Auteurs : Dr. Claude Wetta, Dr. Léon Sampana, Dr. Kini Janvier, Drs. Tiatité Noufe, Drs. Mohamed Sana et M. Valentin Sirima
Organisation affiliée : Université de Ouagadougou, Overseas Development Institute (ODI)
Site de publication : idl-bnc-irdc.org
Type de publication : Rapport
Date de publication : Juillet 2017
L’eau, ressource naturelle vitale subit les effets du changement climatique, caractérisés par un stress hydrique exacerbé, en particulier dans les zones semi-arides comme le plateau central du Burkina Faso. Le cadre formel juridique et institutionnel de la la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE)a été adopté au Burkina Faso. Cependant le niveau de la mise en œuvre de la GIRE se trouve à un stade à peine adéquat au regard du fonctionnement des organes et de l’engagement officiel.
L’importance que revêt la GIRE pour un pays comme le Burkina Faso confronté au stress hydrique de plus en plus fréquent découle de sa situation géographique. Les ressources en eau étant rares, leur répartition optimale serait l’une des voies pour un meilleur accès des couches vulnérables de la population à la ressource pour une meilleure résilience aux défis climatiques.
Selon le SP/CONEDD (2007), la situation deviendra critique en 2050 puisque les volumes d’eau de tous les bassins burkinabé connaîtront une nette diminution par rapport à la normale.
Revue de littérature sur la GIRE
L’objectif général du Plan d’Action pour la Gestion Intégrée de l’Eau (PAGIRE), qui découle de la politique nationale de l’eau adoptée en juillet 1998, est de : contribuer à la mise en œuvre d’une gestion intégrée des ressources en eau du pays, adaptée au contexte national, conforme aux orientations définies par le Gouvernement burkinabé et respectant les principes reconnus au plan international en matière de gestion durable et écologiquement rationnelle des ressources en eau.
Malheureusement, la gestion de la question de l’eau est actuellement éclatée entre divers ministères et agences. Pour avancer, il faudrait tendre vers une gestion partenarialement coordonnée dans laquelle les ministères/agences conçoivent, planifient et exploitent les investissements conjointement.
Le pays dispose de cinq agences de l’Eau : l’agence de l’Eau du Makambé, l’agence de l’Eau du Mouhoun, l’agence de l’Eau des Cascades, l’agence de l’Eau du Gourma et l’agence de l’Eau du Liptako.
Les connaissances scientifiques et techniques dans le domaine de l’eau sont jugées actuellement insuffisantes pour pouvoir exploiter au mieux les données concernant la ressource ou pour prendre des décisions pertinentes
Au Burkina Faso c’est la loi d’orientation relative à la gestion de l’eau de 2001 avec ses arrêtés d’application, ses circulaires et ses notes explicatives qui fait office de cadre règlementaire. Les capacités des parties prenantes sont si faibles qu’elles ne peuvent pousser à l’application des dispositions réglementaires.
Analyse critique du fonctionnement des organes de la GIRE
Organe suprême du Conseil, au plan institutionnel le CNEau constitue aussi la structure fédératrice de tous les acteurs intervenant dans le domaine de l’eau. Si le CNEau est représentatif de l’ensemble des acteurs de l’eau, son poids réel dans l’adoption des politiques de l’eau reste évidemment léger. Ce n’est qu’un organe consultatif, donc pas un organe de décision. En outre, il n’est pas prévu que ses avis soient conformes. Donc l’autorité politique à qui sont destinés les avis du CNEau peut ne pas en tenir compte dans l’adoption de ses politiques.
Le CNEau bénéficie de l’appui au plan technique du Comité technique de l’eau (CTE). En termes d’opérationnalité, le CTE est fonctionnel. Toutefois ses quatre sessions statutaires ne sont pas toujours toutes tenues. Comme le CNEau il est bien doté en moyens humains, matériels et financiers. L’Agence de l’Eau du Nakambé a été la première agence à être opérationnalisée dans le cadre de la mise en œuvre de la GIRE au Burkina Faso en mars 2007. Elle a servi d’agence pilote.
A ce niveau, un accent particulier est mis sur la dimension genre, car dans le contexte au Burkina Faso les femmes restent les plus grandes utilisatrices de l’eau pour les besoins domestiques. Elles ont donc le souci d’une gestion optimale des ressources en eau. L’AEN manque de ressources humaines, de ressources financières et de ressources matériels comme les CLE.
Le secteur privé est particulièrement actif : dans le secteur formel, il intervient dans l’irrigation périurbaine, la construction d’ouvrages de mobilisation des ressources en eau et d’assainissement autonome, la fourniture de biens et services dans le cadre des marchés publics. Dans le secteur informel, il intervient dans la revente d’eau dans les quartiers périurbains, la gestion des déchets ménagers, la maintenance et la réparation des matériels d’exhaure.
Il faut aussi souligner la naissance et le développement (à la faveur du renforcement de l’Etat de droit et de la démocratie) d’organisations de la société civile actives dans le secteur de l’eau et positionnées dans les domaines de la politique de l’eau, de l’ingénierie, de la maîtrise d’ouvrage, de la défense des consommateurs (PAGIRE 2, 2003).
Moyens de mise en oeuvre de la GIRE et niveau de progrès
La police de l’eau devrait jouer un rôle de coordination, de veille et de constatation et de répression pour faire respecter les textes en lien avec l’eau. À l’exception de la police pilote de l’eau installée à Bobo Dioulasso, la police de l’eau est toujours au stade de projet.
Les perspectives du niveau de progrès actuel de la GIRE varient selon que l’on se situe au niveau central, régional ou communal. Elle est diversement appréciée et semble fonction du type d’acteurs et d’institutions concernés.
Les perspectives du niveau de progrès actuel de la GIRE varient selon que l’on se situe au niveau central, régional ou communal. Elle est diversement appréciée et semble fonction du type d’acteurs et d’institutions concernés.
Au niveau central la gestion dite «intégrée» continue de se faire de façon verticale, chaque ministère s’occupant de ses attributions. Les points de jonctions et d’intersections sont tenus et réellement peu visibles. Au niveau régional et communal, le concept de la GIRE souffre d’une faible appropriation et demeure mal maitrisé sinon inconnu au niveau de la population à la base.
Au niveau local, les principaux bénéficiaires des actions de la GIRE (la population, les usagers de la ressource eau, etc.) ont une faible compréhension de la GIRE du fait que la mise en œuvre de la GIRE ne s’est pas accompagné d’actions concrètes et visibles sur le terrain.
En combinant ces deux grands niveaux (central et local), en termes de progrès de la mise en œuvre de la GIRE, on s’aperçoit qu’il y a comme deux types structures dans la GIRE : un type de structure qui possède les moyens financiers, matériels et humains et un autre type qui possède peu de moyen financier, peu de moyen matériel et peu de ressources humaines.
C’est cette GIRE à deux vitesses, reflet d’une société à deux vitesses, qu’il faut remettre en cause afin de construire un bloc unique dont les moyens sont certes limités mais qui les utilise en haut de la pyramide comme en bas de celle-ci. Aller dans ce sens va contraindre à fournir des efforts considérables pour construire une véritable gouvernance de l’eau équitable, durable et efficiente.
Les Wathinotes sont soit des résumés de publications sélectionnées par WATHI, conformes aux résumés originaux, soit des versions modifiées des résumés originaux, soit des extraits choisis par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au thème du Débat. Lorsque les publications et leurs résumés ne sont disponibles qu’en français ou en anglais, WATHI se charge de la traduction des extraits choisis dans l’autre langue. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
The Wathinotes are either original abstracts of publications selected by WATHI, modified original summaries or publication quotes selected for their relevance for the theme of the Debate. When publications and abstracts are only available either in French or in English, the translation is done by WATHI. All the Wathinotes link to the original and integral publications that are not hosted on the WATHI website. WATHI participates to the promotion of these documents that have been written by university professors and experts.