Dans le cadre du débat sur l’alimentation en Afrique de l’Ouest, WATHI a échangé avec le docteur Kéba Tamba, pharmacien et nutrithérapeute. Il nous parle des enjeux sanitaires liés à ce que nous consommons, les conséquences d’une alimentation déséquilibrée et nous donne des recommandations pour améliorer nos modes alimentaires.
Dr. Kéba Tamba
Quels sont les enjeux sanitaires liés à la nutrition au Sénégal?
La nutrition est une science très méconnue des populations et même du corps médical. C’est un domaine très dynamique qui évolue très rapidement. De nouvelles sciences plus approfondies sont nées de la nutrition. Il s’agit de la nutrithérapie, de la micro nutrition et de la vitaminothérapie… Nous sommes littéralement ce que nous mangeons et ce que nous buvons. Donc la qualité de notre hygiène de vie, de notre état physique et de notre mental est liée à notre alimentation.
Une bonne alimentation est la clé d’une excellente santé et d’un bien-être. Pour avoir donc une population en majorité en bonne santé, il faut que cette dernière soit bien informée de l’importance de l’alimentation sur leur santé, mais aussi sur la nécessité d’avoir une bonne l’alimentation. Cela est beaucoup ignoré car nous n’avons jamais été éduqués sur le plan de notre alimentation, sur la nutrition pour savoir son vrai rôle. Comme la nutrition n’est pas enseignée en médecine, les populations n’ont pas généralement le bon conseil quand elles s’adressent aux médecins.
Nous devons garder en tête que la médecine s’occupe de la maladie et de comment la traiter. Par contre la santé, qui est l’état de non maladie, se gère à la maison à partir de ce que nous mettons dans notre corps. Donc parler des enjeux sanitaires liés à la nutrition, revient à amener les populations à mieux connaître l’impact de la nutrition sur leur santé et à comprendre qu’elles ont ou auront une part de responsabilité dans toute maladie qu’elles vont développer. Il faut que nous arrêtions de rester passifs par rapport à notre santé.
Nous sommes littéralement ce que nous mangeons et ce que nous buvons. Donc la qualité de notre vie, de notre état physique et de notre mental sont tous liés à notre alimentation
Pour cela, nous devons être conscients de chaque acte que nous posons au quotidien, depuis le choix des aliments, de leur préparation, de leur consommation et de leur devenir dans notre corps.
Le véritable enjeu, à mon avis, c’est d’arriver à ce que les populations comprennent que ce que nous mangeons peut soit nous soigner (la nutrithérapie), soit nous encrasser et nous rendre malades. Au Sénégal, comme dans le monde, les populations ont une alimentation plus “transformée” qui ne répond plus aux besoins nutritionnels de nos cellules. D’où la prévalence très élevée de toutes ces maladies.
Quels sont les conséquences d’une alimentation déséquilibrée sur la santé des populations?
Déjà la notion d’alimentation équilibrée n’a pas trop de sens pour nous actuellement. Car si vous prenez la définition d’une alimentation équilibrée, vous verrez qu’on parle d’une alimentation riche en protéines, en lipides et en glucides. De cette définition, vous verrez que tous les plats que nous mangeons sont équilibrés.
Quand vous mangez votre «ceebu jën», votre «mafé», votre «caldou», votre «soupou kandia», ce sont des plats équilibrés car ils contiennent des protéines par la viande ou le poisson, des lipides par l’huile et des glucides avec le riz.
Mais est-ce pour autant que ces plats sont nutritionnellement riches?
Non, sinon on aurait pas constaté autant de maladies, surtout celles dites chroniques. Donc, pour les nutrithérapeutes, une alimentation équilibrée est une notion dépassée. Le plus important, dans une alimentation, c’est sa teneur en micronutriments, qui sont ces éléments essentiels que nous ne retrouvons plus dans les aliments transformés.
Quand vous faites bouillir un aliment au-delà de 40 degrés, Il perd tous ses micronutriments, et il ne reste que les macronutriments qui sont les glucides, les lipides et les protéines. Les micronutriments sont des besoins essentiels pour nos cellules. Il s’agit du magnésium, du potassium, du calcium, du chrome, du fer, du sélénium… Sans ces micronutriments, les aliments que nous mangeons n’auront aucun intérêt pour nos cellules, donc pour notre santé. Donc une alimentation carencée en micronutriments est le point de départ de toutes les maladies.
Elles ont toutes, à l’exception des maladies génétiques et des accidents, la même et unique cause: la carence nutritionnelle. Les conséquences d’une alimentation pauvre en micronutriments sont la baisse de vitalité, du niveau d’énergie, et de la saturation de nos cellules en déchets acides et toxiques. Pour qu’une cellule fonctionne correctement, il faut qu’elle soit bien nourrie, bien hydratée, bien oxygénée et qu’elle puisse éliminer ses déchets. Comme la maladie est un défaut de fonctionnement de la cellule, une carence en nutriments de notre alimentation sera le point de départ ou la source de toutes les maladies.
Quand vous faites bouillir un aliment au-delà de 40 degrés, Il perd tous ses micronutriments, et il ne reste que les macronutriments qui sont les glucides, les lipides et les protéines
Est-ce que les populations en zone rurale ont à leur disposition des moyens de respecter le niveau d’exigence nutritionnel requis pour la bonne croissance?
Les populations en zone rurale ont ou peuvent avoir tout ce qui est nécessaire pour répondre ou respecter le niveau d’exigence nutritionnel. Elles ont juste besoin d’avoir la bonne information, une éducation nutritionnelle et surtout d’être protégées du marketing et de la publicité “mensongère” qui les poussent à abandonner les bons aliments au profit des aliments industriels et transformés. Pour nourrir nos cellules, nos organes et notre corps, il nous faut manger plus d’aliments vivants et moins d’aliments morts.
Un aliment vivant est un aliment que nous mangeons sans le transformer et dans son état de vitalité. C’est seulement dans cet état vivant, avec tous ses micronutriments, que l’aliment peut nourrir nos cellules et nous soigner. Par contre, dès que vous transformez un aliment, il perd ses micronutriments, et devient donc un aliment mort. Par exemple quand vous mangez votre pain c’est un aliment mort.
Les aliments vivants sont donc les fruits et légumes que nous pouvons manger sans les cuire ou les transformer. Donc si les populations rurales comprennent l’importance de manger au quotidien beaucoup de fruits et légumes, moins d’aliments transformés, elles se lanceraient dans la production pour leurs propres aliments.
Consommer du pain au petit-déjeuner en zone rurale, pour quelqu’un qui a chez lui des mangues, des bananes ou de la papaye est la preuve de son ignorance sur une bonne l’alimentation, mais également de ce que nous allons chercher dans un aliment.
Un aliment vivant est un aliment que nous mangeons sans le transformer et dans son état de vitalité. C’est seulement dans cet état vivant, avec tous ses micronutriments, que l’aliment peut nourrir nos cellules et nous soigner. Par contre, dès que vous transformez un aliment, il perd ses micronutriments, et devient donc un aliment mort
Que ce soit en zone urbaine ou rurale, le respect du niveau d’exigence nutritionnel est plutôt un problème d’informations et pas de moyens. Une seule banane au petit-déjeuner vaut dix mille fois plus que le pain que les gens prennent le matin.
Mes recommandations
- Changer le mode de vie alimentaire de la population en mettant fin à l’autodestruction par les mauvais aliments.
- Avoir une orientation alimentaire adaptée à notre corps, à notre physiologie avec une orientation végétale : plus de fruits et légumes au quotidien dans notre alimentation.
- Réduire considérablement la consommation en sucre.
- Réduire la consommation des aliments acidifiants que sont les viandes, le poulet..
- Favoriser la consommation de plus de poissons et des fruits de mer.
- Arrêter la consommation des boissons gazeuses, les cannettes de boisson, et les jus industriels.
- Arrêter la “mal bouffe” avec la restauration rapide (les fast-foods).
- Développer plus la culture maraîchère et la production de fruits.
- Communiquer sur les bienfaits du moringa, promouvoir la consommation des sauces feuilles (mboume).
- Boire beaucoup d’eau pour assurer un bon nettoyage du corps.
- Faire de l’activité physique pour bien soutenir l’impact de l’alimentation sur la santé.
Faisons de notre alimentation notre médicament. Faisons plus attention à ce que nous mangeons et éliminons tous les aliments qui nous encrassent et nous rendent malades. C’est cela la nutrithérapie.
Source photo : RPP Noticias Vital
Dr. Kéba Tamba est un pharmacien – nutrithérapeute. Il est coach en santé, en bien-être et en développement personnel.
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je peux avoir vos contacts voir email
numero de telephone svp
Très intéressant.je compte vous suivre avec intérêt.merci beaucoup