Organisation affiliée : Coalition Nationale pour l’Education Pour Tous du Burkina Faso
Type de Publication : Rapport
Date de publication : Juin 2019
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Le Burkina Faso est un pays sahélien sans littoral situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest. Il couvre une superficie de 274 000 km2 et partage ses frontières avec six pays à savoir le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, le Niger et le Togo. De par sa position géographique, le Burkina Faso est un pays de transit, surtout routier. Son climat est de type sahélien dans le Nord et soudanais dans le reste du pays.
Du point de vue économique, le Burkina Faso est un pays essentiellement agricole et pastoral. Les activités agro-pastorales occupent près de 80 % de la population active et contribuent pour près du tiers (1/3) du produit intérieur brut (PIB). Elles sont tributaires du climat défavorable de type sahélien caractérisé par une saison de pluies de courte durée (3 à 4 mois) et une saison sèche de 8 à 9 mois.
A l’initiative de l’ONU, 193 pays dont le Burkina Faso se sont engagés à atteindre 17 objectifs mondiaux qui ont été négociés entre 2012 et 2015 parmi lesquels figure l’Objectif de Développement Durable N°4 à savoir : « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie » .
Pour matérialiser la mise en œuvre de l’ODD, le Burkina Faso a élaboré le Plan sectoriel de l’éducation et de la formation (PSEF 2017-2030) qui tire son fondement du Plan National de Développement Économique et Social (PNDES 2016-2020), prend en compte le Programme de développement stratégique de l’éducation de base (PDSEB 2012-2021).
Du point de vue économique, le Burkina Faso est un pays essentiellement agricole et pastoral. Les activités agro-pastorales occupent près de 80 % de la population active et contribuent pour près du tiers (1/3) du produit intérieur brut (PIB)
Le processus d’élaboration du PNDES a bénéficié des travaux de l’atelier national d’appropriation et de priorisation des cibles des ODD, qui a eu lieu du 4 au 9 avril 2016, des assises nationales les 20 et 21 juin 2016. Les objectifs stratégiques du PNDES intègrent les principales cibles des ODD par une meilleure intégration de la croissance et de la transformation économiques, de la réduction des inégalités et de l’inclusion sociale, de la durabilité environnementale, de la gouvernance efficace et inclusive.
S’agissant de l’alignement des politiques d’éducation au Burkina Faso avec l’ODD4 et la Stratégie continentale de l’éducation, il faut noter que le PNDES s’est inspiré de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et des ODD avec des travaux d’internalisation au Burkina Faso en 2016.
En effet, pour atteindre les objectifs fixés dans le domaine de l’éducation et de la formation, plusieurs référentiels ont été revus et actualisés.
Au niveau de l’éducation de base formelle et non formelle, on retient :
- le Programme de Développement stratégique de l’Education de Base (PDSEB 2012-2021) ;
- la Stratégie nationale d’Accélération de l’Education des Filles (SNAEF 2012-2021). Au niveau des enseignements secondaire et supérieur :
- la Politique sous-sectorielle des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique (PS/ESSRS 2010-2025);
- le Plan national d’Action de Développement de l’Enseignement supérieur (PNADES 2014- 2023) ; Au niveau de l’enseignement et la formation techniques et professionnels :
- la Politique nationale d’Enseignement et de Formation techniques et professionnels (PN- EFTP).
Ces différents référentiels ministériels constituent le fondement du Plan sectoriel de l’Education et de la Formation (PSEF 2017-2030) adopté en Conseil des Ministres le 31 mai 2017 et qui prend en compte les trois ministères. Sa mise en œuvre devrait permettre au Burkina Faso de réaliser les objectifs du PNDES et les ODD en ce qui concerne l’éducation et la formation.
Il faut toutefois signaler que lorsque ces différentes déclarations de Dakar et d’Incheon ont été faites, le Burkina Faso avait déjà engagé des projets prenant en compte certains objectifs de ces déclarations. Comme l’indique le chargé d’éducation de l’UNESCO au Burkina Faso T.I, « Il s’agissait donc de faire une gymnastique d’ajustement, d’adaptation, d’alignement avec les projets qui existaient (PDDEB, PDSEB) pour prendre en compte les nouveaux objectifs internationaux ».
La mise en œuvre des recommandations issues de cette étude permettra d’assainir l’environnement scolaire aux fins de créer un espace propice au bon déroulement des activités pédagogiques et à la promotion des valeurs sociales burkinabè.
Par ailleurs, le Ministère de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales a noué un partenariat avec le Centre de Recherche en Santé de Nouna (CRSN) en vue de la prise en compte de la dimension de l’éducation dans les activités du Système de Surveillance démographique et de Santé (SSDS) de Nouna. Ce partenariat vise une meilleure connaissance de la problématique de l’éducation dans le SSDS en particulier et au Burkina Faso en général, par la production de données longitudinales qui permettent de mettre en place des indicateurs de suivi et d’évaluation du système éducatif.
Le Burkina Faso à travers le Programme de Développement stratégique de l’Education de base (PDSEB) a adopté en août 2012 qui se fixe pour objectifs de :
- développer l’éducation préscolaire en faisant passer le taux de préscolarisation de 2,7% en 2010 à 3,00% en 2016 et plus de 25% en 2021) ;
- réaliser l’enseignement primaire universel en 2021 dont 75,1% de TAP en 2015 avec une équité fille/garçon ;
- supprimer le goulot d’étranglement entre le primaire et le post primaire (général et technique, formel et non formel) avec un taux de transition de 95% en 2021 avec une équité fille/garçon et 100% en 2025 ;
- accélérer l’alphabétisation en éliminant l’analphabétisme à sa source à travers la prise en charge de tous les adolescents de 09-15 ans à l’horizon 2021 et en mettant l’accent sur l’alphabétisation/formation des plus de 15 ans avec une attention particulière pour au moins 60% des jeunes de 15-24 ans (PDSEB, 2012).
En ce qui concerne la gratuité dans le cadre de l’accès, on observe une privatisation plus poussée de l’éducation :
- L’effectif du post-primaire et du secondaire au plan national est de 1281 007 élèves en 2017/2018. 44,5% de cet effectif soit 49,1 % de filles et 39,9% de garçons sont inscrits au privé. Au Kadiogo 53,4% des effectifs relèvent du privé ;
- la réalisation des infrastructures publiques demeure problématique. On relève au primaire, 11 771 établissements publics contre 3 956 privés ; au postprimaire et secondaire, 1 967 publics contre 1 843 privés. Le volet EFTP reste encore embryonnaire, 27 publics contre 123 privés ;
- Au post primaire et au secondaire général sur la même période le privé dispose de 43% des salles de classe
- Au primaire, le nombre de classes sous paillote est de 6402 en 2017-2018 soit une augmentation de 16,4% par rapport à l’année précédente.
Une augmentation du taux d’achèvement national en 2018 de :
plus 3,3 points au primaire ;
4,9 points au post-primaire ;
3,6 points au secondaire.
La qualité de l’enseignement pose également problème surtout au niveau des disciplines fondamentales :
– Au primaire, en français les scores moyens des élèves de CE1 et de CM2 sont respectivement de 45,54/100 et de 41,88/100. Les mathématiques ont été la discipline la moins réussie par les élèves des deux niveaux avec des scores moyens respectifs de 31,67/100 et de 39,86/100.
– Au post-primaire, les performances des élèves sont préoccupantes : 74,73% des élèves évalués en français et 87,72% en mathématiques ont obtenu moins de 50/100. La situation est particulièrement inquiétante en 5e ; moins de 5% des élèves évalués ont obtenu plus de 60/100
En tout état de cause, le système éducatif ne débouche pas sur un apprentissage véritablement utile. Il est de ce fait inadapté aux besoins du marché.
- 260 filles vulnérables du centre municipal de formation artisanal des jeunes filles de Bogodogo, du centre de formation professionnel de la maison de la femme de Ouagadougou bénéficiaires d’une subvention.
- 1 300 filles bénéficiaires d’appui à l’hébergement, 8 000 filles bénéficiaires de restauration et 2000 filles bénéficiaires d’appuis spécifiques dans 42 établissements de 4 régions (Cascades, Centre nord, Est et Sahel).
- 882 filles méritantes du post-primaire et secondaire bénéficiaires de prix d’excellence.
- L’insuffisance de formation des éducateurs/enseignants et des encadreurs pédagogiques en éducation inclusive et en pédagogie genre sensible.
- Les disparités existantes entre les régions en matière de taux d’achèvement. A titre d’exemple, au primaire dans les régions du Sahel les taux d’achèvement sont de 27,8% contre 78,5% au Centre en 2017/2018.
- Le sous financement de l’éducation inclusive.
- La faiblesse de l’indice de parité fille/garçon du TBA au secondaire qui est de 0,66 indiquant que les filles ont moins accès au secondaire que les garçons.
Recommandations
1- Mettre un accent particulier sur la réalisation des infrastructures adaptés, le recrutement de spécialistes et la formation d’enseignants spécialisés en braille et en langue de signe dans nos universités. 2- Tenir compte des besoins spécifiques des enfants handicapés dans la dotation des écoles en outils didactiques, pédagogiques, en fournitures et manuels scolaires. 3- Mettre en œuvre et assurer le suivi de la stratégie nationale d’éducation inclusive (SNDEI). 4- Mettre en place des mesures incitatives pour réduire les inégalités régionales.
Recommandations
1- Réaliser un audit des différentes approches d’alphabétisation en vue de développer des alternatives éducatives visant à améliorer de façon durable les compétences des jeunes, des adultes et des femmes en lecture, écriture et calcul.
2- Mettre en place un système efficace de collecte de données statistiques dans le domaine de l’ENF.
3- Améliorer l’allocation des ressources financières allouées au du programme ENF du PDSEB. 4- Elaborer et éditer des manuels dans les langues nationales.
Recommandations
Assurer la formation initiale et continue des enseignants pour promouvoir le développement durable, notamment par l’éducation en faveur du développement et de modes de vie durables, des droits de l’homme, de l’égalité des sexes, de la promotion d’une culture de paix et de non-violence, de la citoyenneté mondiale et de l’appréciation de la diversité culturelle et de la contribution de la culture au développement durable.
Pour des acteurs du système des Nations Unies :
« C’est une question de volonté politique et la volonté politique passe par la volonté de mobilisation des ressources pour placer l’ODD comme priorité gouvernementale. Partout où il y’a la volonté, il y’a une porte ouverte pour le progrès. Et nous ne pouvons pas atteindre l’ODD si nous n’améliorons pas le dialogue social. Une seule personne ou une seule entité ne détient pas la vérité », chargé d’éducation au PNUD Burkina Faso.
Il faut aussi œuvrer à renforcer les capacités des acteurs de l’éducation notamment en tenant compte des spécificités culturelles des enfants. Il faut se donner les moyens pour y arriver.
« Je suis sûre qu’ensemble avec les partenaires et l’État, nous pouvons y arriver. Il faut travailler de telle sorte que l’école soit ouverte à toute la communauté (mères éducatives, parents d’élèves, etc.) pour que ces personnes ressources réintègrent l’école et apprennent aux enfants la vraie culture », laisse entendre une actrice de la société civile nationale.
Un autre renchérit que :
« Il y a déjà un bon mécanisme qui existe sur place, mais, c’est un volet sur lequel, il faut continuer à faire des appuis afin que le système soit plus solide qu’il ne l’est aujourd’hui. Avec les problèmes de sécurité, certainement qu’il y aura d’autres intervenants dans plusieurs domaines. Il faut que l’État se dote de planificateurs. Si toutes ces conditions sont réunies, on devrait tendre vers les objectifs ».