Nous partageons quelques extraits de l’article du Monde Afrique dans sa série “En Afrique, la science au féminin”. Vous pouvez retrouver l’article original ici.
Fatoumata Ba, chercheuse en physiologie
Native de la banlieue de Dakar, très tôt, la jeune fille excelle à l’école; elle obtient même son baccalauréat à 17 ans, en 1995. Une prouesse à l’époque, surtout pour une fille. Elle nourrit un projet bien particulier : devenir pilote d’avion dans l’armée de l’air… jusqu’à ce que la pression sociale la rattrape par un bon mot de son frère aîné : «Tu es intelligente, va à la faculté de médecine.»
C’est rapidement chose faite et Fatoumata Ba est major de promotion dès la première année à l’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar. Là, elle avale les connaissances sans difficulté et choisit de se spécialiser en psychiatrie. Cheffe de la division de psychiatrie du centre hospitalier voisin de l’UCAD pendant sept ans, cette boulimique de savoir s’inscrit en parallèle en master de science biologique et médicale, option physiologie.
Pour Fatoumata Ba, la Sénégalaise qui perce les secrets du sommeil, tout commence par une histoire de famille. L’apnée du sommeil, la chercheuse n’en avait jamais entendu parler avant que ce diagnostic ne soit posé sur la pathologie dont souffrait sa sœur. Quelques années plus tard, la voilà récompensée par la Fondation L’Oréal et l’Unesco, en novembre 2019 à Dakar, pour ses travaux sur ce trouble méconnu auquel elle consacre sa thèse de doctorat.
La Sénégalaise est reconnue comme une des spécialistes du sujet. Une des rares chercheuses africaines en pointe sur ce syndrome, dans un pays où «les études sur le sommeil sont très récentes et peu approfondies, faute d’équipements adéquats», explique la jeune quadragénaire.
«Bien que cette pathologie soit fréquente et entraîne des complications telles que l’obésité, l’hypertension et le diabète, elle est sous-diagnostiquée car les professionnels de la santé ne la connaissent souvent pas.» Et c’est ce qu’elle voudrait contribuer à changer.
En s’intéressant à ce sujet, la chercheuse n’a pas choisi un chemin facile. Elle se rend vite compte que mener des études sur le sommeil est un défi au Sénégal, même si elle est rapidement remarquée par le professeur Lamine Gueye, directeur de la chaire de science de la santé à l’université Gaston-Berger (UGB) de Saint-Louis, qu’elle rejoint.
Il lui faudra pourtant apprendre la patience. Alors qu’elle a commencé ses recherches en 2011, le laboratoire de l’UGB ne dispose d’un appareil de polysomnographie, primordial pour ses expériences, que depuis trois ans. Neuf ans lui seront nécessaires pour venir à bout de sa problématique et écrire sa thèse, qu’elle espère soutenir en 2020. «C’est long», concède celle à qui ses pairs ont si souvent conseillé en vain de laisser tomber et de passer à autre chose. Elle exerce à la fois comme psychiatre, enseignante et chercheuse en physiologie à l’UGB.
Source : Le Monde Afrique