Organisation affiliée : Bureau de l’inspecteur général – The Global Fund
Type de publication : Rapport d’audit
Date de publication : 22 Février 2023
Le Bureau de l’Inspecteur général (BIG) assure la sauvegarde des actifs, des investissements, de la réputation et de la pérennité du Fonds mondial en veillant à ce qu’il prenne les mesures appropriées pour mettre fin aux épidémies de sida, de tuberculose et de paludisme.
Synthèse
Au cours des dix dernières années, le Tchad a gagné du terrain dans la lutte contre les trois maladies en réduisant à la fois les nouvelles infections et les décès. Il existe cependant des interventions programmatiques clés contre le VIH et le paludisme qui requièrent une attention pour maintenir l’impact. S’agissant du VIH, le taux de suppression de la charge virale demeure faible. De même, le nombre de nouveau-nés de mères séropositives qui font l’objet d’un dépistage du VIH et sont mis sous traitement reste limité. La couverture de la prévention des populations clés touchées est inférieure aux objectifs des subventions. En ce qui concerne le paludisme, les interventions communautaires ont été retardées, ce qui a nui à la couverture de la lutte contre cette maladie. En conséquence, l’adéquation et l’efficacité des interventions clés contre le VIH et des programmes communautaires contre le paludisme sont jugées partiellement efficaces.
Le Tchad a gagné du terrain dans la lutte contre les trois maladies en réduisant à la fois les nouvelles infections et les décès
La distribution des médicaments du Fonds mondial par l’intermédiaire du mécanisme national – via la Centrale Pharmaceutique d’Achat et les 23 Pharmacies Provinciales d’Approvisionnement – est louable. Cependant, les problèmes liés aux mécanismes de quantification des besoins, de commande et de distribution ont entraîné des ruptures de stock et des péremptions fréquentes de produits de santé, ce qui a un impact sur l’offre de soins aux bénéficiaires. En outre, les médicaments distribués aux niveaux périphériques ont une traçabilité limitée et ne sont pas soumis à une obligation suffisante de compte rendu. Le manque de financement et le faible niveau d’engagement des pouvoirs publics ont entraîné une stagnation des efforts qui visent à améliorer les dispositifs de la chaîne d’approvisionnement dans le pays au moyen d’un plan de transformation. Par conséquent, l’adéquation et l’efficacité des dispositifs de la chaîne d’approvisionnement dans le pays en vue d’assurer une disponibilité continue des produits et une obligation de compte rendu à tous les niveaux nécessitent une nette amélioration.
En ce qui concerne le VIH, les nouveaux cas d’infection ont diminué de moitié entre 2010 et 2021 (de 7 100 à 3 500), taux supérieur aux tendances régionales et mondiales. Les décès dus au VIH ont également diminué de 29 % (de 4 200 à 3 000). Le nombre de personnes vivant avec le virus sous traitement antirétroviral a augmenté de 159 % (avec un bond de 31 919 en 2010 à 82 755 en 2021).
En ce qui concerne le paludisme, les interventions communautaires ont été retardées, ce qui a nui à la couverture de la lutte contre cette maladie
S’agissant du paludisme, les nouveaux cas ont diminué de 12 % (de 23 352 pour 100 000 habitants à 20 628) au cours des 10 dernières années (2010-2020) et les décès ont reculé de 23 % (de 99 pour 1 000 habitants à 76). Ces résultats ont été obtenus malgré une augmentation des cas de paludisme estimés et confirmés au cours de la période. En 2020, neuf millions de moustiquaires imprégnées d’insecticide de longue durée d’action (MILDA) ont été distribuées avec le soutien du Fonds mondial.
Tuberculose : L’incidence a légèrement diminué de 2 % entre 2010 et 2020 (de 147 à 144 pour 100 000 habitants). Le taux de succès thérapeutique contre la tuberculose a atteint 80 %, soit un peu moins que l’objectif mondial de 90 %.
La chaîne d’approvisionnement doit être améliorée pour garantir la disponibilité et la traçabilité des médicaments.
Des insuffisances en matière de quantification, de commande et de gestion du stockage ont entraîné de fréquentes ruptures de stock pour de nombreux produits cruciaux contre le paludisme et pour les tests de dépistage du VIH – ce qui a eu un impact sur la qualité des services. Du fait du manque de traçabilité, l’obligation de rendre compte des médicaments distribués aux niveaux périphériques a été négligée en raison de l’absence de fiches de stock ou de bordereaux de commande. Les lacunes de la supervision exercée par les récipiendaires principaux ont contribué à ce résultat. Le plan de transformation de la chaîne d’approvisionnement – initiative du Fonds mondial validée par le ministère de la Santé publique et de la Solidarité nationale par l’intermédiaire de différents comités de gestion dans le pays pour atténuer les problèmes de ce dispositif – stagne en raison d’une gouvernance insuffisante et d’une dépendance excessive vis-à-vis du soutien du Fonds mondial.
Cependant, les problèmes liés aux mécanismes de quantification des besoins, de commande et de distribution ont entraîné des ruptures de stock et des péremptions fréquentes de produits de santé, ce qui a un impact sur l’offre de soins aux bénéficiaires
Environnement et contexte
VIH/Sida
110 000 personnes vivent avec le VIH, dont 79 % connaissent leur statut sérologique (contre 80 % dans la région). Parmi les personnes séropositives identifiées, 75 % étaient sous traitement (contre 78 % dans la région). Les nouvelles infections annuelles ont diminué de moitié depuis 2010, chutant de 7 100 personnes nouvellement infectées à 3 500, ce qui place le Tchad au 11e rang des pays les plus infectés de la région. Les décès liés au sida ont été réduits de 29 %, revenant de 4 200 en 2010 à 3 000 en 2020. Le Tchad connaît une épidémie généralisée. La prévalence s’est orientée à la baisse, revenant de 1,6 % en 2010 à 1,1 % en 2020 (contre 1,3 % dans la région). La prévalence est plus élevée parmi les populations clés (13,8 % chez les professionnel(le)s du sexe, 4,8 % chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et 5,2 % chez les détenus).
Tuberculose
Le Tchad compte parmi les 50 pays à charge élevée de tuberculose et de co-infection VIH/tuberculose, avec 24 000 cas estimés, dont 54 % sont notifiés. L’incidence de la tuberculose a légèrement diminué de 2 % depuis 2010, revenant de 147 à 144 pour 100 000 habitants en 2020. 69 % des patients tuberculeux ont un statut VIH connu. Sur les 15 % de patients positifs, 99 % sont mis sous traitement préventif. Le taux de succès thérapeutique contre la tuberculose s’établit à 80 %, ce qui est inférieur à l’objectif national de 91 %. En 2020, on a dénombré 96 cas de tuberculose multirésistante/ résistante à la rifampicine.
Des insuffisances en matière de quantification, de commande et de gestion du stockage ont entraîné de fréquentes ruptures de stock pour de nombreux produits cruciaux contre le paludisme et pour les tests de dépistage du VIH – ce qui a eu un impact sur la qualité des services
Paludisme
Le Tchad est le 15e plus important contributeur aux décès totaux du paludisme dans le monde. Le Tchad supporte 1,4 % de la charge mondiale de paludisme et 2 % du taux de mortalité. En 2020, on estimait à 3 351 000 le nombre de cas de paludisme (+52 % depuis 2010). Le nombre estimé de décès liés au paludisme a augmenté de 5 %, progressant de 11 829 en 2010 à 12 415 en 2020.
Constats d’audit
- Les programmes de lutte contre le VIH et le paludisme continuent d’afficher des tendances positives. Cependant, les progrès réalisés dans les interventions clés contre le VIH – suppression de la charge virale, couverture du diagnostic précoce chez le nourrisson et prise en charge des populations clés – demeurent faibles. Les interventions communautaires contre le paludisme sont retardées et leur portée est limitée, ce qui nuit à leur efficacité.
- Le plan de transformation de la chaîne d’approvisionnement finalisé en 2019 n’a pas été mis en œuvre en raison d’une gouvernance insuffisante, d’un manque de suivi, d’un financement limité ainsi que des perturbations causées par la pandémie de COVID-19. En conséquence, les principaux problèmes systémiques demeurent et ont entraîné des ruptures de stock importantes à tous les niveaux et induisent une traçabilité limitée des médicaments.
- Si l’unité de gestion de projet est bien conçue, sa gouvernance et ses mécanismes visant à assurer la pérennité doivent être améliorés. L’agent fiduciaire exerce des activités limitées de renforcement des capacités.
- La mise en œuvre du plan global de renforcement des capacités du projet PALAT du PNUD reste infructueuse, ce qui limite l’efficacité du programme de lutte contre le paludisme dans la mise en œuvre des subventions.