Auteur : LUX DEV
Lien vers le document original
Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts
Le Burkina Faso a fait de réels efforts pour légiférer en faveur de l’égalité de genre et prendre cette dernière en compte au niveau politique. La Constitution stipule en effet que tous les burkinabè sont égaux, interdit les discriminations notamment celles fondées sur le sexe, et garantit le droit de propriété pour tous.
Le Code des personnes et de la famille établit que les époux sont des partenaires égaux, le père et la mère partageant une responsabilité, des obligations et une autorité parentale égales envers les enfants. Il établit l’âge légal du mariage à 17 ans pour les filles et 20 ans pour les garçons. Il donne également aux femmes et aux enfants le droit à l’héritage. Il autorise la polygamie mais interdit le lévirat.
Les mutilations génitales féminines sont interdites, et l’avortement est légal uniquement si la vie de la mère est en danger, et en cas de viol, inceste ou malformations fœtales.Le nouveau code pénal de 2018 sanctionne également les violences à l’égard des femmes et des filles, qu’elles soient physiques, sexuelles, psychologiques, morales, économiques ou culturelles. En 1999, des quotas de genre (30% de femmes) sont introduits au niveau des élections locales et législatives.
Une politique nationale genre existe depuis 2009, et le ministère de la Femme, de la Solidarité nationale et de la Famille est le mécanisme national en charge de l’égalité de genre à l’heure actuelle. Des cellules genre ont été créées auprès des ministères afin d’en assurer l’intégration, et elles sont réunies au sein du Conseil national pour la promotion du genre. Différents documents stratégiques sectoriels placent également l’égalité de genre et la femme dans leurs actions et objectifs .
Le Burkina Faso a également ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et le Protocole de Maputo . Constats Si un environnement législatif et une intention politique favorables à l’égalité de genre semblent présents, les pratiques discriminatoires restent très élevées au sein de ce pays qui fait partie des plus pauvres au monde , même si ce taux a baissé au cours des 10 dernières années.
Le Code des personnes et de la famille établit que les époux sont des partenaires égaux, le père et la mère partageant une responsabilité, des obligations et une autorité parentale égales envers les enfants. Il établit l’âge légal du mariage à 17 ans pour les filles et 20 ans pour les garçons. Il donne également aux femmes et aux enfants le droit à l’héritage. Il autorise la polygamie mais interdit le lévirat
Les instruments législatifs sont délaissés au profit des pratiques coutumières qui, elles, comportent de profondes inégalités entre les hommes et les femmes. De plus, avec environ 60 groupes ethniques, chacun doté de ses propres coutumes et cultures, la disparité des relations hommes-femmes est encore plus accentuée.
À cela, il faut enfin ajouter l’écart important entre la situation des femmes en milieu rural et en milieu urbain. La société burkinabè est andocentrique, de nombreuses ethnies placent la femme sous la tutelle de l’homme, les femmes et les enfants sont vus comme des actifs productifs, une main d’œuvre non payée qui ne participe pas aux prises de décision.
Ainsi, l’idée que la femme s’occupe des tâches domestiques et de l’éducation des enfants est bien enracinée. Les hommes prennent les décisions en matière de santé de la femme et en ce qui concerne les achats domestiques dans plus de 75% des cas. Les femmes assurent 75% de la production alimentaire pour la consommation des ménages, jouant ainsi un rôle primordial au niveau de la sécurité alimentaire.
Le lévirat, bien qu’interdit par la loi, est encore pratiqué, surtout en zone rurale. Même si la loi prévoit la possibilité d’hériter, là encore, selon les coutumes, la famille du défunt prend possession des biens du couple, laissant la femme dans une situation de complet dénuement.
Au niveau institutionnel, le manque de maîtrise du concept du genre et de ses outils constitue un frein sérieux à son intégration dans les politiques, stratégies, programmes et mécanismes de suivi et d’information, auxquels s’ajoute un manque de moyens humains et financiers. Éducation Le Burkina Faso affiche une performance particulièrement mauvaise en matière d’éducation. Bien que les taux de scolarisation à l’école primaire aient augmenté au cours de la dernière décennie , de nombreux jeunes hommes et jeunes femmes n’ont toujours pas la possibilité de poursuivre leur scolarité au niveau secondaire ou d’accéder à des études techniques ou supérieures.
Le lévirat, bien qu’interdit par la loi, est encore pratiqué, surtout en zone rurale. Même si la loi prévoit la possibilité d’hériter, là encore, selon les coutumes, la famille du défunt prend possession des biens du couple, laissant la femme dans une situation de complet dénuement
Il existe une discrimination importante à l’égard des filles, surtout après le cycle primaire. L’absence d’un système éducatif performant (déficit de formation des enseignants, dispositif de formation continue non fonctionnel, matériel scolaire insuffisant, classes surchargées, temps d’apprentissage réduit) limite les possibilités d’acquérir les compétences qui permettraient d’accéder aux emplois productifs offrant des revenus adéquats.
Les facteurs influençant la scolarisation des filles sont notamment :
- le faible nombre d’écoles secondaires en zone rurale, le manque de moyens financiers ou de volonté des parents d’envoyer les filles être scolarisées en zone urbaine ;
- les grossesses précoces, les mariages forcés et précoces;
- l’idée encore très ancrée que les filles doivent participer aux corvées domestiques au lieu d’aller à l’école, et que de toute façon, une fois mariées, elles intègrent la famille de leur époux (c’est donc une perte d’argent de les envoyer à l’école et il vaut mieux investir cet argent dans les garçons) ; • les risques de violence à l’école, et notamment le risque d’être violée et de tomber enceinte, qui conduit à l’abandon scolaire.
Le genre dans la Coopération luxembourgeoise au Burkina Faso
Le Luxembourg, en adhérant, entre autres, à la Déclaration de Busan, s’est engagé à prendre en compte l’objectif d’égalité des sexes dans ses efforts en faveur de développement. Les interventions intégrant une composante genre de ces dernières années ont porté sur: L’enseignement, la formation technique et professionnelle
Le programme BKF/018 – Programme d’appui à la politique sectorielle d’enseignement et de formation techniques et professionnels (EFTP), a couvert la période 2012-2018. Les partenaires pour la mise en œuvre du programme étaient le ministère de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l’Emploi et le Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage.
Il prévoyait une standardisation des qualifications et leur transformation en formations modulaires qualifiantes, ce qui devait renforcer l’accès des femmes à la formation professionnelle.
Il prévoyait également des mesures incitatives dans le cadre du mécanisme d’appel à projet (prise en compte du genre), et des actions positives telles que des réductions sur le prix des formations pour l’accès des femmes à des formations plus traditionnellement masculines, et de façon plus large, pour l’inclusion des populations défavorisées (handicapés, jeunes en zones rurales reculées). Il prévoyait enfin un plan de communication pour valoriser les métiers porteurs et à forte valeur ajoutée envers les femmes.
Si l’on regarde globalement les bénéficiaires des actions de formations, la parité a été atteinte. Si l’intérêt des femmes a porté principalement sur les formations dans le domaine du commerce et de l’agro-alimentaire, de l’agriculture et de l’élevage, néanmoins, en fin de programme, on a pu constater l’émergence de leur intérêt pour des métiers traditionnellement réservés aux hommes, comme les travaux publics et le bâtiment.
Par contre, aucune donnée n’existe pour indiquer si les hommes s’intéressent aux formations aux métiers traditionnellement perçus comme réservés aux femmes.Au-delà de la parité, l’évaluation du programme souligne la nécessité de prendre des mesures spécifiques pour que tant les jeunes femmes que les jeunes hommes aient les mêmes possibilités d’accès aux emplois dans toutes les filières.
Le programme n’a pas collaboré avec les autorités en charge de la promotion de l’égalité de genre, à l’instar des cellules genre des ministères techniques ou les organisations de la société civiles actives dans ce domaine L’appui à l’EFTP continuera via le nouveau programme BKF/026 pour la période 2019-2023.
Le programme BKF/022 – Appui au programme de développement stratégique de l’éducation de base a couvert la période 2014 à 2015. Il s’agissait d’une part de contribuer au Fonds de soutien au développement de l’éducation de base, et d’autre part d’appuyer le plan stratégique de renforcement des capacités du ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation.
De facto, le programme soutenait la Stratégie nationale d’accélération de l’éducation des filles 2012-2021, qui a pour objectif de contribuer à la réalisation de l’éducation primaire universelle d’ici à 2020 en réduisant les disparités de genre par la création des conditions favorables à l’accélération de l’éducation des filles en termes d’accès, de maintien et de réussite dans les trois ordres d’enseignement, y compris l’éducation non formelle et la formation professionnelle.
Enjeux en matière de genre
Des progrès en matière d’égalité des sexes ne pourront être obtenus que si :
- les lois sont appliquées. Les hommes et les femmes doivent devenir conscients de leurs droits et obligations issus du droit positif et pouvoir en réclamer le respect, ils doivent donc être alphabétisés et éduqués.
- Les instances juridiques et judicaires doivent être compétentes et en mesure de faire appliquer les lois, il faut donc un renforcement de capacités à plusieurs niveaux ;
- les hommes sont associés au dialogue en matière d’égalité des sexes, il faut donc des actions de plaidoyer pour les convaincre de participer;
- les femmes sont en contrôle de leur corps et de leur santé sexuelle et reproductive, et que les couples soient conscients de la nécessité d’une réduction de la croissance démographique afin que l’économie du pays puisse faire face à la demande de sa population;
- les disparités en matière de division sexuelle du travail sont fortement réduites (rôles de production, reproduction et communautaire) ;
- les pratiques dévalorisantes, de servitude et d’atteinte à l’intégrité physique et psychique envers les femmes sont éradiquées ;
- la participation des femmes à la prise de décision et leur représentativité, à tous les niveaux et dans tous les domaines, s’alignent à celles des hommes et sont réellement effectives.
Pistes
- collaborer avec les cellules genre des ministères techniques et le cas échéant soutenir leur fonctionnement et appuyer leurs plans d’action;
- renforcer l’appropriation par la contrepartie, éventuellement via des conditionalités ;
- collaborer avec les organisations de la société civile actives et reconnues pour leurs actions dans le domaine de l’égalité de genre ;
- travailler sur les deux dimensions du genre et non uniquement sur la femme ; l’inclusion des hommes dans la démarche vers l’égalité des sexes est un élément incontournable et indispensable, quel que soit le secteur; soutenir le développement des infrastructures et des compétences des acteurs des secteurs de l’enseignement, de la formation et de la santé ;
- soutenir la mise en place de données statistiques désagrégées par sexe dans tous les secteurs d’intervention;
- soutenir l’alphabétisation des adultes et la scolarisation des enfants à tous les niveaux, et notamment la cible de 100% de taux d’achèvement du primaire par les filles en 2021 ;
- favoriser l’accès de la population à l’information afin qu’elle puisse mieux faire prévaloir ses droits, et que le droit positif s’impose au droit coutumier, soutenir les actions d’information auprès des chefs de villages dans les zones reculées ;
- travailler sur l’image de la femme en la valorisant au niveau de l’impact de sa participation au développement du pays.