Nous partageons quelques extraits de l’article du Monde Afrique dans sa série “En Afrique, la science au féminin”. Vous pouvez retrouver l’article original ici.
Rabia Sa’id, physicienne nigériane
Rabia Salihu Sa’id, née le 21 avril 1963 est une physicienne nigériane, professeure de physique et chercheuse à l’université Bayero de Kano. Elle effectue des recherches en physique atmosphérique et météorologie de l’espace, physique des particules, et en électronique. Sa’id est une militante pour les jeunes femmes en science avec la Fondation Visiola et le Corps de la Paix.
Elle a cofondé l’Association des femmes physiciennes du Nigeria. Elle est également impliquée dans l’éducation en science, technologie, ingénierie et mathématiques et ambassadrice pour le programme citoyen du British Council. Rabia Sa’id est de celles qui font mentir le destin. Née à Kano, ville à forte empreinte musulmane, la jeune femme se marie tôt, pensant fuir l’emprise de son père militaire et polygame. Mal lui en prend : elle tombe sous l’autorité de son mari, devient très vite mère et se retrouve femme au foyer.
En 1990, alors qu’elle a 27 ans, elle décide de prendre le chemin de l’université, taraudée par son envie d’étudier. Durant quatorze ans, elle poursuit ses trois vies d’épouse, de mère et d’étudiante. Rien ne l’arrête, elle poursuit à son rythme, obtient une licence et un premier master en physique.
En 2002, en effet, Rabia Sa’id remporte une bourse d’études de la fondation Ford et s’envole pour deux ans au Royaume-Uni afin de préparer un second master en environnement et développement à l’université de Reading. Une occasion en or qui lui permet d’approfondir ses recherches et de gagner en crédibilité.
Après un autre séjour d’étude en Suisse, elle revient à Kano pour terminer son doctorat à l’université Bayero. C’est ici qu’elle enseigne et poursuit aujourd’hui ses recherches en physique atmosphérique et météorologique. Depuis six ans, elle dirige un groupe qui cherche des solutions aux impacts des changements climatiques dans le nord Nigeria.
Son groupe mesure les radiations solaires, la température et la pression de l’air, le niveau d’humidité, la direction du vent et les précipitations. Dans un pays qui peine à obtenir des données fiables, ces travaux sont reconnus par la communauté scientifique et ont été récompensés en 2015 par le prix de la fondation Elsevier pour les femmes scientifiques dans les pays en développement. Rabia Sa’id rêve de mettre en place un système qui permettrait au Nigeria d’observer en temps réel la qualité de l’air dans les grandes villes.
Elle voudrait voir plus de femmes faire carrière dans les sciences. Elle donne régulièrement des formations en leadership à des filles, auxquelles elle invite également des leaders religieux, souvent opposés à donner plus de responsabilités aux femmes.
Source : Le Monde Afrique