Auteur: Banque africaine de développement
Type de publication: Rapport
Date de publication: 2019
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Contexte et perspectives politiques
La démocratie ghanéenne mûrit rapidement, mais les changements de gouvernement dans le cadre des cycles électoraux de quatre années sont connus pour ne pas favoriser la planification du développement à long terme. Depuis 1992, le Ghana connaît une longue période de stabilité politique caractérisée par sept élections pacifiques et trois changements de régimes sans heurt, ce qui reflète l’appropriation des principes démocratiques par le pays. Le pays a amélioré ses acquis démocratiques lorsqu’il a organisé avec succès les 6e et 7e élections générales en 2012 et 2016, respectivement. Le Ghana a une tradition de cycles budgétaires politiques.
Le cycle électoral court de 4 années entrave la conception et la mise en œuvre de plans de développement national à long terme et pousse les hommes politiques à favoriser les actions à court terme
À la différence de nombreux pays de la sous-région, le Ghana dispose de solides institutions publiques, bien que la corruption demeure un problème. Le pays a été crédité de manière constante d’une note de gouvernance supérieure à la moyenne des pays africains et d’Afrique de l’Ouest au titre de l’Évaluation des politiques et institutions pays (EPIP). L’Indice de liberté de Freedom House 2019 lui donne un score de 83 points sur 100, ce qui fait du Ghana le troisième pays le plus libre en Afrique. Il ressort du Rapport sur la compétitivité mondiale 2018-19 que le Ghana a été crédité d’une note record de 51,33 points sur 100, les institutions ghanéennes étant passées du 111e rang en 2018-19 au 59e rang. Cependant, les institutions juridiques et judiciaires effectivement opérationnelles sont confrontées à plusieurs problèmes d’application des textes et de logistique. La fourniture efficace des services publics est menacée par les perceptions de la corruption dans le secteur public. Bien que Transparency International ait classé le Ghana parmi les pays les moins corrompus en Afrique, le classement mondial du pays au titre de la corruption ne s’est amélioré que légèrement, le Ghana étant passé du 81e rang en 2017 au 78e sur 180 pays en 2019. L’adoption, en 2017, d’un projet de loi portant création du Bureau du Procureur spécial et la nomination, par la suite, du Procureur spécial en janvier 2018, devraient renforcer les mesures de lutte contre la corruption dans le pays.
Contexte et perspectives économiques
Structure économique et composition du PIB
La structure économique du Ghana est passée de la domination de l’agriculture aux services et à l’industrie. La contribution de l’agriculture au PIB a presque diminué de moitié, passant de 40% du PIB en 1995 à un peu plus de 20% en 2018. Les services ont fortement augmenté, passant de 37% à 52% du PIB. Le secteur industriel a également progressé, mais seulement de 24 % à 28 %, le secteur manufacturier baissant d’un niveau déjà bas de 9,5 % en 1995 à un niveau encore plus bas de 5 % en 2018. La forte corrélation entre la baisse de la création de valeur ajoutée dans les secteurs agricole et manufacturier explique l’importance de l’agriculture pour l’industrialisation du Ghana. Le développement relatif des secteurs non agricoles fait partie de la trajectoire de développement prévue, à mesure que le Ghana évolue dans la chaîne de valeur mondiale et vers l’industrialisation. Cependant, la baisse de la part de la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière compromet la création d’emplois, en particulier pour la main-d’œuvre qui sortira, en définitive, du secteur agricole, à mesure que l’agriculture se mécanisera. Ce phénomène explique le fait que le pays affiche un taux d’emploi élevé, mais que les emplois soient de faible qualité, d’où la nécessité d’une diversification de l’économie. Le PIB réel a crû de 6,2 % en 2018, tiré essentiellement par l’industrie, qui a enregistré le taux de croissance le plus élevé avec 5,1 % et était suivie de l’agriculture (4,9 %) et des services (5,9 %)3 . Bien qu’ayant enregistré le taux de croissance le plus faible, le secteur des services demeure le plus grand contributeur au PIB. Au sein des différents secteurs, la production agricole, les mines et carrières, ainsi que le commerce, sont les principaux contributeurs aux secteurs de l’agriculture, de l’industrie et des services, respectivement. Selon les projections, l’économie se développera au rythme de 7,3 % en 2019, taux de croissance qui tombera à 5,4 % en 2020, lorsque l’impact de l’accroissement de la production pétrolière dû aux nouveaux puits baissera. L’industrie demeurera le principal moteur de la croissance, notamment grâce au redressement des cours mondiaux des matières premières. Cependant, ces perspectives positives sont menacées par la baisse potentielle des cours des matières premières, le dérapage budgétaire et la dette publique.
Gestion macroéconomique
À la suite de la mise en œuvre réussie du programme de la FEC du FMI en avril 2019, le Ghana a réaffirmé son engagement à améliorer et maintenir sa stabilité macroéconomique. Au nombre des problèmes liés à la gestion macroéconomique figurent la faiblesse du taux de mobilisation des ressources internes et la propension à l’accroissement des dépenses budgétaires au cours des années précédant les élections nationales. La mobilisation des recettes intérieures demeure un problème pour la gestion macroéconomique efficace, affichant un repli de 22,1 % du PIB en 2012 à 15,6 % en 2018. L’on s’attend, par conséquent, à ce que l’assainissement budgétaire sous-tende la gestion macroéconomique, en particulier, à mesure que le pays s’approche des élections en 2020. Il existe un lien étroit entre la performance budgétaire et le cycle électoral, le compte budgétaire se détériorant au cours des années électorales. Afin d’améliorer la mobilisation des ressources internes, le gouvernement a institué l’enregistrement obligatoire pour les numéros d’identification fiscale et mis en place un système national d’adresse, ainsi que des systèmes informatisés dans les ports. En ce qui concerne les dépenses, le gouvernement a mis sur pied un conseil budgétaire et s’est engagé à respecter une règle budgétaire qui limite le déficit budgétaire à 5 % du PIB.
Politique monétaire
D’une manière générale, les politiques monétaires ont été assouplies en réponse à la désinflation. La Banque du Ghana (BoG) a accompli d’importants progrès en matière de réduction de l’inflation en vue d’atteindre sa cible à moyen terme de 8 ± 2 %. La tendance à la baisse de l’inflation a été favorisée essentiellement par la stabilité du taux de change et l’assainissement budgétaire, qui ont contribué à réduire l’inflation induite par l’offre et la demande, ainsi que par l’impact de la répercussion du taux de change sur l’inflation. Depuis février 2017, le taux d’inflation est tombé à un seul chiffre et la BoG a décidé de réduire progressivement le taux directeur, qui est passé de 25,5 % en février 2017 à 16 % en janvier 2019. Le cedi ghanéen s’est déprécié de plus de 8 % au cours du premier trimestre 2019, en raison de l’augmentation des devises à mesure que les investisseurs rapatrient les bénéfices et de la pression accrue exercée par l’important déficit commercial du pays.
Gestion de la dette
Le Ghana est de plus en plus relié aux marchés financiers mondiaux. Toutefois, cet avantage s’accompagne de défis liés à la gestion de la dette. La période 2014-16 a été marquée par des déséquilibres macroéconomiques imputables à la crise énergétique et l’accroissement des emprunts sur les marchés financiers internationaux. Suite à l’augmentation de la dette publique et à la détérioration des indicateurs du service de la dette, le Ghana a été reclassé, passant du statut de pays à risque d’endettement modéré à celui de pays à haut risque de surendettement dans le rapport sur l’Analyse de soutenabilité de la dette (ASD) par le FMI et la Banque mondiale, en mars 2015. En 2018, l’encours de la dette publique s’élevait à 172 875,81 millions de GHS, dont 49,8 % de dette extérieure et 50,2 % de dette intérieure. L’ASD la plus récente, en mars 2019, indique que le Ghana continue d’être exposé à un risque élevé de surendettement. Toutefois, le profil de la dette du pays s’est amélioré grâce à la mise en œuvre de la Stratégie de gestion de la dette à moyen terme (MTDS), qui vise à allonger l’échéance moyenne du portefeuille de la dette et à réduire les risques de refinancement. Nonobstant la MTDS, les ajouts récents à la dette ont contribué à alourdir le fardeau de la dette publique, qui devrait atteindre à 62 % du PIB en 2019. En mars 2019, le gouvernement a ajouté 3 milliards d’USD à la dette publique avec une émission d’euro-obligations, ce qui s’est traduit par une hausse de quelque 3,9 % du PIB de l’encours de la dette. La toute dernière ASD, effectuée en mars 2019, indique que le Ghana continue d’être exposé à un risque élevé de surendettement et qu’il a dépassé les seuils fixés dans le scénario de base de l’ASD. Le ratio d’endettement augmente également en raison des engagements conditionnels pris au titre de la résolution des problèmes de sept banques commerciales dans le cadre l’assainissement du secteur financier.
Contexte social et questions transversales
Incidence de la pauvreté et ODD
En dépit de la croissance et des perspectives économiques soutenues, la réduction de la pauvreté et la création d’emplois sont à la traîne. Le taux de réduction de la pauvreté a ralenti considérablement, passant de 31,9 % en 2005-06 à 23,4 % en 2016-2017. Depuis, la réduction de la pauvreté stagne, le taux de pauvreté n’ayant baissé que de 0,8 % au cours de la période quinquennale allant jusqu’à 2017. Bien que le taux de chômage soit demeuré inférieur à 12 %, le pays a enregistré peu de progrès en ce qui concerne sa réduction et l’amélioration de la qualité des emplois, dans la mesure où 10 % des travailleurs sont considérés comme sous-employés. L’analyse régionale des taux de chômage et de pauvreté révèle également d’importantes inégalités spatiales qui défavorisent les régions septentrionales du pays. Les inégalités persistantes justifient la pertinence de l’intégration des Objectifs de développement durable (ODD) dans les politiques nationales. Pour ce faire, le gouvernement a établi un rapport de référence en 2018 qui donne des orientations pour la budgétisation axée sur les ODD, notamment pour le budget 2019.
La croissance et les changements structurels ont entraîné une augmentation du nombre d’emplois, mais le taux de chômage, en particulier celui des jeunes, demeure élevé. Entre 1991 et 2013, la part des emplois agricoles dans la plupart des régions du Sud et du Centre a baissé, passant de 75 % à plus de 55 %. Le détournement de l’agriculture s’est traduit par une augmentation de l’auto-emploi non agricole. Cependant, selon le rapport LFS 2015, le taux de chômage national s’élevait à 11,9 %, ce qui est nettement inférieur aux taux de chômage chez les femmes, en milieu urbain et chez les jeunes (15-24 ans). La situation de l’emploi des jeunes devrait s’améliorer à la faveur de la mise en œuvre efficace du Nation Builders Corp (NABCO).
Le taux de participation des femmes aux activités économiques est élevé, mais s’explique, pour l’essentiel, par leur forte présence dans les emplois à faible niveau de compétences
Il existe des écarts plus importants entre les sexes en ce qui concerne l’accès aux services financiers et à la propriété, ainsi que le contrôle des ressources économiques. Environ 52 % de la population féminine adulte totale s’adonnent à l’agriculture, la majorité à la production alimentaire. Bien que les femmes représentent plus de 70 % de la chaîne de valeur agricole totale au Ghana, leur droit aux terres agricoles est limité par les normes sociales qui sont défavorables à la propriété féminine.
Environnement, changement climatique et croissance verte
Le Ghana a adopté une politique nationale de lutte contre le changement climatique et une stratégie nationale d’adaptation au changement climatique, qui visent à assurer une économie résiliente et compatible avec le climat. Le pays a élaboré un programme d’action pour la mise en œuvre du Plan directeur national de lutte contre le changement climatique couvrant la période quinquennale 2015-20, qui repose sur l’agriculture, l’infrastructure, les communautés, les puits de carbone, les écosystèmes, la santé, l’eau, le genre, la migration et l’énergie, afin de promouvoir le développement durable. Le Plan national d’adaptation au changement climatique présente les contributions déterminées au niveau national (CDN) du Ghana. L’objectif du pays en matière de réduction des émissions consiste à réduire de manière inconditionnelle ses émissions de GES de 15 %, d’ici à 2030, par rapport aux 73,95 tCO2 d’émissions au titre du scénario de maintien du statu quo. De même, une réduction supplémentaire des émissions de 30 % est prévue, à condition qu’un soutien extérieur soit apporté au Ghana pour couvrir la totalité du coût de la mise en œuvre des mesures d’atténuation (financement, transfert de technologies et renforcement des capacités). En 2019, l’Agence de protection de l’environnement (EPA) et le ministère de l’Environnement, des Sciences, de la Technologie et de l’Innovation (MESTI) ont lancé le Rapport sur l’état de l’environnement du Ghana (SOER), 2016, qui a souligné la nécessité pour les politiques de prévenir d’autres pertes de la biodiversité et de protéger les écosystèmes côtiers et marins, ainsi que d’améliorer la gestion des déchets.
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Les chiffres contenus dans le rapport de mise en œuvre du DSP sont (par contre) bien actualisés.