Auteur: Geoffroy Theodore Aliha
Organisations affiliées: Institution International pour la Francophonie/ Université d’Abomey-Calavi
Type de Publication: Rapport
Date de publication: 17 Avril 2018
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Dans les années 70, selon le PNUD, la Chine occupait un rang derrière la Côte d’Ivoire dans le classement IDH. Son ouverture en 1978, à l’économie de marché, fait d’elle aujourd’hui le premier pays économiquement puissant au monde devant les USA. Qualifiée de puissance africaine, la Chine est l’un des partenaires privilégiés qui accompagnent le développement de l’Afrique. Présente dans tous les secteurs économiques des pays africains, elle injecte depuis plus de trois décennies, des milliards de yuan dans des projets de réalisation des infrastructures.
En retour, la Chine s’octroie d’énormes avantages liés d’une part, à l’exploitation des matières premières qui assurent le fonctionnement de ces industries et d’autre part à l’écoulement de ses produits sur le marché́ africain. L’UEMOA, un regroupement des 8 pays francophones de l’Afrique de l’Ouest est l’un des espaces concernés par ces échanges. Elle détient présentement la plus importante part de marché dans cet espace soit plus de 40% de la part totale.
Elle présente une sorte d’état des lieux de la coopération sino-UEMOA. Ainsi nous présenterons la problématique du développement économique chinois puis, en partant de l’histoire des relations sino-africaines, nous aborderons la stratégie chinoise de conquête des opportunités africaines et de l’UEMOA en particulier. Nous relèverons les difficultés liées à son fonctionnement ; ce qui permettra d’identifier les perspectives pour sa pérennisation qui repose pour l’essentiel sur une stratégie « Win Win » jusque-là̀ théorique.
C’est à l’avènement de Deng Xiaoping au pouvoir en 1978 que la Chine a choisi d’ouvrir son économie au marché international. Ce qu’elle a fait en adoptant la stratégie d’attirance vis-à-vis des IDE occidentaux puis expansionniste en direction de tous les pays et beaucoup plus vers les pays en développement.
L’éveil industriel de la Chine l’oblige désormais à rechercher les matières premières devant faire fonctionner ces industries et aussi les marchés d’écoulement de sa production industrielle. Elle a construit son positionnement en bâtissant un véritable écosystème de gestion technologique administrée sur son territoire.
Une politique essentiellement orientée vers la stratégie d’exploitation des ressources (matières premières) contre des investissements (infrastructures). Ces entreprises minières centrales avec les entreprises de BTP, dépendant du pouvoir de Pékin, qui ont la haute main sur les prix de valorisation des matières premières ; une valorisation parfois subjective et politique sur ce ′′hors-marché′′. La Chine n’est pas exigeant au niveau politique comme le sont les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et permet ainsi aux pays africains de conserver leur souveraineté. Sa seule exigence est la rupture de tout lien avec Taïwan. Elle s’abstient de toute ingérence.
Depuis son ouverture au monde en 1978, la Chine, s’est tournée vers le continent africain pour assurer son approvisionnement en matières premières indispensables au fonctionnement de ses multiples industries.
C’est à l’avènement de Deng Xiaoping au pouvoir en 1978 que la Chine a choisi d’ouvrir son économie au marché international
Tous les investisseurs internationaux voient en Afrique un important réservoir de matières premières comme le pétrole de l’Angola, du Nigéria, le cuivre de la RDC, l’uranium du Niger, le cacao et café de la Côte d’ivoire et du Ghana. Dès lors et de façon diplomatique, la Chine institua un forum de coopération. Ainsi, pendant que les occidentaux voient l’Afrique comme source d’instabilité, de migration et de terrorisme, la Chine se contente d’exploiter les opportunités qui lui s’offrent. On peut noter l’abaissement des droits de douanes, l’autorisation de séjours accordés aux touristes chinois. En retour, la Chine est sensée offrir son savoir-faire, sa main d’œuvre, des prêts à taux préférentiels et des avantages financiers dans les travaux de construction des infrastructures.
La relation précoloniale était marquée par des échanges commerciaux entre pays reconnus à cette époque pauvres. La relation post-coloniale est un peu plus hégémonique parce que caractérisée par la domination de la Chine désormais puissance économique.
Malheureusement, après décès de l’Amiral Zheng, la Chine impériale arrête toute expédition durant cinq siècles. L’arrêt des expéditions est aussi dû à la conquête européenne du XVème siècle, où la chine a connu une semi-domination coloniale. Ainsi, à partir de 1880, des chinois furent envoyés de force en Afrique dans les exploitations minières, agricoles et pour construire des chemins de fer (du Sénégal, du Congo, de l’Afrique du Sud).
Cette relation est dominée, dans les années 70 et 80 par la propagande idéologique de Mao Zedong. Ainsi plusieurs pays comme le Bénin, la Guinée équatoriale, partageait la même idéologie avec la Chine et bénéficiaient des avantages directs. Ce qui fait dire à Hu Jintao, lors du sommet sino-africain de 2006, que «l’amitié sino-africaine plonge ses racines dans la profondeur des âges et ne cesse de s’approfondir au fil des ans».
Sous l’effet de la poursuite de l’exécution des projets d’investissement dans les infrastructures et de l’orientation favorable des exportations de matières premières, le PIB des pays de la zone est en constante progression. S’il est vrai que la Chine contribue considérablement au modelage de la politique des aides au développement, il est aussi vrai qu’elle le fait à son avantage, remettant en cause sa stratégie «gagnant-gagnant».
Seul pays excédentaire de l’espace UEMOA, la Côte d’Ivoire est la risée de tous les investisseurs internationaux pour son attractivité économique. La coopération avec la Chine remonte à 35 ans. Il se caractérise par quatre différents temps de la relation sino-ivoirienne: 1983-1993; 1994-1999; 2000-2010 et 2011 à ce jour. Ces périodes correspondent aux quatre présidents qu’a connus le pays.
La relation post-coloniale est un peu plus hégémonique parce que caractérisée par la domination de la Chine
Cette relation actée en mars 1983, sous la présidence de Félix Houphouët Boigny, marque le début d’une relation sino-ivoirienne. Le décès en 1993 du Président Félix Houphouet Boigny met fin à cette période. Cette période est celle de l’augmentation substantielle des échanges commerciaux, du nombre de visites officielles mais beaucoup plus celle de rehaussement qualitatif des rapports diplomatiques. Le coup d’état de décembre 1999 a mis fin à cette période.
C’est une période de forte relation sino-ivoirienne. Elle est marquée par la stabilisation, la pérennisation et l’augmentation des échanges dans tout domaine. Cette période s’achève par la captivité de Laurent Gbagbo et son déferrement à la Cour Pénale Internationale de Haye le 29 novembre 2011.
La coopération sino-ivoirienne n’a pas attendu le déferrement de Gbagbo à la CPI avant de reprendre de plus belle en 2011. Juste après l’installation du Président Ouattara au pouvoir, un prêt sans intérêt et une remise de dettes ont été effectués par la Chine.
La Chine doit aussi revoir sa politique bas-gammiste, nœud de son succès commercial. En effet, la durée de vie des produits mis sur le marché de l’UEMOA est très courte et ne reflète pas la notice qui les accompagne
L’ouverture prochaine de la Chambre de Commerce Chinoise en Côte d’Ivoire, renforcera la coopération sino-ivoirienne. Un total de plus de 7 milliards de dollars sont mobilisés dans la réalisation d’une quinzaine de projets de développement économique d’ici 2020. En deux ans l’investissement de Pékin a atteint 800%. L’implantation d’une vingtaine d’entreprises chinoises dans la zone industrielle du PK24 en Côte d’Ivoire ne devrait être que salutaire si ces entreprises au lieu d’œuvrer à un transfert de technologie, ne se mettent en position de concurrence déloyale. En effet, sur les marchés locaux, les chinois se livrent à la concurrence de détails, fragilisant ainsi les affaires des petits commerçants. Plusieurs fois, la chambre de commerce et d’industrie de la Côte d’Ivoire a tenté de calmer la tension entre les détaillants locaux et les chinois.
Plusieurs autres pays comme le Togo, le Sénégal, le Niger, la Guinée Bissau ont bénéficié de plusieurs appuis de la Chine. Ces réalisations montrent l’embellie d’une coopération sino-africaine. En retour, La chine bénéficie des avantages qui font de ses produits les plus concurrents sur le marché de l’UEMOA. Les statistiques douanières de la région témoignent de cette stratégie payante.
On constate que la Chine fournit beaucoup plus les produits intermédiaires et les biens d’équipement. Malgré sa présence à ces deux niveaux, la part d’IDE chinois avoisine 40% dans l’espace, où elle remporte la grande part des biens d’équipements.
Ce graphique montre comment la Chine rejoint progressivement en volume de chiffre d’affaire, l’Europe qui détenait à elle seule près de la moitié des importations dans l’UEMOA. Les autres continents tels que l’Amérique et l’Océanie occupe un part infirme dans l’importation de l’UEMOA. Même la part africaine n’a jamais dépassé la troisième position. C’est une vraie occupation du territoire dont profite l’économie chinoise.
On constate que la Chine fournit beaucoup plus les produits intermédiaires et les biens d’équipement. Malgré sa présence à ces deux niveaux, la part d’IDE chinois avoisine 40% dans l’espace, où elle remporte la grande part des biens d’équipements
La Chine doit aussi revoir sa politique bas-gammiste, nœud de son succès commercial. En effet, la durée de vie des produits mis sur le marché de l’UEMOA est très courte et ne reflète pas la notice qui les accompagne. D’attraction parce que pour s’industrialiser la Chine a créé des conditions pour capter les IDE en provenance des pays occidentaux et créer un modèle chinois par transfert de compétence.
Ainsi, les pays de l’UEMOA et de l’Afrique en général doivent exiger un transfert réel de technologie de la part de la Chine. Ils doivent cesser de se contenter de l’exploitation de leurs matières premières. La solution indienne est un atout dont peuvent se saisis les pays africains pour ramener la Chine au réel transfert de savoir-faire. Avec le climat d’exacerbation en Afrique, la Chine va s’impliquer dans la sécurisation de ses intérêts économiques. La survenance d’une crise qui menacerait les ressortissants chinois, entrainerait le renforcement de la présence chinoise en Afrique qui peu à peu glisserait sur le terrain politique.
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