L’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) est une structure spécialisée du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST). L’objectif principal de l’IRSS est de promouvoir la recherche en santé. C’est l’organe principal dans la prise de décision pour l’élaboration et la mise en œuvre de la politique sanitaire dans la lutte contre les maladies, les endémies et épidémies. D’une manière générale, l’IRSS a pour mission de contribuer à la formation par la recherche en santé et participer à la diffusion de l’information scientifique et technique en matière de santé. Le centre accompagne des projets de thèse dans plusieurs domaines de la santé. Les domaines d’intervention de l’IRSS sont la recherche, les prestations de services et les formations. Ensuite, le centre contribue à la définition des politiques de médicaments, à la valorisation de la pharmacopée et de la médecine traditionnelle en mettant à la portée de la population les produits issus des résultats de recherche. Enfin, L’IRSS doit contribuer à l’amélioration de l’hygiène de l’environnement, de l’organisation et de la gestion des systèmes de santé. L’Unité de recherches cliniques de l’IRSS (UNRC) est basée à Nanoro, une localité située à 80 kilométres de Ouagadougou, au Burkina Faso.
La recherche était pour moi une passion d’enfance et j’ai été aussi inspiré par certains mentors au Burkina Faso. C’était pour moi un rêve d’aller jusqu’au bout. Si je suis aujourd’hui chercheur et que je peux jouer ma partition pour lutter contre certaines maladies, c’est une réelle satisfaction parce que c’est une passion. Le paludisme est l’une des premières causes de mortalité et de morbidité en Afrique sub-saharienne. Depuis la découverte du parasite, la maladie continue, après des centaines d’années, à faire des ravages. En sortant comme parasitologue au niveau de l’Institut de recherches en sciences de la santé (IRSS), j’ai choisi de focaliser ma recherche sur le paludisme et en tant que biologiste, d’observer tous les aspects qui font que les parasites arrivent à résister aux différents antipaludiques. On surveille la résistance du parasite, les médicaments déjà adoptés, on teste aussi les nouveaux médicaments pour voir leur efficacité. On teste la sensibilité des parasites ; c’est-à-dire qu’on administre un traitement au patient pendant un temps pour voir s’il guérit ou pas. S’il ne guérit pas, nous explorons pour voir ce qui se passe. Il y a deux possibilités, soit le traitement n’a pas été efficace, soit les parasites arrivent à développer des résistances. Les résultats de la recherche Dans un premier temps, nous avons essayé de voir si le médicament est donné tel que c’est administré dans nos formations sanitaires et non dans les conditions d’essais cliniques, nous obtenons la même efficacité. Nous sommes arrivés à montrer que si tel que administré dans les formations sanitaires, on observe une baisse d’efficacité par rapport à ce qui est apporté dans les essais cliniques classiques. Donc nous avons fait des recommandations pour qu’au moins la première dose soit supervisée au niveau des formations sanitaires avant que le patient ne retourne chez lui.
Il faut que la recherche joue sa partition pour que nous puissions arriver à valoriser et exploiter ce que nous avons comme ressources au niveau local pour pouvoir bâtir notre socle de développement
Deuxièmement, nous sommes arrivés à montrer qu’il y a un effet antagoniste en terme de sélection, parce que plus on donne de médicaments, plus on a une pression de sélection que le parasite développe. L’adoption simultanée de ces antipaludiques a un effet bénéfique, parce que ce qui est sélectionné par un antipaludique est ce qui est éliminé par l’autre antipaludique. Donc nous avons suggéré fortement cette adoption de plusieurs antipaludiques en même temps. Actuellement, le Burkina Faso a adopté trois combinaisons d’antipaludiques. Nous sommes arrivés à montrer aussi, qu’après le retrait de certains médicaments, il y a eu un retour progressif des souches sensibles qui circulent au niveau de la population. Cela veut dire qu’on peut envisager une réintroduction des médicaments qu’on avait supprimés. L’impact de la recherche sur la population Nous sentons l’impact de nos recherches sur la population, parce que ce qui n’est pas mentionné, c’est que nous contribuons aussi à la sensibilisation. Nous sensibilisons la population sur les conduites à tenir pour éviter la contamination. Cependant, on croit que les populations connaissent le paludisme, mais jusque-là, les gens ne connaissent pas la maladie, et on doit travailler avec la population pour avoir un impact réel. Je prends par exemple toutes les fois où j’ai eu à interroger les parents et même les personnels soignants, ils ne connaissent pas les larves des moustiques. Si la population savait, elle n’allait pas laisser les points d’eau dans les concessions. Donc jusque-là, il y a toujours un besoin d’une sensibilisation très intense, pour qu’on puisse avoir un impact réel. Sans l’accompagnement de la population, nos efforts restent vains. Pour réellement arriver à éliminer cette maladie, il va falloir insister sur l’éducation sanitaire. Le financement de la recherche C’est vraiment une question fondamentale en recherche surtout pour nous jeunes chercheurs. Tout ce que je vous ai expliqué nécessite des analyses qui coûtent extrêmement cher. Les ressources sont limitées, nous avons sérieusement besoin d’accompagnement. Il faut répondre aux appels au niveau international, mais je n’ai pas encore eu la chance d’avoir un fonds de mon pays. Je pense bien qu’un jour, on pourra bénéficier de plus d’accompagnement au niveau national. Je crois bien qu’il y a la volonté, mais il faut reconnaître qu’on a des ressources limitées.
La principale difficulté reste les finances, parce qu’ il faut avoir les ressources financières nécessaires pour avoir un personnel dédié à la recherche.
Il va falloir, pour plus d’impact, que l’État nous accompagne davantage. Il y a des efforts, mais il reste beaucoup de choses à faire. Le financement de la recherche par le privé Je crois que les acteurs du secteur privé ignorent l’importance des résultats de la recherche. Les résultats de la recherche sont aussi ignorés par beaucoup de composantes de la populations dans nos pays. Ils sous-estiment les besoins de recherche sur lesquels il faut mettre les ressources. Les difficultés La principale difficulté reste les finances, parce qu’ il faut avoir les ressources financières nécessaires pour avoir un personnel. Donc sur le plan des ressources humaines, il y a également un manque pour avoir un personnel adéquat. Ensuite, nous sommes dans une zone rurale très reculée et difficile d’accès. On a aussi des problèmes avec la qualité de la connexion à Internet. Quand il n’y a pas de réseau, quand il y a une coupure d’Internet, on la subit au niveau des laboratoires.
Les ressources sont limitées, nous avons sérieusement besoin d’accompagnement
Message à l’endroit des chercheurs et des autorités J’invite les jeunes chercheurs à redoubler d’efforts et à avoir plus de dynamisme, parce que le chemin à parcourir reste long. A l’endroit du gouvernement, c’est l’accompagnement. On sent la volonté, mais il y a beaucoup d’efforts qui restent à fournir de la part du gouvernement pour accompagner les chercheurs surtout les jeunes pour qu’ils puissent atteindre les résultats escomptés. Il faut que la recherche joue sa partition pour que nous puissions arriver à valoriser et exploiter ce que nous avons comme ressources au niveau local pour pouvoir bâtir notre socle de développement.
Dr Paul Sondo a suivi une formation de parasitologue moléculaire et s’intéresse au paludisme et à d’autres maladies infectieuses parasitaires. Au cours des cinq dernières années, ses recherches ont porté sur l’évaluation de l’efficacité des antipaludiques, l’étude de la diversité génétique du Plasmodium falciparum et l’exploration des marqueurs moléculaires associés à la résistance aux antipaludiques. Actuellement, il est responsable de laboratoire et chargé de recherche à l’Institut de recherches en sciences de la santé de Nanoro, au Burkina Faso.
The Institute of Health Sciences Research (IRSS) is a specialized organ within the National Center of Science and Technology Research (CNRST). The principal objective of the IRSS is to promote health research. It is the main decision-making structure in the development and implementation of health policy for fighting diseases, endemics, and epidemics. In general, the IRSS’ mission is to contribute to training through health research and participate in the dissemination of scientific and technical information in the field of health. The center supports thesis projects in several fields of health. The areas of intervention of the IRSS are research, services, and training. Furthermore, the center contributes to the creation of medication policy, the promotion of pharmacopoeia (an official publication containing a list of medicinal drugs including effects and directions for use) and traditional medicine by making them available to the population, and the promotion of products derived from research results. Finally, the IRSS supports the amelioration of environmental hygiene and the organization and management of health systems. The Clinical Research Unit of the IRSS (URCN) is based in Nanoro, a locality 80 kilometers outside of Ouagadougou, Burkina Faso.
Research was a childhood passion of mine and I was inspired by several mentors in Burkina Faso. It was my dream to go all the way. If I am now a researcher and I can play my part to fight against certain diseases, it is truly satisfying because it is my passion. Malaria is one of the leading causes of morbidity and mortality in Sub-Saharan Africa. Since the discovery of the parasite, the disease continues to wreak havoc after hundreds of years. Emerging as a parasitologist at the Institute of Health Sciences Research (IRSS), I chose to focus my research on malaria, and as a biologist, I chose to observe all factors that enable parasites to resist different antimalarials. We survey parasitic resistance to medications already on the market. We also test new medications to see their efficacy. We test the sensitivity of parasites; which means that we administer a treatment to a patient over a period to see if he or she heals or not. If he or she does not heal, we try to figure out what happened. There are two possibilities, either the treatment was not effective, or the parasites were able to develop a resistance to the treatment. Research results Initially, we tried to determine if we would obtain the same results if the drug was administered in our health facilities instead of in clinical trial conditions. We were able to show that if the drug was administered in health facilities, we would observe a decrease in efficacy compared to what we see in conventional clinical trials. Therefore, we made recommendations that at least the first dose should be supervised within health facilities before the patient returns to his or her home.
Research must play its part so that we can enhance and exploit available resources at the local level, enabling us to build our development base
Secondly, we have managed to show that there is an antagonistic effect in terms of selection, because the more drugs you give, the more there is selection pressure that the parasite develops. The simultaneous adoption of antimalarials has a beneficial effect, because what is selected by one antimalarial is what is eliminated by the other antimalarial. Therefore, we have strongly suggested the adoption of multiple antimalarials at the same time. Currently, Burkina Faso has adopted three combinations of antimalarials. We have also been able to show that after the withdrawal of certain drugs, there was a gradual return of sensitive strains circulating in the population. This means that we can envision a reintroduction of medications that we have previously eliminated. Impact of the Research on the Population We feel the impact of our research on the population because what is not mentioned is that we contribute to raising awareness. We educate the population about what to do to avoid contamination. However, we believe that the population knows about malaria, but until then, people don’t know about the disease, and we must work with people to have a real impact. I take, for example, all the times when I questioned parents and even health care personnel and they did not recognize mosquito larvae. If the people knew, they would not leave water stagnant in concessions. Therefore, there is still a strong need to raise awareness so that we can have a meaningful impact. Without the support of the population, our efforts will be in vain. To truly get to a point where we can eliminate this disease, we will have to insist on health education. Funding the Research Funding is really a fundamental question in research, most of all for us young researchers. Everything that I have explained to you necessitates analyses that are extremely expensive. The resources are limited, and we seriously need support. We must respond to requests at the international level, but so far I have not had luck acquiring funding from my own country. I think one day we will be able to benefit from more support at the national level. I believe that there is the will, but we must recognize that resources are limited.
The principal challenge remains funding, because we must have the necessary financial resources to have personnel
For us to have a larger impact, the state will need to provide us with more support. There are efforts being made, but there remains a lot to do. Private Sector Research Funding I believe that private sector actors ignore the importance of research results. Results are also ignored by a lot of components of the population in our country. They underestimate the research needs that require resources. Challenges The principal challenge remains funding, because we must have the necessary financial resources to have personnel. Therefore, in the context of human resources, there is a lack of adequate personnel. Furthermore, we are in a rural area that is very remote and difficult to access. We also have problems with the quality of internet connection. When the network is down, we are negatively affected in the laboratory.
The resources are limited, and we seriously need support
Message to researchers and authorities I invite young researchers to redouble their efforts and to be more dynamic, because the road ahead remains long. To the government of Burkina Faso, it’s support that we need. We feel there is a will, but there remain a lot of efforts that must be made by the government to support researchers, most of all young researchers so that they can attain the desired results. Research must play its part so that we can enhance and exploit available resources at the local level, enabling us to build our development base.
Dr. Paul Sondo trained as a molecular parasitologist and is interested in malaria and other infectious parasitic diseases. Over the past five years, his research has focused on the evaluation of antimalarial effectiveness, the study of the genetic diversity of Plasmodium falciparum, and the exploration of molecular markers associated with resistance to antimalarials. Currently, he works in the laboratory as head of research at the Institute of Health Sciences Research (IRSS) in Nanoro, Burkina Faso.