Auteur : En charge de l’élaboration des éléments de la politique nationale en matière d’enseignement supérieur et de recherche scientifique, ainsi que du suivi de leur mise en œuvre, la Direction générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique joue, au sein du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et en lien avec l’ensemble des institutions d’enseignement supérieur et de recherche du pays, un rôle central dans le développement, la promotion et le suivi de l’enseignement supérieur.
Type de document : Étude
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Le présent Document de Politique Nationale de la Science, de la Technologie et de l’Innovation (PNSTI) qui porte sur la période 2017-2025, constitue un outil d’orientation de l’action gouvernementale en matière de recherche scientifique, de développement technologique et d’innovation. Il sert de référentiel pour la planification, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des programmes, projets et activités entrepris dans le domaine de la science, la technologie et l’innovation (STI) au Mali.
Système national de recherche et d’innovation
Acteurs
Créé en janvier 2016, le Ministère de la Recherche scientifique (MRS), organe directeur de la recherche au Mali, est un département de plein exercice dont la principale mission est d’élaborer et de mettre en œuvre la politique nationale de STI. Pour préparer et assurer la mise en œuvre de cette politique, le MRS s’appuie sur ses services centraux, ses services rattaches et ses organismes personnalisés. Les services centraux comprennent: (i) la Direction Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (DGESRS), (ii) la Direction des Ressources humaines du secteur de l’Éducation, (iii) la Direction des Finances et du Matériel.
Le Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST) est l’un des organismes personnalisés du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique. L’orientation et l’organisation du système national de recherche, par secteurs d’activité, entre les différents centres de recherche et de leur coopération effective avec les structures de production, de valorisation des résultats de recherche ou d’innovation technologique, doivent ainsi être mises en œuvre sous l’égide du CNRST. En effet, il existe d’autres structures relevant des autres départements ministériels qui mènent des activités de recherche, notamment celles qui interviennent dans le secteur de la santé, de l’agriculture et de l’environnement.
Dans le domaine de la santé, le Mali accorde depuis plus de trente ans, une importance particulière à la recherche en santé et au développement social, avec la création de l’Institut National de Recherche en Santé Publique (INRSP) en 1981. Cette importance a été renforcée ces dernières années par la création d’autres institutions chargées de la recherche en santé et au développement social. Il s’agit notamment du Centre National d’Appui à la lutte contre la Maladie (CNAM), du Centre de Recherche et d’Études sur le Documentation pour la Survie de l’Enfant (CREDOS), du Malaria Research and Training Center (MRTC), de l’Institut d’Études et de Recherches en Gérontologie et Gériatrie (IERGG), de l’Agence Nationale d’Évaluation des Hôpitaux (ANEH), du Laboratoire National de la Santé (LNS). Par ailleurs, un Comité National d’Éthique de la Santé et des Sciences de la Vie (CNESS) a été créé.
Au niveau du secteur agricole, les acteurs du Système National de Recherche Agricole (utilisateurs des résultats de recherche organisés en Conseils Régionaux de Recherche et de Vulgarisation Agricole (CRRVA), Collectivités, Structures techniques, organisations professionnelles) constituent un autre pôle de la recherche au Mali. Un Comité National de Recherche Agricole (CNRA) a été créé en 1993 suite à une restructuration de la Recherche Agricole du Mali qui a consacré l’émergence d’un véritable Système National de Recherche Agricole (SNRA). Le CNRA est un organe chargé de la coordination sectorielle de la recherche agricole au niveau des ministères chargés du développement rural. Les axes prioritaires de la recherche agricole sont clairement définis dans le Plan Stratégique de la Recherche Agricole du Mali.
A côté de ces deux pôles de recherche qui regroupent les acteurs de la santé et de l’agriculture, le système de recherche du Mali dispose aussi d’autres intervenants que sont les institutions d’enseignement supérieur, les institutions de recherche, les sociétés savantes, les acteurs de la recherche du secteur privé, les chercheurs indépendants et les détenteurs des savoirs des communautés à la base. Pour leur bon fonctionnement, il faut des ressources humaines, matériels et financières.
Ressources allouées à la recherche – développement
Concernant les dépenses en recherche-développement (R-D), malgré les efforts du gouvernement, l’investissement dans le savoir est encore faible et se trouve en deçà de l’objectif fixé à au moins 1% du PIB recommandé par l’Union Africaine (UA). En effet, l’enquête menée par le Mali en 2007, dans le cadre de l’Initiative Africaine des Indicateurs de Science, Technologie et Innovation (ASTII) montre que 0,28% du PIB a été consacré aux activités de recherche- développement. Les données de 2010 n’ayant couvert que le secteur public, ceci confirme la faiblesse des ressources financières allouées à la R-D.
Les données 2016 de l’Unesco situent à 0,7% du PIB les dépenses en recherche- développement (R-D) pour l’ensemble secteurs d’activité (Entreprises, Universités, Gouvernement).
Le financement des activités de recherche scientifique et de développement technologique se fait principalement à travers des fonds provenant de l’étranger et accessoirement via de faibles dotations annuelles de l’État. La contribution financière du secteur privé à la R-D reste encore très faible. La PNSTI devra contribuer à inverser cette tendance de la forte dépendance du financement de la recherche de l’étranger pour un meilleur alignement des programmes nationaux de recherche aux objectifs de développement du Mali.
Les ressources humaines sont principalement concentrées au niveau des institutions universitaires et de recherche publiques. En 2010, on a dénombré 898 chercheurs au Mali, ce qui correspond en moyenne à une densité de 58 chercheurs pour un million d’habitants. Les femmes qui interviennent dans la recherche représentent 16% de cette population, ce qui constitue un très faible taux comparé à certains pays africains. Aujourd’hui, le nombre de chercheurs pour un million d’habitant est réduit à 29.
Activités de recherche – développement
Au Mali, les activités de recherche et de développement technologique se mènent principalement dans le secteur public à savoir les institutions de recherche qui sont rattachées aux ministères et les institutions d’enseignement supérieur.
Ainsi, les sciences agricoles et les sciences médicales demeurent les domaines scientifiques où les activités de R-D sont les plus en vue et les plus productives en termes de résultats.
La recherche universitaire très peu organisée et peu soutenue financièrement, avec des acteurs confrontés à l’ampleur et à la pression grandissante des tâches d’enseignement est peu performante. Les acteurs sont pour la plupart isolés et peu soutenus.
Le secteur des entreprises, principal acteur de l’innovation par l’introduction de biens, de services et procédés sur le marché, reste cependant peu présent dans les activités de recherche développement.
Production scientifique et valorisation des résultats de recherche
Après une réduction du nombre de publications scientifiques observée en 2013 et 2014, suite à la crise malienne de 2012, la production scientifique du Mali, dominée en termes de volume par les sciences médicales et agricoles, a repris sa progression entamée depuis l’année 2000 où elle était de 35 publications contre 250 en 2015.
Le système national de recherche scientifique et d’innovation technologique s’affirme de plus en plus dans les domaines de la recherche biomédicale et pharmaceutique, et de la recherche agricole. Dans ces deux domaines, au-delà de la recherche de routine à caractère de veille, des résultats concrets ont été obtenus en termes de découvertes, de mise au point de procédés, de produits médicaux, pharmaceutiques et agricoles.
Dans le secteur agricole, plusieurs variétés améliorées, résistantes à la sècheresse et aux nuisibles ont été développées pour le cotonnier, le maïs, le mil, le riz et le niébé. Un type génétique de poulet issu du croisement d’une race exotique et d’une race locale a été fixé. Il est fortement apprécié et utilisé par les exploitations familiales et les entreprises privées. De même, de nouvelles techniques agricoles ont été mises au point pour améliorer les rendements.
Dans le secteur de la santé, des médicaments traditionnels ont été améliorés et sont commercialisés en pharmacie. En outre, des résultats encourageants ont été obtenus dans la recherche prophylactique contre le paludisme. Enfin, des vaccins ont été mis au point pour la santé animale et interviennent utilement dans la prophylaxie sanitaire du bétail.
Dans le secteur énergétique, plusieurs types de fourneaux et foyers améliorés ont été développés. Il y a eu aussi l’établissement de la carte des ressources solaires et éoliennes du Mali.
Si les institutions nationales de recherche parviennent à produire plus ou moins des résultats en rapport avec leur mission (IER, LCV, INRSP, ISH), il n’en est pas de même pour la recherche universitaire peu structurée, sous-financée et dont les acteurs, confrontés à l’ampleur et à la pression grandissante des taches d’enseignement, ne peuvent accorder à la recherche qu’une part de plus en plus réduite de leurs activités. Par ailleurs, le partenariat est peu développé entre les structures de recherche-développement et d’enseignement supérieur. Elles mènent des activités de recherche de façon cloisonnée.
Dans le domaine de l’innovation en dépit d’une absence de stratégie nationale et d’un manque de données sur les activités d’innovation qui sont menées au Mali, le pays s’est montré très innovant en 2015. En effet, selon le dernier rapport sur l’indice mondial de l’innovation, le Mali classé 105ème sur 141 économies du monde entier fait partie du groupe des huit pays de l’Afrique subsaharienne qui se sont distingués par une performance supérieure à celle que pourrait suggérer leur niveau de développement dans les domaines de la santé et de l’agriculture.
De la nécessité impérieuse de corriger les faiblesses du sous-secteur de la recherche et de l’innovation
Le système national de recherche et d’innovation se caractérise par i) l’absence de plan(s) stratégique(s) pour la recherche et l’innovation au niveau national, ii) l’absence d’une loi d’orientation de la recherche scientifique et du développement technologique, iii) la faible interaction entre les différentes structures de production et les acteurs de la recherche et de l’innovation, iv) l’insuffisance des fonds alloués à la recherche-développement, v) l’insuffisance des ressources humaines intervenant dans le sous-secteur de la recherche, vi) la faible coordination des programmes, projets et activités de recherche scientifique au plan national, vii) la faible valorisation et diffusion des résultats de la recherche, des inventions et innovations au plan national, malgré les efforts du Centre Malien de Promotion de la Propriété industrielle (CMAPI), viii) la faible ouverture du sous-secteur de la recherche aux opérateurs économiques privés et aux acteurs du secteur industriel, ix) l’absence d’incitations pour encourager l’innovation et la recherche dans les entreprises et x) l’insuffisance de données et de statistiques relatives aux activités scientifiques et technologiques.
De la nécessité de mieux organiser le système national de la Recherche Scientifique et de l’Innovation
Il existe des programmes et projets sectoriels de la recherche dans le domaine de la santé, de l’agriculture, et de l’environnement. Ces secteurs et d’autres ont obtenu des résultats encourageants dans le domaine de la recherche et de l’innovation. Cependant, on note des facteurs contextuels et des insuffisances qui ralentissent le développement de la recherche scientifique et de son pilotage.
A ce jour, le Mali ne dispose i) ni d’un document de Politique Nationale de Recherche Scientifique et Technologique intégrant tous les secteurs de développement et ii) ni d’un plan stratégique national à long terme de la recherche qui définit les programmes de recherche à mener ainsi que les ressources humaines, matérielles et financières nécessaires à mobiliser pour sa mise en œuvre.
Au regard des grands défis environnementaux, économiques, socio-culturels et démographiques auxquels doit faire face le Mali, la mise en œuvre effective de la Politique Nationale de la Science, de la Technologie et de l’Innovation, à travers des instruments juridiques, organisationnels et opérationnels appropriés, devra apporter une réponse scientifique dirigée vers des actions liées aux différentes problématiques de développement du Mali et contribuer ainsi à la réalisation d’une vision commune d’un Mali prospère, solidaire et en paix à l’horizon 2025.
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