Auteur : Gildas Louis Djohy
Organisation affiliée : Revue Marocaine des Sciences Agronomiques et Vétérinaires
Site de publication : agrimaroc.org
Type de publication : Article de revue
Date de publication : Mars 2022
Contribution du secteur de l’élevage au changement climatique
Le secteur de l’élevage contribue énormément à la concentration des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, notamment à travers les systèmes de stockage et de traitement des fumiers, le logement des animaux, la gestion des engrais organiques et les régimes alimentaires variables. Il joue un rôle majeur dans le réchauffement climatique, car il est responsable de 14,5 à 18% des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Effets du changement climatique sur les animaux
Les modifications climatiques et environnementales favorisent la réduction des ressources fourragères et l’émergence ou ré-émergence des maladies animales infectieuses. Les modifications des régimes pluviométriques et des températures affectent à la fois la répartition et l’abondance des agents vecteurs des maladies des animaux, tout comme les changements dans la fréquence des évènements extrêmes.
Ainsi, la santé des animaux se trouve de plus en plus compromis par les nouvelles conditions climatiques et le développement des pathologies bovines. La raréfaction du fourrage et des ressources en eau rendent les animaux non seulement peu productifs mais augmentent la mortalité et la mortinatalité surtout pendant la sécheresse.
Les principales stratégies d’adaptation mises en place par les éleveurs de l’Afrique de l’Ouest sont globalement liées à la mobilité des animaux, le stockage des résidus agricoles, l’intégration de l’agriculture à l’élevage, la culture fourragère, la diversification du cheptel, la pratique des activités extra-agricoles, le déstockage des troupeaux, l’achat d’aliments pour les animaux, l’utilisation des fourrages ligneux et la réduction de la taille du troupeau
Effets du changement climatique sur la productivité des parcours naturels
Les parcours naturels ont une importance stratégique dans les pratiques d’élevage bovin puisqu’ils procurent non seulement des ressources pastorales au bétail, mais ils jouent également un rôle capital dans la conduite des animaux. Les changements climatiques influencent négativement la disponibilité des ressources fourragères des parcours naturels.
Les sécheresses successives ont entraîné la réduction de la production primaire, la modification de la structure du couvert végétal et la réduction massive du cheptel. La densification massive des troupeaux et l’extension des emblavures ont entrainé un appauvrissement des parcours et une restriction de leur superficie.
Effets du changement climatique sur les pratiques de mobilité pastorale
Face à la variabilité spatio-temporelle de l’offre fourragère des parcours sous l’effet néfastes des changements climatiques, les éleveurs adoptent diverses pratiques de mobilité pour mieux exploiter les ressources dispersées. Ces mouvements permettent aux éleveurs d’adapter les charges animales aux capacités variables des ressources des parcours naturels. Ainsi, les éleveurs se déplacent des zones pastorales à fort déficit fourrager vers des zones pastorales à fortes potentialités pastorales, car l’élevage est dépendant des ressources naturelles.
Suite à des risques climatiques notamment les sécheresses, les inondations, les vents violents et les extrêmes climatiques les ressources pastorales sont réduites, la santé animale est dégradée, les circuits de transhumance sont allongés et les comportements alimentaires des bovins sont modifiés.
Effets du changement climatique sur les interactions entre éleveurs et agriculteurs
Les anciennes relations de complémentarité et d’entraide entre communautés se sont détériorés et ont laissé place à la fréquence des relations conflictuelles ces dernières années. Ainsi, sous les effets combinés de la détérioration des conditions climatiques et des pressions sociodémographiques, la relation de complémentarité entre les communautés agricoles et pastorales s’est non seulement dégradée, mais a laissé place à des pratiques de concurrences dans l’espace et des conflits ouverts entre acteurs.
Les changements climatiques modifient profondément ces dernières années le calendrier agricole et pastoral. Ainsi, les éleveurs observent des descentes prématurées des zones arides vers les zones humides, pendant que les cultures sont encore dans les champs. Ces descentes des éleveurs dans les champs sont à l’origine des dégâts champêtres et par conséquent la dégradation des relations de cohabitation entre les communautés agricoles et pastorales. Les éleveurs et pêcheurs se disputent également autour des cours et plans d’eau qui constituent des ressources conjointement convoitées.
Perceptions du changement climatique par les éleveurs
La perception du changement climatique influence la capacité d’adaptation individuelle car elle permet à chaque individu d’être convaincu de l’existence du changement climatique et de non seulement modifier son comportement, mais d’adopter également des mesures adaptatives. Les éleveurs sont non seulement de plus en plus disposés à modifier leurs systèmes d’élevage, mais ils sont également susceptibles d’anticiper, d’apprendre et de s’organiser.
Suite à des risques climatiques notamment les sécheresses, les inondations, les vents violents et les extrêmes climatiques les ressources pastorales sont réduites, la santé animale est dégradée, les circuits de transhumance sont allongés et les comportements alimentaires des bovins sont modifiés
Mesures adaptatives des éleveurs face au changement climatique
Les capacités d’adaptation d’une communauté sont comprises en termes de facteurs socio-économiques de base, de l’expérience antérieure ou présente des communautés en matière de gestion du stress climatique, de la faisabilité des stratégies face aux tendances actuelles, de la disponibilité et de la prise de conscience des stratégies alternatives.
Les principales stratégies d’adaptation mises en place par les éleveurs de l’Afrique de l’Ouest sont globalement liées à la mobilité des animaux, le stockage des résidus agricoles, l’intégration de l’agriculture à l’élevage, la culture fourragère, la diversification du cheptel, la pratique des activités extra-agricoles, le déstockage des troupeaux, l’achat d’aliments pour les animaux, l’utilisation des fourrages ligneux et la réduction de la taille du troupeau.
Mesures d’atténuation du changement climatique
Ces options sont constituées d’un éventail de méthodes de réduction des émissions de gaz à effet de serre à travers la bonne gestion des déchets, l’amélioration du captage de carbone par les pâturages naturels et les activités complémentaires tel que le sylvo-pastoralisme. La séquestration du carbone dans les sols constitue une composante principale du cycle mondial du carbone, avec des carbones de sols représentant deux tiers des stocks mondiaux de carbone organique.
Les stratégies d’adaptation des communautés aux effets des changements climatiques réussies ne sauraient être développées en vase clos. Ainsi, l’implication des communautés dans l’identification et la mise en œuvre de nouvelles solutions est indispensable pour assurer la durabilité des interventions
Ainsi, pour une gestion durable des pâturages naturels et du stockage du carbone, il est important d’éviter la sédentarisation des animaux qui provoque le surpâturage, favoriser la mobilité des troupeaux qui permet un ajustement constant de la pression de pâture aux disponibilités fourragères locales.
Perspectives pour des élevages durables face au changement climatique
Les approches participatives pour la gestion durable des ressources naturelles sont indispensables pour développer des stratégies durables sur le long terme. Le plan de gestion concertée des ressources naturelles est fondamental, car il contient des dispositifs définis par les communautés elles-mêmes et spécifiques à chaque unité de production notamment les modalités d’utilisation de l’espace selon les activités agricoles ou pastorales, les modalités d’exploitation des zones de parcours, les modalités de gestion des points d’eau et les dispositions liées à l’accueil et l’installation des éleveurs transhumants.
Les stratégies d’adaptation des communautés aux effets des changements climatiques réussies ne sauraient être développées en vase clos. Ainsi, l’implication des communautés dans l’identification et la mise en œuvre de nouvelles solutions est indispensable pour assurer la durabilité des interventions.
Il est nécessaire de développer des mesures d’intervention, des systèmes d’alerte précoce et des activités d’atténuation des risques et aléas pour réduire les effets des extrêmes météorologiques sur la production animale.
L’éducation est un élément essentiel dans la lutte contre les modifications climatiques, car elle permet aux populations locales d’acquérir de nouvelles connaissances, des compétences, des valeurs et des attitudes nécessaires pour atténuer les effets du réchauffement climatique.
Les mesures adaptatives et d’atténuation doivent tenir compte des rôles distincts des femmes et des hommes et de la manière dont chacun sera affecté par les changements climatiques (IUCN, 2010). Les modifications climatiques offrent une bonne occasion de repenser les inégalités entre les sexes et d’associer les femmes et les hommes dans la recherche de solutions aux défis environnementaux.
La compréhension profonde des conditions climatiques et environnementales qu’ont les collectivités et les populations indigènes, et les expériences de ces dernières en matière d’adaptation aux changements et variabilités climatiques, peuvent énormément contribuer aux stratégies d’adaptation et d’atténuation. Il n’est donc pas concevable de mettre en place des politiques d’adaptation aux changements climatiques sans tenir compte du contexte social dans lequel baignent différentes connaissances endogènes ou savoirs faire locaux.
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