La plupart des pays encore loin de l’objectif de 1 %
En Afrique subsaharienne, les dépenses en recherche et développement constituent 0,4%. du PIB.
Les pays de la CEDEAO ont encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre l’objectif, fixé par l’Union africaine, de consacrer 1 % de leur PIB aux DIRD. Du fait de la forte croissance économique qu’a connue la sous-région ces dernières années, il est évidemment plus difficile d’améliorer le ratio DIRD/PIB, puisque le PIB ne cesse d’augmenter. Bien que l’État constitue généralement la principale source des DIRD, les financements étrangers représentent une part importante au Ghana (31 %), au Sénégal (41 %) et au Burkina Faso (60 %).
En Gambie, près de la moitié des DIRD sont financées par des sources privées à but non lucratif.
En règle générale, les DIRD sont majoritairement consacrées soit au secteur de l’administration publique, soit à celui de l’enseignement supérieur, selon les pays, bien que le Ghana et le Sénégal soient les seuls à avoir fourni des données pour l’ensemble des quatre secteurs d’exécution.
Un manque de chercheurs en général, et de femmes en particulier
Il serait hasardeux de formuler des conclusions pour l’ensemble de la sous-région alors que nous ne disposons de données récentes que pour sept pays, mais les données disponibles semblent bel et bien indiquer un manque de personnel qualifié.
Seul le Sénégal sort du lot, avec 361 chercheurs en équivalent temps plein par million d’habitants en 2010.
Malgré des politiques encourageant l’égalité des sexes, la participation des femmes à la R&D reste faible.
C’est à Cabo Verde, au Nigéria et au Sénégal qu’elles sont le plus nombreuses : environ un quart des chercheurs, voire un tiers à Cabo Verde.
Concernant le secteur de l’emploi, la surprise vient du Mali, où la moitié (49 %) des chercheurs travaillait dans le secteur des entreprises commerciales en 2010.
Un taux de publication modeste et une faible collaboration intra régionale
Sur le plan des publications scientifiques, l’Afrique de l’Ouest n’a pas autant progressé que le reste du continent depuis 2005. La production demeure faible, seuls la Gambie et Cabo Verde publient plus de 30 articles par million d’habitants.
Entre 2008 et 2014, les partenaires des auteurs de publications scientifiques de la CEDEAO venaient majoritairement des États-Unis, puis de la France et du Royaume-Uni.
Du côté des partenaires africains, on trouve l’Afrique du Sud, suivie du Burkina Faso et du Sénégal. L’Afrique du Sud a conclu des accords bilatéraux avec le Ghana, le Mali et le Nigéria afin de renforcer la coopération scientifique et technologique.
Un rapport de l’Observatoire africain pour la science, la technologie et l’innovation sur la production scientifique dans l’Union africaine entre 2005 et 2010 indique que seuls 4,1 % des articles scientifiques publiés par des Africains ont été rédigés en collaboration avec des auteurs du même continent entre 2005 et 2007, et 4,3 % entre 2008 et 2010.
À en juger par les articles publiés, les travaux de recherche des États membres de la CEDEAO portent essentiellement sur les sciences médicales et biologiques, même si le Nigéria a publié de son côté 1 250 articles de recherche sur l’agriculture entre 2008 et 2014.
La recherche agricole, malgré son caractère prioritaire, est reléguée au second plan dans la plupart des pays de la CEDEAO, ce qui n’est guère surprenant compte tenu du petit nombre de doctorats en agriculture proposés par les universités de la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest et du faible niveau d’investissement généralement consacré à l’agriculture.
Dans la grande majorité des pays de la CEDEAO, plus de 80 % des articles scientifiques répertoriés sur la plateforme Web of Science entre 2008 et 2014 avaient été rédigés avec des partenaires étrangers.
À Cabo Verde, en Guinée-Bissau et au Libéria, c’était même le cas de la totalité des articles, même s’il faut reconnaître que ces trois pays affichent une production très faible. Deux pays font exception à la règle : en Côte d’Ivoire, les trois quarts des articles (73 %) publiés entre 2008 et 2014 mentionnaient des coauteurs étrangers, et au Nigéria, à peine plus d’un tiers (37 %).
À titre de comparaison, la moyenne pour les membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est de 29 % ; quant aux pays du G20, un peu moins de 25 % des articles qu’ils publient sont rédigés avec des partenaires étrangers, en moyenne. En Afrique subsaharienne, cette moyenne est de 63 %.
Sources : Institut de statistiques de l’UNESCO – Rapport de l’UNESCO sur la science