Auteur : Henri-Louis VEDIE
Site de publication : Policy Center
Type de publication : document de recherche
Date de publication : 2020
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Un pays de l’Afrique de l’Ouest de 238 540 km2, ouvert sur le golfe de Guinée, de 30 millions d’habitants, en 2020, et de plus de 50 millions, en 2050
Données géographiques
Ouvert sur le golfe de Guinée, le Ghana se trouve au centre de la côte occidentale de l’Afrique, s’étendant vers le nord sur environ 670 km, sur une largeur pouvant atteindre 560 km. Avec une superficie de 238 540 km2, il se situe au 77 ème rang mondial. Les terres couvrent plus de 96% de son territoire, les rivières et/ou des lacs qui n’en représentent que 3,5%. Son périmètre frontalier est de 2093 km,bordant le Togo sur 877 km, la Côte d’Ivoire sur 668 km et le Burkina Faso sur 548 km.
Enfin, son périmètre côtier, ouvert sur le golfe de Guinée, s’étend le long de 537 km de côtes, bordées de sable et parsemées de nombreux cours d’eau, dont la plupart ne sont navigables qu’en pirogue. Le long de la frontière ivoirienne, s’étire, vers le nord, la forêt tropicale. C’est la région d’Ashanti où l’on trouve l’essentiel de la production de cacao et de bois, ainsi que les principales ressources minières du pays. Au-delà de cette ceinture, la forêt fait place à la savane ou à la plaine.
Une constitution succédant en 1993 à celle de 1979, s’inspirant du modèle anglo-saxon, qui favorise la démocratie
Pays anglophone, membre du commonwealth, la quatrième République du Ghana s’appuie sur une constitution nouvelle datant de 1993, succédant à celles de 1957, de 1960, de 1969 et de 1979. D’inspiration anglo-saxonne, elle se veut table rase d’un passé trop souvent marqué par un gouvernement dictatorial et/ou la pratique du parti unique. Le Président, élu au suffrage direct, se partage le pouvoir exécutif avec le gouvernement. Le Parlement est constitué d’une chambre unique, élue au suffrage direct à un tour, à majorité simple, pour une durée de quatre ans.
Les dernières élections présidentielles ont donné lieu à l’élection de cinq présidents différents, élus depuis 1993, appartenant soit au NDC (National Democratic Congress), avec Jerry Rawlings, en 1996, John Atta Mills, en 2008 et John Dramani, en 2012 ; soit au NPP (New Patriotic Party), avec John Kufuor, en 2000 et 2004, et Nana Akufo Addo, en 2016. Depuis 2012, ces élections ont mis en évidence la fin du parti unique avec l’émergence du pluralisme des candidatures, donnant lieu parfois à des scores serrés, sans que le vaincu vienne contester le vainqueur et remettre en cause la légitimité de l’élu. Certes, à l’occasion de certaines d’entre elles, cela n’a tenu qu’à un fil, mais le fil a tenu, permettant l’installation de la démocratie que tous les politologues reconnaissent et saluent.
Une agriculture à fort potentiel de développement à partir du cacao, deuxième producteur mondial
En 2017/2018, le Ghana se situait au deuxième rang mondial, avec une production de fèves de cacao, en milliers de tonnes métriques, estimée à 905, derrière la Côte d’Ivoire /1964/, mais loin devant l’Equateur/285/, le Nigeria/255/, le Cameroun/250/, l’Indonésie/240/ etc… A eux deux /Côte d’Ivoire et Ghana/ ils assurent plus de 60% de la production mondiale des fèves de cacao. Très solide deuxième producteur mondial de cacao, le Ghana tire de cette production 85% en valeur de l’ensemble de ses exportations agricoles et 95% des devises qu’elles génèrent.
Parmi les activités agricoles autres que le cacao, dont la production est en partie exportée, on citera: la viande, les oléagineux, les fruits (banane,mangue, noix de cajou, ananas essentiellement). Dans ce pays, l’agriculture occupe 45% de la population active, contribue à 23% du PIB. Et si on y ajoute les activités « agri-business ” générées en aval, c’est 25% qui vient s’ajouter au 23% comme contributeur au PIB ghanéen. Pays où l’exploitation familiale domine, utilisant peu les engrais, l’agriculture représente un très fort potentiel de développement.
Les dernières élections présidentielles ont donné lieu à l’élection de cinq présidents différents, élus depuis 1993, appartenant soit au NDC (National Democratic Congress), avec Jerry Rawlings, en 1996, John Atta Mills, en 2008 et John Dramani, en 2012 ; soit au NPP (New Patriotic Party), avec John Kufuor, en 2000 et 2004, et Nana Akufo Addo, en 2016. Depuis 2012, ces élections ont mis en évidence la fin du parti unique avec l’émergence du pluralisme des candidatures, donnant lieu parfois à des scores serrés, sans que le vaincu vienne contester le vainqueur et remettre en cause la légitimité de l’élu. Certes, à l’occasion de certaines d’entre elles, cela n’a tenu qu’à un fil, mais le fil a tenu, permettant l’installation de la démocratie que tous les politologues reconnaissent et saluent
Deux ressources à fort potentiel de développement: la bauxite et le manganèse
Aujourd’hui, le pays exploite une modeste quantité de bauxite à Awaso, via la Ghana Bauxite Company, dont la concession d’exploitation est à 80 % chinoise. Là, n’est pas l’essentiel qui, au conditionnel, ferait du Ghana une des dix plus grandes réserves de Bauxite du monde : plus d’ un milliard de tonnes, réparti essentiellement entre deux sites enclavés à Nyuahin et Kyebi. Le pays produit, aujourd’hui, via la « Ghana Manganèse Compagny », trois millions de tonnes de manganèse par an. Ce qui est peu, par rapport aux réserves estimées à plus de 1,2 milliard de tonnes de Sheini Hills.
Les incontournables de la transformation du pays
Pays à l’origine connu pour sa pauvreté et son régime autoritaire, le Ghana l’était, aussi, pour la faiblesse de ses infrastructures, dans le domaine énergétique et dans la logistique de ses moyens de transport, ne lui permettant pas d’optimiser la valorisation de ressources naturelles importantes et diversifiées. Au cours de la dernière décennie, le pays va transformer son image, installant une démocratie reconnue dans le monde entier, valorisant ses ressources naturelles, essentiellement cacao, or et pétrole et acceptant de mettre en place, soutenu par le FMI, un programme d’ajustement qui va s’avérer particulièrement efficace.
Un environnement des affaires attractif, favorable aux IDE
Depuis 1992, la démocratie ghanéenne a évolué régulièrement au rythme d’élections présidentielles tous les 4 ans, marquée par sept élections pacifiques et trois changements de régimes sans heurts, traduisant la solidité de la Constitution et de ses acquis démocratiques. Cette solidité et la stabilité politique qui l’accompagne ont conforté l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers.
Si la corruption est loin d’être éradiquée, Transparency International considère le pays comme l’un des moins corrompus d’Afrique. Ce qui lui permet de bénéficier d’une note de gouvernance supérieure à la moyenne des pays africains. L’Indice de liberté de Freedom House, en 2019, lui donne un score de 83 points sur 100, au troisième rang en Afrique pour ce qui concerne le critère de liberté. De même, un autre rapport sur la compétitivité mondiale 2018-2019 crédite le Ghana d’une note record de 51,33 sur 100, le projetant au 59 rang mondial. En 2018, le Ghana a attiré plus de 3,5 milliards de dollars d’investissements directs, vérifiant son attractivité pour les investisseurs étrangers.
Ces 3,5 milliards sont à comparer aux 3,32 milliards de 2017, en progression de 10%. Ces investissements concernent tous les secteurs, mais principalement les activités de service, le BTP, et l’agriculture. La Chine est l’un des principaux investisseurs, comme souvent dans les infrastructures de transport, le traitement de l’eau et la production d’électricité. Ces flux d’IDE confirment l’attractivité du pays, officialisée par l’indice Doing Business, classant le pays au 114ème rang mondial sur 190 pays.
Le cacao: une richesse volatile, dépendante de l’évolution de l’offre et de la demande mondiale
En 2018, le Ghana et la Côte d’Ivoire couvrent 60% du marché mondial de la fève de cacao: 20% pour le Ghana et 40% pour la Côte d’Ivoire. Point commun à ces deux pays, une production répartie entre des centaines de milliers de planteurs qui font vivre autant de familles. Rien de surprenant alors à ce qu’ils s’associent pour essayer de freiner la chute des cours du cacao dès octobre 2018, harmonisant, dans un premier temps, les prix payés à leurs planteurs successifs.
La volatilité des matières premières agricoles est bien connue. Ses causes sont diverses et plus particulièrement d’ordre climatique pouvant donner lieu à surproduction, comme en 2017, avec un cours du cacao à la tonne, tombé à 1780 dollars, ou liées à l’évolution de la demande : une réduction de la demande mondiale, essentiellement chinoise, comme c’est le cas aujourd’hui la faisant chuter et, à l’inverse, une augmentation lui permettant d’atteindre 3000 dollars, comme cela a déjà eu lieu par le passé.
C’est pourquoi, dans un deuxième temps, ces deux pays vont institutionnaliser leur démarche en essayant de cartelliser ce marché, pour mieux contrôler les cours du cacao et réduire leur volatilité. Leur action commune va s’organiser autour des trois axes suivants: la production, en la limitant si nécessaire ; le prix, en refusant de vendre à moins de 2600 dollars la tonne métrique; la prévoyance, en imposant une prime de 400 dollars par tonne vendue au-delà de 2900 dollars, à partir d’octobre 2020, destinée à financer un fonds commun pour soutenir la filière pendant des périodes de vaches maigres éventuelles.
Un bras de fer Côte d’Ivoire /Ghana, essayant d’imposer sa loi au marché du cacao, à l’épreuve du temps
Après plusieurs mois d’un bras de fer avec les principaux acteurs du marché du cacao, le Ghana, appuyé par la Côte d’Ivoire, a obtenu l’accord de ces poids lourds mondiaux de la fève de cacao pour que la récolte 2020 /2021 soit payée avec une prime, qualifiée de revenu décent, de 400 dollars la tonne,(363 euros) destinée aux petits planteurs. Précisons que cette prime, au-delà d’un certain prix, sera réservée à un fonds de stabilisation. Demi-victoire ou de demi-échec, l’avenir le dira, mais une confirmation: la difficulté de mettre en place un cartel du cacao et, donc, d’accompagner cette mesure d’une filière de la transformation des fèves de cacao, sur place dans les pays producteurs.
Une difficulté constante dans la recherche d’une cartellisation du marché du cacao
On rappellera, ici, les deux tentatives qui se sont terminées par un fiasco, menées par la Côte d’Ivoire en 1979 et 1988.
En 1979, la Côte d’Ivoire décide de se retirer du marché de la fève de cacao, dont les cours avaient commencé à chuter régulièrement depuis 1977, faisant suite à deux décennies de croissance soutenue. Se retirer du marché ne signifie pas ne pas rémunérer les producteurs locaux. A cette dépense incontournable s’ajoutent les dépenses liées au stockage des récoltes et à leur gestion. Au final, ce sont plusieurs milliards de Franc CFA /plus de 7, selon différentes sources convergentes/ qui vont ainsi être engagés, certains diront gaspillés, sans résultat en ce qui concerne la remontée des cours.
En 1988, la Côte d’Ivoire retente l’expérience. On est, alors, en pleine guerre du cacao, entraînant de graves difficultés pour l’économie du pays, le conduisant à suspendre sa dette auprès du FMI et de la Banque mondiale dès 1987. En avril 1988, on décide de suspendre une nouvelle fois les exportations de cacao. Malgré une diminution immédiate de 40% de l’offre, c’est de nouveau l’échec. Aux mêmes causes, les mêmes effets, amplifiés par une surproduction, non anticipée de deux millions de tonnes en 1987, qui va très vite annuler les conséquences espérées par les autorités ivoiriennes. C’est de nouveau l’échec. Soulignons qu’alors le Ghana, le Nigeria et le Cameroun ont refusé de faire cause commune avec la Côte d’Ivoire, augmentant même leur production.