Organisation affiliée : OCHA – Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires
Type de publication : Rapport
Date de publication : Mars 2024
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The context and changing typology of migration in Chad
Malgré d’énormes efforts consentis par les autorités et un appui appréciable des partenaires au développement, le contexte du Tchad se caractérise par : (1) une superposition de crises structurelles exacerbées par des chocs climatiques, épidémiologiques et surtout par l’arrivée massive et soudaine de réfugiées et retournés qui fuient quotidiennement les affres de la guerre fratricide en cours au Soudan depuis avril 2023 et qui perturbent gravement la fourniture des services sociaux essentiels, surtout à l’Est, compromettant ainsi les efforts de développement (2) un coût élevé induit par la situation sécuritaire sur le budget national et (3) une réduction progressive des mécanismes de protection.
Partie 1 : Besoins humanitaires
- Aperçu de la crise
Le pays figure parmi les moins développés avec une valeur très faible de 0,398 (2019) bien que son indice de développement humanitaire (IDH) ait augmenté de 34,6% depuis 2020.
La crise soudanaise continuera d’avoir un impact sérieux sur la situation humanitaire à l’est du Tchad. Le Tchad, malgré la récurrence des crises humanitaires aggravées par son statut d’un des pays les plus pauvres au monde, fait partie des sept pays qui reçoivent le plus grand nombre de réfugiés au monde avec 1 074 6174 de personnes en novembre 2023.
Les conflits inter et intra-communautaires demeurent un facteur de risque occasionnant les déplacements forcés des populations. Au mois de mai 2023, plusieurs incidents dans les départements du Nya Pendé, Monts de Lam et Kouh Ouest dans la province de Logone Occidental ont été notifiés. Au moins 1 025 maisons dans 23 villages ont été détruites et plusieurs personnes tuées poussant plus de 26 227 personnes au déplacement.
La présence des groupes armés non étatiques demeure un facteur de risque sécuritaire contre la population de la province du Lac. La situation dans la province du Lac reste préoccupante du fait des incursions répétées des groupes armés non étatiques dans les villages, contraignant les populations à se déplacer.
Augmentation du nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire attendue en 2024. Les résultats de l’Enquête Nationale de Sécurité Alimentaire au Tchad (ENSA) effectuée une fois par an pour l’ensemble du pays, indiquent que 39,8% des ménages font face à l’insécurité alimentaire, dont 2,5% de manière sévère. Ce pourcentage élevé reflète une situation alimentaire préoccupante, avec près de 4 ménages sur 10 touchés. Les zones sahéliennes (55,4%) et sahariennes (60,7%) affichent un niveau d’insécurité alimentaire particulièrement élevé.
Plusieurs provinces du Tchad sont touchées par une situation nutritionnelle préoccupante. Les causes immédiates incluent un apport alimentaire insuffisant, les maladies, des pratiques alimentaires nuissantes, des soins inadéquats et un accès limité à l’eau potable au sein des ménages.
Le Tchad est constamment exposé aux risques climatiques. Le Tchad, comme la plupart des pays sahéliens, fait face à des défis environnementaux majeurs, il s’agit entre autres de la sécheresse, de la désertification, de l’érosion des terres et des inondations qui impactent durement la vie des plusieurs millions de tchadiens.
Le Tchad connaît chaque année diverses épidémies. Les épisodes d’épidémies concernent la rougeole, la méningite, le chikungunya, la fièvre jaune, l’hépatite E, le paludisme, la poliomyélite, la dengue, entre autre.
Les maladies transmissibles constituent un fardeau important en termes de mortalité et de morbidité. Malgré les efforts déployés par le ministère de la Santé publique et de la Prévention, le paludisme seul représente 57,29% des motifs de consultation aux centres de santé, 30% des hospitalisations, et est responsable de 35% des décès enregistrés dans les établissements sanitaires.
La mortalité infantile et maternelle reste très élevée. La mortalité des enfants de moins de 5 ans demeure élevée, avec un taux de mortalité néonatale enregistrant une diminution plus lente, passant de 34‰ à 33‰ entre 2015 et 2019. La mortalité maternelle reste très élevée. Elle est passée de 1099 à 860 pour 100 000 naissances vivantes entre 2004 et 2014.
- Analyse des besoins humanitaires et des risques
Près de la frontière avec le Soudan et les besoins urgents recensés lors des enregistrements sont entre autres la nourriture, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, les abris, les articles non alimentaires, le soutien sanitaire et la protection.
Force est de constater que dans l’Est, la crise soudanaise et l’afflux de réfugiés ont créé un dérèglement des marchés avec des hausses de prix de produits de première nécessité.
L’accès aux services d’eau reste un impératif de survie pour chaque être vivant. Au Tchad l’accès à l’eau potable au niveau national atteint 63% néanmoins ce taux cache d’énormes disparités provinciales allant de 15% à 80% et environ la moitié des formations sanitaires (43%) n’ont pas d’eau potable.
- L’analyse des risques
Insécurité et déplacements internes de population. Les conflits liés aux ressources en 2023 exacerbent les clivages préexistants, entraînant une augmentation des violences intercommunautaires. Cette situation associée à un accroissement des activités des groupes armés pourrait continuer à connaître une contracture qui entraîne des conséquences dévastatrices, notamment des déplacements massifs de populations d’une province vers une autre, à la recherche de la sécurité.
Les catastrophes naturelles. Le Tchad en 2022, a connu une pluviométrie exceptionnelle et des inondations pluviales et fluviales qui ont impacté 1,4 million de personnes dans 19 des 23 provinces.
Les épidémies. Les pays frontaliers du Tchad connaissent régulièrement des épidémies de Choléra et à cause des mouvements réguliers entre plusieurs pays au sein de la population, il y a un risque élevé que le Tchad soit impacté. Le pays a aussi connu plusieurs épisodes d’épidémie dont la rougeole dans un contexte où le taux de vaccination (75%) reste inférieur à la norme recommandée (90%) par l’OMS.
Partie 2 : Plan de réponse humanitaire
La multisectorialité pour renforcer une assistance adéquate et digne. Une vulnérabilité n’existe pas de manière isolée ; l’une entraîne l’autre, enfermant les communautés les plus fragiles dans un cercle vicieux dont elles ne pourront s’extraire seules. Le lien est bien établi au Tchad entre insécurité alimentaire et accroissement de la prévalence de la malnutrition, entre insécurité alimentaire et augmentation des cas de violences basées sur le genre.
Pour mettre en œuvre la réponse humanitaire en 2024, trois objectifs stratégiques vont soutenir la réponse humanitaire :
-> D’ici la fin 2024, réduire la mortalité et la morbidité chez 4 millions des femmes, des filles, des garçons et des hommes touchés par une crise dans les provinces les plus affectées, en fournissant une assistance humanitaire d’urgence, sûre et équitable pour sauver des vies avec une approche inclusive ;
-> D’ici la fin 2024, améliorer l’accès sûr, digne et adéquat aux services sociaux de base, tout en promouvant la protection pour 3,6 millions des femmes, des hommes, des filles et des garçons surtout les groupes les plus vulnérables, dans les provinces les plus affectées ;
-> D’ici la fin 2024, les capacités de prévention, préparation et de résilience aux chocs des 4,6 millions des femmes, des hommes, des filles, et des garçons dans les groupes les plus vulnérables sont renforcées dans les provinces les plus affectées.
Le budget global du Plan de Réponse humanitaire 2024 s’élève à 1,14 milliard de dollars US.
Partie 3 : Plan de réponse pour les réfugiés
Les priorités stratégiques se concentrent sur l’accès aux services sociaux de base, la participation communautaire, promotion de la coexistence pacifique et de la politique de « l’alternative au camp » comme moyens pour réaliser l’inclusion socio-économique des réfugiés, l’enregistrement et délivrance de documents d’identité et d’état-civil, la prévention et réduction du risque d’apatridie, la protection de l’enfant.