Organisation affiliée : Water And Sanitation Program
Type de Publication : Brochure
Date de publication : Mars 2012
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Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
Le Burkina Faso perd 86 milliards FCFA chaque année, ce qui est équivalent à 171 millions $EU,* selon une étude documentaire faite par le Programme Eau et Assainissement. Cette somme est équivalente à 11 $EU par personne au Burkina Faso et par an, ou 2 % du PIB national.
Le Burkina Faso perd 86 milliards XOF chaque année à cause d’un mauvais assainissement
- 4 millions de Burkinabés utilisent des latrines insalubres ou partagées.
• 10 millions n’ont pas de latrines du tout et font leurs besoins en plein air.
• Le quintile le plus pauvre est 80 fois plus susceptibles de pratiquer la défécation en plein air que le plus riche.
La défécation en plein air coûte au Burkina Faso plus de 124 millions $EU par an – pourtant l’élimination de cette pratique nécessiterait la construction et l’usage de moins de 2 millions de latrines.
Perte de 26 millions $EU en temps d’accès chaque année :
Chaque personne pratiquant la défécation en plein air passe presque 2,5 jours par an à trouver un endroit isolé pour déféquer, ce qui conduit à de grandes pertes économiques. Ce coût pèse disproportionnellement sur les femmes qui sont pourvoyeuses de soins et qui peuvent passer plus de temps à s’occuper de jeunes enfants, des parents malades ou des personnes âgées. Ce coût peut probablement être sous-estimé d’autant que ceux qui n’ont pas de toilettes, particulièrement les femmes, seront aussi obligés de trouver un endroit privé pour uriner.
Perte de 136 millions $EU chaque année à cause de mort prématurée :
Environ 18.900 Burkinabés, notamment 15.400 enfants de moins de 5 ans, meurent chaque année de diarrhée : ces décès sont à presque 90% directement attribués à l’impureté de l’eau et au manque d’assainissement et d’hygiène (WASH). En outre, le mauvais assainissement est un facteur contributif, de par son impact sur les taux de malnutrition, aux autres causes principales de mortalité infantile, notamment le paludisme, les maladies respiratoires graves et la rougeole.
La défécation en plein air coûte au Burkina Faso plus de 124 millions $EU par an – pourtant l’élimination de cette pratique nécessiterait la construction et l’usage de moins de 2 millions de latrines
Perte de 0,8 million $EU chaque année à cause des pertes de productivité pendant la maladie ou l’accès aux soins de santé :
Il s’agit ici du temps où l’on est absent du travail ou de l’école à cause de la diarrhée, du temps passé à se faire soigner au centre de santé ou à l’hôpital, et celui passé à s’occuper des enfants de moins de 5 ans souffrant de la diarrhée ou d’autres maladies attribuables à un mauvais assainissement.
8,3 millions $EU sont dépensés chaque année en soins de santé :
Directement, et indirectement par la malnutrition (et ses conséquences liées à d’autres maladies telles que les infections respiratoires et le paludisme), toutes les maladies diarrhéiques constituent la cause principale de morbidité. Les coûts associés à la recherche de soins de santé incluent la consultation, les médicaments, le transport et, dans certains cas, l’hospitalisation; ce qui est un fardeau sur les dépenses des ménages et du gouvernement.
Les coûts d’un mauvais assainissement sont inéquitablement distribués, le fardeau économique le plus lourd pesant disproportionnellement sur les plus pauvres. Le coût moyen associé à un mauvais assainissement constitue une proportion beaucoup plus grande du revenu d’une personne pauvre que celle d’une personne plus riche.
Même l’accès à l’assainissement démontre des inégalités du fait que les plus pauvres qui représentent 20% de la population sont 80 fois plus susceptibles de pratiquer la défécation en plein air que les 20% des plus riches de la population.
Par conséquent, la pauvreté est pour les plus pauvres un couteau à double tranchant, car non seulement ils sont plus susceptibles d’avoir une mauvaise hygiène, mais ils doivent aussi payer proportionnellement plus pour les effets néfastes que cela comporte.
En coûts quantifiés par le modèle, la défécation en plein air coûte plus par personne que tout autre type d’assainissement non amélioré; les coûts supplémentaires étant principalement dus au temps passé à trouver un endroit sûr, privé pour la défécation. Bien que les coûts ne semblent pas être nettement plus élevés pour la défécation en plein air, avec environ 65% de la population pratiquant la défécation en plein air, les coûts nationaux y relatifs sont 2,5 fois plus que tous les autres types non améliorés d’assainissement.
Le chiffre de 171 millions $EU peut sous-estimer le coût réel de la situation sanitaire actuelle au Burkina Faso
Les coûts associés à l’assainissement partagé peuvent être plus élevés que ceux mentionnés si le temps passé à aller jusqu’aux latrines publiques, à y faire la queue ainsi que les frais d’utilisation étaient ajoutés. Ces coûts ne sont pas inclus comme il n’est pas possible d’estimer la proportion d’utilisateurs de latrines publiques dans la catégorie des latrines partagées.
Les coûts en termes de santé ne peuvent pas être facilement assignés par catégories de latrines.c L’assainissement, ou son absence, est un problème de santé publique : les gens sont affectés par leurs voisins et l’état de l’assainissement des communautés ainsi que leur propre hygiène, et les coûts de défécation en plein air sont ressentis à travers toute la communauté.
La défécation en plein air comporte aussi des coûts sociaux importants. La perte de dignité et d’intimité ou le risque d’attaque physique et de violence sexuelle ne peuvent pas être facilement évalués en unités monétaires, mais ces questions deviennent une réalité lorsque les installations sanitaires ne sont pas disponibles.
Le chiffre de 171 millions $EU peut sous-estimer le coût réel de la situation sanitaire actuelle au Burkina Faso. Les coûts suivants peuvent être significatifs, mais ils sont plus difficiles et coûteux à estimer, et n’ont pas été, par conséquent, évalués de manière concise:
Coûts des flambées épidémiques : La contamination de l’environnement par les selles est la cause profonde d’une moyenne annuelle de 525 cas de choléra affectant le Burkina Faso. Le coût de l’intervention WASH est estimé à 0,3 million $EU chaque année.
Les coûts d’un mauvais assainissement sont inéquitablement distribués, le fardeau économique le plus lourd pesant disproportionnellement sur les plus pauvres
Coûts funéraires : Les calculs du coût des décès prématurés ne tiennent pas compte des coûts funéraires que les ménages encourent directement et qui peuvent être considérables à travers l’Afrique. Au Burkina Faso, les coûts annuels des funérailles liées à l’assainissement (actualisés contre les coûts des funérailles potentiels) sont estimés à 1,5 million $EU.
Pollution des eaux : L’impact adverse du rejet dangereux des matières fécales dans les ressources en eau n’est pas inclus dans l’estimation du coût d’autant que les chiffres ne sont pas disponibles pour l’Afrique. On ajoutera aux coûts relatifs au mauvais assainissement, les effets qu’ont ces rejets dangereux sur la fourniture en eau potable, la distribution d’eau, les coûts du traitement pour la consommation et sur d’autres usages domestiques.
Développement cognitif : Le modèle n’essaie pas de saisir les pertes économiques à long terme liées aux effets adverses d’un mauvais assainissement sur le développement cognitif. La diarrhée de la petite enfance contribue à la sous-alimentation, au retard de croissance et au rabougrissement qui sont associés à la malnutrition et aussi à un développement cognitif réduit à long terme. L’infection aux helminthes transmis par le sol est aussi une cause importante du retard de la croissance physique et cognitif.
Tourisme : Compte tenu de la contribution actuelle du voyage et du tourisme au PIB, l’amélioration de l’assainissement au Burkina Faso pourrait conduire à une augmentation en voyage et tourisme qui rapporterait annuellement environ 0,9 million $EU.
Réutilisation : Bien que cela ne soit pas inclus dans ce modèle, le recyclage de matière fécales est une option qui pourrait apporter un potentiel avantage économique. La valeur de la réutilisation de matières fécales est susceptible d’augmenter à l’avenir d’autant que les réserves mondiales de phosphate continuent à baisser.