Auteurs: Fiawomorm Kofi Fiagbe, Edem Kwasi Bakah, Jonas Kwabla Fiadzawoo
Site de publication : UPGC
Type de publication: Article analysis
Date de publication: 2023
Lien vers le document original
Introduction
Plusieurs chercheurs de la communication médicale partagent l’avis qu’une communication médicale efficace joue un rôle important dans le soin des patients. Ainsi, dans des contextes de communication médicale où il existe une barrière linguistique entre le personnel et les patients, la qualité du soin reste douteuse. Selon Bowen (2001), chez les francophones minoritaires au Canada, la barrière linguistique a des effets négatifs sur l’accès aux services de santé, la qualité des soins, les droits des patients, l’efficacité de la communication patient-médecin et sur la santé elle-même.
La présence des Francophones dans des centres de soin au Ghana créant de la barrière linguistique dans l’espace hospitalier ghanéen est devenue un sujet national important avec l’arrivée des réfugiés ivoiriens dans les années 2010/2011 suite aux crises politiques ivoiriennes. Le flux de réfugiés ivoiriens a donc nécessité la création de trois (3) camps de réfugiés : le Camp d’Ampain, le Camp d’Egyeikrom et le Camp de Fetentaa. Cependant, à partir de 2017, Ghana Health Service a pris en charge, la gestion de ces centres de soin en termes de ressources humaines et de fournitures médicales.
Dans des cas complexes, les patients et le personnel soignant visitent les hôpitaux proches des services de soin spécialisés. Ainsi, la fourniture du soin médical dans les 3 centres de santé dédiés aux camps susmentionnés ou aux centres de soin d’orientation se caractérise par des barrières linguistiques dans la mesure où le personnel soignant ghanéen dépourvu de compétence communicative en français se voit obligé de communiquer avec des patients réfugiés francophones dans le cadre de leur profession.
Discussion
Au terme de l’analyse, nous avons observé que les professionnels doivent accomplir un certain nombre de tâches communicatives en français dans des situations variées. Ces résultats ont certaines implications pour l’enseignement/apprentissage du français médical dans les écoles des infirmiers et les écoles médicales au Ghana. Dans l’immédiat, nous recommandons Ghana Health Service et Nursing and Midwifery Council of Ghana, une formation linguistique en français médical des professionnels de la santé à Ampain, Egyeikrom et Fetentaa Health Centres. Une telle formation doit être axée sur les compétences (Standards) dans la perspective de l’approche par les compétences (Roegiers, 2006). En effet, les situations cliniques et les tâches communicatives correspondantes révélées dans cette étude peuvent constituer le point de départ pour cette formation.
C’est important de remarquer que le point de départ de la formation bilingue des soignants est la conception d’un curriculum bilingue (français & anglais). De tel curriculum doit envisager la formation des soignants (infirmier, sage-femme, pharmacien, médecin assistant et médecins) du niveau inférieur (A1) au niveau supérieur (C2) en fonction du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR) afin de tenir compte des besoins du public.
À part la formation linguistique des professionnels de la santé au Ghana, ces professionnels ont besoin d’assister à un stage de 3 à 4 mois au niveau des centres de soins dans un pays francophone, préférablement en Côte d’Ivoire pour le bain linguistique. La Côte d’Ivoire est un pays de préférence, car, les soignants ont besoin de la variété ivoirienne du français étant donné que certains ont confirmé avoir eu contact avec des patients ivoiriens.
De plus, il faut une formation des interprètes spécialisés dans le domaine médical pour faciliter l’interaction entre le personnel de la santé et les clients au cas où l’interaction directe n’est pas possible. Comme projet à long terme, nous proposons à Ghana Health Service, une formation bilingue des infirmiers dans certaines écoles modèles des infirmiers. La documentation numérique des activités communicatives comme la consultation en tenant compte des langues au Ghana est également nécessaire.
Enfin, nous proposons à Département of Arts Education à University of Cape Coast de former les professeurs de français dans le domaine du français médical. Cette formation leur permettrait de les équiper à mieux enseigner le français médical aux niveaux des écoles des infirmiers et des écoles médicales au Ghana.
Conclusion
Cette étude nous a permis de démontrer que quelques professionnels ghanéens de la santé ont besoin d’employer le français dans des situations cliniques lorsqu’il agit des clients francophones. Nous avons ensuite établi le fait que dans ces situations, les professionnels de la santé sont confrontés à des tâches communicatives variées. Ces tâches communicatives comprennent : accueillir, questionner, faire l’examen clinique, faire les diagnostics, discuter des résultats de l’examen, expliquer l’ordonnance et remplir des formulaires médicaux.
Soulignons que les tâches communicatives requièrent 5 skills: l’écoute, le parler, la lecture, l’écriture et la médiation, cependant, cette liste de tâches communicatives dans le domaine de la santé est non exhaustive. Enfin, les résultats ont montré que la réalisation de ces tâches constitue une difficulté à résoudre par les professionnels de la santé, nécessitant ainsi des interventions variées.
Par conséquent, nous avons proposé la conception d’un curriculum scolaire communicatif pour la formation bilingue des professionnels de la santé sur le terrain et en formation aussi bien que la nécessité de former les enseignants du français en matière de l’enseignement du français médical. Au fait, l’enseignement/apprentissage du français médical au Ghana peut être rentable 55 Numéro 006 & 007, décembre 2023 au pays et aux citoyens si les apprenants dans des domaines non linguistiques tel que le domaine de la santé sont formés en français en tenant compte de leurs besoins communicatifs en français.