Auteurs : Fondation Energies pour le Monde, Ministère des Mines, des Carrières et de l’Energie
Type de Publication : Étude
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Dans le cadre de la stratégie de réduction de la pauvreté, le gouvernement du Burkina Faso a mis en place en 1998 une réforme du secteur de l’électricité visant à développer la concurrence et réduire ainsi les coûts de l’électricité. Le monopole de la production d’électricité détenu par la Sonabel, qui exploite 269 MW a été supprimé sur toute l’étendue du territoire. Une autorisation de distribution d’électricité dans les zones où aucune société de distribution n’est installée a été mise en place et un fonds de développement de l’électrification a été créé.
Depuis, une dizaine d’opérateurs privés se sont lancés sur le marché de l’électrification rurale, avec des groupes électrogènes indépendants ou par extension du réseau Sonabel.
Les opérateurs privés gèrent un parc de production de 16,8 MW.
Le gouvernement a fixé comme objectif un taux d’accès à l’électricité de 100 % pour les populations urbaines et de 49 % pour les populations rurales à l’horizon 2020.
Les ressources énergétiques renouvelables existent dans le pays mais sont
pour le moment peu exploitées. L’hydroélectricité et le gisement solaire sont les deux ressources les plus importantes. Le plus grand barrage hydroélectrique (18 MW à Bagre) se trouve dans la région du Centre-Est et d’autres projets existent dans les régions des Hauts-Bassins et du Sud-Ouest. L’ensoleillement est supérieur à 2 800 h/an dans presque tout le pays, ce qui permet d’utiliser
les technologies solaires photovoltaïques de manière efficace.
Malgré la disponibilité du gisement solaire et un cadre législatif clair, peu de programmes ont été mis en place pour son utilisation. Ce faible développement est d’abord lié au besoin important en investissements de ce genre de projet, sachant qu’il n’existe pas de mesures incitatives à l’achat ni de données fiables sur les résultats d’exploitation dans le pays. Les opérateurs privés locaux ont donc été réticents à se lancer dans l’installation et l’exploitation de systèmes basés sur les énergies renouvelables. Enfin, l’absence de méthodologie pour le montage du programme d’électrification rurale décentralisée (ERD) a également limité la mise en place de projets.
Malgré ces freins, plusieurs opérations ponctuelles d’électrification par énergie solaire photovoltaïque ont été menées au Burkina Faso. Des modules ont été installés pour l’exhaure d’eau dans le cadre du Programme régional solaire (PRS) du Comité inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel. Différents programmes ont permis l’éclairage de certaines infrastructures socio-économiques (écoles, centres de santé…). De son côté, l’Office national des télécommunications s’est doté de panneaux solaires pour alimenter en électricité certains de ses équipements.
Deux milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’électricité. Pourtant, l’électricité n’est pas un simple service de confort. Elle permet également d’avoir accès à l’eau potable, à des services de soins plus efficaces, favorise la croissance des activités artisanales ou industrielles et l’information des populations via la radio ou la télévision. L’énergie joue un rôle primordial pour accélérer le développement des pays les plus pauvres du monde. Or, ces pays consomment principalement des énergies d’origine fossile, dont les prix ne cessent d’augmenter. De plus, leur impact sur l’environnement et le changement climatique a été clairement établi depuis la conférence de Kyoto en 1997.
La situation actuelle nécessite donc de développer des énergies alternatives ayant un impact limité sur l’environnement. Aujourd’hui, l’usage des technologies utilisant les énergies renouvelables en milieu rural est compétitif face aux solutions conventionnelles. Leur mise en œuvre peut bénéficier aux pays du Sud largement dotés en sources d’énergies renouvelables diverses. Le programme d’accès à l’électricité présenté ici s’inscrit donc dans un cadre international favorable.
Les études ont débouché sur l’identification de 12 villages dans lesquels l’installation de systèmes d’énergies renouvelables est viable techniquement et économiquement. La dernière étape, à partir de cette sélection, a consisté à élaborer un programme adapté aux spécificités de chaque village.
Les impacts sociaux
Éducation
L’équipement des écoles offre de meilleures conditions de travail aux élèves, qui bénéficient de l’éclairage après la tombée du jour et d’outils audiovisuels éducatifs (ordinateur, imprimante…) et aux professeurs
pour la préparation des cours. La qualité de l’enseignement s’en trouve améliorée, et les taux de fréquentation et de réussite scolaire augmentent. À la maison, un meilleur éclairage permet aux enfants de faire leurs devoirs dans de bonnes conditions.
Santé
Les centres de santé sont mieux équipés, les consultations y sont plus nombreuses et les conditions sanitaires
sont améliorées. La conservation au froid des médicaments et des vaccins, l’utilisation d’équipements médicaux électriques ou encore l’éclairage correct des salles de soins sont désormais possibles.
À la maison, l’électricité provoque moins d’accidents domestiques que le pétrole lampant ou les bougies, et permet d’éviter aux enfants d’inhaler les fumées des combustibles. 17 % des décès des enfants de moins de 5 ans sont en effet dûs à des infections respiratoires, causées par l’utilisation des lampes à pétrole.
Accès à l’eau
La mécanisation du pompage améliore la qualité de l’eau et réduit les risques de maladie. La grande fiabilité
des équipements limite les temps d’arrêt et les risques de pénurie.
Sécurité
L’éclairage public favorise la lutte contre l’insécurité, notamment en réduisant
le nombre de vols. La sécurité est d’ailleurs le bénéfice de l’électricité le plus souvent cité par la population.
Accès à l‘information
L’électrification donne aux ménages l’accès aux informations via la radio ou la télévision. La recharge sur place des téléphones portables facilite leur usage et les liens avec l’extérieur. Enfin, des cybercafés peuvent être installés, ouvrant le champ de l’utilisation d’Internet.
Égalité des genres
Le confort domestique et les conditions de vie sont largement améliorés, notamment pour les femmes. L’électricité allège la charge de travail des tâches ménagères. Elle permet de développer des activités artisanales domestiques génératrices de revenus pouvant être effectuées par les femmes, telles que la vannerie, le petit maraîchage, la petite restauration, la couture…
Les impacts environnementaux
Réduction de la pollution
Dans des écosystèmes fragiles, le recours à des sources locales d’énergies renouvelables pour remplacer les énergies fossiles permet de réduire les pollutions dûes aux piles ainsi qu’au transport et à l’utilisation de pétrole. L’émission de 1 800 tonnes de CO2 est évitée durant les 20 premières années de fonctionnement des systèmes électriques.
Les impacts économiques
Réduction de la facture
Le coût des services rendus (éclairage, radio, télévision, etc.) par l’électricité d’origine renouvelable est inférieur à celui de l’utilisation du pétrole lampant et des piles. La facture énergétique d’un foyer est réduite d’environ 20 %.
Accroissement du temps disponible
Les activités domestiques, commerciales et artisanales peuvent être poursuivies après la tombée du jour grâce à l’éclairage. La qualité des travaux, des produits fabriqués et des services est améliorée, la sécurité est renforcée.
Développement de nouvelles activités
L’électrification permet aussi de lancer de nouvelles activités pour lesquelles l’électricité est indispensable, comme la conservation de produits agricoles avec le froid, ou leur transformation par des appareils électriques adaptés. Les revenus complémentaires générés contribuent à réduire la pauvreté.
Création d’emplois dédiés
L’électrification crée des emplois locaux, que ce soit pour l’installation des équipements, mais aussi pour leur exploitation et gestion. Des techniciens sont chargés de l’entretien des systèmes électriques, du personnel collecte les redevances et gère la clientèle, un comptable établit les factures et assure la bonne gestion des fonds. Enfin, un manager doit animer l’équipe et assurer les relations avec les autres intervenants.
L’objectif du programme est de tripler le taux d’électrification de la province du Kourittenga, qui passera de moins de 2 % à 6 %, grâce à l’électrification de 12 villages. Il est indispensable de veiller à ce que l’électrification ne soit pas une cause de plus grande injustice sociale, mais bien un facteur positif pour le développement.
À partir de l’estimation des coûts et des revenus, il est possible d’analyser les cash-flows générés sur 20 ans
et la rentabilité de l’opération. Seule la rentabilité économique est calculée, c’est-à-dire qu’il n’est pas tenu compte du montage financier (emprunts, fonds propres) permettant de financer la part d’investissement non subventionné.
Dans ce secteur nouveau et considéré comme risqué, un retour sur investissement significatif est un élément important pour convaincre des acteurs privés de s’engager. L’hypothèse retenue, après consultation d’opérateurs privés déjà en activité, est donc de viser un taux de rentabilité interne (TRI) de 10 % sur 20 ans pour l’exploitant et de 6,5 % pour l’ensemble des investissements privés.
Le montant maximal d’investissement privé permettant d’obtenir ce niveau de rentabilité est de 186 000 ¤, représentant 16 % du coût total du programme. Un programme d’électrification n’a de sens que s’il est à la fois rentable pour l’exploitant et abordable pour les villageois.
L’énergie est le deuxième poste de dépense d’un foyer, avec 9€ par mois en moyenne, sur un budget de 65€, pour l’achat de pétrole, de bougies ou encore de piles
L’analyse économique du projet sur 20 ans fait apparaître un taux de rentabilité interne de 6,5 % pour l’ensemble des investissements privés.
Le financement du programme proviendra de différents types de ressources :
- Un élément subvention de 55 % contribuera, comme dans tout programme d’électrification en milieu rural, à couvrir une partie du montant d’ Il participe
à la rentabilité économique et sociale du programme. - La valorisation des tonnes de carbone évitées contribuera à 3 %
de l’enveloppe budgétaire, - la contribution de l’état burkinabé correspondant à l’exonération de la fiscalité (droits de douane et TVA) participera à hauteur de 26 % de l’enveloppe,
- L’investissement privé, représentera 16 % du budget global et sera réparti en deux catégories :
– un investissement solidaire, pour 14,3 % dont la rentabilité de 1 % supérieur au taux d’actualisation, sera cohérente avec l’objectif des acteurs de l’économie solidaire,
-un investissement de l’opérateur local, limité à 1,7 % compte tenu de la surface financière réduite de ce type d’acteur.
La rentabilité escomptée de 10 %, est significative compte tenu des risques inhérents à cette activité.
Le Burkina Faso est un pays d’Afrique de l’Ouest, entouré du Mali, du Niger, du Bénin, du Togo, du Ghana et de la Côte d’Ivoire. De climat tropical subsaharien, avec deux saisons distinctes, c’est un pays essentiellement agricole, où près de 80 % de la population réside en zone rurale.
Depuis 1999, le gouvernement burkinabé a mis en œuvre une politique visant
à réduire la pauvreté, notamment par un accès à l’électricité étendu à tout le pays. Actuellement, seuls les principaux centres urbains bénéficient de l’électricité.
Dans une étude publiée en janvier 2008, le ministère des Mines, des Carrières et de l’Énergie envisage ainsi l’accès à un service énergétique moderne pour l’ensemble de la population d’ici à 2020. Les énergies renouvelables, et notamment l’énergie solaire photovoltaïque, font partie des options techniques proposées par le gouvernement dans ce cadre. La mise en place d’un programme d’électrification rurale par les énergies renouvelables s’inscrit bien dans cette volonté politique.
L’agriculture et l’élevage sont les principales activités des ménages dans la province du Kourittenga.
Les familles au sens large vivent dans des concessions, des ensembles de cases regroupées autour d’une cour intérieure commune. Les concessions familiales sont en général éloignées les unes des autres.
Les dépenses d’un ménage s’élèvent à 65 ¤ mensuels en moyenne. Les principaux postes de dépense sont l’alimentation, l’énergie, la santé et l’éducation…
L’énergie est le deuxième poste de dépense d’un foyer, avec 9€ par mois en moyenne, sur un budget de 65€, pour l’achat de pétrole, de bougies ou encore de piles. Les énergies traditionnelles (bois, charbon de bois, déchets végétaux et animaux) représentent 85 % de la consommation finale d’énergie dans le pays. Dans les zones rurales, 80 % de la population ont ainsi recours au bois énergie pour la cuisson et au pétrole lampant pour l’éclairage. En zone rurale, où vit près de 80 % de la population, le taux d’électrification est inférieur à 5 %.