Auteur : Le Point Afrique
Organisation affiliée : Le Point
Type de publication : Article
Date de publication : 24 Février 2020
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Important partenaire commercial de la Chine, l’Afrique souffre de systèmes de santé faibles qu’il s’agit de vite adapter à l’urgence du moment.
Presque deux mois après le début de l’épidémie de coronavirus à Wuhan, dans la région de Hubei, l’Afrique semble épargnée par le Covid-19. Mais compte tenu du fort trafic aérien entre le continent et la Chine, son premier partenaire commercial, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti samedi 22 février que les systèmes de santé en Afrique étaient mal équipés pour affronter l’épidémie de coronavirus si des cas de contamination apparaissaient et se multipliaient sur le continent.
Quels sont aujourd’hui les enjeux autour de la détection des cas ? L’Afrique prend-elle la menace au sérieux ? Où en est le continent africain alors qu’il y a encore une dizaine de jours, il n’y avait que deux laboratoires, au Sénégal et en Afrique du Sud, sur un continent de 54 pays, capables de tester des échantillons de salive susceptibles de contenir le Covid-19.
L’OMS en alerte
Au cours d’une réunion des ministres de la Santé des pays de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a appelé les pays de l’UA à « faire front commun pour être plus agressifs » dans la lutte contre la maladie à coronavirus Covid-19. « Notre principale préoccupation continue d’être le potentiel de dissémination du Covid-19 dans les pays dont les systèmes de santé sont plus précaires », a déclaré le chef de l’OMS dans une liaison vidéo depuis Genève.
Les systèmes pas si performants…
Mais si le coronavirus commence à se répandre sur le continent, les systèmes de santé devront prendre en charge des patients atteints de symptômes comme des défaillances respiratoires, des chocs septiques ou la défaillance simultanée de plusieurs organes. « Ces patients ont besoin de soins intensifs nécessitant des équipements comme des appareils d’assistance respiratoire qui manquent dans de nombreux pays africains, et c’est une source de préoccupation ». Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a quant à lui appelé les responsables africains à « prendre des mesures drastiques de prévention et de contrôle », car l’Afrique est particulièrement vulnérable « en raison de ses systèmes de santé relativement précaires ». Le défi pour les pays africains est aussi de développer les capacités à procéder à des tests de dépistage.
… mais une majorité de pays disposent de moyens pour détecter la maladie
En trois semaines, le nombre de pays africains capables d’effectuer des tests pour détecter le coronavirus est passé de deux à 26, a indiqué Matshidiso Rebecca Moeti. Et John Nkengasong, directeur des Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies, a indiqué à l’AFP que le nombre de pays africains pouvant procéder à ces tests dépasserait bientôt la quarantaine. C’est-à-dire qu’ils sont désormais en mesure de diagnostiquer le virus eux-mêmes, sans avoir à envoyer les prélèvements à l’étranger ou dans un pays voisin.
En trois semaines, le nombre de pays africains capables d’effectuer des tests pour détecter le coronavirus est passé de deux à 26, a indiqué Matshidiso Rebecca Moeti
Cependant, si les cas de contamination apparaissaient en grand nombre, les pays africains pourraient être confrontés à des pénuries de kits de dépistage et d’équipement de protection comme des masques. Si le coronavirus se répand sur le continent africain, la capacité à établir un diagnostic rapidement sera ainsi limitée. « Nous faisons face à une menace imminente, une menace grave », a-t-il tenu à souligner. Le chef de l’OMS a indiqué que 30 000 kits de protection personnelle avaient été expédiés à « plusieurs pays en Afrique » et que 60 000 tests seraient envoyés à 19 pays « dans les prochaines semaines ».
Égypte, Algérie et Afrique du Sud : pays à risques, mais les mieux préparés
Si l’Égypte, l’Algérie et l’Afrique du Sud sont les pays africains les plus à risques de voir surgir des cas d’infections au nouveau coronavirus, ils restent les moins vulnérables, car leurs systèmes de santé sont les mieux préparés du continent, selon la revue The Lancet. Mercredi, la revue médicale a rendu publique une modélisation. En tout cas, ces trois pays représentent les portes d’entrée probables du nouveau coronavirus en Afrique, du fait de l’importance des échanges aériens avec les provinces chinoises contaminées. « Ces pays sont aussi parmi les mieux équipés du continent pour détecter rapidement les nouveaux cas et les prendre en charge ».
Des critères de risque pleins d’enseignement
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont évalué le risque d’importation du virus en Afrique pays par pays, et les capacités de chaque pays à le détecter et à y faire face. « Dans d’autres pays d’Afrique, le risque d’importation du virus est plus faible, mais les carences sanitaires font craindre une diffusion rapide », notent les auteurs qui citent notamment le Nigeria, l’Éthiopie, le Soudan, l’Angola, la Tanzanie, le Ghana et le Kenya.
Pour plusieurs pays africains ayant de faibles ressources pour gérer une épidémie, les risques sont importants de ne pas disposer de l’organisation et des infrastructures pour la détection, le confinement, la prise en charge des malades, ce qui fait craindre un risque d’épidémie sur le continent.
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