Auteur : Amnesty international
Site de publication : amnesty.org
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2023
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Les familles des victimes des homicides illégaux que les forces de sécurité auraient perpétrés pendant les manifestations d’octobre 2022 attendaient toujours que justice soit rendue. Les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique étaient toujours restreints. Des affrontements dans le sud du pays ont causé la mort de plus de cent villageois·es. Le droit à la sécurité alimentaire était menacé par la hausse des prix, le manque de précipitations, l’arrivée massive de personnes réfugiées du Soudan et l’insuffisance de l’aide humanitaire. Les mariages précoces et les violences fondées sur le genre étaient encore courants.
Droit à la vérité, à la justice et à des réparations
À la fin de l’année, aucun progrès concret n’avait été accompli dans l’enquête annoncée par le ministre de la Justice le lendemain des manifestations du 20 octobre 2022, lors desquelles, selon la Commission nationale des droits de l’homme, au moins 128 personnes avaient été tuées. Les familles des victimes, qui attendaient toujours des réponses, ont déclaré qu’elles avaient peur de demander des explications aux autorités au sujet de cette absence de progrès. Le 20 octobre 2023, plusieurs organisations tchadiennes de défense des droits humains ont dénoncé le fait qu’aucun membre des forces de défense et de sécurité n’ait encore été poursuivi pour ces homicides illégaux présumés.
Liberté d’expression
Le 25 août, la Haute Autorité des media et de l’audiovisuel a suspendu le populaire site d’actualités Alwihda Info pour huit jours en raison de la publication de deux articles : il était reproché à l’un, qui concernait le limogeage d’un colonel, de « porter atteinte à la cohésion et à la discipline » au sein de l’armée, et à l’autre de contenir des « propos injurieux » à l’égard du président. Le 26 août, le directeur de publication d’Alwihda aurait été poursuivi en voiture par des agents des forces de sécurité, ce qui l’a contraint à se réfugier pendant plusieurs heures auprès de personnes qu’il ne connaissait pas. Un autre journaliste travaillant pour le site n’a pas pu couvrir un événement organisé par le ministère des Transports dans le nord du pays le même jour.
Droit à la vie et à la sécurité de la personne
Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), au moins 135 personnes ont été tuées, 359 blessées et plus de 26 000 déplacées entre janvier et juin lors des affrontements signalés dans les départements du sud frontaliers de la République centrafricaine. Des victimes ont indiqué que certains agresseurs appartenaient à des groupes armés présents en République centrafricaine, et d’autres à des groupes d’éleveurs luttant pour accéder à des pâturages.
Elles se sont plaintes du fait que les forces de sécurité n’intervenaient pas rapidement pour protéger la population en cas d’alerte et de la faible réaction de la justice lorsque les auteurs présumés étaient identifiés.
Droits des femmes et des filles
D’après un rapport du Groupe URD (urgence, réhabilitation, développement) publié en février, les jeunes ne disposaient pas d’un accès suffisant à la santé reproductive, accès encore entravé par de nombreuses difficultés, notamment économiques, sociales, familiales et politiques.
Selon ce rapport, 24,2 % des femmes âgées de 20 à 24 ans avaient été mariées avant l’âge de 15 ans : 25 % dans les zones rurales et 21 % dans les zones urbaines.
Violences fondées sur le genre
D’après le Système de gestion des informations sur la violence basée sur le genre, 1 879 cas de violences fondées sur le genre ont été enregistrés entre janvier et juin : 34 % concernaient une agression physique, 27 % des violences psychologiques et 24 % une privation de chances, de ressources et/ou de services (femmes écartées d’un héritage ou fillettes non scolarisées, par exemple).