Auteur : Ministère de l’Éducation Nationale et de la Réforme du système Éducatif – République Islamique de Mauritanie
Site de publication : education.gov.
Type de publication : Rapport de synthèse générale
Date de publication : Novembre 2021
Introduction
L’éducation est un droit humain et un catalyseur du développement. Elle est corrélée positivement avec la croissance économique et la productivité et joue un rôle crucial dans la réduction de la pauvreté et des inégalités de tous genres.
En Mauritanie, et par rapport à cet enjeu, une unanimité s’est dégagée au cours des dernières années autour de la dégradation préoccupante de la qualité du système éducatif national et son incapacité à faire face aux défis majeurs qui ne cessent d’interpeller la Nation.
La réforme de 1979 avait pour objectif de systématiser l’enseignement en langues nationales (l’arabe, le poular, le soniké et le wolof) tout au long du système éducatif. La mesure fut appliquée immédiatement pour les arabophones, tandis que pour les trois autres communautés linguistiques, il a été institué un régime transitoire au cours duquel les enfants suivront un enseignement dans une filière dite « bilingue » mais essentiellement « francisante », en attendant l’expérimentation des langues nationales par l’institut des langues créé à cet effet.
L’École mauritanienne d’aujourd’hui
L’éducation en Mauritanie a connu, ces dernières décennies, des progrès importants en termes d’accès à tous les niveaux du système éducatif.
Ainsi, au fondamental, le Taux Brut de Scolarisation est autour de 100% depuis 2010 ; ce qui indique que le système dispose théoriquement de la capacité d’accueil permettant la scolarisation de tous les enfants en âge de l’être. Les filles sont plus souvent scolarisées que les garçons, avec en 2019 des Taux Nets de Scolarisation respectivement de 79% et 75%.
L’objectif d’universaliser l’enseignement fondamental n’est pas encore atteint et les TBS au secondaire restent faibles. En 2019, seulement 77% des enfants en âge légal d’être scolarisés sont inscrits à l’école primaire. La fréquentation de ce niveau d’enseignement souffre de la persistance de disparités entre wilayas, entre milieu urbain et rural et selon les conditions socio-économiques (riches et pauvres).
Au plan qualitatif, les résultats des apprentissages sont médiocres selon toutes les évaluations réalisées conséquemment à des conditions d’enseignements marquées notamment, par : (i) un déficit chronique en salle de classes et en personnels enseignants, (ii) une faible disponibilité des intrants pédagogiques et didactiques, (iii) une faible performance des enseignants du fait de conditions morales et matérielles peu motivantes, d’une formation initiale peu professionnalisante et d’une formation continue insuffisante et peu pertinente.
Le système éducatif national est confronté à quatre principaux défis :
- Le premier défi concerne la nécessité de rendre effectif dans les meilleurs délais et conditions d’efficacité optimale l’enseignement de nos langues nationales à tous les niveaux du système éducatif dans une optique d’éducation pour tous, de qualité, équitable et inclusive ;
- Le deuxième défi est relatif à la nécessité de concilier, au niveau de l’éducation de base, deux impératifs répondant à deux logiques différentes, celui d’élargir l’accès dans la perspective d’une éducation de base pour tous englobant le premier cycle secondaire et celui d’améliorer le succès par une meilleure qualité de l’enseignement/apprentissage ;
- Le troisième défi a trait à la nécessité d’adapter l’enseignement post éducation de base à une double exigence : d’une part répondre à une demande sociale légitime de poursuite des études le plus loin possible, et d’autre part satisfaire une demande économique en main d’œuvre qualifiée constituée en grande partie d’emplois de niveau intermédiaire, particulièrement dans le secteur informel.
- Le quatrième défi est lié à l’importance des ressources à mobiliser et à la nécessité de les transformer en résultats tangibles chez les apprenants.
Quelle école devons-nous à nos futures générations ?
La vision d’avenir, intitulée « l’École que nous voulons pour nos futures générations », est fondée sur les valeurs de l’Islam sunnite et tolérant, de la cohésion et de la paix sociales, de l’équité et de la solidarité, de l’unité nationale, de la justice et de la démocratie, de la transparence et des droits de l’Homme dans un cadre de bonne gouvernance. Elle vise à assurer à chaque enfant mauritanien une éducation multilingue renforçant l’enracinement culturel, l’unité nationale, la cohésion sociale et l’ouverture sur les autres cultures et civilisations universelles.
Elle se doit d’être de plus en plus unifiée pour être le reflet de l’unicité de la nation et de notre pluralité culturelle enrichissante. Une École unificatrice, équitable, inclusive dispensant une éducation pour tous de qualité sur un pied d’égalité, qui tient compte des spécificités et des besoins individuels. Une école au service du développement durable. Une école assumant une triple mission d’instruction, de socialisation et de qualification.
Comment asseoir l’école que nous devons à nos futures générations ?
Ainsi, l’École réunifiée se doit d’être équitable, inclusive et offrir à chaque enfant mauritanien une éducation multilingue renforçant l’enracinement culturel, l’unité nationale, la cohésion sociale et l’ouverture sur les autres cultures et civilisations universelles.
Pour que la nouvelle École réunifiée soit équitable et inclusive, les mesures à prendre concernent notamment :
- La restructuration et l’élargissement de l’enseignement préscolaire dans la perspective de la généralisation de la dernière année de ce cycle et son intégration comme partie préparatoire de l’éducation de base obligatoire ;
- La mise en place d’une offre d’éducation non formelle pour accueillir les enfants ayant quittés prématurément l’école et ceux n’ayant pas été scolarisés à temps pour leur donner une seconde chance d’acquérir une éducation de base leur permettant soit de poursuivre leurs études scolaires dans le système formel ou intégrer la FTP ou s’insérer dans la vie socioprofessionnelle. Cette offre pourrait cibler également les délinquants juvéniles, les orphelins ;
- La création d’un environnement éducatif inclusif pour les enfants à besoins spécifiques : enfants handicapés (sourds, muets, aveugles, autistes, déficients mentaux…), enfants ayant des difficultés d’apprentissage, enfants subissant des perturbations dans leurs apprentissages, enfants doués, etc. ;
- L’appui à la discrimination positive et le développement de ses mécanismes pour réduire les disparités de genre, de milieux, entre établissements…, en accordant la priorité aux zones rurales et aux couches les plus défavorisées ;
- La révision du statut et du rôle de l’enseignement privé dans une optique de respect à la fois des droits de l’enfant et des familles, des objectifs éducatifs, de façon à ne pas remettre en cause le principe de gratuité de l’éducation de base ;
- La révision du statut des écoles d’excellence pour en faire un modèle à généraliser à tous le système dans une optique d’amélioration de sa qualité et de ses performances de façon équitable et inclusive ;
- L’instauration de modèles de tenue scolaire uniforme pour tous les enfants mauritaniens du préscolaire et de l’éducation de base ;
- L’amélioration des conditions de sécurité dans les écoles pour qu’elles soient un espace de paix et de quiétude bannissant toute forme de violence, notamment à l’égard des filles ;
- La création au sein des établissements de conseillers psycho pédagogiques ayant pour mission de veiller à la bonne harmonie de l’atmosphère scolaire et d’assister les élèves ayant des difficultés d’intégration ou menacés de déscolarisation ;
- La stimulation de la demande et l’amélioration de l’efficacité de l’offre par l’implantation des cantines scolaires et l’amélioration de la qualité de leurs services, et par une meilleure prise en compte des conditions socioéconomiques des populations en assurant un accès gratuit des groupes vulnérables aux fournitures scolaires, au transport et autres moyens indispensables dans la scolarité des enfants.
La nouvelle réforme du système éducatif national doit se fixer comme objectif premier de rendre effectif l’enseignement de toutes les langues nationales. C’est un objectif, certes ambitieux, mais tout à fait légitime et réalisable.
Il est grand temps que notre système éducatif sorte de la bipolarité néfaste, inadmissible entre le français et l’arabe dans un contexte de relégation au second plan de nos autres langues nationales que sont le Poular, le Soninké et le Wolof.
Impératifs de réussite
- S’inscrire dans la durée
- Une transition rassurante, bien encadrée et limitée dans le temps