Organisation affiliée : Ministère de l’Elevage et des Productions Animales
Type de publication : Rapport de revue sectorielle
Date de publication : 05 avril 2018
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Introduction
La Gestion Axée sur les Résultats (GAR) a été adoptée depuis plus d’une décennie par le Sénégal comme principe directeur de la mise en œuvre des politiques publiques. En 2015, la réforme des finances publiques a été également enclenchée, en vue de renforcer l’efficacité et l’efficience des dépenses publiques. Dans le processus d’opérationnalisation de la GAR, le Cadre harmonisé de suivi-évaluation des politiques publiques (CASE), placé sous l’autorité directe de Monsieur le Président de la République, a été aussi adopté en mai 2015. Le CASE vise à asseoir une meilleure coordination des mécanismes et dispositifs de suivi évaluation à l’échelle nationale.
Enfin, en application du principe de redevabilité, le Chef de l’Etat a instruit la tenue de revues annuelles pour rendre compte de l’état de la mise en œuvre de la politique économique et sociale du pays. C’est dans ce cadre que le Ministère de l’Elevage et des Productions animales (MEPA) a lancé en janvier 2018, le processus de revue du secteur de l’élevage pour l’année 2017, dans un contexte qui reste toujours marqué par les enjeux et défis suivants que le secteur doit relever :
- augmentation du niveau de productivité et de production des différentes filières animales ; amélioration de la mise en marché des produits animaux;
- sécurisation des systèmes d’élevage pastoraux, agro pastoraux et périurbains;
- renforcement de la protection zoo-sanitaire, de la santé publique vétérinaire, du bien-être animal, de l’exercice de la médecine et de la pharmacie vétérinaires;
- professionnalisation des acteurs et structuration des organisations des différentes filières animales.
Rappel des orientations stratégiques de développement du secteur
Le Plan Sénégal Emergent (PSE), cadre de référence de la politique économique et sociale du Sénégal depuis 2014, a retenu l’Elevage parmi les secteurs moteurs de croissance. Ce choix est justifié par l’incidence importante des activités d’élevage sur la réduction de la pauvreté et la création de richesses et d’emplois. Le PSE a ainsi défini pour le secteur des objectifs stratégiques qui, d’une manière générale, visent à améliorer durablement la compétitivité du secteur. Dans cette perspective, une approche intégrée favorisant le développement des chaines de valeur a été adoptée pour booster la productivité des filières animales.
L’atteinte des objectifs du PSE nécessite cependant la réalisation d’un certain nombre de prérequis, qui portent sur la mise en place des infrastructures et équipements pastoraux, l’amélioration de la mise en marché des produits par le renforcement des équipements de transformation et de commercialisation, l’amélioration de la santé animale et des conditions sécuritaires, l’organisation et la professionnalisation des acteurs, la disponibilité de financements appropriés et l’application effective du code pastoral après promulgation et l’adoption d’autres textes réglementaires appropriés.
Prévention et lutte contre le vol de bétail
Le vol de bétail est devenu depuis quelques années, un des freins à l’investissement privé dans le secteur de l’élevage. Une Cellule de lutte contre le vol de bétail a été mise en place au sein du Ministère de l’Élevage et des Productions animales (MEPA), pour coordonner les interventions prévues dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’actions qui a été élaboré en 2013.
L’Assemblée nationale a voté la loi n° 2017-22 du 22 mai 2017 modifiant la loi n° 65-60 du 21 juillet 1965, en supprimant les conditions restrictives de l’article 368 du Code pénal, élargissant ainsi le champ de l’incrimination du vol de bétail qui est, à ce jour, l’infraction la plus sévèrement réprimée dans la catégorie des atteintes aux biens, avec des peines allant de 5 à 10 ans.
Pour accompagner l’application de cette loi, la Journée nationale de l’élevage a été organisée le 23 décembre 2017, à Kolda, autour du thème «quelles stratégies efficaces pour l’éradication du vol de bétail pour une stabilité économique et sociale renforcée».
Fiscalité sur le lait et les produits laitiers
En dépit des progrès réalisés, suite à des investissements relativement importants qui ont été consentis dans la filière, notamment dans l’amélioration du potentiel génétique des races locales, le renforcement des infrastructures pastorales et l’appui à la valorisation du lait local, la production nationale n’a pu suppléer jusqu’ici les importations de lait et produits laitiers, constituées pour l’essentiel de lait en poudre. La filière locale reste particulièrement fragilisée par le caractère bon marché du lait en poudre, dont l’importation est encouragée présentement par des politiques tarifaires favorables dans l’espace CEDEAO.
La fiscalité reste ainsi une contrainte majeure pour le développement de la filière. En effet, dans la situation actuelle, la TVA de 18% est prélevée pour le lait de collecte au même titre que les produits de la catégorie 3 du TEC (Tarif extérieur commun) de l’UEMOA. Or, le lait de collecte est une matière première pour la fabrication d’autres produits laitiers tels que le yaourt, les fromages et le beurre. A ce problème, s’ajoute l’application de la TVA sur l’aliment bétail mis à disposition des producteurs par les laiteries, qui ne concourt pas à l’augmentation et à la sécurisation de l’offre en lait en saison sèche.
Ainsi, l’une des mesures importantes prises par le Président de la République lors de la célébration la Journée nationale de l’Élevage, en décembre 2017, à Kolda, a porté sur cette question de fiscalité. Le Président a, en effet, pris la décision d’exonérer de la TVA, le lait pasteurisé élaboré à partir du lait cru. Un arrêté du Ministre chargé des Finances sera ainsi pris pour assimiler ce type de lait au lait non transformé, qui figure déjà sur la liste des produits exonérés de première nécessité.
Développement de l’élevage équin
La mesure consistant à intégrer dans le cahier des charges de la Loterie nationale Sénégalaise (LONASE), le prélèvement de 2% sur les recettes brutes issues du Pari Mutuel Urbain pour le développement de l’élevage équin, des courses hippiques et des sports équestres, a été aussi prise par le Président de la République, à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de l’Élevage de décembre 2017.
Le décret n° 2018-489 du 26 février 2018 a été signé par le Président de la République. Les modalités de répartition et d’utilisation feront l’objet d’un arrêté conjoint du Ministre de l’Économie, des Finances et du Plan et le Ministre de l’Élevage et des Productions animales.
Production nationale de viande et d’abats
La production de viande et d’abats réalisée en 2017 porte sur un volume estimé à 246 520 tonnes, constituées pour 57% de viande bovine et de viande de volaille industrielle. Le taux de réalisation par rapport à la cible est de 97%. Ce résultat s’explique par un volume d’abattages moins important que prévu, en ce qui concerne les bovins et les petits ruminants. La situation relativement difficile née de l’hivernage 2016, qui n’a pas été favorable à l’élevage pastoral, principal fournisseur du marché, expliquerait une disponibilité moindre d’animaux de boucherie.
En effet, l’année 2016 a été marquée par une installation tardive des pluies dans certaines zones, mais surtout par leur arrêt précoce dans bon nombre de localités. Ainsi, les parcours naturels qui assurent l’essentiel de l’alimentation du bétail élevé selon le système pastoral, ont connu un important déficit dans plusieurs zones. A cela, s’ajoute les dégâts causés par les feux de brousse (400 cas signalés par les Services des Eaux et Forêts).
Par rapport à l’année 2016, la production connaît une légère augmentation de 2%, soit 3 879 tonnes. Cette hausse est portée principalement par la volaille industrielle (+8 820 tonnes) et, à un degré moindre, par la viande ovine (+3 751 tonnes) et la viande porcine (+2 152 tonnes), dont les volumes ont respectivement augmenté de 10 et 16%.
Les bons résultats qu’elle a enregistrés en 2017 s’expliquent essentiellement par un accroissement de l’offre en poulets de chair, à la faveur de l’installation de nouvelles exploitations avicoles d’une capacité relativement importante. L’effectif de volaille industrielle abattu, y compris les poules réformées, a augmenté de 21% par rapport à 2016, faisant de la sous-filière, la première contributrice à la production nationale de viande et d’abats en 2017.
Production nationale de lait
La production nationale de lait en 2017 porte sur un volume estimé à 243,5 millions de litres, soit un taux de réalisation de 99%.
Par rapport à 2016, la production de lait a accusé une hausse de 12 millions de litres, imputable à l’accroissement de la production des élevages de métisses et de races pures, dont les effectifs de femelles laitières ont connu une augmentation entre 2016 et 2017, avec l’entrée en production des métisses nées en 2014 et l’importation de 1077 génisses gestantes à haut potentiel laitier en début 2017 dans le cadre d’un partenariat entre le MEPA et l’Association pour l’Intensification de la Production laitière (ANIPL).
Concernant, les importations de lait et produits laitiers, elles ont atteint, en 2017, un volume de 30 660 tonnes, soit 211,6 millions de litres équivalent lait (Eql), provenant pour plus de 95% de l’Union Européenne.
Les principaux pays exportateurs de lait et produits laitiers vers le Sénégal sont l’Irlande (31%), la France (19%) et la Pologne (18%). Comparées à l’année 2016, les quantités de lait et produits laitiers importés en 2017, sont en hausse de 888,5 tonnes, essentiellement constituées de poudre de lait (93% du tonnage importé), dont le volume a enregistré son plus haut niveau depuis 2013, avec un accroissement de 1 048 tonnes.
Les exportations et réexportations de lait et produits laitiers ont porté sur un volume de 2053 tonnes constituées de crèmes et de yaourts pour plus de la moitié (53%). Par rapport à 2016, elles connaissent une augmentation de 625 tonnes pour ces mêmes produits dont le volume a quasiment quadruplé.
Concernant, les importations de lait et produits laitiers, elles ont atteint, en 2017, un volume de 30 660 tonnes, soit 211,6 millions de litres équivalent lait (Eql), provenant pour plus de 95% de l’Union Européenne
Les principaux pays destinataires des exportations et réexportations (88% du tonnage) sont le Mali (66%), la Guinée Bissau (12%) et le Gabon (11%). On note toutefois des différences selon les produits :
- le Mali reste la principale destination du lait concentré non sucré, des crèmes et yaourts;
- la Guinée Bissau concentre la part la plus conséquente des réexportations de poudre de lait;
- la Gambie est la destination privilégiée du lait UHT;
- le Gabon reçoit la majeure partie des margarines et beurres.
Production nationale d’œufs de consommation
La production d’œufs de consommation en 2017 est estimée à 719 millions d’unités, soit un taux de réalisation de 4% de plus par rapport à l’objectif de 694 millions d’unités qui était visé. Elle évolue de 6% par rapport à l’année 2016, correspondant à un volume de 44 millions d’unités. Cette performance s’explique principalement par une augmentation importante de l’offre locale, à la faveur de la mise en place de nouvelles exploitations avicoles et aussi d’une situation zoosanitaire sous contrôle, après la flambée des foyers de la maladie de Marek enregistrée en 2016.
Recommandations
-Allouer des ressources additionnelles au fonds généré par le mécanisme de pérennisation, en vue de l’organisation d’une nouvelle Opération Sauvegarde du Bétail (OSB), pour faire face à la situation pastorale préoccupante dans la zone nord du pays, qui a enregistré en 2017 un déficit fourrager extrême dans un grand nombre de localités.
-Promouvoir l’installation de couvoirs pour réduire la dépendance de la filière avicole aux œufs à couver (OAC) importés.
-Intégrer de nouveaux indicateurs dans le cadre de la revue annuelle, pour prendre en compte les évolutions intervenues dans la politique de développement du secteur.
-Réaliser le Recensement national de l’élevage pour une meilleure connaissance du secteur, qui n’a pas connu jusqu’ici une telle opération.
-Augmenter les ressources allouées au secteur, pour une meilleure prise en charge des problématiques structurelles et émergentes auxquelles il fait face.
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