilisées principalement par les pouvoirs publics puisque c’est eux qui prennent les décisions.
Thomas Ouédraogo est docteur en Sciences politiques et enseignant à l’université Ouaga II. Il est actuellement le directeur exécutif du Centre pour la gouvernance démocratique au Burkina Faso.
The Center for Democratic Governance of Burkina Faso is a non-governmental organization under Burkinabe law, non-profit, non-political, which does not carry out any union, political, or religious activity. Mission Its fundamental mission is to promote democratic governance, that is to say, the principles and processes of democracy as well as the institutions of good governance. The CGD’s core values are objectivity, impartiality, the freedom of opinion of its members, independence, and an inclusive and participative approach based on inclusive dialogue. The overall objective pursued by the center is to design and implement strategies to promote democratic governance in Burkina Faso, while constituting a “knowledge center” exercising technical and intellectual leadership in this area. Challenges and Prospects According to the program manager Mr. Asseghna Somda, the CGD’s challenges are threefold. First, the institutional component which poses the problem of how to formulate communication strategies which take into account the need for message coherence and the consolidation of the CGD’s image. This is a reality that requires internal strategy work. The main challenge for the CGD remains the issue of financial empowerment. The center offers its study services to partners and various services but fails to meet a good part of its financial needs. The center must build its headquarters to better ensure its autonomy. Then, the second part is organizational. The CGD must work to strengthen its human capital. It must work on capacity building. The last part of the CGD challenges is socio-political. We must work to pacify the relationships between the actors of governance. Politicians “awkwardly” consider certain research actors as “political opponents”. Public authorities also need assistance in successfully transferring skills, both local and central.
The Center for Democratic Governance is a research structure that wishes to contribute to the quality of governance in Burkina-Faso, in Africa, and all over the world. We are organized in axes which allow us to address all questions of governance. We are working with the government to strengthen it following public policies. We are trying to monitor public policies at this level. There are quite autonomous republican institutions, like the law, that we try to follow and we also follow the territorial collectivities, which are institutions that allow us to give enough information to be able to impact the system of governance in our country. Our creed is an impartial institution at the service of democracy. So, in this respect, it must be said that we have a planning system that allows us to anticipate structural problems. We have a very autonomous mandate. The Functioning of the Center for Democratic Governance We are trying to mobilize resources from chancelleries and international organizations. It could be with the state, but unfortunately so far the state has done very little about it. But in many cases, we can say that on fairly specific subjects, given the scope of the CGD, we are asked to intervene. I am thinking, for example, of the national security forum. The State asked us to carry out the perception survey. I am also thinking of a certain number of works, for example the thematic groups that the State has in the ministerial sectors and therefore in the sectoral frameworks of the meetings, the CGD is consulted and asked to make its contribution. We designed the principle of democratic dialogue to attack subjects that intervene and which are not necessarily included in our package of plans, because we do not want to be confined to one area. A democrat is by nature open, by nature free. Local Funding I think that private actors are not yet sufficiently aware of the issue. Elsewhere, there is a clear interest. People know that “if I have a good business, it’s because the country is doing well.” But today, it must be said that our economic operators are much more focused on profitability or on direct support, especially by political actors.
A better decision is based on good research, so public authorities must support the research world more
It is rare to find institutional support, for example, to a State entity. At this level, we must also welcome a measure from the administration, which has recognized certain organizations, including the CGD of public utility. Symbolically, this presupposes work that is recognized and that, despite the contingencies, these are structures that are not designed to support individuals, but they are structures that put themselves at the service of the State and that are open to the dynamics of this improvement in public action. Difficulties The difficulties revolve around two points. The first is financial and technical difficulties. The second is difficulty related to human resources. These are quite related difficulties because if you have sufficient means, you can employ more people. You can have much more stable branches, antennas, and stances. But this difficulty is nevertheless important to highlight, because there is not a culture of volunteering in our country. It is true that so far, we have succeeded what the political parties have not succeeded in: being able to generate “ratings” a large audience without great resources. It must also be said that one of the difficulties we encounter is the low penetration in a context of insecurity. I think there is a methodology that needs to be defined, information gathering, in risk situations. But overall, what I can say is that the interest of the work we are doing reduces the greatness of the difficulties, which are immediately seen as challenges to be met, and these are challenges that can be overcome by strengthening a little citizen awareness. Research Results We did a study on the vulnerability of citizens in the Sahel where, immediately, we were left with the presumption of finding religion as an important variable in these changes. Since these are areas that have uniformity from a religious and ethnic point of view. So when we searched the spaces, interviewed people for at least six months, we were able to come up with an inversely expected result. Of five points, religion came fourth. The big problem of vulnerability, which exposed them to violent extremism, were economic questions, therefore questions of poverty, then questions of governance, etc. The acuteness with which citizens described their ill-being in a state which did not cover them had the merit of calling us anyway.
It must also be said that one of the difficulties we encounter is the low penetration in a context of insecurity
Message to Researchers To researchers, the message is that research is a priesthood and a choice. They must be proud of this choice and work to protect it. Because research can indeed be threatened by consulting trends that dilute the quality, strength, and foundation of research. So the idea is to reoccupy universities, reoccupy research centers, to help our country come out of the abyss, because there are so many construction sites, but nothing has been cleared yet. There is not yet a critical body that allows us to delve deep enough and to be able to engage this perspective, so we need solidarity precisely around research to be able to lead to conclusive results. Message to Decision Makers and the Public A better decision is based on good research, so public authorities must provide more support to the research world. When I say support, it is not always financially, because we have a state that is limited due to our recent history. We will not add to the requests, but there are facilitations that can be made, in particular by opening a track, the doors, so that we have a fairly fruitful search. The research results should be used mainly by public authorities since they are the ones who make the decisions.
Thomas Ouédraogo is a doctor of Political Scientist and a teacher at Ouaga II Universtiy. He is currently the executive director of the Center for Democratic Governance of Burkina Faso.