Le CERMES est un Établissement Public à caractère Scientifique et Technique (EPST) placé sous la tutelle du Ministère de la Santé Publique de la république du Niger. Le CERMES est membre du Pasteur Network ( anciennement réseau international des Instituts Pasteur) depuis 2007 et Institution nationale de coordination de l’Organisation ouest-africaine de la santé (l’OOAS). Les unités de recherche : L’UBV comprend deux grandes sous-unités : La sous-unité de Bactériologie composée de trois laboratoires dont la bactériologie classique, la PCR, l’immuno-sérologie, L’unité abrite présentement trois des quatre Laboratoires nationaux de références (LNR). Il s’agit du LNR méningite et LNR choléra tous deux au niveau du laboratoire de bactériologie et le LNR grippe au niveau du laboratoire de virologie. Il faut noter que pour certaines maladies récurrentes, comme la diphtérie, la coqueluche et les fièvres hémorragiques virales, le CERMES est toujours sollicité pour le diagnostic et reçoit à ce titre des appuis de partenaires en matériel et réactifs de diagnostic de ces maladies. Le CERMES fait partie du réseau du laboratoire mobile G5 Sahel épaulé par la coopération Allemande GIZ et dispose du matériel de diagnostic des fièvres hémorragiques dont le MP3 pour la désactivation des échantillons hautement contagieux. Les activités de l’unité couvrent les trois missions du CERMES à savoir, la recherche, la santé publique et la formation. Les grandes missions de l’Unité : Cette surveillance est réalisée en collaboration avec le Ministère de la Santé publique représenté par la Direction nationale de la Surveillance et la Riposte aux Épidémies. Ainsi, à travers les 3 LNR, l’unité assure le diagnostic et confirmation des cas de méningites, du choléra et autre gastroentérites, de la diphtérie, de la coqueluche de la surveillance sentinelle du virus influenza, du diagnostic des fièvres hémorragiques virales tels le virus Zika, Dengue, et Fièvre de la Valée de Rift. L’unité dispose aussi de la compétence pour le diagnostic de la Fièvre Jaune. A travers ses laboratoires et en collaboration avec les autres unités du CERMES, le personnel médical des formations sanitaires du pays et d’autres partenaires techniques et scientifiques, l’UBV mène des activités de recherche. L’unité collabore également avec des institutions du réseau international des Instituts Pasteurs mais aussi avec d’autres institutions hors du réseau. Le CERMES assure également la formation continue des cadres de laboratoires. Cette formation concerne le domaine du diagnostic et de la surveillance microbiologique des maladies à potentiel épidémique. Ainsi, à travers les attributions des LNR, l’unité conduit des formations en diagnostic de la méningite, du choléra et autres gastroentérites, de la grippe humaine et effectue en collaboration avec la DSRE la supervision de ses réseaux de laboratoires. Résultant de la fusion des Unités de Parasitologie et d’Entomologie Médicale, les deux laboratoires de l’Unité « Paludologie et d’Entomologie Médicale » ont poursuivi ou développé, en 2018, leurs actions en adéquation avec les priorités de santé publique nigérienne et avec les grandes priorités de la recherche de l’Institut Pasteur. Les activités de santé publique au sein de l’Unité se résument aux activités du Laboratoire national de référence pour la surveillance de la résistance aux antipaludiques et la collaboration avec plusieurs programmes nationaux de lutte contre certaines maladies dont : C’est une Unité transversale qui collabore avec les 3 autres Unités à travers les activités de recherche, de santé publique et de Elle est particulièrement chargée de : Coordonnées et contact Adresse : 634, Boulevard de la Nation, YN034, BP 10887 Niamey Numéro : 00227 20 75 20 40 ou 00227 20 45 20 45
La sous-unité virologie qui comprend les laboratoires de la grippe et de la polio environnementale.
Le laboratoire de parasitologie a poursuivi son programme d’étude d’impact de la chimio-prévention du paludisme saisonnier au Niger
Le laboratoire d’Entomologie a étendu ses enquêtes sur la transmission du paludisme et de l’écologie des vecteurs, développé l’étude des arboviroses chez les vecteurs.
formation.
L’importance de la recherche dans le domaine de la santé en Afrique de l’Ouest « Les décisions ne sont basées que sur des évidences scientifiques, sinon elles ne sont pas adaptées. Les contextes changent très vite depuis une dizaine d’années et cela va s’accélérer. Le contexte de l’Afrique est en train de changer et il y aura forcément une évolution du contexte infectieux. D’ici 2030-2040, la population de l’Afrique va doubler. Selon les prévisions, en 2050, la population africaine aura atteint 2,4 milliards, ce qui représente un très grand enjeu. De plus, cette population sera urbaine, car l’Afrique est en cours d’urbanisation. Le contexte de production agricole est également en train d’évoluer donc le biotope des maladies infectieuses (notamment transmissibles) est en train de changer. Actuellement, il est fondamental de réétudier toutes ces maladies et essayer de comprendre comment elles vont évoluer à l’avenir. Il faut projeter les perspectives de santé en 2040 – 2050 dès maintenant pour que les gouvernements et les structures aient le temps de s’adapter. Il faut s’adapter à un pays qui se développe et qui double de population tous les vingt-ans comme c’est le cas au Niger, en anticipant les problématiques de santé. Les recherches sont donc fondamentales en Afrique car il y a une modification complète du contexte africain, également au niveau climatique, impactant de nombreuses maladies (les maladies climato-sensibles) ; et au niveau démographique avec l’apparition de maladies non transmissibles qui étaient auparavant présentes au Nord (hypertension, diabète, obésité, cholestérol, etc). Dans certaines villes comme Abidjan, 25% des femmes sont en surpoids ou en obésité, alors qu’on ne soupçonnait pas cela en l’Afrique. Il faut anticiper ces doubles changements. D’un côté, il y a les maladies anciennes et transmissibles comme le paludisme, qui évoluent avec le changement climatique ou les mises en exploitation de périmètre augmentant la production agricole mais aussi la présence de moustiques vecteurs de paludisme, de la dingue, etc. Il y a également le risque des transferts de marchandises entre le Nigeria et le Niger qui facilite la transmission du virus de la fièvre de Lassa endémique au Nigeria. Ce contexte épidémiologique est en train de changer au vu des transferts de population, de l’urbanisation, ou des changements climatiques. De l’autre côté, il y a les maladies non-transmissibles qui évoluent. Il y a celles qui sont liées à la pollution comme le cancer du foie, très présent en Afrique de l’Ouest, sans doute à cause des polluants. Il y a également toutes les maladies classiques (diabète, hypertension, etc) qui sont en train d’augmenter de manière phénoménale. Actuellement, les recherches dans le domaine de la santé sont donc indispensables pour cadrer le futur profil de santé et la façon dont les gouvernements peuvent anticiper. » Les activités du Centre de recherche médicale et sanitaire du Niger « On est en train de réécrire le plan quinquennal stratégique. Jusqu’à présent, le centre était orienté vers les maladies une par une (méningite, paludisme, choléra, etc) et il y avait huit laboratoires nationaux de référence au Centre de recherche médicale et sanitaire (Cermes). Cependant, à partir de cette compétence sur les maladies notamment transmissibles, il faut qu’on bâtisse des objectifs plus transversaux, qui vont servir d’animation pour la recherche pour le pays. Le Cermes a été désigné comme Institut national de coordination pour le Niger. On doit donc développer les axes transversaux, notamment sur le changement climatique et l’urbanisation. Le Cermes est le centre de référence notamment pour la méningite, surveillant toutes les épidémies de méningite et de choléra du pays. Concernant la pandémie de la Covid-19, le Cermes est le point focal de tout le pays pour les diagnostics. Dès que l’institut de Hong Kong a mis en place les techniques de détection du virus, nous avons récupéré (tout comme à Dakar, Bangui ou au Cameroun) ces méthodes. Depuis nous avons mis en place tout le système de diagnostic Covid-19 pour le Niger et nous continuons à réaliser ce diagnostic pour les voyageurs et nous sommes dans tous les comités ministériels. » La valorisation de la recherche « Les chercheurs ont l’habitude d’être discrets et il y a un manque de communication. Toutes les données communiquées par le ministère de la Santé sont générées par le Cermes mais personne ne le sait. Cela fait partie de notre discrétion habituelle, on ne fait pas beaucoup de publicité. Il y a un défaut de communication par rapport à d’autres civilisations anglo-saxonnes, les populations ne savent pas qui fait quoi et cela est valable pour tous et pas seulement que pour le Cermes. Il y a des réalisations intéressantes partout, le laboratoire équivalent vétérinaire produit de nombreux travaux pour le ministère et oriente les stratégies ministérielles dans le domaine de l’élevage et de l’agriculture. L’université produit également des données intéressantes permettant de faire beaucoup de choses, mais en pratique il y a un défaut de communication directe envers les populations. Les citoyens commencent à connaitre un peu plus le Cermes avec la crise de la Covid-19. Toutes les études relatives à la méningite ou à l’émergence de nouveaux types de méningite (comme le W135) sont produites par le Cermes. Le citoyen lambda du Niger ne sait pas forcément d’où viennent les données mais les ministères ont besoin de données et d’indications et c’est à cela que servent les centres de recherche. » Les difficultés liées au financement de la recherche et aux ressources humaines « C’est le grand débat et je ne sais pas si cela est propre à l’Afrique de l’Ouest. En Afrique de l’Ouest, il est parfois plus facile d’obtenir des crédits pour faire des recherches opérationnelles que dans le Nord. La recherche est un travail de long-terme alors que les décideurs ont souvent une vision de court ou moyen terme, correspondant à des objectifs de plans ou électoraux. Il faut être réaliste, ce sont des objectifs à plus court-terme que la recherche donc nous ne sommes pas sur les mêmes calendriers et les bailleurs ont souvent du mal à anticiper, on obtient souvent des projets sur deux-trois ans. Un autre problème essentiel de la recherche est de stabiliser les ressources humaines et les compétences. Former un chercheur qui est autonome, compétent, productif, prend du temps. Dans la recherche, les ressources humaines se bâtissent sur le moyen et long-terme et cela est le problème de tous les laboratoires de recherche du monde. Le problème propre à l’Afrique est que les ressources humaines sont plus faibles, il y a moins d’étudiants atteignant un niveau suffisant pour prendre en charge des projets. Il faut réussir à stabiliser les ressources humaines sur le terrain. » Les principaux défis de la recherche en Afrique « En termes de technologie, on a l’impression que les laboratoires du Nord sont très équipés et qu’on sera plus à même de faire des recherches intéressantes ailleurs, mais cela n’est pas forcément vrai car les potentiels d’équipements ne sont pas forcément limitant, notamment dans des pays comme le Niger. Si on a un bon projet et des ressources pour faire fonctionner les équipements, on va trouver des partenaires pour financer ces équipements, et c’est cela qui se passe depuis deux ans au Cermes, on est dans une dynamique positive nous permettant de rééquiper le centre. Par exemple, l’Institut Pasteur de Dakar qui existe depuis un siècle est beaucoup plus équipé mais c’est cumulatif, car il y a des personnes pour utiliser ces équipements, tandis qu’en province il est fréquent que les équipements ne soient pas utilisés. Ce qui est plus difficile, notamment en Afrique, c’est la maintenance. Lorsque l’on achète un équipement, il faut compter un dixième du prix de l’équipement par an en crédit de maintenance. Ce coût de maintenance fait partie du budget de fonctionnement de l’institution. Il faut ainsi avoir un budget suffisant étant capable d’intégrer le crédit de maintenance, sinon on ne peut plus réparer les appareils défaillants. Actuellement, le Niger rencontre une difficulté, il n’y a plus de production d’azote liquide. Or, on utilise l’azote liquide pour conserver les cellules, les micro-organismes, les semences animales et végétales, etc. Les unités de production sont en panne et il faut 40 millions de CFA pour les réparer. Nous sommes donc en train de chercher des partenaires pour financer ces réparations. Il n’y avait pas d’anticipation de la maintenance. Avant d’acheter un équipement coûteux il faut réfléchir au coût de la maintenance (re calibrage, changement des pièces, etc). Il faut dimensionner les équipements en fonction des capacités de maintenance. Au Cermes, nous sommes en train de penser à l’installation d’un laboratoire de niveau 3 car nous en avons besoin pour les fièvres hémorragiques, il faut donc compter 30 millions de CFA par an de crédit de maintenance. Les deux premiers gros problèmes en Afrique sont donc de stabiliser les ressources humaines et d’anticiper la maintenance des équipements. Le troisième problème majeur de l’Afrique pour faire de la recherche est le coût de la recherche sur place (avec ou sans taxe). Contrairement à ce que l’on peut croire, faire de la recherche en Afrique est deux à trois fois plus cher qu’à Paris ou à New York, car les coûts de maintenance et les prix des réactifs sont plus élevés et les pays ne détaxent pas les réactifs de recherche (éventuellement ils détaxent les réactifs de diagnostic de santé mais pas de recherche). Par exemple, un séquençage en Europe pour voir des mutations ou des résistances à un antibiotique va coûter cinq euros, en Afrique cela va coûter quinze euros. La recherche en Afrique coûte plus cher qu’au Nord malgré le fait que le coût des ressources humaines est censé être plus bas. Cet enjeu devrait faire l’objet de réelles discussions dans des organismes comme la CEDEAO, afin de trouver des règles communes de détaxation de tous les réactifs pour la recherche et des mécanismes permettant de diminuer les coûts. »
Scientifique, médecin infectiologue et Directeur de recherche de l’Institut Pasteur à Paris, Dr Ronan Jambou est détaché comme Directeur Scientifique au Centre de recherche médicale et sanitaire du Niger, qui fait partie du Réseau des instituts Pasteur, dans le but d’augmenter les collaborations internationales du Centre.
Ses domaines de recherche principaux sont l’épidémiologie, la biologie moléculaire et la bio-informatique qu’il enseigne à l’université. Il s’occupe également des questions liées aux parasites, au paludisme etc.
Actuellement, il coordonne la mise en place de projets plus transversaux et aide de jeunes chercheurs à monter des projets de recherche.