Auteur : Moussa Blimpo
Organisation affiliée : Banque Mondiale Blogs
Type de publication : Article de blog
Date de publication : Juillet 2019
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On aborde en général à tort le problème de l’électricité en Afrique subsaharienne sous l’angle des difficultés d’accès, alors même que dans les zones desservies par le réseau, 57 % seulement des ménages sont effectivement raccordés. Fournir de l’électricité aux populations doit permettre avant tout d’améliorer leur quotidien. Or l’élargissement de l’accès à l’électricité à davantage d’habitants n’a toujours pas entraîné la transformation économique tant attendue de la région.
Pourquoi les ménages ne demandent-ils pas à être raccordés quand c’est possible? Si l’objectif ultime de l’électrification consiste à accroître le revenu des habitants et, de fait, à réduire la pauvreté, quels leviers les gouvernements peuvent-ils actionner pour y parvenir?
Un récent rapport de la Banque mondiale, intitulé Electricity Access in Sub-Saharan Africa, explique pourquoi les pouvoirs publics doivent cesser de mesurer les progrès uniquement à l’aide des statistiques d’accès pour commencer à considérer l’électrification comme un facteur parmi d’autres, interdépendants, indispensables à la création de revenus, la réduction de la pauvreté et la transformation des économies.
Accéder à l’électricité ne suffit pas
En 2014, la consommation moyenne par habitant atteignait à peine 483 kilowattheures, l’équivalent d’une ampoule de 50 watts allumée douze mois d’affilée. Dans de nombreux pays africains, l’alimentation d’un réfrigérateur pendant un an coûte plus de 10 % du PIB par habitant. Dans une région où 437 millions d’habitants vivent avec moins de 1,90 dollar par jour, c’est un luxe inaccessible pour la plupart. Un grand nombre d’individus n’ont toujours pas les moyens de financer un raccordement à l’électricité ou une consommation raisonnable, sans parler d’acheter des appareils qui pourraient accroître leurs revenus.
Pour de nombreux ménages, les rentrées d’argent sont trop imprévisibles pour assumer les frais de raccordement ou payer une redevance mensuelle et beaucoup partagent les compteurs pour éviter ces charges. Du fait de cette pratique et d’une sous-consommation généralisée, les compagnies d’électricité sont incapables d’entretenir ou d’étendre le réseau. Selon les données des enquêtes de la Banque mondiale (a), moins d’un tiers des entreprises de 25 pays d’Afrique sur 29 bénéficient d’un accès fiable à l’électricité.
Les gouvernements peuvent favoriser l’utilisation productive de l’électricité au service de la transformation économique
Les nations africaines ne pourront pas transformer leurs économies sans s’attaquer de front à la question de l’électricité. Pour les 600 millions d’individus toujours privés d’électricité, dont 80 % vivent en zones rurales, il faut faire plus et mieux. Les gouvernements d’Afrique subsaharienne doivent cesser de dénombrer le nombre de personnes ayant accès à l’électricité pour privilégier des politiques susceptibles de favoriser une utilisation productive de cette ressource: l’électricité doit procurer des revenus aux familles et aux entreprises, qui peuvent ensuite consommer suffisamment de courant pour contribuer à la viabilité financière des entreprises de services publics. Une économie et des entreprises florissantes sont, à travers l’impôt, sources de recettes pour l’État, qui peut ensuite les réinvestir.
En 2014, la consommation moyenne par habitant atteignait à peine 483 kilowattheures, l’équivalent d’une ampoule de 50 watts allumée douze mois d’affilée
Qu’entend-on par «utilisation productive» de l’électricité?
La fiabilité de l’alimentation électrique pour les industries et les entreprises est un facteur clé qu’il s’agisse d’un nouveau café internet où la connexion n’est pas constamment interrompue ; d’un atelier de couture employant des centaines d’ouvriers sans redouter la panne ; ou d’une entreprise agricole qui peut produire pendant la saison morte grâce à sa pompe à eau. Les professionnels du secteur et les chercheurs ont pris conscience de l’importance de cet enjeu. Le groupement Energy for Growth Hub (a) vise justement à catalyser des initiatives pour donner à l’Afrique les moyens de stimuler son développement. Mais pour qu’elles réussissent, il faut que les gouvernements prennent les devants.
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