Organisation : Croix Rouge du Tchad – Centre du Climat
Type de publication : Fiche d’information
Date : 2022
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Le climat du Tchad
Le climat du Tchad varie de désertique à semi-aride dans le nord et le centre, à une prédominance de la savane tropicale dans le sud. Il est influencé par la mousson ouest-africaine, qui engendre une grande variabilité interannuelle de la pluviométrie lors de la saison humide et contribue aux sécheresses et inondations récurrentes.
De par sa grande diversité géographique, le Tchad est exposé à un large éventail d’aléas environnementaux (hydrométéorologiques et géophysiques), directement exacerbés par les changements climatiques dans le pays. Classé 5e sur 191 pays dans l’indice de risque INFORM 2022 (Centre des connaissances en matière de gestion des risques de catastrophe, 2022), le Tchad est l’un des pays du monde les plus exposés aux inondations, aux sécheresses et aux épidémies.
Changements climatiques au Tchad
La température annuelle moyenne au Tchad a augmenté d’environ 0,2-0,3 °C/ décennie de 1961 à 2015. La fréquence et l’intensité des chaleurs extrêmes ont augmenté, tandis que les froids extrêmes ont diminué.
D’ici à 2050, la température moyenne dans la région devrait augmenter d’au moins 2,5-3,5 °C dans le cadre d’un scénario de concentration élevée de gaz à effet de serre et de 1,5-2,5 °C dans le cadre d’un scénario de faible concentration de gaz à effet de serre. Les estimations relatives aux variations annuelles des précipitations pour le milieu du siècle (2040-2060) dans le cadre d’un scénario à faibles émissions et à fortes émissions devraient augmenter d’environ 30 à 50 %, avec une variabilité interannuelle accrue.
Renforcer les programmes de réduction des risques de catastrophe climato-intelligents, les actions précoces et la préparation
Les sécheresses (et les canicules) constituent un risque élevé dans le pays, ce qui signifie qu’elles devraient se produire en moyenne tous les cinq ans. Tout projet doit donc prendre en considération l’impact des sécheresses à chacune de leurs phases, en particulier leurs conséquences sur le personnel et les parties prenantes. Les sécheresses et les systèmes actuels de gestion de l’eau ont une incidence sur le lac Tchad, qui pourrait disparaître dans les vingt prochaines années.
Le risque d’inondation est qualifié d’élevé dans le sud du pays, ce qui signifie que « des crues de rivières potentiellement mortelles devraient se produire au moins une fois au cours des dix prochaines années.
Les épidémies ont été le risque le plus répandu dans le pays en moyenne au cours de la période 1980-2020, avec des maladies telles que le paludisme, le choléra, la rougeole et la méningite. Les maladies endémiques devraient s’aggraver avec l’augmentation des événements extrêmes. L’amélioration des soins médicaux et du système d’alerte précoce permettrait de renforcer la gestion de ces risques.
Ces risques doivent être vus comme une combinaison d’aléas, d’exposition et de vulnérabilité, qui ont pour effet de rendre certaines communautés et personnes, ainsi que certains secteurs, plus sensibles aux aléas.
Vision 2030 The Chad we want a pour objet de fournir une vision globale du développement du Tchad. Il sera renouvelé de façon à couvrir une plus longue période. L’un de ses objectifs est de mettre l’accent sur les changements climatiques et de faire de la préparation aux catastrophes un élément clé à cet égard.
Lois et politiques relatives à la gestion des risques de catastrophe :
- Plan d’action national pour le renforcement des capacités de réduction des risques de catastrophes, la préparation et la réponse aux urgences (2015-2021)
- Plan d’action pour la mise en œuvre du cadre national pour les services climatiques (2016-2020).
Réduire les effets des changements climatiques sur la santé
L’augmentation de la fréquence des vagues de chaleur, des inondations, des sécheresses et des tempêtes due aux changements climatiques affecte la santé humaine et la nutrition au Tchad. Avec l’augmentation des températures, la mortalité et la morbidité dues aux maladies à transmission vectorielle comme le paludisme vont probablement augmenter. Alors que la hausse des températures pourrait donner lieu à une diminution du risque de paludisme, les risques d’infection pourraient augmenter dans certaines zones en raison des inondations. En outre, la hausse des températures et la diminution de l’humidité augmenteront les cas de méningite, en particulier dans la « ceinture de la méningite », dans le sud du Tchad
Les sécheresses, les hausses de température et les inondations perturberont également la productivité agricole et aggraveront les problèmes d’insécurité alimentaire et de malnutrition, qui constituent les principaux problèmes de santé au Tchad. La température au Tchad va également augmenter de manière significative et multiplier par trois la mortalité liée à la chaleur d’ici à 2080. Les canicules toucheront davantage de nourrissons, de personnes âgées et de personnes souffrant d’affections et de handicaps préexistants, tels que le diabète et les maladies cardiaques.
Approvisionnement durable en eau : gestion des ressources, infrastructures et accès.
Des sécheresses fréquentes et plus intenses ont réduit les niveaux d’eau des rivières et des lacs du Tchad. La réduction du volume du lac Tchad due aux sécheresses et à la baisse des précipitations (jusqu’à 95 %) est bien visible et est devenue le symbole des effets des changements climatiques dans le pays. Avec l’augmentation des sécheresses, l’eau par habitant devrait diminuer de 75 % d’ici à 2080, essentiellement en raison de la croissance démographique.
Avec seulement 46,2 % de la population ayant accès aux services élémentaires d’approvisionnement en eau, les sécheresses vont probablement ralentir ou empêcher la réalisation de l’accès universel à l’eau au Tchad (Programme conjoint de surveillance.
Promouvoir des moyens de subsistance résilients face aux changements climatiques et favoriser la sécurité économique
Les conflits et la présence de groupes armés non étatiques au Tchad ont des effets profonds et durables sur la sécurité économique. Les sécheresses fréquentes dues aux changements climatiques nuiront à l’agriculture – un moyen de subsistance essentiel au Tchad – de plusieurs façons, notamment en réduisant les zones de production de cultures commerciales et en contribuant à l’augmentation des parasites et des maladies, à la réduction des pâturages pour le bétail et à la baisse des rendements des cultures. L’augmentation des températures et la variabilité des précipitations entraînent des taux de récolte faibles et imprévisibles et, partant, obligent la population locale à stabiliser ses revenus par d’autres moyens – comme la migration de la main d’œuvre et le travail journalier.
Un effet majeur des changements climatiques au Tchad concerne l’insécurité alimentaire : 38,4 % de la population se situe en dessous du seuil de pauvreté international, et le pays dans son ensemble est classé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans la catégorie des « pays à faible revenu et à déficit vivrier ». La baisse de la quantité et de la qualité de l’eau et la destruction des zones de reproduction des poissons dans le lac Tchad et d’autres rivières devraient affecter les moyens de subsistance des personnes qui dépendent de la pêche et, de manière générale, de l’écosystème lacustre.
Apporter des solutions aux déplacements induits par les changements climatiques et protéger les populations
Si des migrations dans et à travers le Tchad se produisent depuis des générations pour diverses raisons, le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays en raison de conflits et de la menace de conflits est en augmentation ces dernières années. Les catastrophes, les violences intercommunautaires et les conflits dans le bassin du lac Tchad ont constitué les principales causes de déplacements internes au Tchad en 2021. La migration et l’immobilité doivent toutes deux être prises en considération alors que les changements climatiques et les conflits ne cessent de s’entrecroiser. Si de nombreux Tchadiens se déplacent en raison des conflits ainsi que d’événements extrêmes à évolution lente ou soudaine, certains n’ont pas la possibilité de se déplacer pour réagir aux effets des changements climatiques. Les conflits réduisent en effet la capacité des personnes de se déplacer librement lorsque les pluies ne sont pas au rendez-vous ou en cas d’inondations.
Favoriser des moyens de subsistance durables est une solution utile pour à la fois répondre à la réduction des moyens de subsistance agricoles et pastoraux due aux changements climatiques, et fournir des possibilités autres que rejoindre des groupes armés ou terroristes pour gagner de l’argent.
Le raccourcissement de la saison des pluies a augmenté les conflits entre éleveurs et agriculteurs. De nombreux éleveurs, par exemple, partent très tôt à la recherche de pâturages pour la saison sèche dans les zones humides de Yaéré-Naga, le long du fleuve Chari. Cette migration attise les conflits tant en chemin qu’au retour, car les animaux des éleveurs détruisent les cultures en train de pousser ou sur le point d’être récoltées. Ces dernières années, les conflits entre agriculteurs et éleveurs ont fait 15 000 morts.