Auteurs : Ministère des Finances
Site de publication: Ministère des Finances
Type de publication: Rapport
Date de publication: 2022
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Après une forte reprise en 2021 à la faveur du recul de la pandémie Covid-19 et de la levée des mesures barrières, la crise en Ukraine vient enfoncer l’économie mondiale dans une crise sans précédent caractérisée par des hausses historiques et généralisées des prix obligeant les banques centrales à abandonner les politiques de soutien à la croissance sur fond des risques de stagflation.
Au niveau national, l’année 2023 connaîtrait une croissance de l’économie de 4,7% contre 5,9% en 2022. Ce ralentissement est, pour l’essentiel, dû aux effets récessifs des différents facteurs qui assombrissent les perspectives de croissance mondiale. Par ailleurs, le pouvoir d’achat est érodé par la hausse des prix qui freine la demande intérieure, malgré une croissance du produit intérieur brut en valeur de 7% en 2023 contre 4,5% en 2022.
Situation économique nationale récente
La résilience de l’économie mauritanienne reposera essentiellement sur la forte augmentation de la production des industries extractives, en particulier la production de l’or de Tasiast prévue à 525 mille onces contre 170 mille onces en 2021, et sur la dynamique du secteur primaire notamment l’agriculture et l’élevage. Les activités agricoles et de l’élevage devraient connaître une croissance soutenue, compte tenu du niveau de la pluviométrie enregistrée et des mesures prises par le Gouvernement, dont notamment la disponibilisation des intrants pour la campagne hivernale et des aliments de bétails
Le PIB du secteur primaire devrait enregistrer une croissance de 6,3% en 2023 pour s’établir à 87 216 millions ouguiya MRU, tiré essentiellement par l’agriculture qui devrait enregistrer un taux de croissance réel de 9,3%. Le PIB du secteur secondaire afficherait une croissance de 7,3% pour se situer à 116 918 millions ouguiya MRU, tiré particulièrement par les industries extractives qui connaitraient un taux de croissance réel de 9,4%. Pour ce qui est particulièrement du secteur tertiaire, le PIB atteindrait 164 834 millions MRU, soit une croissance de 2,8%, porté par le secteur des transports et les autres services avec une croissance réelle de 7% et 5,5% respectivement.
L’année 2021 a été marquée par une conjoncture économique internationale caractérisée par la flambée des prix internationaux des produits de base, notamment le fer, les produits alimentaires et le pétrole. Dans ce contexte, la balance commerciale s’est détériorée en raison principalement de la forte accélération du rythme d’augmentation des importations par rapport à celui des exportations. Ainsi, le déficit courant s’est creusé pour s’établir à 8,1% du PIB contre 6,9% en 2020. Il va se creuser davantage en 2022 pour se situer à 16,5% du PIB avant de s’améliorer en 2023 pour atteindre 9,5% du PIB.
L’encours de la dette publique s’est accru en valeur nominale passant de 3614 Millions USD en 2018 à 4 496.5 millions USD au 31/12/2021. Le taux d’endettement public (encours de la dette rapporté au PIB) est de 47,0% au 31 décembre 2021.
Mise en œuvre et perspectives de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée
Depuis l’année 2016, l’action publique de développement en Mauritanie est encadrée par la Stratégie de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP). Couvrant la période 2016-2030, ce cadre de référence de la planification du développement économique, social et environnemental du pays intègre l’Agenda 2030 et ses Objectifs du Développement Durable (ODD).
Au niveau historique, sur les trente dernières années, la Mauritanie a enregistré un taux de croissance annuel moyen (TCAM) autour de 5%.
L’analyse de la répartition du PIB montre que l’essentiel de la valeur ajoutée créée a été réalisé par le secteur tertiaire. Au niveau du secteur primaire, celui-ci est dominé par l’élevage alors que le secteur secondaire par les industries extractives. Par ailleurs, plus du tiers de la valeur ajoutée créée par le secteur tertiaire (hors administration et taxes) est réalisé par les activités commerciales.
Pour ce qui est du commerce extérieur, la balance commerciale mauritanienne est historiquement déficitaire avant de renouer avec un excédent commercial en 2020. Dans ce cadre, les exportations mauritaniennes sont concentrées autour des matières premières en particulier les minerais de fer (un tiers des exportations en 2020), l’or (un quart des exportations en 2020) et dans une moindre mesure les autres minerais et produits de la mer.
Après un plan quinquennal qui a couvert la période 2016-2020, un second Plan d’action a été élaboré pour la période 2021-2025. Il est attendu, selon les ambitions initiales pour le second quinquennat de cette stratégie, que l’économie soit plus diversifiée et plus compétitive, avec un taux de croissance significatif capable d’absorber les déficits sociaux et d’inscrire la Mauritanie dans une trajectoire de développement durable.
Finances Publiques
L’exécution du budget de l’État, au titre de l’exercice budgétaire de 2021, a été marquée par un excédent budgétaire de 13,72 Milliards MRU, alors que les prévisions de la LFR 2021 tablaient sur un déficit budgétaire de 10 Milliards MRU. Cela s’explique, d’une part, par 20 l’exécution relativement faible de certaines dépenses notamment celles des comptes spéciaux du trésor, mais également par la hausse imprévue de certaines ressources. En effet, les recettes ont enregistré une augmentation de (15%) en se situant à 80,8 Milliards MRU, ce qui représente une amélioration de 23% (15,10 Milliards MRU) par rapport à 2020. Quant aux dépenses, elles ont été exécutées à hauteur de 84%, soit une progression effective de 20% (10,96 Milliards MRU) par rapport à l’exercice 2020.
Par rapport à l’exercice budgétaire de 2020, les dépenses de l’État ont affiché une nette amélioration de 20%, soit un montant de 11,16 Milliards MRU, reflétant la politique budgétaire qui vise à soutenir la reprise de l’activité économique et à atténuer les effets de la crise sur les populations les plus vulnérables.
Perspectives économiques et financières 2023
Dans le cadre de la mise en œuvre du volet programmation pluriannuelle de la Loi Organique relative aux Lois de Finances, un document de programmation budgétaire à moyen terme (DPBMT) pour la période 2023- 2025 a été élaboré. Ce document, qui comporte un Cadre budgétaire à moyen terme (CBMT) et un Cadre de dépenses à moyen terme global (CDMT) vise, à renforcer le lien entre les lois de finances et les politiques publiques, et à fixer les bases du dialogue de programmation à moyen terme, qui permettrait aux départements ministériels de mieux cerner les différentes contraintes budgétaires, et parvenir in fine à une meilleure crédibilité et fiabilité budgétaire.
Conformément aux orientations de la politique fiscale du Document de programmation budgétaire à moyen terme (DPBMT), l’optimisation de la mobilisation des recettes fiscales se fera à travers : – Le renforcement de la politique fiscale intérieure : élargissement de l’assiette fiscale et amélioration du recouvrement des impôts et taxes ; – La maximisation de l’impact de la réforme de la fiscalité directe des bénéfices introduite depuis 2021 ; – La simplification des opérations et procédures fiscales ; – La lutte contre la fraude fiscale.
En outre, le projet de budget 2023 s’inscrit dans le cadre de la poursuite de la mise en œuvre des engagements pris par le Gouvernement. A cet égard, les principales orientations retenues sont axées sur les directives suivantes :
- Soutenir la poursuite de la reprise de l’activité économique à travers les investissements dans les infrastructures de soutien à la croissance et les secteurs à fort potentiel en matière de valeur ajoutée et de création d’emplois ;
- Préserver les équilibres macro-économiques ;
- Renforcer la mobilisation des ressources pour financer les politiques publiques engagées ;
- Élaborer les propositions budgétaires selon les priorités fixées et la rationalisation des dépenses de fonctionnement (baisse de leur poids dans les dépenses totales) ;
- Accorder la priorité au développement du capital humain et des services de base, conformément au Programme présidentiel et à la SCAPP ;
- Poursuivre la mise en œuvre des programmes sociaux et de promotion de l’emploi ;
- Maîtriser la situation de l’endettement public ;
- Créer un espace budgétaire et l’orienter vers les secteurs et les domaines à fort impact social et économique.