Auteur : Mécanisme africain d’évaluation par les pairs
Type de publication : Rapport
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RIPOSTE CONTINENTALE
Lorsque l’OMS déclare la COVID-19 une urgence de santé publique internationale le 30 janvier 2020, l’Afrique, par le biais de ses institutions régionales – l’UA et les REC – a rapidement pris des mesures énergiques pour arrêter la propagation du virus sur le continent. Elles ont adopté une approche commune et coordonnée fondée sur les valeurs du panafricanisme et de la solidarité.
Le présent rapport soutient qu’une réponse régionale est essentielle dans la lutte contre la COVID-19 et que cette réponse doit être fondée sur la solidarité internationale et le panafricanisme. En raison de son caractère épidémiologique, cette maladie ne peut pas être combattu et contenu efficacement et avec succès par une stratégie nationale tournée vers l’intérieur, où les pays agissent comme des entités isolées, chacun travaillant seul de son côté. Face à la COVID-19, le nationalisme exclusif et étroit a des limites en tant que stratégie. Pour que leur riposte soit efficace, les pays doivent déployer des mesures nationales en coordination et en concertation avec leurs voisins et les autres acteurs de la communauté internationale. Ce virus ne respecte aucune frontière physique et ne connaît pas de nationalité. Le nationalisme est indéniablement important, mais il ne peut mener aucun pays assez loin. Par conséquent, la réponse concertée de l’Afrique devrait être appréciée, saluée et encouragée.
Face à la COVID-19, le nationalisme exclusif et étroit a des limites en tant que stratégie. Pour que leur riposte soit efficace, les pays doivent déployer des mesures nationales en coordination et en concertation avec leurs voisins et les autres acteurs de la communauté internationale
La riposte régionale à la COVID-19 fait partie de la gouvernance mondiale. Les organisations régionales peuvent développer et déployer des mécanismes et des instruments pour guider, faciliter et soutenir les efforts de leurs États membres. Les outils de gouvernance au niveau régional et les réunions organisées par ces organismes régionaux sont essentiels pour une riposte régionale collective bien coordonnée, nécessaire pour compléter et renforcer les mesures de riposte prises au niveau national. L’Afrique offre des exemples de bonnes pratiques qui peuvent être reproduites par d’autres régions du monde.
Stratégie commune
La première de ces bonnes pratiques est l’adoption en février 2020 par les ministres africains de la santé, d’une « Stratégie continentale commune de l’Union africaine contre le COVID-19 ». Cette stratégie commune vise deux objectifs, à savoir : i) prévenir les maladies graves et les décès dus à l’infection par le coronavirus dans les États membres ; ii) minimiser les perturbations sociales et les conséquences économiques de la pandémie de COVID-19. Pour atteindre ces objectifs, la stratégie cherche à coordonner les efforts des États membres, des institutions de l’UA, de l’OMS et d’autres partenaires afin d’assurer une synergie et de minimiser les doubles emplois, et de promouvoir une pratique de santé publique fondée sur des données factuelles en matière de surveillance, de prévention, de diagnostic, de prise en charge et de contrôle de la COVID-19.
Pour atteindre ces objectifs, la stratégie cherche à coordonner les efforts des États membres, des institutions de l’UA, de l’OMS et d’autres partenaires afin d’assurer une synergie et de minimiser les doubles emplois, et de promouvoir une pratique de santé publique fondée sur des données factuelles
La gestion de la riposte de l’UA à l’épidémie de COVID-19 est assurée par le CDC Afrique par l’intermédiaire de deux grandes unités opérationnelles : le Groupe de travail africain sur le coronavirus (AFTCOR) et le système de gestion des incidents du CDC Afrique. Ce niveau d’organisation et de coordination est en effet remarquable, si l’on considère que le CDC Afrique a été lancé il y a seulement trois ans. Depuis lors, l’UA et le CDC Afrique ont constitué une importante force de rassemblement en matière de coordination et d’établissement de normes communes pour les États membres de l’UA. Outre la réunion d’urgence des ministres de la santé, les ministres africains des finances ont tenu une réunion virtuelle en mars 2020 pour discuter des conséquences budgétaires probables et des stratégies pour y faire face. Des séminaires virtuels hebdomadaires sont organisés, réunissant des cliniciens de tout le continent pour échanger des informations et des expériences. Cela est très important dans la mesure où plusieurs pays d’Afrique ont une grande expérience dans la gestion des épidémies et des foyers de maladies infectieuses.
- Fourniture centralisée de l’assistance technique
Deuxièmement, les CDC Afrique ont fourni une expertise et un soutien techniques importants aux pays africains dans le cadre de la stratégie continentale commune de l’UA contre la COVID-19 par l’intermédiaire de l’AFTCOR dans six domaines techniques, à savoir : la surveillance, y compris le dépistage aux points d’entrée ; la prévention et le contrôle des infections dans les établissements de santé ; la gestion clinique des personnes gravement infectées par la COVID-19 ; le diagnostic et le sous-typage en laboratoire ; la communication des risques ; et la chaîne d’approvisionnement et le stockage. Un autre domaine clé a été l’expansion des capacités de tests de laboratoire pour la COVID-19. Selon l’OMS, deux pays seulement disposaient de laboratoires pouvant tester la COVID-19 au début de l’épidémie en janvier 2020. Aujourd’hui, 48 pays africains disposent de tels laboratoires. Les CDC Afrique, en collaboration avec l’OMS, ont mené l’expansion des capacités de test sur tout le continent en fournissant des kits de test et en formant des agents de santé. Les CDC Afrique prévoient d’augmenter les capacités de test sur le continent pour garantir qu’au moins 10 millions de tests sont effectués au cours des quatre prochains mois dans le cadre du Partenariat visant à accélérer les tests de COVID-19 (PACT).
- Approche multilatérale de mobilisation des ressources
Troisièmement, la mobilisation des ressources est essentielle pour une mise en œuvre efficace de la riposte commune du continent africain dans la lutte contre la pandémie de COVID-19. Début mars, le Président en exercice de l’Union africaine, le Président sud-africain Cyril Ramaphosa, a convoqué une réunion virtuelle du Bureau de la Conférence des chefs d’État de l’UA, qui, outre l’Afrique du Sud, est actuellement composé du Mali, du Kenya, de la République démocratique du Congo et de l’Égypte. Les chefs d’État ont été rejoints par le Président de la Commission de l’UA et le Directeur des CDC Afrique. Le Bureau de l’UA a notamment décidé de créer un Fonds africain de lutte contre le coronavirus, auquel le Bureau de l’UA a immédiatement contribué à hauteur de 12,5 millions de dollars américains au titre de fonds de démarrage. Le secteur privé, notamment les banques africaines, a également adhéré au Fonds, avec des promesses de contributions s’élevant à 61 millions de dollars américains au 29 avril 2020. Un conseil consultatif composé de représentants des secteurs public et privé a été créé pour superviser la gestion du Fonds, ainsi qu’un panel d’experts (envoyés spéciaux), composé de personnalités africaines engagées ayant une expérience dans la collecte de fonds.
La riposte commune de l’Afrique à la COVID-19 a également été orchestrée dans le cadre des efforts coordonnés des communautés économiques régionales. Ainsi, le 29 avril 2020, une réunion par téléconférence du Bureau de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UA s’est tenue avec les chefs d’État, présidents des CER de l’UA, dans le but de les informer des actions et initiatives entreprises par l’UA en réponse à la propagation de la pandémie de COVID-19 sur le continent. La réunion a également permis aux présidents des CER d’informer le Bureau des mesures régionales prises en réponse à la pandémie. Lors de cette réunion, les chefs d’État et de gouvernement ont approuvé l’appel à l’annulation de la dette et à la mise en œuvre d’un ensemble complet de mesures d’allégement pour les pays africains en réponse à la COVID-19. Les chefs d’État et de gouvernement ont réaffirmé leur solidarité avec le Soudan et le Zimbabwe et ont appelé à la levée des sanctions contre ces pays afin de donner à ces républiques sœurs, l’espace budgétaire nécessaire pour concentrer leurs ressources et leurs efforts dans la lutte contre la propagation de la COVID 19.
Réponse du secteur privé
L’UA et les CDC Afrique ont lancé un partenariat public-privé avec AfroChampions Initiative, partenariat connu sous le nom de Fonds africain de riposte contre la COVID-19. Ce partenariat vise à collecter 150 millions de dollars pour répondre aux besoins immédiats en matière de prévention de la transmission et jusqu’à 400 millions de dollars pour soutenir une réponse médicale durable à la pandémie de COVID-19. Il s’agit de mettre en commun les ressources nécessaires à l’achat de fournitures et de produits médicaux, de soutenir le déploiement rapide des interventions sur tout le continent et d’apporter un soutien socioéconomique aux populations les plus vulnérables d’Afrique. Le Fonds africain de riposte contre la COVID-19 est un instrument financier destiné à mobiliser et à gérer les fonds du secteur privé en Afrique.
Réponse initiale du MAEP
En réponse à la COVID-19, le MAEP a mis en place un groupe de travail sur le suivi de la riposte contre la COVID-19 en matière de gouvernance. Il a depuis lancé des dialogues virtuels avec les États membres et les communautés économiques régionales afin de fournir une plateforme de partage d’expériences sur les mesures de riposte nationales à la pandémie du point de vue de la gouvernance. Le MAEP encourage les pays établir des rapports sur cette crise au moyen des examens nationaux volontaires. Le Mécanisme rend actuellement et de façon continue, des données sur la gouvernance de la COVID-19 à travers sa plateforme sur l’Agenda 2063 et d’autres thèmes communs.
De plus, le MAEP a révisé son étude sur les principes de gouvernance efficace pour le développement durable (efficacité, responsabilité et inclusion) du Comité d’experts de l’administration publique des Nations Unies (CEPA), des ODD des Nations Unies, notamment l’ODD 16 du programme de développement durable 2030 et les aspirations 1 et 2 de l’Agenda 2063 de l’UA. L’étude doit à présent intégrer une évaluation des approches de sensibilisation et d’élaboration des politiques des pouvoirs exécutifs et parlementaires au niveau national dans le contexte de la COVID-19. Ainsi, l’étude sera conforme à la « Stratégie continentale commune de l’Union africaine contre le COVID-19 » en promouvant une pratique de santé publique axée sur des données factuelles pour la surveillance, la prévention, le diagnostic, le traitement et le contrôle de la COVID-19.
RÉPONSE DE LA CEDEAO
Avant l’avènement de la COVID-19, plusieurs États membres de la CEDEAO étaient confrontés à une menace tout aussi grave qu’est Boko Haram. Dans cette CER, la lutte contre la COVID-19 est coordonnée par l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS), une institution régionale chargée de veiller à la santé des peuples de la sous-région ouest africaine par l’élaboration et l’harmonisation des politiques des États membres, la mise en commun des ressources, la coordination et la coopération entre les États membres pour une lutte collective et stratégique contre les problèmes de santé dans la sous-région. Créée en 1998, l’OOAS est la plus haute instance régionale chargée d’orienter la réponse globale dans la sous-région. Elle a une grande expérience dans la gouvernance régionale du secteur de la santé, y compris la gestion des épidémies de maladies infectieuses telles que la maladie à virus Ebola qui a ravagé la sous-région en 2014. L’OOAS constitue donc la plateforme juridique et institutionnelle multilatérale pour la coordination de la réponse biomédicale et de santé publique, ainsi que pour la riposte à la COVID-19 en matière de gouvernance.
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