Organisations affiliées : CEDAO, PNUD
Type de publication : Note de synthèse
Date de publication : Octobre 2022
Les impacts économiques et sociaux du COVID-19
Résumé des principaux résultats
– Impacts et réponses macroéconomiques
Contraction du PIB de 2,6 % en moyenne pour les sept pays étudiés en 2020 en raison d’une baisse du commerce extérieur, d’une contraction des investissements directs étrangers (IDE) et des envois de fonds, et d’un ralentissement du secteur des services. Les secteurs qui ont le mieux résisté sont ceux de la sécurité alimentaire, de l’agriculture, des télécommunications et de l’électricité. Le secteur de l’électricité a bénéficié de nouvelles subventions qui ont permis de résister au choc négatif.
Effets différentiels des changements des termes de l’échange sur les comptes courants en 2020. En raison de la chute des prix du pétrole, le Tchad et le Nigéria ont subi une baisse des revenus d’exportation alors qu’elle s’est avérée bénéfique pour des pays comme le Burkina Faso, le Mali et le Sénégal, qui ont vu leurs factures énergétiques diminuer.
Des déficits budgétaires plus importants dans tous les pays reflètent les efforts anticycliques des autorités étatiques visant à atténuer les retombées de la pandémie et de la crise sécuritaire. Les recettes fiscales – qui étaient déjà à de faibles niveaux –ont diminué en raison de la réduction des assiettes fiscales en 2020 ; de manière fréquente, les dépenses ont augmenté dans les secteurs de la santé et de la sécurité alors qu’elles ont diminué dans le secteur de l’éducation. Les déficits de tous les pays étudiés, à l’exception du Tchad et de la Mauritanie, ont augmenté.
Les pays aux revenus d’exportation moins diversifiés (avec une concentration plutôt qu’une complémentarité de leurs produits d’exportation), comme le Burkina Faso, le Mali, le Tchad et le Nigéria, ont davantage souffert car le choc n’a pas pu être dilué par des secteurs productifs alternatifs.
– Impacts sur le développement humain
La pauvreté est susceptible d’avoir augmenté dans la plupart des pays étudiés en raison des effets de la pandémie sur l’activité économique et les moyens de subsistance des ménages, à la fois par la perte d’emploi et la baisse des revenus.
Les pertes d’emplois ont été particulièrement sévères au cours des premiers mois de la pandémie en raison des confinements et des mesures d’accompagnement qui ont affecté négativement une grande partie des emplois du secteur informel, accentuant les inégalités et la pauvreté.
De manière globale, ce sont les effets indirects du COVID-19, notamment la perte de revenus, qui semblent exacerber les difficultés et les inégalités préexistantes en matière de santé. Le manque de ressources financières a été cité comme la principale raison du non-accès aux soins médicaux (84,8 % des ménages au Tchad, 67 % au Sénégal, 56,2 % au Burkina Faso, 55,4 % au Nigéria et 47,9 % au Mali).
Les résultats scolaires des enfants ont également été affectés par la pandémie dans les sept pays. La plupart d’entre eux ont imposé la fermeture d’écoles entre mars et juin 2020 et certaines écoles ont retardé la réouverture en septembre 2020, laissant des millions d’élèves non scolarisés. Le pourcentage de ménages déclarant que leurs enfants n’avaient participé à aucune activité éducative pendant les fermetures variait entre 85 % au Tchad et 28 % au Burkina Faso (64 % au Mali, 45 % au Niger). Malgré les efforts déployés pour maintenir les activités d’apprentissage à domicile, l’adoption des technologies d’apprentissage à distance a été faible, la télévision et la radio étant les moyens les plus répandus pour les activités d’apprentissage. L’apprentissage en ligne n’était pas une solution réalisable car l’électrification et l’accès à internet restent très faibles dans toute la région. Par exemple, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), le Sénégal dispose de la proportion la plus élevée de population utilisant internet, à environ 40%, tandis que le Tchad et le Niger disposent de la proportion la plus faible, à seulement 10%.
Sur la base de l’Indice de la faim dans le monde 2020 (IFM) qui a classé 107 pays en fonction de leurs niveaux de sous-alimentation, d’émaciation, de retard de croissance et de mortalité infantile des enfants de moins de cinq ans, le Tchad s’est classé au dernier rang (107e), avec un niveau de faim alarmant.
– Gouvernance politique, paix et sécurité
Dans l’ensemble, les mesures de riposte au COVID-19 (fermeture des frontières terrestres et maritimes, couvre-feux et mesures de quarantaine dans les villes clés) ont eu des impacts directs sur les moyens de subsistance et alimenté les griefs. Compte tenu de la prédominance d’une économie informelle et de l’importance de la mobilité transfrontalière en tant que caractéristique de la capacité de la région à s’adapter à l’impact des conflits et du changement climatique, les secteurs agro pastoral et informel et les communautés frontalières ont été particulièrement touchés, ce qui a entraîné une augmentation des tensions entre les groupes.
Implications politiques et recommandations
- Renouvellement des efforts et engagements pour soutenir et renforcer les plans de développement nationaux, les initiatives et les mécanismes régionaux
Qui : Partenaires internationaux, banques de développement multilatéral, organismes régionaux.
Soutenir les plans de développement stratégiques, économiques et sociaux des pays.
Renforcer leurs priorités en lien avec les sources de fragilité macro- économique mises en exergue par la crise du COVID-19 : renforcer leur gestion des financements publics pour mobiliser davantage les revenus et améliorer la qualité des dépenses publiques (et ainsi améliorer la marge de manœuvre de la réponse publique interne). Mobiliser des efforts supplémentaires pour diversifier les économies (et ainsi améliorer leur résilience aux chocs).
- Renforcement et développement d’une protection sociale robuste et de mécanismes d’assurance face au risque
Qui : Gouvernements nationaux, partenaires internationaux, organismes régionaux
Soutenir la mise à disposition d’instruments de ciblage multidimensionnel des foyers et entreprises les plus vulnérables face à une crise, et d’instruments permettant d’améliorer la réaffectation du budget. Créer une cartographie des groupes les plus vulnérables et développer des systèmes de suivi robustes menant à une meilleure évaluation des besoins en termes de précision et de couverture. Cela permettrait de mettre en place des mesures de soutien plus ciblées et, associées aux mécanismes budgétaires, de verser rapidement des aides aux personnes les plus dans le besoin et affectées par la crise.
- Investissement dans l’amélioration de la production agricole locale, les liens commerciaux locaux et régionaux forts, et le commerce
Qui : Gouvernements nationaux, partenaires internationaux, société civile
Investir dans l’amélioration de la production agricole locale comme moteur de création d’emploi, de croissance verte et de diversification économique, et renforcer la résilience aux chocs liés à la sécurité alimentaire. Les petits agriculteurs forment le tissu des économies du Sahel Occidental, et l’agriculture et l’élevage sont une source de revenus pour la majorité de la population. Il est devenu évident pendant la crise que les régions très rurales et la production locale de nourriture sont essentielles pour la sécurité alimentaire et la résilience. En même temps, les petits agriculteurs des sept pays sont souvent les populations les plus pauvres exposées à divers problèmes et risques. Par conséquent, il est essentiel d’investir dans des systèmes capables de réduire ces risques et difficultés (variabilité climatique, fluctuations des prix du marché, accès restreint aux marchés et à la finance, etc.).
- Intégration des considérations de paix et de sécurité dans la réponse au COVID-19 et le suivi
Qui : Gouvernements nationaux, partenaires internationaux, organismes régionaux et organismes de la société civile
Les chocs tels que la pandémie tendent à amplifier les formes préexistantes de pauvreté, de conflit et d’exclusion, il est donc essentiel de surveiller les effets directs et indirects au fil du temps.