Auteur : Sophie DOUCE
Site de publication : Le Monde
Type de Publication : Article
Date de publication : 30 Décembre 2019
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Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
« Si tous les adultes achevaient le secondaire, le taux de pauvreté dans le monde diminuerait de moitié », estime pourtant l’Unesco.
Le Burkina affiche le cinquième taux le plus élevé au monde pour les mariages d’enfants, avec une fillette sur deux mariée avant ses 18 ans et une sur dix avant ses 15 ans. « Les parents préfèrent investir dans l’éducation des garçons, car la fille est considérée comme une “étrangère” qui devra partir vivre dans une autre famille et s’occuper des tâches ménagères », explique Naaba Karfo, roi et chef coutumier de Nanoro. « Chaque année, on perd des écolières, mariées de force puis rapidement enceintes », regrette l’inspecteur de l’enseignement de la commune, Seydou Yameogo, qui a ensuite bien du mal à les réintégrer dans le système scolaire.
Res Publica, une association française qui a mis en place un plan de scolarisation des filles. En une vingtaine d’années, l’ONG a réussi le pari de multiplier par cinq l’effectif des filles dans la centaine de structures construites, dans trois provinces du pays.
Au Burkina, si l’école est gratuite et obligatoire jusqu’à 16 ans, les familles doivent contribuer aux frais de fonctionnement des établissements, prendre en charge les déplacements et encore acheter des fournitures scolaires.
Ses fondateurs, les Lyonnais Françoise et Jean-Claude Perrin, ont débarqué en 2001 au milieu des champs de sorgho et de mil de la région de Nanoro, dans le sillage d’un médecin français dont ils ont financé les missions. Le couple, qui observe alors les avancées sanitaires sur la zone, découvre la réticence des parents à envoyer leurs filles en classe. « Les familles, modestes préféraient garder leurs enfants pour être aidées dans les tâches ménagères et les travaux champêtres », se rappelle André Kaboré, coordinateur local de Nanoro. Les deux Français décident, avec leur argent personnel, d’octroyer des bourses aux filles.
Au Burkina, si l’école est gratuite et obligatoire jusqu’à 16 ans, les familles doivent contribuer aux frais de fonctionnement des établissements, prendre en charge les déplacements et encore acheter des fournitures scolaires. Res Publica décide alors de construire 16 nouveaux établissements – de la maternelle au lycée – avec trois internats féminins et met ces infrastructures à la disposition du ministère de l’éducation burkinabé, qui y nomme des enseignants.
L’association, elle, prend en charge les frais de scolarité des enfants des familles les plus démunies et met en place des cantines avec des repas préparés par les familles du village. « Avant, les élèves restaient le ventre vide toute la journée, perdant en concentration », rapporte André Kaboré, bien conscient que ce repas quotidien, parfois le seul, est un argument de plus pour envoyer les enfants étudier.
Ces dernières années, le Burkina Faso a réalisé des progrès significatifs en matière éducative grâce à un plan décennal. Le nombre de filles scolarisées dans le primaire est passé de 72 % en 2008 à 95 % en 2018.
Vingt ans plus tard, deux choses ont changé. « La parité est assurée entre filles et garçons », rappelle Jean-Claude Perrin. Ensuite, selon les données de l’association, les résultats scolaires de la zone ont progressé de 30 % depuis son intervention.
L’enjeu de la scolarisation des filles reste énorme en Afrique subsaharienne, où vivent plus de la moitié des 61 millions d’enfants non scolarisés de la planète. Ces dernières années, le Burkina Faso a réalisé des progrès significatifs en matière éducative grâce à un plan décennal. Le nombre de filles scolarisées dans le primaire est passé de 72 % en 2008 à 95 % en 2018. Mais la difficulté vient après. Seulement 40 % d’entre elles poursuivent dans le secondaire et 4 % dans le supérieur.