La Faculté de Médecine et d’Odontostomatologie fait aujourd’hui partie de l’Université des Sciences, des Techniques et des Technologies de Bamako. Établissement de formation tertiaire, elle abrite également des centres et laboratoires de recherches. La FMOS offre des formations en médecine générale, odontostomatologie, des diplômes de spécialisations dans plusieurs spécialités médicales et chirurgicales ainsi des formation en santé publique. Créée en 1969 pour former des assistants médicaux, l’École Nationale de Médecine et de Pharmacie (ENMP) commence à former des médecins et des pharmaciens à partir 1974. En 1996, l’ENMP devient Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie (FMPOS) avec la création de l’Université du Mali. La filière Odontologie ouvrit effectivement en 2007. En 2010, la faculté fut scindée en deux : la Faculté de Médecine et d’Odontostomatologie et la Faculté de Pharmacie, toutes deux rattachées à l’Université des Sciences, des Techniques et des Technologies de Bamako nouvellement créée.
L’importance de la recherche dans le domaine de la santé de la reproduction « Cela fait quelques années déjà que nous entendons parler de dividende démographique. C’est-à-dire, comment les pays où les populations sont majoritairement jeunes, peuvent tirer les bénéfices de cette jeunesse. La recherche dans le domaine de la santé, spécifiquement dans le domaine de la santé de la reproduction, pourrait permettre à un pays comme le Mali d’accéder aux bénéfices de cette dividende démographique. La recherche dans le domaine de la santé de la reproduction pourrait nous permettre également d’avoir des horizons plus larges et des stratégies par rapport aux questions de réchauffement climatique. Parce que le réchauffement climatique est lié à une charge de consommation des individus sur un environnement bien déterminé. Si la consommation des ressources naturelles est beaucoup plus grande que ce que la terre peut offrir, alors il y a des déséquilibres qui se créent. » Le financement des travaux de recherche « La recherche consomme beaucoup de ressources, ressources en termes d’individus et également en termes de finances. Toutes les réalités sociopolitiques auxquelles nous sommes confrontées jouent d’une certaine manière sur les financements disponibles pour le domaine de la recherche. Heureusement, qu’il y a toujours des possibilités avec des partenaires et des efforts particuliers pour mener des recherches sur des sujets clés. Nous arrivons à avoir des résultats sur les problèmes qui sont les plus récurrents, les plus pertinents ou les plus urgents à un moment donné. » Les résultats de quelques activités de recherche « Avec des partenaires hollandais, nous avons effectué une étude de marché sur les besoins de travail en matière de santé de la reproduction. Ceci, nous a permis d’initier au niveau du master de santé publique au sein de notre département, une nouvelle option. C’est-à-dire, à partir de cette année, à travers un tronc commun on peut faire un master en santé de la reproduction. Également, c’est cette première étude sur le marché du travail qui nous a permis de réviser et de structurer le module qui a été présenté sur la santé de la reproduction au niveau du département. Il y a également d’autres études que nous menons avec les partenaires sur la qualité de la santé maternelle et infantile et sur la santé sexuelle et reproductive des adolescents et pas spécifiquement à Bamako, mais aussi dans les autres régions. Ceci, nous donne des informations sur les questions de vulnérabilité et sur la manière d’adapter les services qui sont offerts aux jeunes et comment aller à l’institutionnalisation de certaines bonnes pratiques pour assainir et améliorer vraiment la vie de ces adolescents et jeunes. Toujours avec les partenaires, nous avons mis en place un observatoire en santé de la reproduction dans une zone urbaine de Bamako. Cet observatoire a pour objectif de collecter des données de façon régulière sur la santé des adolescents en matière de reproduction et comment les parents et les acteurs qui œuvrent dans ces domaines, peuvent conjuguer leurs efforts sur la manière de responsabiliser davantage le comportement des adolescents et aller sur une meilleure santé de la reproduction. Mais j’avoue que le fonctionnement d’un observatoire demande beaucoup de moyens financiers. Surtout pour la collecte des données qui doit se faire régulièrement, chose qui n’est pas facile. Nous avons pu faire la première phase, qui est la collecte des données de base. Ceci a donné des résultats très intéressants, selon lesquels les adolescents et leurs parents ne communiquent pas assez sur la santé sexuelle et reproductive et cela mène à des situations qu’on aurait pu éviter juste avec une communication adéquate. Également, on a pu avoir des résultats sur le fait que ce n’est pas spécifiquement parce que les parents ont un niveau d’instruction bas ou qu’ils exercent dans l’informel, qu’ils n’espèrent pas le meilleur pour leurs enfants.
Nous avons mis en place un observatoire en santé de la reproduction dans une zone urbaine de Bamako. Cet observatoire a pour objectif de collecter des données de façon régulière sur la santé des adolescents en matière de reproduction et comment les parents et les acteurs qui œuvrent dans ces domaines, peuvent conjuguer leurs efforts sur la manière de responsabiliser davantage le comportement des adolescents et aller sur une meilleure santé de la reproduction
La recherche a montré qu’un père ou une mère qui n’a pas été à l’école, espère que ses enfants puissent poursuivre ses études et bénéficier d’informations suffisantes et pertinentes pour avoir une meilleure santé. Comment les aider à ce niveau pour y parvenir? C’est la suite de la recherche qui va nous fournir la réponse, si nous arrivons à la continuer vu que cela demande beaucoup de ressources. » Message à la population, aux collègues et décideurs « Je dirais que nous devons aller vers un changement de comportement. Les mécanismes qui étaient dans notre société avant, qui permettaient de gérer cette question de santé sexuelle ou d’éducation sexuelle n’existent plus. Avec l’urbanisation, les familles deviennent de plus en plus nucléaires, donc avoir les personnes qui peuvent communiquer de façon appropriée ou que les adolescents puissent être à l’aise avec ces gens à la maison devient compliqué. En général, c’étaient les jeunes tantes, les jeunes oncles qui discutaient avec les adolescents pour leur parler de cette question. Donc, nous, parents, conscients de cela, on doit s’armer de courage et on doit acquérir les compétences pour parler de cette question aux adolescents. Ce n’est pas facile, mais ce n’est pas impossible non plus. Il faut que cela soit l’affaire de tous. Que nous voyons les choses de façon aussi égale pour les garçons comme pour les filles. Parce qu’en général, je vais prendre un cas spécifique qui se fait très fréquemment quand il y a un viol, on accuse tout de suite la fille. Comment elle était habillée ? Qu’est-ce qu’elle a fait ? Cela ne motive pas les garçons à faire face à leurs responsabilités et à être conscients du mauvais comportement. Autant, on fait la pression sur les filles, autant on doit responsabiliser les garçons pour qu’ils deviennent des adultes responsables et meilleurs. Par rapport à l’État, on avait des résultats dans d’autres pays qui avaient permis la mise en place d’un système d’éducation formelle à l’école et qui avaient fait des résultat au niveau des adolescents. On a essayé de le mettre en place ici, malheureusement, la communication et d’autres facteurs ont fait que cela n’a pas abouti. Mais, j’encouragerai l’État, vu que les mécanismes traditionnels ne marchent plus et qu’on a très peu de chances de retourner à ces mécanismes traditionnels, a vraiment mettre en place un système d’éducation formelle sur la santé sexuelle et reproductive. L’éducation sexuelle ne va pas pousser les adolescents à être des êtres débauchés. Au contraire, cela va beaucoup les responsabiliser parce qu’ils sauront à quels dangers ils s’exposent en adoptant un certain nombre de comportements, y compris une sexualité précoce. Pour mes camarades chercheurs, malgré les difficultés, nous devons continuer à maintenir le flambeau allumé. Il y a beaucoup de choses à faire encore au Mali et en Afrique. Je les encourage vraiment à œuvrer dans la recherche, quel que soit le domaine ; la santé, l’agriculture, la nutrition etc. Si je prends par exemple la nutrition, par rapport aux éléments constitutifs de nos aliments, souvent, on est obligé de se référer à des études extérieures malgré tout ce que nous produisons comme céréales ici. Donc, il faut que nous travaillons plus à combler ce retard sur les chercheurs des autres pays. »
Médecin spécialiste en santé publique de formation, Dr Lala Fatoumata Traoré a commencé son expérience en tant que médecin de district avant de rejoindre le niveau central avec la cellule de planification et de statistiques du ministère de la santé.
Enseignante au sein de la faculté de médecine de l’université de Bamako, elle mène des activités de recherche en santé sexuelle et reproductive.