Auteur: Inter-réseaux
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Type de publication: article
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En dépit du poids prépondérant des hydrocarbures, le secteur agricole continue de jouer un rôle déterminant dans le développement économique du Nigeria. Il contribue pour environ 36,5 % à la formation du produit intérieur brut de la Fédération et occupe près de 45 % des actifs du pays. Avec 150 millions d’habitants, le Nigeria reste incontestablement la première puissance agricole et le plus vaste marché d’Afrique de l’Ouest. Si la production vivrière nigériane a fait un bond important ces 25 dernières années, elle ne parvient pourtant pas encore à couvrir l’augmentation de la demande en produits vivriers, notamment dans le secteur céréalier. Cet article apporte un éclairage sur la production et la consommation de produits vivriers au Nigeria. Il n’aborde qu’à la marge les cultures de rente et l’élevage.
Un potentiel considérable de production agricole
Des écosystèmes très divers. Le Nigeria se singularise par la diversité de ses écosystèmes, ce qui constitue un atout pour la production d’une gamme variée de spéculations agricoles. Le pays couvre un gradient pluviométrique qui oscille entre 500 mm en zone sahélienne au Nord et près de 3 000 mm dans le Sud du pays. Les zones forestières du Sud du pays, au climat subtropical, sont dominées par la production de racines et de tubercules (manioc, igname, taro, patate douce), de bananes plantains, de riz, de légumineuses et de maïs.
La zone soudanienne centrale (middle belt), semi-humide, est caractérisée par une grande diversité des productions, liée à la variété des profils climatiques et agro-pédologiques : les principales productions de cette «mosaïque agro-écologique» sont l’igname, le manioc, le maïs, le riz, le sorgho, le mil, le haricot et les légumineuses. C’est également une zone où se développe l’agriculture mécanisée. La zone sèche du Nord abrite des systèmes de culture à prédominance céréalière: sorgho et mil en pluvial, riz irrigué et/ou pluvial, légumineuses, oignon et arachide.
Si la production vivrière nigériane a fait un bond important ces 25 dernières années, elle ne parvient pourtant pas encore à couvrir l’augmentation de la demande en produits vivriers, notamment dans le secteur céréalier
Une importante disponibilité en terre et en eau. Le Nigeria dispose d’abondantes ressources naturelles encore faiblement exploitées, notamment en termes de terres arables et de ressources en eaux de surface et souterraines. Le pays disposerait de plus de 70 millions d’hectares de terres cultivables, soit 30 % des terres cultivables de la Cedeao, dont 40 % seraient exploités pour l’agriculture. Il regrouperait 25 % des surfaces arables non cultivées de la Cedeao.
Malgré leur forte urbanisation, ce sont les zones côtières et soudaniennes qui concentrent les plus fortes disponibilités foncières du Nigeria. Le Nigeria dispose également d’un potentiel d’irrigation relativement élevé (2 330 000 ha), soit 26 % du potentiel régional. Environ un million d’hectares sont actuellement irrigués. Les bas fonds (fadama) constituent également une ressource considérable pour le développement agricole. On estime qu’ils représentent de 5 à 8 millions d’hectares au Nigeria, soit la moitié du potentiel de la Cedeao.
La prédominance d’exploitations agricoles familiales. La très grande majorité des exploitations agricoles du Nigeria (80 à 90 %) sont de type familial, de petite taille (en moyenne 1,2 ha), faiblement mécanisées et s’appuyant principalement sur la valorisation de la main d’œuvre disponible. Elles cohabitent avec de grandes exploitations agro-industrielles, mieux équipées (70% des 30 000 tracteurs de la Cedeao sont nigérians), et dont la taille moyenne se situe autour de 50 hectares (avec parfois des superficies atteignant plus de 1 000 hectares).
Le Nigeria dispose d’abondantes ressources naturelles encore faiblement exploitées, notamment en termes de terres arables et de ressources en eaux de surface et souterraines. Le pays disposerait de plus de 70 millions d’hectares de terres cultivables, soit 30 % des terres cultivables de la Cedeao, dont 40 % seraient exploités pour l’agriculture. Il regrouperait 25 % des surfaces arables non cultivées de la Cedeao
Une production vivrière importante. Le Nigeria est de loin le plus grand producteur agricole de produits vivriers de la Cedeao. La production vivrière du pays aurait augmenté de 30 à 40 % entre 2008 et 2009. Les enjeux agricoles les plus importants du Nigeria se concentrent d’une part sur les racines et tubercules, et d’autre part sur les céréales.
Le Nigeria représente à lui seul environ 50 % (69 % de la production ouest africaine pour le mil, 53 % pour le maïs, 48 % pour le riz) de la production céréalière ouest africaine. Cette production a doublé ces vingt dernières années. À l’instar de la quasi-totalité des pays ouest africains, l’augmentation de la production céréalière est davantage due à l’extension des superficies emblavées qu’à une amélioration significative des rendements.
Le mil et le sorgho (56 % du volume de la production céréalière), ont vu leur rendement, soit stagner (cas du sorgho), soit progresser à un rythme très lent, situant le rendement moyen de ces deux céréales à 1-1,5 t/ha au cours de la période 2000-2006. Leur production a été respectivement multipliée par 3,8 et 3,4 entre 2000 et 2006, et avoisine aujourd’hui les 9 millions de tonnes chacun. Le riz et le maïs sortent du lot pour afficher des rendements qui s’approchent des 2 t/ha. Cependant, si les rendements du maïs sont passés d’environ 1 t/ha au début de la décennie 90 à environ 2 t/ha en 2006, ceux du riz stagnent autour de 2 t/ha depuis 1990.
Le maïs a enregistré de bonnes performances au Nigeria, avec un volume de production qui est passé d’environ 1 million de tonnes en 1980 à plus de 7,5 millions de tonnes en 2008. Le volume de la production du riz a été multiplié par 3,4 entre 1980 et 2008, pour se situer à 4,2 millions de tonnes de riz en 2010. La production du blé reste faible, avec environ 60 000 tonnes par an ces dernières années, malgré les importants investissements consentis par le gouvernement fédéral pour promouvoir cette céréale et en réduire les importations (grains et farine).
Le développement rapide des marchés urbains. La demande intérieure en produits vivriers augmente sous l’effet de l’accroissement de la population, de l’urbanisation (une des plus élevée de la région), de l’amélioration des conditions de vie des populations, des besoins d’une industrie de transformation en pleine croissance (notamment les brasseries) et de l’élevage (filière avicole).
Si l’autoconsommation en milieu rural prédomine encore (surtout pour le mil et le sorgho), les marchés urbains, en développement rapide, constituent une destination importante des productions locales: ils absorbent aujourd’hui plus de 50 % de la production de manioc et d’igname, près de 30 % de celle de mil et de sorgho, la moitié du maïs et 72 % du riz local. Au niveau des racines et tubercules, la quasi-totalité de la production est destinée à la consommation intérieure (principalement la consommation humaine), de faibles quantités de gari et d’igname étant exportées vers les autres pays de la sous région (en particulier la Sierra Leone).
Concernant les céréales, la demande reste dominée par la consommation humaine, suivie par l’industrie agroalimentaire et la production de biocarburants. Le reste part en direction des pays voisins. Ces proportions peuvent varier en fonction de la conjoncture économique. Pour le mil et le sorgho, le pays dégage un excédent conséquent qui alimente les exportations.
La situation sur le maïs est plus mitigée et dépend très fortement du niveau de la demande intérieure, en constante hausse pour l’industrie agro-alimentaire et pour l’alimentation des volailles (1,3 millions de tonnes en 2009). La croissance urbaine a notamment entraîné une augmentation continue de la consommation annuelle de riz, qui est passé de 8 kg par habitant en 1960, à 15 kg en 1980, puis à plus de 20 kg en 2007.
Le Nigeria est l’économie agricole la plus puissante de la région et exporte vers les pays voisins , principalement du mil, du sorgho, du gari et de l’igname (les exportations de céréales du Nigeria vers les pays voisins sont très variables suivant les années. Mais, c’est aussi le pays de la Cedeao qui importe le plus (notamment de céréales) pour satisfaire la consommation urbaine, en concentrant 36 % des importations agro-alimentaires de la Cedeao.
Des importations nécessaires, surtout en riz et en blé. Si les villes nigérianes sont nourries principalement par des produits locaux, le pays reste structurellement déficitaire pour deux céréales: le riz et le blé. Entre 2000 et 2008, les importations annuelles en céréales du Nigeria ont représenté en moyenne 939 millions de dollars. Le Nigeria concentre à lui seul entre 30 et 40 % des importations en céréales de la région.
Sa dépendance aux importations doit néanmoins être relativisée, dans la mesure où le Nigeria rassemble la moitié de la population ouest africaine : environ 10 % des besoins en céréales du Nigeria seraient ainsi couverts par les importations. Il n’en reste pas moins que le déficit de la balance du commerce agroalimentaire du Nigeria est important, avec près de 1,5 milliards de dollars en 2002-04. Au final, le Nigeria est l’économie agricole la plus puissante de la région et exporte vers les pays voisins , principalement du mil, du sorgho, du gari et de l’igname (les exportations de céréales du Nigeria vers les pays voisins sont très variables suivant les années. Mais, c’est aussi le pays de la Cedeao qui importe le plus (notamment de céréales) pour satisfaire la consommation urbaine, en concentrant 36 % des importations agro-alimentaires de la Cedeao.
Comment cette situation va-t-elle évoluer dans un contexte d’accroissement de la population, d’urbanisation et d’amélioration du niveau de vie dans les villes ? Quels impacts sont à prévoir sur les importations du Nigeria et sur l’excédent de production exportable dans les pays voisins ? Au regard du poids du Nigeria dans l’économie agricole et alimentaire régionale, il va de soi que c’est dans ce pays que se joue la « souveraineté alimentaire régionale », objectif poursuivi tant par la Cedeao que par les réseaux d’organisations de producteurs.
Le Nigeria dispose du potentiel pour réduire sa dépendance alimentaire et celle de la région, mais la valorisation de ce potentiel exige des politiques internes volontaristes et suffisamment stables. Elle exige aussi que le Nigeria joue un rôle plus actif dans l’harmonisation et la mise en œuvre des politiques agricoles, commerciales et fiscales à l’échelle de la région.
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