Expérience en politique « J’ai commencé à faire de la politique en 1986 au sein du Parti socialiste avec le comité d’entreprise du marché, à la mairie de Thiès. Après cela j’ai commencé à militer pour le Président Abdoulaye Wade. Puisqu’un des fils de notre localité, le Pr Idrissa Seck qui était plus proche de nous, militait pour le parti, il nous semblait plus pertinent de le rejoindre. C’était mieux pour nous d’accompagner un leader de notre région, de notre commune au lieu de le faire pour un autre. On a organisé un grand meeting à la mairie de Thiès avec Idrissa Seck et le Pr Abdoulaye Wade. À la suite de cela, j’ai mis en place une base politique au niveau de mon quartier avec 6 secteurs composés chacun de 100 membres. » Instrumentalisation des femmes en politique « Dans notre parti, cela ne se passe pas ainsi. Notre leader est le premier à être contre l’instrumentalisation des femmes juste pour la mobilisation. Nous avons une fois eu cette discussion avec lui, où il précisait qu’il fallait accompagner les femmes à être actrices de développement à travers la politique. Même si lui n’était pas de notre côté, nous en tant que femmes n’accepterions pas d’être utilisées seulement pour la mobilisation. Nous ne sommes peut-être pas instruites mais nous avons beaucoup d’abnégation et savons qui nous sommes, avec beaucoup d’expérience sur le terrain politique. » Influence dans la prise de décision « En tant que conseillère municipale pour la commune Nord et présidente de la commission des marchés, je suis présente là où les décisions se prennent et je suis écoutée. Je suis consciente que le rôle de conseillère, de femme politique en général, n’est rien d’autre qu’être en mesure de porter les préoccupations de sa localité au niveau des instances de prise de décision et faire le nécessaire pour qu’elles soient prises en compte. C’est la même démarche que j’adopte depuis que je suis dans le conseil municipal et je continuerai jusqu’au jour où je serai dans l’instance nationale, à savoir l’Assemblée Nationale. En attendant, dans la mairie, j’estime avoir une influence dans les décisions qui sont prises, je suis en mesure d’apporter les questions qui préoccupent ma localité sur la table des discussions et d’avoir des mesures pour les satisfaire. Je suis consciente que le rôle de conseillère, de femme politique en général, n’est rien d’autre qu’être en mesure de porter les préoccupations de sa localité au niveau des instances de prise de décision et faire le nécessaire pour qu’elles soient prises en compte Au-delà de cela, la mairie fait des sessions de formation pour renforcer les capacités des élus pour leur permettre de mieux comprendre leur mission et le fonctionnement du conseil, afin que nous puissions tous activement participer au processus de prise de décision. » Obstacles pour accéder aux plus hautes instances « Oui, le constat est là, nous avons peu de femmes maires au Sénégal. C’est un combat que nous menons depuis longtemps. Si je prends l’exemple de ma localité, sur les différentes communes et la ville, il n’y a aucune femme à la tête, que des hommes. Ce n’est pas normal. Mais cela peut s’expliquer par le fait que nous ne sommes pas instruites. C’est un obstacle même si nous avons la volonté et l’expérience nécessaire. Si nous avons une femme avec un certain niveau intellectuel, nous pouvons la soutenir pour qu’elle aille au sommet. Ici, nous n’avons pas un problème de solidarité entre nous. La plupart du temps, si les femmes refusent de soutenir une autre femme c’est parce que celle-ci, une fois élue n’est pas reconnaissante. C’est une réalité en politique, même chez les hommes. Nous avons peu de femmes maires au Sénégal. C’est un combat que nous menons depuis longtemps. Si je prends l’exemple de ma localité, sur les différentes communes et la ville, il n’y a aucune femme à la tête, que des hommes. Ce n’est pas normal N’empêche les femmes sont braves, elles méritent qu’on les accompagne. On peut les aider autrement, pas seulement pour qu’elles deviennent maires, mais en faisant de sorte qu’elles jouent pleinement leurs rôles d’actrices de développement, qu’importe le niveau où elles sont. Moi qui vous parle, je suis consciente que si j’avais des ambitions politiques au-delà du conseil municipal, cela ne sera pas facile. C’est toujours compliqué qu’on soit un homme ou une femme. Mais, avec la volonté, la patience et la confiance en ce que nous faisons, on fait de notre mieux en attendant pour bien jouer notre rôle au sein du conseil. La politique n’est pas chose facile, chacun a des ambitions, tout le monde veut être au sommet. C’est évident qu’il y aura toujours des obstacles. » Importance d’avoir des femmes maires « Les femmes sont plus proches des populations. Ce que les femmes peuvent faire, en allant par exemple auprès des femmes comme elles, en participant aux activités du quartier, avoir cette posture d’humilité, les hommes ne le peuvent pas. Si un homme et une femme présents dans le même quartier font de la politique, ce que peut réaliser la femme en termes de mobilisation et de discussions avec la masse, l’homme aurait plus de mal à le faire. Et même avec les hommes acclamés, il y a toujours de braves femmes avec une base forte derrière eux qui les accompagnent. » Recommandations pour mieux accompagner les femmes en politique « Je demanderais aux maires de plus accompagner les femmes, de renforcer leurs capacités. Cela passe par un renforcement des mairies pour qu’elles soient en mesure de former les femmes. Un investissement sur une femme n’est jamais perdu. Notre leader Idrissa Seck disait toujours qu’aider une femme revenait à aider son époux, ses enfants, ses parents et sa communauté. C’est ainsi qu’il nous avait mis en relation avec des femmes mareyeuses, des femmes politiques, des restauratrices, des vendeuses et des actrices de développement au sein d’une association dont l’objectif était de nous accompagner pour qu’on puisse mener nos activités. Il est donc évident pour nous, qu’aider et accompagner les femmes, revient à soutenir les foyers, les populations et toute la nation. »
Mareyeuse de profession, Adja Absa Laye Souaré, actrice pour le développement de sa localité, est à la tête d’une association regroupant 91 groupements de « calebasses » (tontines). Les fonds issus de ces calebasses ont pour but de financer les femmes membres pour leurs différents projets.
Elle est aussi dans le milieu de la politique depuis 1986 dans la zone Nord de la région de Thiès, elle a eu à militer pour le Parti socialiste, avant de rejoindre en 2000, le Parti démocratique sénégalais.
Aujourd’hui, Adja Absa Laye est membre du parti « Rewmi » et conseillère municipale à Thiès.