Auteur : UNHCR
Site de publication : Nations Unies Mauritanie
Type de publication : Rapport
Date de publication : Juin 2021
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Contexte
Depuis plusieurs années, la Mauritanie a fait de la gestion de l’environnement une cause nationale, le pays étant sujet aux effets de la sécheresse, de la désertification, aux déboisements, aux feux de brousse et à la dégradation des écosystèmes, ainsi qu’aux pollutions multiformes dans les centres urbains. La pression sur les terres et les ressources naturelles apparaît de plus en plus forte, que ce soit pour les besoins de subsistance, de bois de chauffe, de pâturage ou pour l’exploitation forestière. De manière générale, la lutte contre la dégradation et l’exploitation irrationnelle des ressources, contre la pollution de l’air, de l’eau et du sol, et contre la désertification reste un défi que le pays devra relever pour maintenir l’équilibre des écosystèmes et garantir le sort des générations futures.
A cela s’ajoute la spécificité de la présence d’un camp de réfugiés qui engendre des impacts environnementaux importants sur le territoire d’accueil, notamment lorsque l’installation des déplacés se prolonge dans le temps.
En ce sens, à l’échelle locale dans le Hodh Chargui, les acteurs humanitaires tentent notamment de réduire la pression exercée sur les différentes ressources, et notamment la ressource en bois.
Répondre à la pression sur les ressources et favoriser la régénération : le reboisement
Les activités de reboisement de la zone ont bénéficié d’une attention particulière de la part de l’UNHCR qui a financé, de 2016 à nos jours à travers son partenaire SOS Désert, la plantation de plus de 53 851 plants à l’intérieur et à l’extérieur du camp dont 21.692 (soit 40,3%) ont survécu de 2016 à 2020. Par ailleurs, avec l’appui de son partenaire RET-Germany en 2020, la plantation de 8000 plants supplémentaires dans les 4 communes de la Moughataa de Bassikounou (Bassikounou, Megve, Dhar, Fassala) a été réalisée à travers la mise en place de 10 petites et moyennes entreprises vertes et leur suivi se poursuit jusqu’à nos jours.
Enfin, les comités villageois sur la cogestion et sur la gestion et prévention des conflits de la moughataa ont également été formés sur les questions de protection de l’environnement, cette problématique étant l’un des points d’achoppement entre les communautés.
Valorisation des déchets et protection de l’environnement
Dans une logique circulaire, une stratégie de valorisation des boues de vidange des latrines a été développée par le HCR et son partenaire ACF-Espagne depuis 2019 par l’approche « 1 latrine vidangée = 1 trou = 1 arbre » a permis de donner l’opportunité aux réfugiés de contribuer à la restauration de l’environnement de leur milieu d’accueil.
Plus de 2000 arbres d’espèces locales ont été plantés sur 6 hectares et le site de plantation a également servi pour des activités de maraîchage par les groupements de femmes. Ceci a contribué au renforcement de leurs moyens d’existence et à leur autonomisation.
L’utilisation de la main d’œuvre locale réfugiée et de la population locale dans la construction des ouvrages d’assainissement a favorisé un partage d’expérience et la formation d’une main d’œuvre capable de répondre aux besoins. La valorisation de la boue de vidange des latrines pour le reboisement offre une opportunité aux réfugiés de contribuer à la restauration de leur environnement d’accueil. Le HCR et ses partenaires mènent actuellement une réflexion sur la gestion des déchets solides qui devra aboutir à une stratégie de gestion écologique des déchets. Cette stratégie permettra de limiter les nuisances des déchets sur l’environnement. Les initiatives personnelles de gestion de déchets par les réfugiés et la population hôte seront encouragées.
Préservation des ressources par la mobilisation communautaire dans la lutte contre les feux de brousse
Dans la dynamique actuelle d’autonomisation dans laquelle se trouve le camp de Mbera, le rôle et l’implication des réfugiés dans le processus de mise en œuvre des projets constituent un facteur déterminant pour une appropriation progressive et durable des projets par les bénéficiaires. Afin de répondre à un des risques qui se pose chaque année avec plus d’acuité, à savoir les feux de brousse, des brigades anti-feu volontaires composées de réfugiés ont été mobilisées, équipées et formées par l’ONG SOS Désert. Elles ont répondu en 2020 à une trentaine de feux de brousse aux alentours du camp de Mbera afin de venir en appui aux populations mauritaniennes ayant fait face à des feux de brousse particulièrement ravageurs en 2020.
En outre, 100 kilomètres de pare-feux ont été construits en 2020 par des groupes de volontaires mixtes (réfugiés et population hôte) afin de limiter la propagation des feux.
Perspectives
Dans les années à venir, le HCR envisage de renforcer ses interventions dans le domaine de l’environnement à plusieurs niveaux.
Afin de capitaliser sur l’expérience de reboisement, le HCR prévoit en outre de continuer à financer l’ONG SOS désert dans la création des pépinières et la formation des réfugiés dans la protection des écosystèmes.
En matière de réponse aux feux de brousse, le HCR et ses partenaires sur une requête du Wali de la région du Hodh Chargui, envisagent de mettre en place un dispositif de surveillance et de prévention des incendies au niveau communautaire à travers la mise en place de brigades anti-feu mixtes réfugiés-autochtones, afin de sensibiliser les deux communautés sur les méfaits des incendies, travailler en commun afin de mettre en place des pares-feux dans des villages les plus touchés, et intervenir pour éteindre les feux.
Enfin, le HCR travaille de concert avec ses partenaires afin d’appuyer le déploiement de la Grande Muraille verte et favoriser son passage dans la région du camp de Mbera, afin de contribuer à la dynamique de protection de l’environnement à l’échelle nationale et régionale.