Organisations affiliées : Banque africaine de développement
Type de publication : Rapport d’analyse thématique pays
Date de publication : 2023
Développements économiques récents et perspectives
C’ est avec un taux de croissance moyen du PIB réel de 0,3% contre 7,3% sur 2010- 2014. L’activité économique a fortement été affectée par une politique d’endettement imprudente associée à la baisse des cours du pétrole entre 2014 et 2016 (dette Glencore), à l’origine de la récession en 2016 (5,6%) et 2017 (2,4%) ; la pandémie de la COVID-19 également, qui a entraîné une contraction du PIB, de 2,2% en 2020 et 1,1% en 2021.
Les perspectives économiques s’annoncent bonnes avec des taux de croissance attendus de 3,6% en 2023 et de 3,7% en 2024, toujours nourris par la bonne dynamique des cours et la production du pétrole.
Toutefois, ces bonnes perspectives restent fragiles en raison de la dégradation des conditions de vie des ménages pauvres affectés par l’inflation mondiale et une forte exposition du pays aux effets des changements climatiques, notamment à de fortes inondations (comme celles de 2022), à la volatilité des cours du pétrole et aux chocs politiques et sécuritaires à l’origine d’importants mouvements de réfugiés (crise au Soudan, avec plus de 120 000 personnes ayant regagné le territoire tchadien).
L’économie tchadienne a enregistré une faible croissance durant la période 2015- 2022
Financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte au Tchad
La croissance verte et l’action pour le climat sont importantes pour permettre au Tchad de réaliser sa Vision 2030, en matière de développement économique et social. Cette vision a pour objectif d’accélérer la transformation structurelle dans les domaines du social, de la gouvernance et de l’État de droit, de l’économie et de l’environnement, à l’horizon 2030.
Aujourd’hui, l’Afrique a la possibilité de réaliser une croissance verte tout en progressant dans la lutte contre les changements climatiques. Par exemple, le Tchad est un pays qui produit de faibles quantités d’émissions de gaz à effet de serre avec un faible volume d’actifs dans des infrastructures fortement émettrices, ce qui signifie que sa transition vers de faibles émissions peut être rapide et moins coûteuse.
Le pays est également doté d’un capital naturel important pour la production d’énergie renouvelable de sources solaire et éolienne, et de la biomasse. Du nord au sud du Tchad, le soleil brille de 2 750 à 3 250 heures par an ; ce qui donne en moyenne 4 à 6 kilowatts/heure par mètre carré et par jour. Par ailleurs, le pays dispose de terres agricoles pouvant soutenir la transition vers la croissance verte.
Le Tchad a fait preuve d’un engagement politique fort en matière de changement climatique et de croissance verte et a accompagné la dynamique mondiale en matière de croissance verte et d’action pour le climat.
Volatilité des cours du pétrole et aux chocs politiques et sécuritaires à l’origine d’importants mouvements de réfugiés
Pour que le Tchad réalise ses ambitions en matière de croissance verte et d’action pour le climat, il devra mobiliser le secteur privé à grande échelle.
De nombreux obstacles intrinsèques constituent de véritables obstacles au développement du secteur privé au Tchad, auxquels se greffe un profil « risque-pays du Tchad » défavorable.
Le capital naturel au service du financement de l’action pour le climat et la croissance verte
Le capital naturel est réparti en trois groupes. Le premier regroupe (a) le capital renouvelable, qui comprend le bois forestier, le bois non ligneux forestier, les mangroves, les pêcheries, les zones protégées, les terres cultivées et les pâturages. Le second comprend (b) les actifs non renouvelables, séparés en pétrole, gaz naturel, charbon et minéraux. Le troisième inclut (c) les formes non mesurées de richesses naturelles, telles que le potentiel d’énergie renouvelable provenant des ressources solaires, éoliennes et hydroélectriques, des paysages et des actifs marins.
Sur la période 1995-2018, le capital renouvelable du Tchad a augmenté de 58,4% tandis que le reste de l’Afrique subsaharienne enregistrait de 5,8%. La tendance au Tchad a été boostée par une hausse des actifs en aires protégées (219%) et des pâturages (83,1%) et des terres cultivées (75%).
Une composante importante du capital naturel du Tchad est constituée par les richesses du bassin du lac Tchad, un bien commun régional inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Quelque 49 millions de personnes pourraient en effet bénéficier d’une gestion durable des ressources naturelles et des moyens de subsistance qu’offre le bassin : pêche, élevage, agriculture de décrue, chasse et cueillette. Ce potentiel économique ne pourra toutefois se réaliser que si tous les pays de la région unissent leurs forces pour s’attaquer aux causes profondes de la fragilité.
Le Tchad disposerait d’immenses ressources minières, notamment aurifères à l’origine de conflits armés dans la région du Tibesti. Une politique minière qui garantirait l’intérêt des communautés locales permettra de donner un nouvel élan à ce secteur dominé par l’orpaillage.
Par exemple, le Tchad est un pays qui produit de faibles quantités d’émissions de gaz à effet de serre avec un faible volume d’actifs dans des infrastructures fortement émettrices, ce qui signifie que sa transition vers de faibles émissions peut être rapide et moins coûteuse
Outre l’amélioration de la transparence et de la redevabilité en ce qui concerne les rentes tirées des ressources et des critères techniques et financiers utilisés pour octroyer ou transférer des licences, le Tchad devrait aligner ses politiques énergétiques sur les tendances et les opportunités actuelles en matière de transition énergétique. En effet, le pays dispose d’un potentiel énorme d’énergies solaires et éoliens nécessaires à la transition énergétique.
Conclusion et recommandations stratégiques
La mobilisation de financements pour la croissance verte et l’action en faveur du climat au Tchad en vue de répondre aux besoins estimés nécessitera une contribution majeure du secteur privé. Des mesures doivent être prises pour exploiter les possibilités d’investissement de ce secteur dans l’adaptation et l’atténuation des changements climatiques, mais également pour réduire les facteurs qui y font obstacle.
Le capital naturel renouvelable joue également un rôle majeur dans le financement de l’action pour le climat et globalement dans l’économie tchadienne.
Le rôle des ressources non renouvelables est important pour le Tchad, pays enclavé et très vaste.
Pour les terres cultivées et les pâturages, il est possible de générer davantage de biens et de services en termes de valeur en investissant dans de nouvelles technologies et en développant les chaînes de valeur. Dans certains cas, il peut s’avérer nécessaire de faire appel à des partenariats étrangers. En ce qui concerne les forêts, plusieurs mesures incitatives peuvent être mises en place pour réduire les pertes ou dommages causés aux forêts et pour accroître l’efficacité avec laquelle le carbone peut être capturé.
- Assurer une gestion transparente et efficace des ressources non renouvelables provenant des hydrocarbures et du secteur minier ;
- Intensifier les efforts pour inverser la tendance baissière de la superficie des forêts et du bassin du Lac Tchad ; exploiter plus efficacement les nombreux parcs et réserves en développant davantage l’écotourisme ;
- Dans le domaine des énergies renouvelables, le gouvernement tchadien, en collaboration avec les partenaires au développement et les marchés de capitaux, pourrait encourager d’exploiter le potentiel d’énergie solaire à un rythme plus accéléré ;
Exploiter les accords internationaux avec l’appui des partenaires au développement et des autres pays de la CEMAC dans un certain nombre de domaines tels que la création d’un marché unique pour l’échange de crédits d’émission et participer activement à la croissance de la séquestration du carbone.