L’Institut de recherche en sciences de la santé de l’Ouest (IRSS) est une structure spécialisée du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST). Il est rattaché au ministère de la recherche scientifique et de l’innovation (MRSI). L’objectif principal de l’IRSS est de promouvoir la recherche en santé. C’est l’organe principal dans la prise de décision pour l’élaboration et la mise en œuvre de la politique sanitaire dans la lutte contre les maladies, les endémies et les épidémies. La direction régionale poursuit les objectifs élaborés à travers le plan stratégique de recherche-développement (2014-2023) qui est en harmonie avec les cadres référentiels du ministère de la recherche scientifique et de l’innovation (MRSI) dénommé « Plan national de la recherche scientifique et technologique et Plan d’actions prioritaires ». Ce plan prend en compte la Stratégie nationale de valorisation des technologies, des inventions et des innovations (SNVTII) et les priorités de recherches en santé telles que définies par le Plan national de développement de la recherche pour la santé 2011-2020. Mission de l’Institut de recherche en sciences de la santé de l’Ouest D’une manière générale, l’IRSS a pour mission de contribuer à la formation par la recherche en santé et de participer à la diffusion de l’information scientifique et technique en matière de santé. Le centre accompagne des projets de thèse dans plusieurs domaines de la santé. Les domaines d’intervention de l’IRSS sont la recherche, les prestations de services et les formations. Ensuite, Il contribue à la définition des politiques de médicaments et valorise la pharmacopée et la médecine traditionnelle en mettant à la portée de la population, les produits issus des résultats de recherche. Enfin, L’IRSS doit contribuer à l’amélioration de l’hygiène de l’environnement, de l’organisation et de la gestion des systèmes de santé. Quelques travaux de l’Institut de recherche en sciences de la santé de l’Ouest Le centre abrite le programme de recherche sur le paludisme et les maladies tropicales négligées. Un programme soutenu par la fondation Bill et Melinda Gates qui travaille à réduire les décès liés au paludisme en proposant plusieurs solutions de recherche comme le projet «Target malaria». Les chercheurs travaillent aussi sur l’hépatite virale, plus précisément le “B”, le “C” et le “Delta”. Il y a aussi un travail remarquable qui est fait sur les infections respiratoires chez les enfants de moins de cinq ans.
Le choix des thématiques prioritaires de recherche Il y a un plan stratégique de la recherche au niveau du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST) avec des plans d’action pour chaque trois ans. Dans le plan stratégique en cours, il y a des thématiques de recherche d’intérêt national qui ont été identifiées et donc font partie de ce qu’il y a comme priorité de recherche. Donc essentiellement, les thématiques d’intérêt sont décidées au niveau central. Nous participons à l’identification, ensemble de façon consensuelle aussi bien avec les partenaires de recherche que, bien sûr, avec ceux qui sont du ministère de la Santé et d’autres départements ministériels intéressés par la question de la nutrition. La mise en œuvre du plan stratégique et le financement des activités de recherche Il y a des difficultés dans la mise en œuvre. Ce n’est pas toujours ce qui a été décidé qui est mis en œuvre. Parce que pour pouvoir mettre en œuvre ce qui a été arrêté au plan national, bien que ce soit d’intérêt fondamental et même prioritaire, il faut avoir les moyens. Pour que ces idées de recherche puissent être concrétisées en recherches, que les résultats qui correspondent aux besoins du pays puissent être délivrés et que ces résultats transmis aux décideurs qui l’attendent puissent être mis en œuvre ou exploités pour amorcer un développement, il faut un financement suffisant. Donc finalement, l’idée est que quand ces priorités de recherche sont fixées ; de profiter d’un appel à projets au plan international dont les grandes lignes rejoignent ce qui a été arrêté au niveau national, de postuler et espérer être sélectionné pour avoir des fonds pour mener la recherche. C’est compliqué parce qu’il faut un concours de circonstances pour que les appels à projets aillent dans le même sens que nos priorités, que cela corresponde à notre contexte. Les problèmes liés aux sources de financement extérieur La faiblesse des financements s’explique par le fait que pendant longtemps, on a pensé que la recherche, dans nos pays où tout est prioritaire, était secondaire. Même si je ne peux pas donner la source, l’imaginaire populaire pensait que la recherche dans nos contrées était un superflu. On ne peut pas parler de développement s’il n’y a pas de recherche, quel que soit le contexte. Si on veut avancer, même à l’échelle individuelle, il y a un besoin de recherche. Depuis un certain temps, il y a cette conscience que la recherche est importante et par conséquent, faire de la recherche par des concours de circonstances, n’est pas quelque chose qui peut continuer. La recherche doit être un domaine de souveraineté qui ne doit pas être laissé à des partenaires extérieurs. Malheureusement, les situations de nos pays ne sont pas toujours très faciles au plan économique. Mais, la recherche devrait être portée par des fonds au plan national pour que cela puisse jouer pleinement son rôle de lanterne pour éclairer les décisions sur des problèmes identifiés comme prioritaires. Sinon, on se retrouve à faire de la recherche qui est intéressante pour les chercheurs, somme toute, mais nous restons sur notre faim. L’objectif qui nous a motivé à être chercheur, c’est de participer au développement de nos pays. Il faudrait, si on veut vraiment consolider les efforts de développement, que cela soit accompagné d’une recherche conséquente qui ait à voir avec ce qui se passe dans le pays et financée par le pays. Parfois, on est obligé d’accepter des idées de recherche qui viennent d’ailleurs, parce qu’on n’a pas d’autres fonds, mais ce serait bien que ce soit des idées qui viennent de nous. La valorisation des résultats de la recherche C’est une question que j’évoquais lors d’une conférence, malheureusement, encore une fois de plus hors du Burkina où je disais qu’il y a une responsabilité du chercheur qui doit être dégagée, parce que je me sens de plus en plus inconfortable d’avoir des résultats que j’estime utiles pour mon pays non mis en œuvre ou inconnus.
La faiblesse des financements s’explique par le fait que pendant longtemps, on a pensé que la recherche, dans nos pays où tout est prioritaire, était secondaire
C’est vrai qu’en tant que chercheurs, on est resté souvent dans notre vase clos où on est content d’avoir un papier qui est publié dans une bonne revue. Mais après quelques années, je commence à me demander cela sert à quoi ? L’objectif, c’est que cela puisse profiter aux populations. De faire avancer leur état de santé, de leur fournir les meilleures conditions de vie, etc. Notre péché pendant longtemps a été de rester dans un cercle qui n’est pas accessible à la population. Je crois que même le CNRST est conscient de cela et des structures de valorisation et de vulgarisation des résultats de la recherche sont maintenant mises en place. Il y a même une direction générale adjointe chargée de la vulgarisation de la recherche. C’est important que non seulement nos pairs soient informés, que le gouvernement puisse avoir l’information produite par les chercheurs parce que les chercheurs trouvent, mais aussi que la population sache ce qu’on fait et l’intérêt de ce que l’on fait. Non seulement que l’information leur parvienne, mais aussi qu’elle arrive avec un langage qu’elles peuvent comprendre. Exemples de résultats importants pour les populations Je vais citer quelques résultats, par exemple sur la vitamine A. Nous avons travaillé sur l’huile de palme rouge comme une alternative aux capsules de vitamine A qui sont actuellement données aux enfants de moins de 5 ans pour lutter contre la carence en vitamine A. Cette étude a été conduite dans le milieu rural, au niveau de l’Ouest et au niveau du Centre nord, ici au Burkina. Nous avons trouvé que l’apport de l’adjonction de l’huile de palme dans les repas des enfants était comparable à celui de la capsule des vitamines A. C’est des résultats assez importants. On est dans un contexte où il y a une rareté des financements pour continuer à faire la supplémentation en vitamine A comme cela se faisait dans le passé.
Nous avons travaillé sur l’huile de palme rouge comme une alternative aux capsules de vitamine A qui sont actuellement donnés aux enfants de moins de 5 ans pour lutter contre la carence en vitamine A
Donc l’huile de palme pourrait être une alternative et il y a plusieurs autres possibilités. Ce résultat me laisse toujours sous la dent quand j’y pense, au moment où on a voulu aller plus loin à une échelle plus grande, on a pas eu les fonds pour faire davantage, pour le rendre utilisable pour une plus grande population. On voit que son effet était comparable à celui des capsules de vitamine A et avait un potentiel de pérennité et de coût/efficacité moindre par rapport à la supplémentation en vitamine A.
Titulaire d’un doctorat en nutrition de l’Université de Montréal, Augustin Zeba est spécialiste en nutrition, paludisme et maladies tropicales. Il est le chef de l’unité de recherche en nutrition et maladies métaboliques à la direction régionale de l’Institut de recherche en sciences de la santé de Bobo Dioulasso.
The Western Health Sciences Research Institute (IRSS) is a specialized structure of the National Center for Scientific and Technological Research (CNRST). It is attached to the Ministry of Scientific Research and Innovation (MRSI). The main objective of the IRSS is to promote health research. It is the main decision-making body for the development and implementation of health policy in the fight against diseases, endemics, and epidemics. The regional directorate pursues the objectives developed through the strategic plan for research and development (2014-2023), which is in harmony with the reference frameworks of the Ministry of Scientific Research and Innovation (MRSI) called the “National Plan for Scientific and Technological Research and Priority Action Plan.” This plan takes into account the National Strategy for the Valorization of Technologies, Inventions, and Innovations (SNVTII) and health research priorities as defined by the National Plan for the Development of Research for Health 2011-2020. Mission of the Western Health Sciences Research Institute Generally speaking, the IRSS’s mission is to contribute to training through health research and to participate in the dissemination of scientific and technical information in the field of health. The center supports thesis projects in several health fields. The IRSS’s areas of intervention are research, services, and training. It also contributes to the definition of drug policies and promotes pharmacopoeia and traditional medicine by making the products from research findings available to the population. Finally, the IRSS contributes to the improvement of environmental hygiene and the organization and management of health systems. Some results from the Western Health Sciences Research Institute The center houses the research program on malaria and neglected tropical diseases. A program supported by the Bill and Melinda Gates Foundation that works to reduce malaria-related deaths through research solutions such as the “Target malaria” project. Researchers are also working on viral hepatitis, specifically “B”, “C” and “Delta”. There is also remarkable work being done on respiratory infections in children under the age of five.
Prioritizing research themes There is a strategic research plan at the level of the National Center for Scientific and Technological Research (CNRST) with action plans for every three years. In the current strategic plan, there are research themes of national interest that have been identified and therefore make up a part of the research priorities. So essentially, the themes of interest are decided at the central level. We participate in the identification with research partners as well as with those from the Ministry of Health and other ministerial departments interested in the issue of nutrition. Implementation of the strategic plan and research funding There are difficulties in implementation. It is not always what has been decided that is implemented. Because in order to be able to implement what has been decided at the national level, although it is of fundamental and even priority interest, we must have the funds. In order for these research ideas to be translated into research, for results that are relevant to the country’s needs to be delivered and for these results to be passed on to the decision-makers who expect them to be implemented or used to initiate development, sufficient funding is required. So finally, the idea is that, when these research priorities are set, to take advantage of a call for projects at the international level whose broad outlines are in line with what has been decided at the national level. We apply and hope to be selected to have funds to carry out the research. It’s complicated because it takes a combination of circumstances to ensure that the calls for projects are in line with our priorities and that they fit our context. Problems related to external funding sources The low level of funding can be explained by the fact that for a long time it was thought that research, in our countries where everything is a priority, was secondary. Even if I cannot give the source, the popular perception was that research in our countries was superfluous. We cannot talk about development if there is no research, whatever the context. If we want to move forward, even at the individual level, there is a need for research. For some time now, there has been this awareness that research is important. Therefore conducting research only when there is a rare combination of circumstances is not something that can continue. Research must be an area of sovereignty that should not be left to external partners. Unfortunately, our countries’ situations are not always very easy economically. However, research should be supported by funds at the national level so that it can fully play its role as a lantern to inform decisions on priority issues. Otherwise, we end up doing research that is interesting for researchers, but we are still hungry. The goal that motivated us to become researchers is to participate in the development of our countries. If we really want to consolidate development efforts, this should be accompanied by consistent research that has to do with what is happening in the country and is funded by the country. Sometimes we are forced to accept research ideas that come from elsewhere, because we do not have other funds, but it would be good if they came from us. The promotion of research results This is an issue that I raised at a conference, unfortunately once again outside Burkina, where I said that researchers have the responsibility to disseminate findings, because I feel increasingly uncomfortable about having results that I consider useful for my country that are not known.
The low level of funding can be explained by the fact that for a long time it was thought that research, in our countries where everything is a priority, was secondary
It is true that as researchers, we have often remained in our silo where we are happy to have a paper published in a good journal. But after a few years, I’m beginning to wonder what good it does. The objective is that it can benefit people. To improve their health, to provide them with the best living conditions, and so on. Our sin for a long time has been to remain in a circle that is not accessible to the population. I believe that even the CNRST is aware of this and structures for the promotion and popularization of research results are now in place. There’s even an assistant branch responsible for the dissemination of research. It is important that not only our peers be informed and the government be able to have the information produced by researchers, but also that the public know what we are doing and the value of what we are doing. The information must reach them, and in a language that they can understand. Examples of important findings for the population I will quote some results, for example on vitamin A. We have been working on red palm oil as an alternative to the vitamin A capsules that are currently given to children under 5 years of age to combat vitamin A deficiency. This study was conducted in rural areas, in the West and in the Center-North here in Burkina. We found that the contribution of the addition of palm oil in children’s meals was comparable to that of the vitamin A capsule. These are quite important results. We are in a context where there is a scarcity of funding to continue vitamin A supplementation as was done in the past. So palm oil could be an alternative and there are several other possibilities. This result still leaves me speechless when I think about it, when we wanted to go further on a larger scale, we did not have the funds to do more, to make it usable for a larger population. Its effect was shown to be comparable to that of vitamin A capsules and had better sustainability and cost-effectiveness compared with vitamin A supplementation.
Holding a doctorate in nutrition from the University of Montreal, Augustin Zeba is a specialist in nutrition, malaria, and tropical diseases. He is the head of the Nutrition and Metabolic Diseases Research Unit at the Bobo-Dioulasso Health Sciences Research Institute.