Organisation affiliée : Programme Alimentaire Mondial Tchad
Type de publication : Rapport trimestriel
Date de publication : Juillet 2021
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À l’instar d’autres pays du Sahel, le Tchad est confronté à diverses crises tant conjoncturelles que structurelles dont les crises du Bassin du Lac Tchad, les périodes de soudure difficiles, les sécheresses, les inondations, la COVID 19, etc. Ces difficultés rendent un nombre important de la population vulnérable et constituent de sérieux revers pour les gains de développement. Selon l’Institut National de la Statistique, des Études Économiques et Démographiques (INSEED), la proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté est de 47% en 2016.
Contexte macroéconomique
- Taux de croissance
Le Tchad regorge d’énormes potentialités et de réelles opportunités économiques, notamment en ce qui concerne les possibilités agro-sylvo-pastorales et de productions agro-pastorales non encore exploitées, celles relatives au développement de l’agro-industrie, des industries des mines, des services et du pétrole.
Néanmoins, l’économie tchadienne demeure très vulnérable aux chocs macroéconomiques depuis l’indépendance en raison de la dépendance de l’économie nationale à des matières premières et des conflits armés.
L’économie a connu une croissance inférieure à 5% pendant la majeure partie de la période 2004-2021 avec une décroissance successive en 2016 et 2017 à la suite de la chute du cours du pétrole sur le marché international en 2014-2015.
La croissance économique du Tchad est portée par le secteur primaire (agriculture, élevage et pêche) à hauteur de 48% tandis que les secteurs secondaires et tertiaires contribuent respectivement à 14% et 38%.
- Taux de chômage
Environ 51% des 15,8 millions d’habitants du Tchad sont en âge de travailler (15-64) tandis que 47% ont moins de 15 ans. Plus de 90% de la main-d’œuvre active est employée dans le secteur informel, principalement 72% dans le secteur agricole. Il n’y a pas de statistiques officielles du chômage dans le secteur informel.
Dans le secteur formel, les statistiques officielles montrent que le taux de chômage a régulièrement augmenté depuis 2004. Chez les jeunes de 15 ans, il est de 18,5% de la population active, celui des jeunes diplômés étant très élevé passant de 42% en 2015 à 60% en 2017 par suite de la récession économique.
- Taux de change
Le taux de change USD/XAF est resté généralement élevé depuis le choc pétrolier de 2014 avec une implication directe sur le prix des produits alimentaires et non alimentaires importés.
Il faut noter que la production tchadienne est insuffisante pour couvrir les besoins de consommation de la population. En dépit de ce déficit, deux pôles extérieurs influencent les flux agricoles au Tchad. A l’Ouest, le Nigéria et le Cameroun sont demandeurs d’oléagineux et de bétail, et pourvoyeurs de sucre et de céréales. A l’Est, le Soudan est fournisseur en sucre, en huile et en pâtes alimentaires, et receveur de céréales sèches.
- Taux d’inflation
Au cours des 10 dernières années, l’économie a été caractérisée par une alternance de périodes8 de pressions inflationnistes et déflationnistes en raison de changements dans l’environnement macroéconomique tels que : la chute du cours du pétrole, les changements climatiques ayant des effets sur la production mondiale, l’instabilité au niveau des frontières, etc.
L’analyse montre une instabilité continue des prix avec des effets négatifs à la fois sur les consommateurs et les producteurs.
Indices des prix des produits alimentaires au Tchad
Les marchés du Tchad sont pour la plupart bien approvisionnés en produits agricoles (céréales, tubercules, légumineuses, etc.).
Les prix des denrées alimentaires au Tchad sont influencés, entre autres, par les flux d’import-export, les effets saisonniers et la production totale, et les coûts de transaction notamment en relation avec le transport.
- Le Sorgho
Localement produit, le sorgho se commercialise notamment dans les principaux marchés urbains tels que Moundou, Abéché, Ndjamena, et Mongo. La moyenne des cinq dernières années nous montre que le prix du sorgho est resté stable dans les deux zones (sahélienne, soudanienne) au début de chaque année. Pendant la période de soudure, il y a généralement une hausse des prix due à la rupture des stocks et la préparation de la terre et aux semis.
- Le Mil
Les prix du mil suivent une tendance similaire à celle du sorgho avec une augmentation générale des prix pendant la période de soudure.
- Niébé/haricot
Le niébé, culture vivrière traditionnelle et familiale, est devenu une culture de rente au Tchad. L’approvisionnement du marché en niébé provient de la production domestique. Le niébé se commercialise sur les principaux marchés des grands centres urbains.
Les vendeurs/commerçants interrogés sur le mode d’approvisionnement ont affirmé qu’à cause de la fermeture des frontières liée à la crise de COVID 19, le produit n’est pas exporté au Nigéria et au Cameroun comme par le passé. Nonobstant la faible exportation, il a été signalé une faible disponibilité ou pénurie sur les marchés locaux, laquelle pénurie est causée par la baisse de productivité due aux inondations.
Il ressort de cette analyse que les prix des principaux produits alimentaires dans la zone sahélienne sont très élevés dans les villes comme Ndjamena, Moussoro et Mao. Comparée à la zone sahélienne, la zone soudanienne est caractérisée par des prix des denrées abordables. Cela peut s’expliquer par le climat favorable dans cette zone.
D’une manière générale, cette analyse nous révèle que les prix des produits alimentaires de première nécessité sont plus élevés dans la zone sahélienne que dans la zone soudanienne. Cela s’explique, en partie, par les conditions climatiques qui sont plus ou moins défavorables à cause de la faible pluviométrie et des sols qui sont moins productifs que dans le sud du pays. Ceci fait donc que la majorité des biens dans cette zone sont importés entrainant ainsi des coûts de transports qui rendent les prix des biens élevés.