Auteur : Le Trésor français
Type de publication : Article
Date de publication : 29 décembre 2020
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Indicateurs et conjoncture
L’archipel, isolé, sans ressources naturelles et pauvre en eau douce, est largement dépendant de l’extérieur tant pour ses ressources financières (sur les trois dernières années, les IDE représentent en moyenne 3% du PIB, les transferts de la diaspora 10%, l’aide au développement 6,7% en 2018, 12,1% prévu pour 2019%) que pour ses approvisionnements (déficit commercial structurel, qui atteint 34,5% du PIB en 2018). En raison de la faiblesse des activités d’origine domestique, le PIB (1,68 Md EUR en 2018) est dominé par le tourisme et le commerce d’importation.
Le secteur primaire (6% du PIB) tend à se développer mais demeure loin de satisfaire les besoins domestiques : ne disposant que de 10% de terres arables, le Cap-Vert importe 85% de ses besoins alimentaires. L’industrie (18% du PIB) est à la recherche de débouchés extérieurs pour des activités de sous-traitance (secteurs aéronautique et pharmaceutique notamment). Le secteur tertiaire (62% du PIB) est porté par le tourisme (25% du PIB et 376 MEUR de recettes en 2018) et les services financiers.
Le Cap-Vert a cependant su s’imposer comme l’un des pays les plus dynamiques de la région, voire un modèle pour l’ensemble de l’Afrique : croissance annuelle moyenne de près de 7% au début des années 2000, bonne gouvernance et faible niveau de corruption, PIB par habitant trois fois plus élevé que la moyenne d’Afrique subsaharienne, 13ème indice de développement humain en Afrique et premier d’Afrique de l’Ouest – 163ème sur 228 au classement général de 2019.
Évolution de la croissance économique
Après une période de faible croissance du PIB (1,8% en moyenne entre 2010 et 2015), une reprise s’est amorcée en 2016 avec une croissance de 4,7% puis 4% en 2017. La bonne tenue du secteur touristique a permis au pays d’échapper à la récession sur les six dernières années. La croissance du PIB a atteint 5,5% en 2018, tirée par l’investissement privé.
Après une croissance de 5,7 % en 2019 (5% en moyenne sur 2016-19), l’activité économique devrait se contracter de 6,8% en 2020, en raison de la crise économique mondiale, des restrictions de voyage et des mesures de confinement. La croissance économique est prévue de rebondir à 4,5% en 2021.
Après une période de faible croissance du PIB (1,8% en moyenne entre 2010 et 2015), une reprise s’est amorcée en 2016 avec une croissance de 4,7% puis 4% en 2017
L’activité économique s’est dégradée au deuxième trimestre 2020, avec l’arrêt du tourisme, la baisse des exportations de biens de 45,5% en ga, la baisse des réserves internationales de 684 M EUR fin février à 650 M EUR fin juin, la baisse du crédit à l’économie de 3% en ga fin juin. L’inflation reste faible. A 8,9 mois d’importations de biens et services fin 2019, le niveau de réserves est jugé satisfaisant pour soutenir l’ancrage à l’euro.
Après une croissance de 5,7 % en 2019 (5% en moyenne sur 2016-19), l’activité économique devrait se contracter de 6,8% en 2020
Le déficit courant augmenterait à 14,2% du PIB en 2020 en raison de la faiblesse des exportations (tourisme) et baisserait à 9,2% du PIB en 2021. Les remises des migrants diminueraient également (139 M EUR en 2020 après 166 M EUR en 2019).
Les autorités ont adopté en 2017 un nouveau « Plan économique de développement durable ».L’accent est mis sur la promotion du secteur privé, la diversification de l’économie pour la rendre plus résiliente aux effets du changement climatique, le renforcement de l’intégration régionale au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Pour répondre à la crise du coronavirus, le gouvernement a pris des mesures de confinement, augmenté la capacité de test, permis la montée en gamme des services de santé, mis des programmes de protection sociale et des mesures fiscales pour soutenir le secteur privé (report de certaines taxes et octroi de garanties de prêts). La Banque centrale a pris des mesures pour augmenter la liquidité et soutenir le crédit : (i) réduction du taux directeur de 125 points de base à 0,25%, (ii) réduction du taux de réserves obligatoires de 13 à 10%, (iii) réduction du taux de dépôt de 5 points de base à 0,05% et (iv) mise en place d’une facilité de soutien des liquidités à long-terme pour les banques.
A moyen terme, les perspectives sont globalement positives (la croissance du PIB se stabiliserait autour de 6% à moyen terme), en supposant une reprise de l’économie mondiale en 2021, le retour des touristes et des flux de capitaux au Cap-Vert, la mise en œuvre de réformes telle que l’amélioration du transport inter-îles et l’achèvement de projets d’infrastructures (construction d’un port à Maio, d’un terminal maritime à Sao Vicente et d’une usine d’eau et assainissement à Santiago). Selon un scénario négatif, l’activité économique pourrait se contracter de 9,3% en 2020.
Finances publiques
Depuis 2009, la conjugaison de dépenses de soutien à l’activité économique et de recettes minées par le ralentissement de la croissance se traduit par un déficit budgétaire important atteignant 9,3% du PIB en 2013. Suite aux recommandations du FMI, des efforts de consolidation budgétaire ont permis de ramener le déficit à 3,0% en 2017 et 2,8% du PIB en 2018.
Les recettes budgétaires ont diminué de 21,5% en ga à fin juin 2020 et étaient bien plus faibles que prévu en raison des mesures d’allégement fiscal, de la faible demande interne, de l’arrêt du processus de privatisation et de la baisse des recettes des services publics. Les recettes totales atteindraient 29,2% du PIB en 2020. Les dépenses étaient également inférieures aux prévisions fin juin en raison de la limitation de certaines dépenses et du report d’investissements publics. Elles augmenteraient néanmoins à 38,8% du PIB en 2020.
Suite aux recommandations du FMI, des efforts de consolidation budgétaire ont permis de ramener le déficit à 3,0% en 2017 et 2,8% du PIB en 2018
Alors qu’il s’améliorait (1,8% en 2019), le déficit budgétaire 2020 est plus élevé que prévu (9,7%). Le besoin de financement atteindrait 12,1% du PIB, il est totalement couvert par des emprunts sur le marché des titres publics (2,6% du PIB), l’ISSD (0,5% du PIB) et par des financements extérieurs. Le projet de loi de finances pour l’exercice 2021 prévoit un budget de 703,6 M EUR, soit une hausse de 3,5% par rapport aux prévisions de la loi de finances rectificatives (LFR) 2019. Les recettes fiscales sont estimées à 366,4 MEUR en baisse de 3,4% par rapport aux recettes mobilisées en 2019.
Endettement public
La trajectoire de la dette publique reste préoccupante : alors qu’elle était sur une trajectoire descendante (passée de 127,8 % du PIB en 2016 à 125 % du PIB en 2019), la dette publique augmenterait à 137,5% du PIB en 2020 (contre 118,1% anticipés lors de la 1ère revue). Bien qu’elle diminuerait à moyen terme, elle devrait rester au-dessus des 110% du PIB jusqu’en 2024. La dette externe publique est détenue à 42,5 % par les multilatéraux, à 31,4 % par les créanciers privés et à 26,1 % par les créanciers bilatéraux.
La dette du Cap-Vert est concessionnelle, les principaux créanciers sont la Banque mondiale et la BAfD, tandis que le Portugal est le principal créancier bilatéral. En outre, le risque de surendettement demeure élevé : d’après l’analyse de viabilité de la dette, le ratio de dette externe rapporté au PIB en VA dépasse le seuil prudentiel de 2020 à 2024 dans le scénario de base, tandis que le ratio de dette externe rapporté aux exportations dépasse le seuil en 2020.
Le Cap-Vert a bénéficié d’un instrument de soutien à la politique économique (ISPE) entre 2006 et 2012
Cette analyse prend en compte la DSSI (soit 8,96 M$ en 2020). Toutefois, la dette publique demeure soutenable grâce aux indicateurs de service de la dette. Elle devrait commencer à diminuer à 121,4% du PIB en 2019. Le FMI classe la dette publique en risque « élevé », même si elle est pour l’instant soutenable du fait de son profil, très majoritairement concessionnel et portant sur de longues maturités (moyenne de 18 ans estimée).
Le Cap-Vert a bénéficié d’un instrument de soutien à la politique économique (ISPE) entre 2006 et 2012. Le pays bénéficie depuis juillet 2019 d’un instrument de coordination des politiques (ICPE de 18 mois sans décaissement) et le CA du 23 octobre 2020 a adopté la 2ème revue de ce programme. Il vise une amélioration de la mobilisation des recettes – en luttant contre l’évasion fiscale, en élargissant l’assiette fiscale et en rationalisant les exonérations – et la poursuite de la compression des dépenses, en particulier, l’élimination des transferts budgétaires aux entreprises publiques.
La situation financière de certaines entreprises publiques a, d’ores et déjà, conduit l’Etat à engager des réformes. En 2019, il a ainsi finalisé le processus de privatisation de la compagnie aérienne nationale TACV, qui avait cumulé une dette de plus de 100 MEUR.
Environnement des affaires
Le gouvernement a entamé en 2018 la deuxième phase de son Plan Stratégique pour un Développement Durable dont l’objectif est (i) transformer le pays en hub maritime et aérien, (ii) garantir la soutenabilité économique, (iii) réduire la pauvreté et les inégalités et (iv) renforcer les institutions démocratiques et la diplomatie. En outre, la plan vise à réduire la dépendance au pétrole de via la construction d’infrastructures productrices d’énergie renouvelable et de produits agricoles (dont 80% sont aujourd’hui importés) en investissant dans la formation et les machines.
Le gouvernement a entamé en 2018 la deuxième phase de son Plan Stratégique pour un Développement Durable
Même s’il reste une marge de progression (notamment sur la réglementation de l’insolvabilité), le niveau de gouvernance économique, atteint par le Cap Vert demeure exceptionnel relativement au reste de la sous-région. Le pays est classé 137ème/190 au classement Doing Business 2020.
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