Assane Thione Ba
De l’adoption des religions nées hors du continent (christianisme, islam, etc.) au phénomène de la mondialisation en passant par la colonisation, les sociétés africaines ont connu de grands changements du point de vue de leurs croyances, leurs valeurs et leurs coutumes.
En effet, d’autres us sont venus s’ajouter à ce qui était déjà sur place. Ces nouvelles pratiques ont un impact sur l’identité des Africains, plus particulièrement sur les jeunes Africains. On ne sait vraiment plus si on est “noir”, “blanc” ou… “gris”, tout est devenu confus dans la tête de bon nombre d’Africains. Tantôt, nous dénonçons et condamnons des actes parce qu’ils ne sont pas en phase avec nos « traditions », tantôt parce qu’ils ne respectent pas les droits de l’Homme ou encore la religion.
Par ailleurs, nous essayons de faire usage de certaines coutumes qui ne se prêtent plus au contexte de nos sociétés actuelles. C’est l’exemple de l’institution des castes qui constituait plus une hiérarchisation de la société suivant les fonctions des uns et des autres dans celle-ci. Quelle serait la pertinence de maintenir cette hiérarchisation aujourd’hui si chacun peut avoir le parcours qu’il désire et peut choisir la profession qui lui plaît ?
Tantôt nous dénonçons et condamnons des actes parce qu’ils ne sont pas en phase avec nos « traditions », tantôt parce qu’ils ne respectent pas les droits de l’Homme ou encore la religion
Ce mélange des cultures, loin d’être homogène, conduit finalement à une sorte d’anarchie où tout le monde fait ce qu’il veut et trouve toujours des arguments dans des racines diverses (les droits de l’Homme, les religions ou les traditions) pour soutenir ses actes. Ceci ne pourrait être un modèle social qui nous mènerait de l’avant, car il ne pourrait certainement pas garantir l’union – qui fonde une nation – et une vision convergente vers le futur que nous désirons pour nous-mêmes et pour les générations à venir.
C’est pourquoi il est impératif de réévaluer nos valeurs, de les synthétiser pour qu’elles soient moins confuses et abondent dans un même sens. Et pour cela, réunir autour d’une table des représentants de chaque groupe social (sages, religieux, jeunes, etc.) serait une piste d’actions, ils travailleraient de concours avec des spécialistes dont les domaines d’études ont un rapport avec la société (sociologues, philosophes, psychologues…) afin d’avoir des angles de vue différents sur la société. Ainsi, le fait d’ avoir un consensus sur les valeurs qui nous définiraient le mieux nous permettraient d’aller de l’avant.
il est impératif de réévaluer nos valeurs, de les synthétiser pour qu’elles soient moins confuses et abondent dans un même sens
La deuxième étape sera d’intégrer dans les lois qui régissent nos sociétés, ces valeurs consensuelles émanant de la vraie volonté générale. Aussi, il serait profitable de les vulgariser et de les inculquer aux populations en les insérant dans le système éducatif dès la maternelle, en mettant en place des stratégies de communication qui toucheraient aussi bien la conscience que l’inconscient des personnes. Les actions à mener ne s’arrêtent pas là. Dans son rapport Mataki sur les valeurs africaines, WATHI détaille plusieurs autres recommandations en vue de développer une connaissance des valeurs communes et une forte identité culturelle dans les pays de la région et sur tout le continent africain.
Les valeurs confuses sont l’un des plus grands obstacles que les sociétés africaines actuelles rencontrent dans leur quête d’une meilleure condition de vie. Il faudrait donc y remédier au plus vite. D’autant plus que ceux qui souffrent le plus de cette catastrophe silencieuse sont les jeunes Africains qui sont justement ceux qui doivent bâtir cet avenir meilleur que nous désirons tant pour nos pays.
Crédit photo : ccafs.cgiar.org
Titulaire d’un diplôme en Génie logiciel et sécurité des Technologies de l’information et de la communication (TIC), Assane Thione Ba est spécialisé en développement web. Il est passionné d’innovations technologiques, de culture urbaine et s’intéresse beaucoup aux questions liées à la citoyenneté. Ce dernier centre d’intérêt explique qu’il soit membre actif d’associations au Sénégal qui œuvrent pour le développement local comme JIF’Afrik.