Auteur : Amnesty International
Site de publication : Amnesty International
Type de publication : Article
Date de publication : 15 février 2023
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Les autorités doivent veiller à ce que les élections présidentielles et à l’Assemblée nationale, prévues le 25 février au Nigeria, soient exemptes de toute nouvelle violence et intimidation, et mettre en place des mesures efficaces afin de protéger tous les participant·e·s et de prévenir les violations des droits humains.
Les partis politiques, les responsables politiques, les forces de sécurité et les groupes d’intérêt doivent s’abstenir de cautionner ou de participer à des actes de violence ou d’incitation susceptibles de priver des citoyen·ne·s de leurs droits fondamentaux.
Osai Ojigho, directrice d’Amnesty International Nigeria, a déclaré :
« Le désespoir des acteurs politiques pendant les campagnes électorales, récemment constaté au vu des cas d’incitation à la violence et des attaques visant des convois de campagne et des personnes dans certains États, est inacceptable. L’incapacité des autorités à traduire en justice les responsables de violences meurtrières lors des précédentes élections crée un climat d’impunité et encourage ce type d’actes (…) Il faut mettre un terme aux violences liées au genre, telles que les menaces de viol proférées à l’encontre des femmes et des jeunes filles pour les intimider ou les empêcher de voter. Les autorités nigérianes doivent respecter leurs obligations en matière de droits humains au titre du droit international et de la Constitution nigériane de 1999 (dans sa version modifiée) en veillant à ce que les appels à la haine qui constituent une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence ne trouvent pas d’écho dans le pays. »
Depuis plusieurs mois, le Nigeria est plongé dans un cycle de violence.
Le 28 novembre 2022, des hommes armés ont tué Victoria Chimtex, leader du Parti travailliste dans la zone de gouvernement local de Kaura, dans l’État de Kaduna.
En mars 2022, Olumo Abolaji, du Congrès des progressistes (APC), dans l’État de Kwara, a été enlevée puis tuée.
Le 19 juin 2022, un bus transportant des journalistes dans le convoi de campagne de Bola Tinubu, candidat à la présidence qui dirige l’APC à Lagos, a été attaqué.
Le 9 novembre 2022, dans le nord-est de Maiduguri, le convoi de campagne où se trouvait le candidat à l’élection présidentiel du parti de l’opposition Parti démocratique du peuple (PDP), l’ancien vice-président Atiku Abubakar, a été attaqué et des dizaines de personnes ont été blessées.
En décembre 2022, le restaurant de la dirigeante du Parti travailliste dans l’État de Kebbi a été saccagé. Le même mois, le convoi de campagne de Natasha Akpoti-Uduaghan, candidate au Sénat pour le Parti démocratique du peuple (PDP), a été attaqué entre Okene et Adaviin, dans l’État central de Kogi, et plusieurs personnes ont été blessées.
Mardi 24 janvier, un convoi de campagne du Parti travailliste a été la cible d’une attaque violente à Katsina, dans le nord du Nigeria.
À l’approche des élections, la situation en termes de sécurité dans le sud-est du pays se dégrade
Le 4 janvier, David Uche, président du Parti des jeunes progressistes (YPP) à Ibeme Ward, dans la zone d’Isiala Mbano, dans l’État d’Imo, a été tué par des hommes armés. Le 14 janvier, des bandits armés ont pris d’assaut le domicile d’Ikenga Ugochinyere, porte-parole de la Coalition des partis politiques unis dans l’État d’Imo, incendié sa maison et tué quatre personnes. Chris Ohizu, unique administrateur de la zone de gouvernement local d’Ideato-nord, dans l’État d’Imo, a été enlevé et décapité. Des hommes armés ont également attaqué une réunion du Congrès des progressistes (APC) dans la zone de gouvernement local d’Izzi, dans l’État d’Ebonyi, faisant deux morts.
Osai Ojigho a déclaré : « Ces actes sont très préoccupants et peuvent avoir des répercussions sur la situation générale des droits humains avant, pendant et après les élections. Nous recevons des informations selon lesquelles des partisans de certains responsables politiques s’en prennent violemment à des opposant·e·s. Il faut briser toute possibilité d’impunité en veillant à ce que des enquêtes soient menées en vue de traduire rapidement en justice les responsables dans le cadre de procès équitables. ».
Les autorités doivent veiller à ce que les journalistes, les observateurs électoraux locaux et internationaux et toutes les parties prenantes puissent mener leurs activités en toute sécurité avant, pendant et après les scrutins, sans crainte de violence ni d’intimidation.
Amnesty International va surveiller la situation des droits humains et recueillir des informations afin que les auteurs de ces actes, quels qu’ils soient, aient à rendre des comptes et que les victimes aient accès à la justice et à des voies de recours utiles.
« Il ne faut laisser aucune place aux violations des droits humains. Les autorités, les partis politiques et les candidats nigérians doivent condamner publiquement tout acte d’intimidation et tout appel à la haine et à l’incitation. Il est temps que l’ensemble des parties prenantes montrent qu’elles adhèrent aux droits humains et s’engagent à les promouvoir et à les protéger au Nigeria », a déclaré Osai Ojigho.