Auteur : Amnesty International
Site de publication: Amnesty International
Type de publication: Rapport
Date de publication: 2023
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Contexte
En mai, un an après l’élection présidentielle remportée par Mohamed Ould Ghazouani, le parti au pouvoir a été déclaré vainqueur des élections législatives, régionales et locales. Certains partis d’opposition ont contesté ces résultats en affirmant qu’il y avait eu fraude. En décembre, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a été condamné à cinq ans de prison pour corruption.
Torture et autres mauvais traitements
Le 9 février, le défenseur des droits humains Souvi Ould Jibril Ould Cheine a été convoqué au commissariat de police numéro 2 de Dar Naim pour dette impayée, avant d’être placé en garde à vue. Il a ensuite été transféré à l’hôpital Cheikh Zayed, où son décès a été prononcé. Sa mort a d’abord été attribuée à un arrêt cardiaque mais, à la suite de manifestations, une autopsie réalisée sous l’égide du ministère de la Santé a déterminé qu’elle était due à une asphyxie traumatique par strangulation
Liberté d’expression
En juin, l’accès à l’Internet mobile a été coupé par les autorités pendant plusieurs jours après des manifestations organisées dans tout le pays en réaction à la mort en garde à vue d’Oumar Diop. La connexion mobile a aussi été bloquée à de multiples reprises pendant les épreuves de l’examen national de fin d’études secondaires, une mesure destinée selon le gouvernement à empêcher la tricherie.
Disparitions forcées
En octobre, le Comité des disparitions forcées [ONU] a jugé que les propositions de création d’un mécanisme de vérité et de réconciliation en lien avec le « passif humanitaire » de la Mauritanie, c’est-à-dire les violations massives des droits humains commises entre 1989 et 1992 (disparitions forcées, détentions arbitraires, exécutions extrajudiciaires, expulsions collectives…), n’avaient pas été examinées de manière approfondie. Le Comité a demandé que toutes les disparitions forcées commises pendant cette période fassent l’objet d’une enquête et que les responsables présumés, y compris les supérieurs hiérarchiques militaires et civils, soient poursuivis en justice.
Liberté de réunion pacifique
Le 27 septembre, l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) a organisé un sit-in pacifique devant le ministère de la Justice pour protester contre l’arrestation de Youba Siby. Les forces de sécurité ont violemment dispersé les manifestant·e·s, qui avaient pourtant pris soin de les avertir de l’action prévue. L’IRA a fait état de plus de 10 personnes blessées ; les victimes ont été conduites dans plusieurs hôpitaux.
Esclavage
En juillet, dans un rapport sur la Mauritanie, le rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d’esclavage a constaté que l’esclavage par ascendance persistait dans certaines régions du pays, tout comme d’autres formes modernes d’esclavage. Le rapport mettait en évidence l’exclusion sociale, économique et politique subie par les esclaves et les personnes sorties de l’esclavage, ainsi que leurs descendant·e·s.
Droits des femmes et de filles
Dans une déclaration d’octobre faisant suite à une visite dans le pays, le Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles [ONU] a salué les efforts fournis par le pays pour renforcer son cadre institutionnel, politique et juridique en faveur de l’égalité des genres, soulignant cependant la nécessité de répondre au manque d’accès à la justice et à la culture de l’impunité pour les violences fondées sur le genre. Il a appelé de ses vœux l’abandon de pratiques néfastes telles que les mutilations génitales féminines et le mariage d’enfants, perpétuées souvent au détriment de l’éducation et de la santé des filles et des femmes, et qui entraînaient un risque de décès pendant l’accouchement.