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Avec 189 États membres, des collaborateurs issus de plus de 170 pays et plus de 130 antennes à travers le monde, le Groupe de la Banque mondiale est composé de cinq institutions œuvrant de concert à la recherche de solutions durables pour réduire la pauvreté et favoriser le partage de la prospérité. Sa mission est de mettre fin à la pauvreté extrême en faisant en sorte que la part de la population mondiale vivant avec moins de 1,90 USD par jour passe sous la barre des 3 % d’ici 2030 et de promouvoir une prospérité partagée en favorisant, dans chaque pays, l’augmentation des revenus des 40 % les plus pauvres.
Publié au moment des Assemblées annuelles et Réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, Africa’s Pulse est une analyse semestrielle des perspectives économiques des économies de la région. Chaque édition consacre également un chapitre à des enjeux cruciaux de développement.
Site de l’organisation : https://www.banquemondiale.org/
Date de publication : 4 octobre 2022
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Malgré la croissance du revenu par habitant en Afrique, nous sommes encore loin de relever les défis de la réduction de la pauvreté. En effet, l’économie mondiale fait face à des chocs considérables notamment « le ralentissement de l’économie mondiale, le durcissement des conditions financières mondiales, l’inflation élevée provoquée par la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants et aggravée par la guerre en Ukraine, les conditions météorologiques défavorables et le risque croissant de surendettement ». Il faut souligner que les performances des économies africaines sont affectées depuis la pandémie de COVID-19, suite aux pertes d’emplois et de revenus, notamment parmi les travailleurs moins qualifiés du secteur informel. Sachant que l’insécurité alimentaire était endémique en Afrique subsaharienne avant même cette série de perturbations, ce document est important dans le sens où il propose une réponse politique à travers la mobilisation et la diversification des ressources, l’amélioration des investissements, la protection des personnes vulnérables.
Dans un contexte de fragilité économique causée par des chocs tels que la crise de la covid-19 et la crise russo-ukrainienne qui viennent aggraver une crise alimentaire qui existait déjà, il est nécessaire pour les pays de la région d’assainir les espaces budgétaires afin de soutenir la dette et mobiliser de nouvelles ressources, diversifier les partenaires commerciaux pour répartir les risques d’inflation et de change, financer l’agriculture en priorité pour saisir les opportunités de construire des systèmes agroalimentaires plus résilients. Cette situation rappelle l’intérêt de faire recours à l’outil numérique pour améliorer le ciblage des filets sociaux par le biais des registres numériques et mieux gérer les programmes de subvention des intrants et les mesures de facilitation du commerce. En outre, en encourageant le commerce et l’intégration régionale, les pays africains pourraient accroître leur résilience aux chocs affectant les systèmes agroalimentaires mondiaux. Enfin, il est important de valoriser les segments intermédiaires des chaînes de valeur agroalimentaires tels que la transformation, le stockage, le transport, le commerce de gros, le commerce de détail et les services alimentaires afin que les agriculteurs aient plus d’accès à des marchés nationaux et internationaux avec des normes élevées.
Ces extraits proviennent des pages : 11-14, 15-16, 18-20, 40-42, 46-49
Section 1. Tendances et évolutions récentes
Tendances mondiales
L’économie mondiale traverse une période de ralentissement de la croissance, d’inflation élevée et de resserrement des conditions financières. Après la récession consécutive à la pandémie de 2020, la reprise mondiale avait déjà ralenti lorsque l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie a perturbé́ davantage l’activité économique, entraînant notamment une forte hausse des prix de nombreux produits de base. Pour éviter que l’inflation élevée ne s’installe, les banques centrales resserrent agressivement leur politique monétaire. La combinaison d’une croissance lente et d’un resserrement des conditions financières dans un contexte d’endettement enlevé́ devrait entrainer des pressions budgétaires, une augmentation des défaillances d’entreprises et une faiblesse des investissements dans de nombreux pays.
L’inflation mondiale des prix à la consommation dépasse les objectifs des banques centrales dans la quasi-totalité des pays qui en disposent. L’inflation globale médiane de l’indice des prix à la consommation (IPC) a atteint 9,5 % (en glissement annuel) en juillet 2022, son niveau le plus élevé depuis 2008. L’inflation globale dans les marchés émergents et les économies en développement (EMDE) a atteint plus de 10,1 %, soit son niveau le plus élevé depuis 2008, tandis que l’inflation dans les économies avancées – 9,1 % – est la plus élevée depuis 1982.
Le sentiment mondial s’est détérioré précipitamment face à l’inflation élevée et au resserrement rapide des conditions financières. En août, l’indice composite mondial des directeurs d’achat (PMI) a atteint son niveau le plus bas depuis la mi-2020 et la confiance des investisseurs mondiaux s’est effondrée, reflétant une inflation élevée et un resserrement des conditions de financement.
Évolution du marché des matières premières
Les prix des matières premières ont divergé depuis juin, les prix de l’énergie restant élevés au second semestre 2022 et les prix des produits non énergétiques fléchissant. Les cours du pétrole se sont établis en moyenne à près de 100 USD le baril, tandis que les prix du charbon et du gaz naturel ont atteint de nouveaux sommets historiques au second semestre 2022, principalement en raison d’une insuffisance de l’offre. Les exportations russes de pétrole et de gaz ont connu une baisse importante avec l’entrée en vigueur des embargos européens.
Les prix des métaux ont chuté au second semestre 2022, reflétant les inquiétudes concernant l’économie mondiale et la baisse de la demande de la Chine. Les prix des produits agricoles ont également connu une baisse modeste, notamment pour le blé et les huiles végétales, en raison de rendements agricoles plus élevés que prévu au Canada, en Russie et aux États- Unis. Les prix des céréales, notamment du blé, ont été favorisés par la réouverture partielle des routes d’exportation de la mer Noire.
Les prix des produits agricoles se sont généralement modérés par rapport à leurs augmentations au début de l’invasion de l’Ukraine, mais ils restent élevés. Les prix des produits agricoles devraient connaître une légère baisse en 2023 après une augmentation estimée à près de 15 % en 2022
Des risques considérables pèsent sur les prix de l’énergie, reflétant principalement des facteurs liés à l’offre : la croissance du schiste américain pourrait décevoir, les capacités inutilisées parmi les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) sont minimes, les membres de l’OPEP Plus (OPEP+) continuent de produire bien en deçà de l’objectif, et les stocks stratégiques ont été réduits, ce qui laisse des réserves limitées en cas de nouveaux chocs inattendus. Le principal risque de baisse est un nouveau ralentissement de la croissance mondiale de l’activité économique. Les prix de l’énergie, notamment du gaz naturel et, dans une moindre mesure, du pétrole, pourraient être affectés par la guerre en Ukraine. Une escalade pourrait entraîner leur hausse, comme une résolution pourrait les faire baisser.
Les prix des produits agricoles se sont généralement modérés par rapport à leurs augmentations au début de l’invasion de l’Ukraine, mais ils restent élevés. Les prix des produits agricoles devraient connaître une légère baisse en 2023 après une augmentation estimée à près de 15 % en 2022, reflétant en grande partie de meilleures perspectives pour la production mondiale et une baisse des coûts des intrants en lien avec une modération des prix des engrais.
Les risques à la hausse pesant sur les prix des denrées alimentaires comprennent une inversion de la récente modération des prix des engrais en raison de la hausse des prix du gaz, le retour de La Niña en 2022, ainsi que la fermeture des ports de la mer Noire. La poursuite des confinements en Chine pourrait également affecter les prix des denrées alimentaires, car une réduction de la mobilité de la main-d’œuvre pourrait retentir sur la production dans ce pays. L’insécurité alimentaire reste un défi critique dans certains EMDE, reflétant le nombre croissant de restrictions au commerce des produits alimentaires, les événements météorologiques, et l’impact continu de l’invasion de l’Ukraine et des conflits ailleurs.
Covid-19– évolutions récentes
La cinquième vague d’infections à la COVID-19 en Afrique subsaharienne (avril-mai 2022), principalement due aux sous-variants BA.4 et BA.5 de l’Omicron, a été plus bénigne que les quatre vagues précédentes. Détectés pour la première fois par des scientifiques en Afrique du Sud en avril 2022, ces derniers variants ont entraîné non seulement moins d’infections, mais aussi moins de décès et d’hospitalisations que les variants précédents.
Au plus fort de la cinquième vague (première quinzaine de mai), environ 8 600 infections quotidiennes ont été signalées, la plupart en Afrique de l’Est et australe (AFE). Ce nombre de cas quotidiens est dérisoire par rapport aux pics de près de 30 000 à 40 000 cas signalés lors des troisième et quatrième vagues. Le nombre de décès quotidiens attribués à la pandémie a également diminué de manière significative au cours de la cinquième vague, passant d’environ 700 et 300 décès au cours des troisième et quatrième vagues, respectivement, à un pic de 44 décès par jour.
Les activités sociales et la mobilité se sont redressées à mesure que le pic de la vague pandémique s’est réduit en Afrique subsaharienne. Par exemple, la mobilité communautaire a continué à augmenter, les données à haute fréquence indiquant une tendance à la hausse de la mobilité vers les lieux de vente au détail et de loisirs (restaurants, cafés, centres commerciaux, parcs à thème, musées, bibliothèques et cinémas) et les plateformes de transport public (stations de métro, bus et trains).
La vaccination se poursuit lentement dans les pays de la région. Ainsi, 25,4 % de la population d’Afrique subsaharienne ont reçu au moins une dose de vaccin, tandis que 19,8 % de personnes ont été entièrement vaccinées, selon le Bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique. Quinze des 48 pays de la région ont atteint ou dépassé l’objectif de l’OMS consistant à administrer à 40 % de la population une première dose du vaccin avant la fin 2021, tandis que quatre pays seulement (Rwanda, Seychelles, Maurice et Lesotho) ont atteint l’objectif de 70 % à la mi- 2022.
Évolutions économiques
Une croissance lente face à des défis variés
L’économie de l’Afrique subsaharienne continue de subir des revers dus au ralentissement de la croissance mondiale, à une hausse de l’inflation mondiale exacerbée par la guerre en Ukraine et les mauvaises conditions météorologiques, au durcissement des conditions financières mondiales et au risque croissant de surendettement. Deux ans après la première récession survenue en vingt-cinq ans, la reprise de l’activité économique a été perturbée par les faiblesses des trois principaux partenaires commerciaux de la région – la zone euro, la Chine et les États-Unis.
La faiblesse de la demande des principaux partenaires commerciaux se répercute directement sur le commerce et les investissements étrangers, et indirectement sur les prix des produits de base. Le ralentissement de l’économie chinoise pèsera sur les prix des produits de base, notamment ceux des métaux, le pays représentant une part importante de la consommation de la plupart de ces produits.
La faible demande de métaux de la Chine et les craintes de récession mondiale ont ainsi fait chuter les prix du cuivre de 22 % depuis mars 2022. À son tour, l’effondrement des prix des métaux freine la dynamique de croissance des pays exportateurs de métaux, qui ont cependant bénéficié de la reprise des prix observée depuis la chute des prix en mars 2020 déclenchée par le choc de la pandémie.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a accéléré une inflation déjà orientée à la hausse dans la région. La hausse des prix internationaux des produits de base (principalement les denrées alimentaires et les carburants) constitue le principal facteur d’accélération de l’inflation globale. En Afrique subsaharienne, la dynamique de l’inflation s’explique principalement par une dépendance excessive à l’égard des importations de denrées alimentaires et de carburant pour la consommation. La forte répercussion des prix des denrées alimentaires et des carburants sur les prix à la consommation a ainsi fait grimper l’inflation à des niveaux record dans de nombreux pays, dépassant le plafond des objectifs des banques centrales dans la plupart des pays qui en avaient fixés.
La grande majorité de la population d’Afrique subsaharienne est touchée par les prix élevés des denrées alimentaires, plus de 40 % de ses dépenses totales étant consacrés à l’alimentation. Les prix élevés des denrées alimentaires provoquent des difficultés aux graves conséquences, notamment des pénuries alimentaires, des troubles sociaux et une instabilité politique. En retour, l’augmentation du coût de la vie a pesé sur l’activité économique et le processus de reprise a échoué. L’inflation fonctionne comme une taxe régressive, affectant de manière disproportionnée les pauvres.
Avant la guerre, la reprise avait déjà été affectée par plusieurs chocs d’approvisionnement au second semestre 2021. Outre la transmission directe aux prix à la consommation, les effets inflationnistes sont amplifiés indirectement par l’impact des prix des denrées alimentaires et des carburants sur la balance des comptes courants, car la facture des importations augmente. Ce déficit croissant de la balance courante exerce à son tour une pression sur la monnaie nationale, entraînant une dépréciation du taux de change qui se répercute sur l’inflation.
Les perspectives
L’escalade du conflit russo-ukrainien freine l’économie de l’Afrique subsaharienne, qui était sur la voie de la reprise après les répercussions économiques dues à la pandémie. Après une croissance de 4,1 % en 2021, l’activité économique de la région devrait décélérer à 3,3 % en 2022, soit une révision à la baisse de 0,3 point de pourcentage par rapport aux prévisions d’Africa’s Pulse d’avril 2022. Cette révision reflète l’impact de la guerre en Ukraine sur l’inflation des prix des denrées alimentaires et des carburants dans le monde entier, les perturbations persistantes de l’approvisionnement dues aux confinements en Chine, et le resserrement de la politique monétaire dans les économies avancées.
La croissance devrait rebondir en 2023 (3,5 %) et 2024 (3,9 %). Du côté des dépenses, le résultat est soutenu par une reprise timide de l’investissement fixe brut et une consommation privée modérée, reflétant la fin du cycle de resserrement de la politique monétaire avec l’atténuation des pressions inflationnistes et la rétraction des prix des produits de base. Les exportations nettes freineront la reprise en raison de la faiblesse des prix des produits de base, ce qui aura pour conséquence une baisse des recettes extérieures, tandis que la facture des importations restera élevée.
En Afrique subsaharienne, la dynamique de l’inflation s’explique principalement par une dépendance excessive à l’égard des importations de denrées alimentaires et de carburant pour la consommation. La forte répercussion des prix des denrées alimentaires et des carburants sur les prix à la consommation a ainsi fait grimper l’inflation à des niveaux record dans de nombreux pays, dépassant le plafond des objectifs des banques centrales dans la plupart des pays qui en avaient fixés
Le secteur des services reculera en 2022 avant de se redresser en 2024. Si l’on exclut les trois plus grandes économies, à savoir l’Afrique du Sud, l’Angola et le Nigéria, l’activité économique devrait progresser de 4,6 % (2023) et de 5,2 % (2024), soit un taux supérieur à la performance régionale. Les pays non riches en ressources naturelles devraient connaître une croissance de 4,7 % et 5,3 % en 2023 et 2024, respectivement.
Cette amélioration de la performance de ce groupe est due aux gains réalisés grâce à la réduction de la facture des importations et à l’expansion du secteur des services. Toutefois, la croissance du PIB réel dans les pays riches en ressources naturelles restera modérée à 2,8 %, en baisse par rapport à l’année précédente, mais elle rebondira en 2024 à 3 %, soit un taux inférieur à celui de 2021 (3,7 %). La croissance de ce groupe est tirée vers le bas par la chute des prix des produits de base, indiquant une forte dépendance à l’égard du secteur extractif.
La croissance globale de la région cache une hétérogénéité considérable dans les performances des différents pays. En commençant par les trois grands pays, on peut noter que le taux de croissance de l’Angola devrait baisser à 2,8 % (contre 3,1 %) et se stabiliser à 2,9 % en 2024. Cette faible performance s’explique par la baisse des prix du pétrole, car l’économie continue de dépendre du secteur pétrolier pour sa croissance. La croissance des dépenses publiques devrait chuter à 3,3 % (contre 9,7 %) en 2023, car le pays se consolide pour éviter une augmentation de la dette publique.
Elle remontera à 5,2 % en 2024. L’investissement privé restera pratiquement inchangé en 2023, avec une croissance de 5,1 %. La production de pétrole et de diamants devrait s’accélérer en 2023. Cela suggère que la baisse des prix du pétrole entraînera une diminution substantielle des recettes extérieures, puisqu’elle ne sera pas compensée par une reprise de la production. L’excédent courant se réduira légèrement à 14 % du PIB (contre 15,2 %) en raison de la baisse des exportations. Du côté de la production, les secteurs de l’agriculture et des services resteront robustes à l’horizon de prévision, avec une croissance qui passera à 6,9 % et 5,2 % en 2024, contre 5,6 % et 3,8 % en 2022, respectivement.
Les politiques
Les économies africaines sont confrontées à une série de défis pour leur reprise économique post- pandémique. Les décideurs doivent renforcer la capacité de leurs pays à absorber et se remettre des chocs idiosyncratiques et mondiaux tout en saisissant les opportunités de générer une croissance inclusive et propice à la productivité. Les taux d’inflation, alimentés par la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, restent élevés. La marge de manœuvre budgétaire reste limitée dans la plupart des pays. La dette publique reste élevée et atteint des niveaux de détresse dans certains pays. Les turbulences mondiales, qui se manifestent par un ralentissement de la croissance mondiale et des conditions financières tendues, et les chocs climatiques continueront de peser sur l’activité économique à travers le continent, avec des impacts disproportionnés sur les segments les plus vulnérables de la population.
Dans ce contexte, il est essentiel de mettre en place des politiques concrètes pour renforcer la résilience économique. Les décideurs doivent mettre en œuvre des politiques monétaires, budgétaires et d’endettement cohérentes pour réduire l’inflation et générer une marge de manœuvre budgétaire. Les mesures visant à stimuler une croissance inclusive et axée sur la productivité (notamment dans l’industrie agroalimentaire) sont propices à une transformation économique durable. Elles doivent être complétées, à court terme, par des politiques en faveur des pauvres et des personnes vulnérables.
Orienter les politiques pour réduire et stabiliser l’inflation. Face aux craintes de stagflation, les banques centrales sont confrontées à un dilemme et doivent choisir entre le soutien à une croissance faible ou la lutte contre une inflation croissante. Alors que l’inflation atteint des niveaux record dans tous les pays de la région, le dilemme se déplace vers l’ancrage des anticipations d’inflation pour rétablir la stabilité des prix. Cependant, les réponses politiques sont déterminées par les dispositifs monétaires des pays. Les pays de la région ayant adopté des cibles d’inflation choisissent de relever les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation.
Une combinaison de politiques monétaire et budgétaire plus restrictives pourrait se justifier dans les pays où la politique monétaire seule semble moins efficace pour réduire l’inflation. Dans les pays à parité fixe, comme les pays de la CEMAC et de l’UEMOA, l’assainissement budgétaire soutiendra les efforts anti-inflationnistes et, dans une certaine mesure, la monnaie.
Reconstruire l’espace budgétaire et gérer les portefeuilles de la dette. L’assainissement budgétaire et la mobilisation des ressources intérieures sont essentiels pour les pays confrontés à un risque de soutenabilité budgétaire et de la dette. Pour éviter d’exacerber l’instabilité macroéconomique, les gouvernements doivent éviter par tous les moyens la tentation de recourir au financement des déficits publics par les banques centrales. L’éventail des outils politiques utilisés sera adapté aux besoins et aux conditions propres à chaque pays, notamment à la vigueur de la reprise en cours. Les mesures visant à améliorer l’efficacité du fisc sont essentielles dans les pays à redressement lent.
Diversifier les échanges pour atténuer les chocs internationaux défavorables. La diversification des partenaires commerciaux peut être un outil de couverture, de diversification et de mutualisation des risques liés au commerce international (par exemple, une baisse de la croissance mondiale). Une plus grande diversification des marchés permettrait également de répartir les risques d’inflation et de change entre les partenaires commerciaux, en particulier dans les pays dotés de systèmes financiers peu développés. Elle offre également la possibilité de vendre les produits d’exportation africains (pétrole et gaz, denrées alimentaires, minéraux) sur de nouveaux marchés.
Saisir les opportunités de construire des systèmes agroalimentaires plus résilients. L’agriculture en Afrique subsaharienne est sous-financée et les rares ressources sont allouées de manière inefficace. Cela fournit une opportunité d’améliorer la qualité des dépenses publiques pour débloquer la croissance agricole, et son potentiel de création d’emplois, dans un espace budgétaire restreint. Il est prouvé qu’en réorientant les dépenses publiques vers une offre accrue de biens publics de haute qualité, les revenus de la population rurale augmentent.
Discussion sur les politiques
Bien que durant les dernières décennies, la réduction des crises de sécurité alimentaire dans la région ait fait l’objet de nombreux débats, de multiples discussions et de prises de position, elle reste un problème complexe à résoudre, et ce, d’autant plus dans un contexte de changement climatique, de pandémie de COVID-19 et de crises alimentaires et énergétiques actuelles. Si les solutions miracles n’existent pas, des données provenant d’autres continents et de la région ont démontré qu’une série de mesures d’urgence à court terme combinées à des mesures à moyen et à long terme peuvent en fin de compte/ complètement renforcer la résilience des systèmes agricoles et alimentaires. Dans cette approche, et compte tenu de l’environnement actuel, les aspects stratégiques décrits ci-dessous se dégagent comme étant les voies les plus réalistes et les plus efficaces.
En ce qui concerne les mesures à court terme, les filets sociaux, consistant en une série de transferts ciblés en espèces ou en nature pendant les périodes d’insécurité alimentaire accrue, jouent un rôle important dans la protection des personnes les plus vulnérables. Outre la fourniture d’une base protectrice, les filets de sécurité peuvent favoriser l’accumulation de capital humain et la production agricole (programmes de transferts monétaires « plus ») et offrir des possibilités d’emploi (par le biais de programmes pour le marché du travail et de subventions salariales temporaires versées aux employeurs).
Pour ce qui est des mesures à moyen et à long terme, le renforcement de la résilience des systèmes agricole et alimentaire nécessite des dispositifs qui stimulent la productivité agricole et accélèrent le processus de transformation structurelle.
- Dans un contexte de marge de manœuvre budgétaire limitée, la mise en place de politiques pour l’amélioration de la qualité des dépenses est nécessaire. Afin que la croissance puisse augmenter la productivité, la réaffectation des fonds publics à des investissements de grande valeur (production et diffusion de technologies, conservation des sols et infrastructures d’irrigation, adaptation au changement climatique et connexion aux marchés) et la réorientation des politiques ayant des effets de distorsion sur le marché sont essentielles.
- En encourageant le commerce et l’intégration régionale, les pays africains pourraient accroître leur résilience aux chocs affectant les systèmes agroalimentaires mondiaux. Tirer parti des accords commerciaux régionaux et de la ZLECA peut aider à coordonner les investissements et la production au niveau régional, et favoriser ainsi la participation des pays aux chaînes de valeur régionales. Cette approche plus holistique de l’intégration et de la coopération régionales pourrait également inclure la gestion transfrontalière des ressources naturelles ; la diffusion des connaissances et de l’innovation ; l’information sur la météo et les marchés, etc.
Le développement et la modernisation des segments intermédiaires des chaînes de valeur agroalimentaires (par exemple, la transformation, le stockage, le transport, le commerce de gros, le commerce de détail et les services alimentaires, entre autres) sont essentiels pour que les agriculteurs puissent accéder à des marchés (nationaux et mondiaux) à valeur ajoutée, en adoptant des normes plus élevées pour leurs produits. Cela créera des opportunités d’inclusion productive et d’intégration des jeunes des zones rurales.
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