Le professeur Ogobara Doumbo, scientifique malien spécialiste du paludisme
Ogobara Doumbo, né en janvier 1955 dans le cercle de Koro en Afrique-Occidentale française, était un scientifique malien spécialiste du paludisme. Médecin-chercheur de renommée mondiale, le professeur Ogobara Doumbo, est mort à l’âge de 63 ans à l’hôpital de la Timone, à Marseille, le 09 juin 2018.
Figure de la lutte contre les maladies infectieuses, il était respecté pour son engagement contre le paludisme. Repéré par un instituteur, « Ogo », comme l’appellent ses collègues, entame des études de médecine à Bamako. Il y rencontre le professeur Philippe Ranque, parasitologue, qui le poussera à compléter sa formation en sciences, d’abord à Marseille puis aux États-Unis. Il étudiera ainsi la parasitologie, l’épidémiologie, les statistiques, l’entomologie, l’anthropologie…
Après ses études, il présente deux thèses de médecine, une au Mali et une en France. Il a présidé pendant dix ans le département d’épidémiologie de la Faculté de Médecine de Bamako au Mali. Il a présidé le Centre de recherche et de formation sur le paludisme appelé Malaria Research and Training Centre (MRTC), un centre qui a entrepris en 2003 les essais cliniques d’un vaccin contre le paludisme. Il a été également membre du conseil scientifique de l’Agence universitaire de la francophonie.
Honoré par de nombreux prix dont celui de Christophe-Mérieux de l’Institut de France en 2007 et le Prix international de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) en 2013, Ogobara Doumbo a été chercheur au sein d’une unité de l’INSERM à Aix-Marseille et professeur associé à l’université Tulane, aux États-Unis.
Selon Jean-François Delfraissy, il établissait des ponts de recherche de très grande qualité entre le Mali, la France et les États-Unis. Parmi ses succès marquants figurent la confirmation de l’intérêt des moustiquaires imprégnées d’insecticide, ainsi que la démonstration de l’efficacité d’une stratégie de prévention du paludisme chez les moins de 5 ans conçue par des équipes du Sénégal et le MRTC. Elle se fonde sur un « traitement préventif intermittent » administré systématiquement aux jeunes enfants durant la saison des pluies. Ce traitement, qui fait chuter les complications de 60 à 70 % et la mortalité de 50 %, a été recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2012.
« Au fond, nous avons montré qu’il est possible de faire de la recherche compétitive en santé dans un pays d’Afrique francophone dit “pauvre” », relevait Ogobara Doumbo.
Source photo : Institut Pasteur