Auteur : Ezekiel Takam
Organisation affiliée : L’Observatoire
Site de publication : www.observatoireia.org
Type de publication : article
Date de publication : Février 2022
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Les divers rapports, produits par des instances internationales et explorant l’État des lieux de la famine, de la pauvreté, des inégalités sociales et des conflits sociopolitiques en Afrique, témoignent de l’existence des questions vitales plus urgentes à traiter que de s’intéresser aux voitures autonomes ou aux robots humanoïdes qui partageraient notre existence.
Néanmoins, au cœur de cette hiérarchisation des priorités africaines, il serait prudent de se rappeler que le train « injuste » des diverses révolutions de rupture de notre humanité, n’a jamais épargné les nations non préparées à sa venue. A titre illustratif, nous pouvons brièvement faire mention de deux faits historiques qui démontrent les conséquences d’une inconséquente préparation face aux innovations de rupture (innovations, aussi bien, sociopolitiques que technologiques).
D’où l’expression printemps Facebook, utilisée par plusieurs historiens, pour qualifier cette page forte de la précédente décennie
1er fait : la surprenante démocratietechnologiques.
160 ans plus tard, au cœur des luttes d’accession aux indépendances, plusieurs pays africains seront surpris par cet héritage de la révolution française, et essayeront, désespérément, d’incorporer ce modèle de gouvernance démocratique. Nous insistons sur « désespérément » et justifions l’utilisation de cet adverbe par le nombre élevé des coups d’État enregistrés sur le sol africain depuis les années 1950. L’étude des américains Jonathan Powell et Clayton Thyne fait mention de 200 coups d’Etat enregistrés.
2e fait : le déstabilisateur Facebook
L’Afrique du nord, à travers son expérience des printemps arabes, est un exemple fort éloquent. Autrefois considéré comme un outil de passe-temps pour adolescents désœuvrés, Facebook a offert aux leaders et activistes de ces printemps arabes, un outil et un espace d’organisation et d’harmonisation des actions qui se solderont par le renversement de plusieurs gouvernements nord-africains. D’où l’expression printemps Facebook, utilisée par plusieurs historiens, pour qualifier cette page forte de la précédente décennie.
Une fois encore, l’Afrique, berceau de l’humanité, peine à rejoindre dans une logique anticipative cette bataille de leadership
Vers la reproduction des mêmes laxismes?
De nos jours, le monde est en train d’assister à une nouvelle révolution majeure qui déploie ses racines dans les travaux du mathématicien Alan Turing : Il s’agit de l’intelligence artificielle en abrégée IA. La course vers la maîtrise de celle-ci est principalement dominée par l’Amérique, l’Asie et l’Europe. Une fois encore, l’Afrique, berceau de l’humanité, peine à rejoindre dans une logique anticipative cette bataille de leadership.
Après une observation de la distribution géographique de ces productions, il ressort que l’Afrique est l’une des 2 régions (avec l’Amérique du sud) au monde à n’avoir produit aucun rapport, principe ou code éthique balisant le développement de l’intelligence artificielle sur son territoire. Ce qui est regrettable pour un continent qui est de plus en plus un marché convoité par les géants technologiques américains et chinois, d’une part en raison de sa forte démographique, jeune et de plus en plus connectée ; et d’autre part, en raison de ses multiples problématiques socio-économiques et politiques qui font d’elle un laboratoire naturel et propice à l’application des ambitions solutionnistes de l’intelligence artificielle.
Il est donc plus qu’urgent, face à ces stratégies de conquêtes, parfois braconnières, de se définir un réel bouclier éthique qui protégera les intérêts africains (1), développera un écosystème favorable à l’innovation des solutions IA socio-contextuelles (2).
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