Auteur : Dr Adyl Bechir
Organisations affiliées : République du Tchad – Ministère de l’environnement, de la pêche et du développement durable
Type de publication : Rapport
Date de publication : Janvier 2021
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Introduction
Politiques agricoles et adaptation aux changements climatiques
L’émergence du secteur pétrolier en 2003 a considérablement modifié le contexte économique en offrant au pays de nouvelles opportunités de diversifier les leviers de son développement. Toutefois, l’agriculture et l’élevage demeurent la base du développement économique du Tchad, le pétrole étant une ressource tarissable.
Compte tenu de l’importance de l’agriculture dans l’économie du Tchad, environ 23% du PIB ces dernières années, le Gouvernement entend relancer durablement le secteur agricole dans sa stratégie de lutte contre la pauvreté, d’autant plus que l’activité agricole s’exerce en milieu rural où se concentre 80 % de la population pauvre.
Les axes prioritaires d’intervention sont :
- La maîtrise et la gestion de l’eau ;
- L’intensification et la diversification des productions agricoles ;
- Le renforcement du dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires ;
- Le renforcement des capacités des services d’appui technique et des Organisations des Producteurs ;
- L’appui à la promotion des filières agricoles porteuses
Évaluation de vulnérabilité dans le pays
- Agriculture
La production agricole, céréalière notamment, est faible et variable en raison de multiples facteurs dont les aléas climatiques persistants. En effet, l’irrégularité des pluies ainsi que les déficits pluviométriques, des vents violents et la recrudescence de divers phénomènes météorologiques extrêmes causent ainsi des situations d’insécurité alimentaire récurrentes. De même que la hausse des températures associée à une variabilité accrue des précipitations entraîne des dysfonctionnements des saisons agricoles, des perturbations des cycles biologiques des cultures et une détérioration des productions agricoles.
- Ressources en eau
Au Tchad, l’impact du climat en termes de pluviométrie est prépondérant pour les grands systèmes hydrologiques (fleuves et lacs dont le Lac Tchad). Les effets de la variabilité et des changements climatiques sur les ressources en eau tels que la baisse de niveau des nappes phréatiques, les fortes inondations, la forte évaporation, la diminution des débits des principaux cours d’eau qui varient de 30 à -60% et l’assèchement progressif du Lac Tchad etc., sont actuellement perceptibles à tous les niveaux.
Priorisation des technologies pour le secteur agriculture
Pour faire face aux défis récurrents en matière de lutte contre l’insécurité alimentaire, l’État Tchadien a élaboré, en 2005, un Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) en s’appuyant sur l’ensemble des orientations politiques et stratégiques du secteur rural tels que : le Plan d’Intervention pour le Développement Rural (PIDR), le Schéma Directeur de l’Agriculture et de l’Eau et de l’Assainissement (SDEA) ainsi que sur la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté (SNRP) qui reste le document de référence pour toutes interventions.
Malgré l’existence d’ importantes potentialités tant au niveau de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche que des ressources en eau et des ressources naturelles, base de développement économique du secteur rural, le Tchad reste confronté de façon récurrente à l’insécurité alimentaire. Cette situation est due à une forte dépendance aux aléas climatiques, du fait du faible niveau d’équipements et de capacités techniques du monde rural, à un fort taux d’analphabétisme de la population, au niveau de pauvreté élevé, à l’instabilité sociale causée par les conflits armés et, aux afflux massifs d’importantes vagues de réfugiés fuyant les crises politiques de certains pays voisins et qui ont trouvé asile à l’Est et au Sud du pays.
Aperçu des technologies existantes dans le secteur « Agriculture »
Jusqu’à présent, l’effort en matière de transfert des technologies dans le domaine agricole a porté essentiellement sur : (i) l’introduction du pompage à énergie solaire, (ii) l’utilisation de nouvelles variétés adaptées aux conditions locales, (iii) la construction des banques de semences ; (iv) la lutte intégrée contre les ennemis des cultures ; (v) la construction de pompe manuel et (vi) la technique de l’agriculture de contre saison.
Priorisation des technologies pour le secteur « Ressources en Eau »
Le Tchad dispose d’importantes ressources en eau souterraine réparties sur l’ensemble du pays. Elles sont constituées d’aquifères continus qui couvrent environ 75 % du territoire et d’aquifères discontinus formés par le socle rocheux notamment à l’est du pays et de petites fractions dans le sud. Les ressources en eau souterraine renouvelables sont évaluées à près de 20 milliards de m3 par an alors que les ressources exploitables des grands aquifères sont estimées entre 260 milliards et 540 milliards de m3. Cependant, il est à souligner que l’état actuel des connaissances sur les systèmes hydrogéologiques permet uniquement d’esquisser les grandes lignes de fonctionnement des aquifères (notamment au niveau de la recharge) et de n’approcher que leurs grandes caractéristiques.
Les eaux souterraines sont tout aussi importantes, car en plus de contribuer de manière significative aux secteurs de l’élevage et de l’agriculture, elles sont utilisées par près de 90 % de la population tchadienne comme eau de boisson.
Aussi, le Ministère de l’environnement, de l’Eau et de la Pêche a mis en place différentes stratégies pour renforcer les efforts du Ministère de l’agriculture pour la protection des ressources en eau.
On cite à cet effet le Schéma Directeur de l’Eau et de l’Assainissement du Tchad 2003-2020 ; la stratégie nationale pour l’assainissement et l’épuration des eaux usées et des boues ; la stratégie nationale de la lutte contre les changements climatiques, etc. Aussi les connaissances sur le secteur de l’eau sont améliorées avec la mise en place en cours du système d’information sur l’eau.
Conclusion
Le présent rapport se focalise sur les résultats dans le domaine de l’adaptation. Les deux secteurs considérés des plus vulnérables aux changements climatiques ont été considérés : l’Agriculture et les ressources en eau. Les deux secteurs sont également des secteurs prioritaires de développement pour le pays, lesquels bénéficient donc d’un intérêt particulier tant du gouvernement que des partenaires au développement. Malgré des avancées importantes dans la mise en place de cadres normatifs (juridique, réglementaire, institutionnel, opérationnel) dans les deux domaines, il reste encore à intégrer à ses cadres une meilleure prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques.