Auteur : Banque Mondiale
Type de publication : Rapport
Date de publication: 2016
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État des lieux de la pauvreté au Burkina
La pauvreté existe dans tous les pays du monde. Au Burkina Faso, elle est considérée comme un phénomène essentiellement multidimensionnel. L’analyse de la pauvreté met en exergue l’existence de deux dimensions qui permettent de mieux l’appréhender. Il s’agit de la pauvreté monétaire déterminée à partir du revenu et de la pauvreté non monétaire qui concerne l’accès aux ressources et aux services de base.
Dimension monétaire
La dimension monétaire de la pauvreté est mesurée à partir des ressources financières obtenues par un individu au cours de l’année ou encore le seuil de pauvreté. Les résultats de l’Enquête intégrale sur les conditions de vie des ménages (EICVM) de 2009, ont fait ressortir un repli de l’incidence de la pauvreté de 1,9 point de pourcentage par rapport à 2003.
Quant aux résultats de l’enquête multisectorielle continue (EMC) menée par l’institut national de la statistique et de la démographie (INSD) en 2014, ils montrent que 40,1 pour cent de la population vit en dessous du seuil de pauvreté estimé à 153 530 FCFA par tête et au prix courant de Ouagadougou.
Selon cette étude (EMC, 2014) ce seuil se structure en une composante alimentaire de 102 040 FCFA et une composante non alimentaire de 51 490 F CFA. Sur la base de ce seuil, la meilleure estimation de l’incidence de pauvreté qui est la proportion des individus dont la dépense de consommation annuelle est en dessous de 153 530 FCFA est de 40,1 pour cent. L’intervalle de confiance de cette estimation indique que la valeur est à 95 pour cent comprise entre 37,8 pour cent et 42,55 pour cent.
L’évolution des indicateurs de la pauvreté.
L’intensité et la sévérité de la pauvreté ont également des évolutions positives entre 2003 et 2009. L’intensité de la pauvreté traduit l’effort à fournir pour ramener tous les pauvres au niveau du seuil de pauvreté. Dans l’hypothèse d’un ciblage parfait, elle a régressé de 16,9 pour cent en 2003 à 15,1 pour cent en 2009. La sévérité de la pauvreté a également baissé de 7,8 pour cent en 2003 à 6,7 pour cent en 2009 soit un gain de 1,1 point.
Ces derniers résultats traduisent aussi le fait que les inégalités au sein des pauvres se sont réduites entre 2003 et 2009 (EICVM, 2009). L’indice de la pauvreté varie selon les régions. En 2014, les résultats de l’EMC ont montré que les trois régions de l’étude font partie des régions à forte incidence de pauvreté.
La région du Nord avec une incidence estimée à 70,4 pour cent se présente comme la région la plus pauvre du Burkina Faso. En outre, la région de l’Est (50,1 pour cent) fait également partir de celles dont le seuil est supérieur au seuil national.
La région du Nord avec une incidence estimée à 70,4 pour cent se présente comme la région la plus pauvre du Burkina Faso. En outre, la région de l’Est (50,1 pour cent) fait également partir de celles dont le seuil est supérieur au seuil national.
Quant à la région du Centre-Est le seuil est nettement inférieur à celui du seuil national (36,1pour cent). L’analyse de la pauvreté montre que l’extrême pauvreté au niveau national est estimée à 11,1 pour cent. Cette extrême pauvreté touche essentiellement les régions de la Boucle du Mouhoun (20,4 pour cent) et du Nord (25,2 pour cent).
Les régions du Centre-Est et de l’Est font partir des régions dont l’incidence de l’extrême pauvreté est supérieure à la moyenne nationale soient respectivement 13,9 pour cent et 12,6 pour cent. L’indice de pauvreté au niveau national cache une différence nette entre les milieux de résidence mais aussi entre les régions considérées.
Pauvreté selon le milieu de résidence
L’analyse selon le milieu de résidence indique que la pauvreté sévit beaucoup plus sévèrement en milieu rural qu’en milieu urbain. L’incidence de pauvreté en milieu rural est en effet de 47,5 pour cent contre 13,7 pour cent en milieu urbain. La pauvreté rurale contribue énormément à l’incidence de pauvreté nationale. En effet, en 2014 plus de 9 pauvres sur 10 vivent en milieu rural. La contribution du milieu rural à tous les indicateurs de pauvreté est au-dessus de 15 92,5pour cent (EMC 2014).
Les indicateurs ci-dessous montrent que la pauvreté et la sévérité de la pauvreté sont quatre fois plus importantes en milieu rural qu’en milieu urbain. Pour mettre en place une politique efficace de réduction de la pauvreté, un ciblage spatial/géographique, devrait concerner essentiellement le milieu rural.
Dimension non monétaire
La pauvreté non monétaire définie spécifiquement par une approche besoins de base considère qu’un individu doit pouvoir satisfaire certains besoins fondamentaux qui sont nécessaires à l’atteinte d’une certaine qualité de vie. Les principaux besoins de base pris en compte par cette définition sont : éducation, santé, hygiène, assainissement, eau potable, habitat, accès aux infrastructures économiques.
La nutrition
La prévalence de la malnutrition aiguë globale au Burkina Faso en 2013 était de 8,2pour cent. Cette valeur est en dessous de l’objectif de 9 pour cent du plan national de développement sanitaire (PNDS) et du seuil critique de l’organisation mondiale de la santé (OMS) qui est de 10pour cent. La prévalence de la malnutrition aigüe globale était de 5,5 pour cent pour le Centre Est et pour la même période. Ce taux est resté élevé dans les régions du Nord et de l’Est du Burkina Faso avec des taux allant jusqu’à 9,4 pour cent dont 2,5 pour cent de malnutrition sévère.
Eau
L’accès à l’eau potable peut être analysé sous deux dimensions, la disponibilité et l’utilisation de l’eau potable. Sous la dimension disponibilité, 63,5 pour cent des ménages au Burkina Faso ont accès à l’eau potable. Quant aux régions, le taux d’accès à l’eau potable par les ménages est de 50,5pour cent pour la région de l’Est (DREAHA -Est, 2013), de 70,6pour cent pour la région du centre-Est (Annuaire statistique, 2013) et de 71,4pour cent pour la région du Nord (DREAHA-Nord, 2014).
Hygiène et assainissement
L’accès à l’assainissement est également appréhendé sous plusieurs angles. Il y a l’assainissement des ordures ménagères et des eaux usées, et l’assainissement des excréta. Concernant l’évacuation des ordures et des eaux usées des ménagères, seul 19 pour cent des ménages ont leurs déchets enlevés par les services municipaux ou des particuliers ou déposent leurs ordures dans des dépotoirs publics.
L’utilisation de la rue comme lieu d’évacuation des eaux usées est très élevés dans les régions de l’Est (99pour cent) et du Centre-Est (98pour cent). Cette proportion est moins élevée au Nord avec 90 pour cent selon les données de l’EICVM 2009.
Sur le plan national, seul 2,3 pour cent des ménages ont recours au réseau d’égouts ou des puisards. En considérant les critères nationaux d’accès à l’assainissement des excréta, seulement 4,7 pour cent des ménages du Burkina Faso ont accès à l’assainissement.
Selon les résultats de l’EICVM 2009, ce taux varie en fonction du milieu de résidence et est plus élevé en milieu urbain (14,2pour cent) qu’en milieu rural (1pour cent). Le taux d’accès aux toilettes adéquates est 18 irrégulier selon les régions. Il est de 0,5pour cent dans la région de l’Est, 0,6pour cent pour la région du Nord et de 1pour cent pour la région du Centre-Est.
Genre et pauvreté
L’incidence et la gravité de la pauvreté sont plus fortes pour les femmes que pour les hommes (52 pour cent contre 48 pour cent), et les femmes connaissent une situation précaire, avec un accès limité à la terre, à la prise de décision, aux facteurs de production et au bétail.
L’occupation des femmes ne rime pas forcément avec satisfaction de leurs besoins financiers du fait du type d’activités pratiqué et du niveau de rentabilité de l’activité. Une bonne partie de leurs activités échappent au circuit économique, étant pour la plupart des aides familiales.
Dans le milieu rural, l’activité agricole est celle qui occupe la grande proportion des femmes. Elles contribuent pour beaucoup au travail de la production alimentaire. L’activité agricole pour être rentable nécessite un investissement.
L’incidence et la gravité de la pauvreté sont plus fortes pour les femmes que pour les hommes (52 pour cent contre 48 pour cent), et les femmes connaissent une situation précaire, avec un accès limité à la terre, à la prise de décision, aux facteurs de production et au bétail
Les rendements du travail dans ce secteur dépendent de la main d’œuvre, des intrants et du matériel agricole. Le rendement du travail est aussi fonction de la spéculation produite. Dans le milieu rural des régions de l’étude, en plus de la terre, les intrants et matériels agricoles sont gérés par le chef de ménage. Les femmes agricultrices pour avoir accès aux intrants et autres matériels de production pour exploiter les portions de superficie qu’elles ont et qui sont quelque fois à faible rendement sont obligées de passer par des hommes.
La plupart des femmes et particulièrement les femmes pauvres, veuves, abandonnées et divorcées ont peu de chance d’avoir ces soutiens. Le faible accès au crédit agricole qui touche aussi bien les hommes que les femmes ne facilite pas la situation de la femme. Elles se contentent donc à l’exploitation des petites superficies de terres à faible rendement qui leur sont octroyées. Cette situation ne leur permet pas de réaliser des revenus substantiels.
Pour subvenir à leur besoin, les femmes se tournent vers les activités non agricole notamment le petit commerce (transformation et vente des produits agro-sylvo-pastoraux). Ne disposant pas de suffisamment de ressources de base qui devraient être générées par le travail de la terre, ces activités vers lesquelles elles se tournent sont en générales peu rentables. Certaines femmes dans ces conditions, s’essaient au travail salarial dans les champs quand bien même leurs rémunérations sont inférieures à celles des hommes pour les mêmes temps de travail.
Certaines activités plus rentable et vers lesquelles les femmes s’orientent souvent nécessitent des compétences que les plus pauvres et vulnérables n’ont pas. Il s’agit notamment de l’élevage de la volaille, la transformation des produits forestiers non ligneux, la transformation des 19 produits agricole telle la production de viande de soja etc.
Ainsi la plupart des produits de l’agriculture et des produits forestiers non ligneux sont vendus à l’état brut, ce qui ne permet pas d’avoir plus de revenus. Ces conditions dans lesquelles ces activités sont menées par les femmes expliquent en partie la rentabilité desdites activités et leur situation de pauvreté.
Ces activités vers lesquelles elles s’orientent sont un créneau pour leur permettre d’améliorer leur condition de vie à travers l’augmentation de leur revenu. Pour y arriver, le renforcement de leur compétence et l’accès aux sources de financement de ces activités doivent être des conditions à satisfaire.
Défis du travail au Burkina Faso
L’un des défis majeurs pour le Burkina Faso est de créer des emplois et des opportunités de revenus pour une population en pleine croissance et surtout pour sa jeunesse. La situation de l’emploi des jeunes est une préoccupation majeure pour le pays dont la jeunesse de moins de 25 ans représente 66 pour cent des habitants (INSD, 2006).
En raison de leur faible niveau d’employabilité (66,7 pour cent des jeunes n’ont bénéficié d’aucune formation) et des difficultés d’accès aux moyens de production, les jeunes sont les plus touchés par le phénomène de sous-emploi et du chômage.
En fonction des milieux de résidence, le sous-emploi et l’inactivité se ressent beaucoup plus dans le milieu urbain que dans le milieu rural. Le problème du chômage est plus un problème urbain que rural.
Population active et Emploi
L’emploi est l’une des problématiques qui mérite une particulière considération pour l’atteinte des objectifs de développement. À l’image de l’ensemble du pays, pour toutes les tranches d’âges et peu importe le sexe, les taux d’activité sont plus élevés en milieu rural qu’en milieu urbain.
Dans le milieu rural du 20 Burkina, 88,6 pour cent des actifs occupés sont dans l’agriculture, le personnel de service et les vendeurs représentent 6,9 pour cent et les artisans et les ouvriers (2,6 pour cent). Plus de la moitié (58,6 pour cent) des actifs occupés sont des aides familiaux. Les travailleurs indépendants représentent 34,9 pour cent.
La région Nord du Burkina se caractérise par sa population à majorité jeune environ 56pour cent. L’activité maraichère en saison sèche occupe la majorité des jeunes de ladite région. La faible création des entreprises et industries ne permet pas d’absorber cette jeunesse en quête de mieux être.
Le secteur informel notamment l’activité commerciale et artisanale, sont très développées dans la région. Ce sont ces activités qui absorbent une grande partie de la main d’œuvre. Dans ces secteurs les femmes jouent un rôle important. Elles mènent des activités de transformation et de vente de produits agro-alimentaires. C’est un secteur pourvoyeur d’emplois générateurs de revenus au Nord.
La région de l’Est se caractérise par un fort taux d’activité dans son ensemble pour les personnes en âge (15 ans et plus) de travailler soit 82,7 pour cent. Les hommes représentent 53,2 pour cent et les femmes 46,8pour cent de la même tranche d’âge. Cette proportion varie selon le milieu de résidence. Pour la même tranche d’âge, en milieu rural le taux des actifs se situe à 84,6 pour cent contre 60,7 pour cent pour le milieu urbain. Dans cette région, pour toutes les tranches d’âges, l’activité des hommes dépasserait celle des femmes.
En milieu rural, ces taux sont respectivement de 49,5pour cent et 55,9pour cent pour les hommes et les femmes. Le secteur agro-pastoral est le plus grand pourvoyeur d’emplois avec 92,60 pour cent des actifs, dont 3,60 pour cent concerne le personnel de service et les vendeurs et 1,60 pour cent les ouvriers et artisans. Au niveau des hommes, 93 pour cent sont dans l’agriculture, l’élevage et la pêche tandis que 92,20 pour cent des femmes actives exercent dans le secteur agro-pastoral.
Pour les activités de service et de vente, les femmes y sont plus représentées que les hommes, 4,80 pour cent des femmes exercent dans ces secteurs tandis que 2,60 pour cent seulement des hommes y sont. Quant aux activités ouvrières et artisanales 1,6pour cent des hommes actifs y travaillent tandis que 1.5pour cent des femmes mènent des activités ouvrières ou des artisanes.
Pauvreté et emploi des femmes
Depuis des années, le gouvernement et la société civile s’investissent dans la promotion de l’emploi des femmes. L’accès au crédit, la formation professionnelle, la promotion de l’entrepreneuriat féminin sont, entre autres, des mesures prises, encouragées et soutenues. Cependant, des difficultés persistent pour la femme. On les retrouve surtout dans l’informel ou dans des emplois peu qualifiés ou moins valorisés.
L’analyse de la situation des femmes au Burkina Faso fait ressortir les difficultés que celles-ci rencontrent dans la quête d’un mieuxêtre. Elles sont liées à leur statut dans la société. Dans la zone d’étude et principalement dans son milieu rural l’accès de la femme à l’emploi rémunéré demeure une utopie. Leur employabilité reste très faible eu égard au manque de scolarisation et d’alphabétisation dont elles sont victimes mais aussi de la faiblesse des ressources financières dont elles disposent.
Elle est d’autant plus accentuée face à la pauvreté qui sévit plus les femmes que les hommes. De ce fait les femmes se contentent ainsi des activités qui ne nécessitent pas ou peu d’investissements de base lourds. L’élevage de volailles, et pour d’autres les petits ruminants, constituent ainsi des activitésimportantes pour les femmes rurales.
Toutefois les revenus générés par cette activité ainsi que ceux de l’embouche ovine, caprine, porcine ne sont pas assez conséquents, de nature à réduire de façon significative la dépendance économique des femmes du fait de la non maîtrise des itinéraires techniques de production. Avec l’appui des services techniques qui leurs permettent de mieux maîtriser les itinéraires techniques de productions, les résultats se sont nettement améliorés ces dernières années. L’artisanat et le commerce occupent de nombreuses femmes rurales surtout pendant la saison sèche.
Les activités de tissage, la vente des produits agricoles transformés (baignés, galettes, couscous, du dolo etc.), le petit élevage, la vente des produits forestiers non ligneux (lianes et jus de lianes, beurre de karité, savon à base de beurre de karité etc.) sont autant d’activités qui permettent aux femmes rurales de s’occuper et de subvenir à leurs besoins. Ces activités se développeraient plus si elles s’organisent et si elles acquièrent des compétences techniques et de gestion de ces activités.
Sur le plan agricole, les femmes rurales s’investissement plus dans la culture des produits de rente et dans les productions maraîchères.
Sur le plan agricole, les femmes rurales s’investissement plus dans la culture des produits de rente et dans les productions maraîchères. Par ailleurs leur accès aux meilleures terres et aux terres irriguées, sont et ont toujours été réduites au regard des pesanteurs sociaux qui persistent. L’accès aux intrants agricoles et aux équipements agricoles leur est quasiment impossible en raison de leur dépendance économique.
La proportion des femmes salariées dans le secteur non agricole connait une amélioration entre 2007 et 2009, passant de 40,8 pour cent à 47,4 pour cent. En 2009, la prédominance des emplois est observée principalement dans les « activités des ménages en tant qu’employeur de personnel domestique», « Hôtels et restaurants » et « activité de fabrication ».
Dans l’Administration publique, la proportion de femmes salariées était de l’ordre 28 pour cent en 2009 contre 17,13 pour cent en 2006. Au niveau du secteur privé, la proportion des femmes salariées était de l’ordre de 14 pour cent en 2008 (ENEF, 2008).