Auteur : Professeur Awa Marie Coll-Seck
Type de document : Article
Date de publication : Décembre 2020
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Le professeur Awa Marie Coll-Seck, présidente du Comité scientifique du Forum Galien Afrique et ancienne ministre de la Santé du Sénégal, plaide pour que les États et le secteur privé soutiennent résolument la recherche scientifique sur le continent.
Cette année, le monde a fait face à un ennemi commun et des pays de toutes tailles et de toutes démographies ont dû se confiner pour combattre le coronavirus.
Alors que le continent africain a connu de nombreuses épidémies et travaille sans relâche pour vaincre des fléaux de longue date comme le paludisme, la tuberculose et le VIH/sida, nous n’avons pas été épargnés par la pandémie de la COVID-19.
À ce jour, même si l’Afrique est l’un des continents les moins touchés, nous avons tout de même enregistré près de 2 millions de cas et 45 000 décès, et la menace est loin d’être écartée.
Malgré ce danger, la réponse de l’Afrique a été forte. La rapidité de la réponse a été essentielle, et nous pouvons être fiers de la vitesse de réaction de l’Union africaine, de l’Organisation mondiale de la santé, des dirigeants des pays, des organisations internationales et de la société civile œuvrant dans le domaine, des scientifiques et des communautés face à cette nouvelle menace.
Les scientifiques ont travaillé dur pour communiquer sur ce virus inconnu, mais nous sommes en proie à un autre virus de taille, celui de la désinformation. Ce problème ralentit notre mission de santé publique, avec des informations inexactes et des mythes qui circulent en ligne et au sein des communautés.
Aussi la communication d’informations crédibles et précises est-elle d’autant plus essentielle pour protéger notre continent. Cette situation n’est pas unique à la COVID-19. On peut en effet en dire autant des programmes de vaccination ou de traitements préventifs contre le paludisme.
Notre continent a longtemps souffert d’une méfiance à l’égard de la recherche médicale, beaucoup considérant les vaccins comme potentiellement dangereux. La réalité est cependant tout autre.
Combien de maladies infectieuses comme la coqueluche, la diphtérie et même la rougeole sont devenues rares voir exceptionnelles dans de nombreux pays africains grâce à la vaccination ?
Innovations
De plus, les innovations récentes de la recherche médicale ont conduit à des réalisations incroyables pour la santé publique, la prévention et le traitement de nombreux problèmes de santé publique et à l’établissement de bases solides pour nos systèmes de santé.
Cette année, la pandémie de la COVID-19 a mis en lumière la nécessité de disposer d’informations scientifiques factuelles et crédibles. Alors que l’Afrique porte environ 20 % de la charge mondiale de morbidité, notre production scientifique représente moins de 1 % à l’échelle mondiale. Cette situation doit changer !
Depuis l’obtention de mon diplôme de médecine à l’université de Dakar, il y a plusieurs décennies, j’ai eu le grand honneur de rédiger plus de 150 publications scientifiques sur des sujets tels que le paludisme, la rougeole, le tétanos, la typhoïde, le sida ou les maladies cardiovasculaires, suivant les pas de nos illustres maîtres.
Bien des générations ont fait encore mieux après, mais cela ne suffit toujours pas ! Ayant été ministre chargée de la santé au Sénégal à deux reprises, je comprends l’importance pour les scientifiques et les professionnels africains de la santé de nouer des partenariats Nord-Sud mais surtout de travailler ensemble pour résoudre nos plus grands défis de santé.
Alors que l’Afrique porte environ 20 % de la charge mondiale de morbidité, notre production scientifique représente moins de 1 % à l’échelle mondiale. Cette situation doit changer
Néanmoins, il faut que nos gouvernements et le secteur privé africain soutiennent et financent la recherche scientifique. Personne ne le fera au niveau nécessaire à notre place !
Nous avons tout de même de nombreuses raisons de nous réjouir. Sur tout le continent, d’excellents scientifiques travaillent sur des innovations remarquables qui contribuent grandement à l’amélioration de la santé publique.
Le 3e Forum Galien Afrique réunit un grand nombre de scientifiques de renom et de jeunes étudiants parmi les plus méritants du 8 au 11 décembre 2020 pour communiquer sur leurs travaux en matière de recherche et d’innovation dans le domaine de la santé.
En veillant à ce que les communautés de toute l’Afrique aient accès à des informations sanitaires et des innovations précises et potentiellement vitales, nous pourrons continuer à progresser vers une société plus juste et plus prospère, libérée des grands fléaux grâce à un système de santé résilient.
Ce ne sont pas seulement les scientifiques d’aujourd’hui que nous devons encourager, mais aussi nos futurs talents, en particulier les jeunes femmes, car moins de 30 % des chercheurs dans le monde sont des femmes.
Je suis convaincue de l’immense potentiel des jeunes comme agents de changement, innovateurs et leaders. L’Afrique a la population la plus jeune de la planète, et d’ici 2050, cette jeunesse aura augmenté de près de 50 %, ce qui peut représenter une incroyable opportunité pour une rapide transformation sociale, économique et scientifique.
Facilitateurs du changement
Afin d’aider les jeunes entrepreneurs à innover dans le domaine de la santé et à devenir des facilitateurs du changement, je suis fière, en tant que présidente du comité scientifique du Forum Galien, de participer au lancement du Prix des jeunes innovateurs africains pour la santé 2021, qui viendra soutenir les jeunes entrepreneurs africains qui travaillent activement à développer des solutions innovantes visant à soutenir les stratégies sanitaires mises en œuvre par les travailleurs de la santé dans le cadre d’une approche communautaire et pluridisciplinaire.
Néanmoins, il faut que nos gouvernements et le secteur privé africain soutiennent et financent la recherche scientifique. Personne ne le fera au niveau nécessaire à notre place
Notre continent a beaucoup à offrir dans la lutte contre les menaces existantes et émergentes. Nos scientifiques sont talentueux, innovants et pleinement dédiés à la lutte contre toute une série d’ennemis.
Il est essentiel que nous nourrissions et investissions dans les plus brillants esprits d’Afrique, car avec le soutien approprié, les scientifiques africains peuvent façonner le programme de recherche du continent et contribuer à résoudre les problèmes de santé les plus urgents du monde.
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